Pages

mardi 21 février 2017

Venise au temps du carnaval (2) : promenade à Murano et Burano

Burano


Le masque de la journée

 Sous le masque : Léonie

Lundi 20 février 2017 : Visite des îles de Venise.

 A Burano et Murano, de la grande fête du  carnaval de dimanche, il reste un sol jonché de confetti et de temps en temps au détour d'une rue :





et aussi ...


Burano, l'île de la dentelle et des maisons de couleur











Murano, l'île du verre

dimanche 19 février 2017

Venise au temps du Carnaval (1) : la place San Marco

Dimanche 19 février : notre premier jour de Carnaval

Le masque de la journée


Derrière ce masque, Léonie


Dimanche 19 février 2017  : Quelle drôle de journée ! Nous étions partis très tôt de notre logement pour gagner la place San Marco où se déroulaient le défilé du plus beau costume et le saut de l'Ange. Il est vrai que nous avons d'abord musé en chemin mais bien vite nous avons été pris dans une foule compacte. Impossible d'avancer si ce n'est au pas à pas et ce piétinement inconfortable nous a paru bien long si bien que lorsque nous sommes arrivés à la place, l'Ange avait déjà exécuté son saut prodigieux du haut du campanile depuis longtemps ! Quant au défilé, il se faisait entre deux barrières et, personnellement, du haut de mon mètre soixante, je n'ai absolument rien vu ! Si je peux vous en donner un aperçu c'est grâce à ma petite fille qui, juchée sur les épaules de son papa, est parvenue à prendre quelques photos. Ceci vous donnera une idée de cette foule composée non seulement de touristes du monde entier mais d'italiens venus, en particulier de toute la province de La Vénétie, et qui arrivaient en masse par le train depuis ce matin.









Ne rien voir ! Quelle déception ! Heureusement, toute la journée, ces personnages costumés se sont volontiers laissés photographier et admirer !





























Et puis il y  a Venise la Belle sous le soleil, la promenade un peu loin de la foule sur les quais, dans le quartier du Castello et enfin le retour en vaporetto sur le grand canal. 







samedi 18 février 2017

Pause voyage : Venise et son carnaval

Carnaval de Venise (Source)

Et voilà, je suis là !  A bientôt !

Dezső Kosztolányi poète hongrois

Venise

Venise, cloches du midi

Les feux vieillissants de ma vie.
À présent c’est midi.
Ô feu ! Ô silence du vent ! Ô trêve !

Il n’y a plus de travail, mais les champs sont féconds,
les fleurs poussent,
le silence est si sage et infini.

J’accoste sur les rives du feu,
et le silence et midi
se lancent un ballon d’or…



 

mercredi 15 février 2017

Meg Wolitzer : La doublure



Meg Woltizer la doublure : Résumé quatrième de couverture

Joan, 64 ans, est confortablement installée dans la première classe d'un avion. Elle voyage vers Helsinki où son mari, un écrivain très célèbre, unanimement considéré comme un génie, doit recevoir une prestigieuse récompense pour l'ensemble de son oeuvre. Tout va donc pour le mieux dans ce couple respecté de tous. Et pourtant... dans cet avion, à ce moment précis, Joan vient de décider de quitter son mari. Elle repense à leur rencontre dans le New York du début des années 1960, dans le quartier de Greenwich village. Puis leur marche commune vers le succès. Surtout, elle revient sur le secret qui cimente leur relation depuis de longues années. Si elle décide de partir, tous les deux y perdront beaucoup. Toute leur vie. Comme dans Les Intéressants, Meg Wolitzer déploie, dans ce roman, son art de l'analyse psychologique et du flasback . La doublure porte un regard lucide sur le couple, sur le succès et sur toute une génération issue des années 60.

C’est Kathel qui m’a donné envie de lire ce livre et pour une fois je l’ai trouvé en bibliothèque !  Les miracles existent ! Je dois que dire que j’ai été subjuguée par cette écriture, tellement que je n’ai pu lâcher le livre et que je l’ai lu en une nuit.

Le thème principal parle de l’effacement d’une femme pourtant  très douée  devant  son mari, un grand écrivain couronné par plusieurs prix littéraires dont celui très convoité de Finlande. Joan est de celle qui sacrifie ses dons, abandonne ses études et une possible carrière pour se consacrer à Son Grand Homme. Il faut dire qu’elle est toute jeune quand elle l’épouse et qu’en plus il est son premier amant et son professeur de lettres donc il bénéficie d’une autorité sexuelle, spirituelle et d’une aura incontestable tout au moins au début du mariage. Il faut ajouter encore pour mieux comprendre son sacrifice que dans les années 1950-60, il est très difficile pour une femme de réussir comme écrivain. Même talentueuses, les femmes-écrivains sont souvent étouffées par leurs homologues masculins dans ce milieu de l’édition extrêmement misogyne, à moins de posséder un tempérament de fonceuse et de ne pas s’en laisser imposer !  Or, Joan est timide et a des doutes sur ce que doit être une femme-écrivain ou tout simplement une femme.  Elle aussi participe aux poncifs véhiculés à son époque sur le statut féminin.

« Je ne voulais pas devenir « femme-écrivain », peintre du monde dans des couleurs d’aquarelle, ou à l’inverse une dingue, une casse-couille, une raseuse épuisante. »

Sur ce, vous risquez de me dire que le sujet n’est pas très original, qu’on a lu cent livres sur ce thème féministe et… Oui, mais, si ce n’est pas original, c’est d’abord parce que c’est fréquent dans ces années-là et pas seulement... parce que la femme même a notre époque n’est pas encore l’égale de l’homme et trop souvent a tendance à s’effacer ! Le sujet n'est donc pas caduc.  Et puis, il y a l’écriture de Meg Wolitzer et celle-ci est tellement pugnace, caustique, qu’elle vous tient en éveil. Un style sans concession et plutôt coup de poing qui détaille avec une ironie parfois féroce et lucide le lent délitement d’une vie de couple, ses fatigues, son usure, quand il est fondé sur l'inégalité.
Ainsi quand sa fille lui demande pourquoi elle ne divorce pas puisqu’elle se sent si malheureuse :

« Elle ne savait rien de cette sous-culture des femmes qui restaient, des femmes incapables d’expliquer leur allégeance par des voies logiques, qui tenaient bon parce que c’était ce qui leur paraissait  le plus confortable..  Elle ne comprenait pas le luxe  du familier, du connu : le même dos saillant sous les couvertures, et la même touffe de poils dans la même oreille. L’époux. Une figure qui ne vous inspirait aucun élan, qui ne vous mettait jamais dans tous vos états, mais simplement vous viviez à côté de lui… »

De plus, le récit se déroule dans un milieu d’écrivains, autre centre d'intérêt, et s’y ajoutent les interrogations sur le métier d’écrivain, sur les différences entre l’écriture féminine et masculine.. s’il y en a une.
La construction du roman est habile et pendant le voyage qui l’amène en Finlande la pensée de Joan oscille entre le présent et différentes strates de son passé, qui fait apparaître sa vie familiale avec Joé et ses trois enfants. Peu à peu la psychologie des personnages se révèle, s’affirme et là aussi Meg Wolitzer sait dévoiler les sentiments ambivalents, complexes, entretenus par ce couple dans lequel la femme a toujours tenue le rôle de doublure… jusqu’à ce que la coupe soit pleine. Du moins pour Joan.
Un petit bémol, la fin du récit  ainsi que le "secret" sont trop attendus mais ce n'est pas ce qui est le plus important. Cela ne m’a pas empêchée de beaucoup aimer ce livre si convaincant et d’avoir envie de découvrir d’autres oeuvres de Meg Wolitzer.

Lire aussi :


lundi 13 février 2017

Molière : Le Misanthrope mise en scène de Clément Hervieu-Léger à la Comédie française

Le misanthrope de Molière à la Comédie française  mise en scène de Clément  Hervieu-Léger : Oronte, Célimène, Alceste
Le Misanthrope mise en scène de Clément  Hervieu-Léger : Oronte, Célimène, Alceste
J’ai eu la chance d’assister à la représentation de la pièce de Molière Le Misanthrope à la Comédie française, mise en scène par Clément Hervieu-Léger retransmise au cinéma à Avignon et dans 300 salles de cinéma le 9 Février. Quel bonheur de pouvoir assister à distance à une mise en scène que j’étais curieuse de découvrir à force d’en entendre parler !

L’actualité du Misanthrope

Célimène et Alceste
Disons tout de suite - parce que c’est un détail de la mise en scène- que le metteur en scène Clément Hervieu-Léger a transposé l'action dans notre monde contemporain, ce qui se justifie aisément par l’universalité des propos de Molière.
Et oui, Le Misanthrope est si actuel, si vrai, que je pensais en voyant la pièce, à ces hommes politiques qui font campagne actuellement et à ces classes sociales mondaines qui détiennent l'argent et le pouvoir et qui ont peu changé depuis le XVII siècle : un milieu où celui qui est le plus méchant est considéré comme celui qui a le plus d’esprit et l’emporte sur l’autre. Autrement dit, l’art de dire des vacheries et d’être le plus rosse porté à sa quintessence. Les rumeurs, les moqueries, les médisances ne cessent de circuler et ressortent au bon moment pour blesser celui qui en est la victime. J'ai noté, à ce propos, une trouvaille de mise en scène qui en dit long sur cette société. Les petits marquis reprennent à la fin de l'acte II la chanson traditionnelle qu’Alceste a citée comme le modèle du bon goût dans la scène 2 de l'acte I : " Si Henri m’avait donné Paris sa grand ville/ je dirai au roi Henri… ». On apprend ainsi que les commérages se propagent derrière son dos et qu' Alceste est la cible des moqueries de tous.
On peut y ajouter l’hypocrisie, toutes ces protestations d’amitié et de respect pour mieux poignarder l'adversaire quand il a le dos tourné ! Car c’est bien cela que Molière dénonce, entre autres dans sa pièce, à travers Célimène, Arsinoé et les petits Marquis. Et il s'en prend aussi à la justice qui  jugera en fonction des appuis, des amitiés politiques, des avocats dont vous bénéficiez. C’est ce qui arrive à Alceste qui a le bon droit pour lui mais perd son procès parce qu’il n’a pas voulu jouer ce jeu malhonnête .

Alceste un personnage tragique

Le Misanthrope Alceste et Oronte
Le Misanthrope Alceste et Oronte
Quand j’étais lycéenne, j’adorais Alceste, sa révolte, son dégoût de cette société corrompue et mensongère. Je trouvais qu’il y avait un certain panache et une réelle grandeur dans ce personnage. Quant à son amour, je le voyais comme une passion romantique et fatale.
 Ce n’est pas ainsi que nous le montre Clément Hervieu-Léger. Il a choisi de mettre en valeur le côté noir de la pièce et d’en souligner  le pessimisme. En effet, Alceste est un personnage tragique et s’il fait rire autour de lui, sa souffrance est exacerbée. Sa haine du genre humain est telle que l’on ne peut plus (c’est du moins ce que j’ai ressenti) avoir de l’empathie pour lui du moins dans cette mise en scène. On le voit s’enfoncer dans la dépression, la déraison et même la folie. Hors de lui, c'est le terme qu'il faudrait employer lors de cette scène très bien interprétée par Loïc Corbery  où Alceste se jette sur Célimène, la brutalise et semble prêt à la prendre de force avant de revenir à la conscience. Le personnage y perd de sa grandeur, il devient objet de rejet, presque de répulsion. Il est même inquiétant et fait le vide autour de lui. La misanthropie est ici traitée comme une maladie grave. Mais l’amour aussi est une maladie quand elle est vécue comme le vit Alceste. Rien de romantique ici, c’est une souffrance entièrement négative, qu’Alceste vit à son corps défendant et qui ajoute à son angoisse. Je n’avais jamais vu interpréter cette pièce avec une telle noirceur et j’ai trouvé ce point de vue passionnant. 

Philinte, un personnage qui n’a pas sa place

Dans Alceste à bicyclette
Pourtant ce qui m’a un peu gênée, c’est qu’en accordant une telle importance à Alceste, le metteur en scène laisse moins de place à son ami Philinte qui par contraste paraît effacé. Non qu’il soit mal interprété. Au contraire, j’ai aimé la sobriété de Eric Génovese mais Alceste présente une telle démesure dans son interprétation qu’il exclut l’équilibre et la tempérance. Or, c’est ce qu’incarne Philinte qui est le type de « l’honnête homme ». On se souvient qu’il représente le juste milieu, la modération, la sagesse. Il est aussi important pour Molière qu'Alceste. Or, le juste milieu n’a pas l’air d’avoir vraiment intéressé C. Hervieu-Léger. On pourrait dire la même chose de la « sage » Eliante (Jennifer Decker). A mon avis, la mise en scène en fait un peu trop une pâle copie de Célimène en particulier dans la scène des portraits, où on la fait jouer d’une manière coquette, petite fille, primesautière. Pourtant elle est le pendant de Philinte et non de Célimène.

Célimène, encore mystérieuse

Cécile Sorel dans le rôle de Célimène
Il me reste encore bien des interrogations sur ce personnage. Célimène reste pour moi un mystère. Le plus souvent, elle est considérée comme une coquette voire une allumeuse. Je me souviens l’avoir vue à Marseille dans une mise en scène où elle était la tenancière d’une maison close ! Oui, je sais, c’était vraiment exagéré ! Intelligente, observatrice, spirituelle, elle est certainement une grande dame à l’égal de ceux qu’elle fréquente et qu’elle mystifie. Mais est-elle vraiment leur égale ? Si un Oronte ou un Alceste, la grande bourgeoisie, veulent l’épouser, en est-il de même des petits marquis,  noblesse de cour fière de ses titres, qui veulent peut-être tout simplement la mettre dans leur lit. A moins qu'elle ait une grande fortune ? Et pourquoi se conduit-elle ainsi ? Elle dit elle-même qu’elle ne le sait pas. Il est curieux de voir qu'elle n'a de parents pour veiller sur elle, personne pour lui dire qu'elle se conduit dangereusement dans une société qui n'attache d'importance qu'au paraître. J'ai lu dans une critique de presse que la robe noire portée par Célimène au début de la pièce pourrait être un signe de deuil. Le metteur en scène voudrait-il indiquer qu'elle a perdu ses parents ? C'est peut-être aller trop loin ?

Clément Hervieu-Léger en fait aussi un personnage tragique. Elle a l’air de souffrir de ses propres atermoiements, de ses errances, ce que la comédienne interprète parfaitement. On la sent douloureuse, hésitante, inquiète.  Ce qu’il y a de certain, c’est que dans le dénouement elle est mise au ban de cette société qu’elle aime tant et l’on se demande comment elle pourra vivre après le scandale qui l’éclabousse. Et là encore le jeu est d’une grande violence.

 Je n'ai pas aimé par contre son interprétation sans relief des portraits dans la scène 4 de l'acte II, trop entrecoupée de fous rires peu naturels et souvent perturbée par  les autres personnage qui se lèvent de table et se rassoient, boivent... En fait, ils étirent l'action, ajoutent des longueurs inutiles et détournent l’attention.  Le spectateur n'a pas le temps de "voir", de savourer cette galerie de personnages passés au crible de l'esprit et des talents redoutables de Célimène. Le repas dans ce hall désaffecté qui est tout sauf une salle à manger m'a de plus gênée. On se demande bien pourquoi elle les reçoit là.
D'ailleurs d'une façon générale, je n'ai pas aimé le décor. Je veux bien que ce soit le hall d’un hôtel particulier (celui de Célimène) pour respecter la règle de l’unité de lieu du théâtre classique; mais pourquoi en réfection, avec des meubles couverts de draps, un lustre par terre, des escaliers sans grâce? Du coup, le lieu paraît désaffecté, en désordre, mal éclairé, et accroît mes questions - sans toutefois y répondre-  sur le statut social et la fortune de Célimène.

La prude Arsinoé, une interprétation originale

Arsinoé : Florence Vial
La scène entre Arsinoé et Célimène où les deux comédiennes rivalisent d'agressivité sous des dehors de politesse cérémonieuse est excellente. Le duo est interprété avec brio et l'on a, ici, le temps de savourer l'esprit de répartie, l'acrimonie des deux "amies".
 Florence Vial incarne une Arsinoé surprenante pour moi qui ne l’avais jamais vue que ridicule : une coquette très âgée, usée, poudrée de blanc, prude et vertueuse parce qu’elle ne peut plus avoir de vie amoureuse. Dans cette mise en scène, elle n’est plus ridicule. Elle est interprétée par une femme encore jeune, élégante et qui a de la classe. Sa réaction quand Célimène se moque de son âge avancé (40 ans au XVII siècle!! ) ne manque pas d’une certaine dignité et l’on n’a pas envie de rire de sa colère et de sa blessure. Au contraire, l'on sent que c'est une femme qui a du répondant et qui peut être dangereuse. Elle a certainement des appuis puissants et est plus habile (et plus retorse) que Célimène pour l'emporter dans la société comme la  suite le prouvera.

Le spectacle filmé

Alceste et Arsinoé
J'ai trouvé que la pièce était bien filmée et que la caméra mettait en valeur les réactions des personnages au bon moment, avec beaucoup de pertinence. On voyait mieux les comédiens que si l'on était dans la salle grâce aux gros plans sur leur visage et l'on entendait bien.  Alors que j'ai lu des critiques qui se plaignaient du manque de clarté dans la diction des comédiens et du fait que l'on n'entendait pas toujours. 



 En résumé :
Passionnante, c’est le mot pour la mise en scène de cette grande pièce qui peut donner lieu à tant d’interprétations différentes. J'ai été ravie de pouvoir assister à une représentation de cette qualité.

samedi 11 février 2017

Lars Pettersson : La loi des Sames




Lars Pettersson est suédois. Au cours d’un reportage, en 1990, il découvre le pays des Sames (un peuple de Laponie) à Kautokeino en Norvège, dans le comté du Finnmark.  Il faut savoir que les  Lapons dont les Sames sont installés sur trois pays, la Finlande, la Suède et la Norvège, au-delà du cercle polaire, et que les rennes ne connaissent pas de frontières !

Dans La loi des Sames, Anna est procureur en Suède. D’origine sami, elle s’est éloignée de son peuple parce que sa mère a fui sa famille qui vit à Kautokeino pour s’installer à Stockholm. Elle a épousé un suédois si bien que Anna a été élevée en Suède. Pourtant lorsque sa famille, en raison de ses connaissances juridiques, l’appellent au secours de son cousin Nils, éleveur de rennes, accusé de viol, elle n’hésite pas.  Ce pays, elle ne le connaît que par quelques lointains souvenirs de vacances quand elle était enfant. Aussi l’on peut dire que c’est pour elle une découverte. Elle va être soumise non seulement aux rigueurs de l’hiver mais aussi aux problèmes de mentalité.

La loi des Sames est un roman policier. Anna va mener son enquête avec un policier local et va vite se demander si son cousin est aussi innocent que tous le prétendent. Mais elle comprend aussi que la survie de la famille est en jeu car Nils est le seul  à pouvoir maintenir le troupeau (le grand père est trop âgé). Elle prend conscience que sa mère en quittant Kautokeino a trahi sa famille et que sa culpabilité rejaillit sur elle, sa fille.
Anna va être aussi confrontée à des meurtres dont elle s’apercevra bien vite qu’ils ne sont pas étrangers aux vols de bêtes que les grands propriétaires-éleveurs font subir à ceux qui sont les plus faibles. Entre la loi norvégienne ou suédoise et la loi same, implicite, celle de la tradition, existe un hiatus que rien ne semble vouloir combler. Entre les deux, Anna va connaître bien des tiraillements et des problèmes de conscience. C’est un thème que j’ai trouvé très intéressant de même que la découverte du passé et du caractère de sa mère disparue depuis peu. Quant à l'héroïne, on peut dire qu'elle n'a pas froid aux yeux et qu'elle n'est pas une faible femme !
Mais ce que j’ai préféré, bien sûr, c’est la description de ce pays rude tout autant que son peuple, qui ne fait pas de cadeau et où le moindre accident de voiture ou de scooter des neiges peut se transformer en catastrophe  : routes enneigées,  lacs gelés et  cieux noirs parfois illuminés d’aurores boréales. Et puis, la découverte des coutumes, des traditions, des costumes sames dont les couleurs vives et gaies semblent vouloir lutter contre la maussaderie du climat, de la culture avec le Joik, ce chant sami si caractéristique et bien sûr tout ce qui concerne l’élevage des rennes pour tous les éleveurs qui ne se sont pas sédentarisés.

Pour moi, ce livre est d’autant plus intéressant que je vais partir en Norvège au mois de Mai dans le pays des Sames, à Alta et à Kautokeino, au moment de la transhumance des rennes. D’après les critiques, il paraît que les romans d’Olivier Truc sur le même sujet, sont plus réussis que celui-ci mais je ne peux pas comparer car je ne les ai pas encore lus.  Mais… cela ne va pas tarder !

jeudi 9 février 2017

Victor Hugo : Bon conseil aux amants

L'ogre (détail du Chat botté) de Gustave Doré


Bon conseil aux amants est un poème de Victor Hugo. Il montre que le poète n'était pas toujours sérieux au cas où vous en auriez douté !

Bon conseil aux amants

Un brave ogre des bois, natif de Moscovie
Était fort amoureux d'une fée et l'envie
Qu'il avait d'épouser cette dame s'accrut
Au point de rendre fou ce pauvre cœur tout brut

L'ogre, un beau jour d'hiver, peigne sa peau velue
Se présente au palais de la fée et salue
Et s'annonce à l'huissier comme prince Ogrousky
La fée avait un fils, on ne sait pas de qui

Elle était ce jour-là sortie et quant au mioche
Bel enfant blond nourri de crème et de brioche
Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso
Il était sous la porte et jouait au cerceau

On laissa l'ogre et lui tout seuls dans l'antichambre
Comment passer le temps quand il neige en décembre
Et quand on n'a personne avec qui dire un mot ?
L'ogre se mit alors à croquer le marmot

C'est très simple, pourtant c'est aller un peu vite
Même lorsque on est ogre et qu'on est moscovite
Que de gober ainsi les mioches du prochain
Le bâillement d'un ogre est frère de la faim

Quand la dame rentra, plus d'enfant. On s'informe
La fée avise l'ogre avec sa bouche énorme
"As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j'ai ?"
Le bon ogre, naïf, lui dit : "Je l'ai mangé"

Or c'était maladroit. Vous qui cherchez à plaire
Ne mangez pas l'enfant dont vous aimez la mère.


Version de Julos Beaucarne, chanteur et poète belge, dont je n'ai pu trouver l'interprétation savoureuse sur you Tube.