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dimanche 17 novembre 2013

Walter Scott : Ivanhoe

Ivanhoe de Walter Scott



La réponse à l'énigme n° 75 :

Sortent victorieux de ce tournoi médiéval :  Aifelle, Dasola, Dominique, Keisha, Miriam, Nanou, Nathalie, Pierrot Bâton, Syl, (s) ta d loi du cine...

Le roman : Ivanhoe de Walter Scott

Le film : Ivanhoe de Richard Thorpe avec Robert Taylor, Elizabeth Taylor, Joan Fontaine, Georges Sanders...

Ivanhoe de Richard Thorpe

Walter Scott


Walter Scott est né à Edimbourg en 1771. Son père était avocat et il commença lui-même des études de droit mais la lecture de vieilles légendes et ballades écossaises ainsi que l'exploration du pays écossais jusque dans ses contrées les plus sauvages ont une grande influence sur lui. Il commence par écrire des poèmes puis se tourne vers le roman historique. Si Ivanhoe publié en 1819  assure sa notoriété en Angleterre et à l'étranger, il  avait écrit d'autres romans avant, en particulier un, paru anonymement en 1814 intitulé : Waverley ou soixante ans après. Ce livre eut un tel succès populaire que l'on appela tous les autres romans de Walter Scott qui suivirent les "waverley novels".


Quelques uns des principaux Waverley novels : 1816 L'Antiquaire  1817 : Rob Roy  1821 : Le Pirate; Kenilworth 1824 Quentin Durward 1828 : La jolie fille de Perth 1829 : Anne de Geierstein ou la fille des brumes
 Dans Les contes de mon hôte : 1819 : Lucia de Lammermoor 1831 : Robert, comte de Paris

Ivanhoe

Ivanhoe interprété par Robert Taylor dans le film de Thorpe
Avec Ivanhoé l'écrivain fait revivre l'Angleterre au temps de Richard Ier coeur de Lion.  Il présente la haine qui existe entre les Saxons et les Normands, inextinguible depuis le bataille d'Hastings (1066) qui donna la victoire à Guillaume d'Orange.  Ivanhoe, parti à la croisade, avec le roi normand Richard Coeur de Lion, apprend que celui-ci a été fait prisonnier en Autriche(1192) et que l'empereur Henri VI demande une riche rançon pour libérer son illustre prisonnier. Mais le frère de Richard, Jean sans Terre, ne veut pas payer la rançon et cherche à usurper le pouvoir. Brouillé avec son père Cédric le Saxon, farouche défenseur de la cause saxonne, Ivanhoe rentré en Angleterre, va tout mettre en oeuvre pour faire revenir Richard et lutter contre les normands qui abusent de leurs pouvoirs. Il demande un soutien financier à Isaac, le juif et fait connaissance de la brune Rebecca, sa fille, qui est aussi guérisseuse et qui tombe amoureuse de lui. Mais Ivanhoe est fiancé à la blonde Rowena, pupille de son père, qui l'aime en retour...

Rebecca, fille de Isaac de York
Lady Rowena, saxonne, pupille de Cédric

Walter Scott et son influence sur le romantisme français 

 

Influence de Walter Scott sur le romantisme français

L'influence de Walter Scott a été grande sur les écrivains du XIX siècle et sur le romantisme français. De nombreux écrivains à  son imitation vont écrire des romans historiques y compris les plus grands Victor Hugo, Stendhal, Balzac, Alexandre Dumas, Prosper Mérimée …
Pour la première fois avec Ivanhoe un roman historique mettait l'Histoire au premier plan  par rapport à l'histoire personnelle des personnages. En effet, Walter Scott, le premier, utilise l'Histoire non comme un décor ou un arrière-fond exotique. Les personnages sont inscrits dans leur époque et  représente des types sociaux. Dans Ivanhoe qui montre un pays, l'Angleterre, divisée par la haine entre les saxons envahis, humiliés, dépossédés du pouvoir et de leurs biens et les normands envahisseurs, pleins de morgue, utilisant la violence, chacun va incarner sa place dans la société par rapport au contexte historique : Cédric, baron saxon, père d'Ivanhoe représente l'opposition farouche et irréductible aux normands; Ivanhoe, saxon qui a fait allégeance à Richard, représente le parti de ceux qui veulent faire alliance à condition de voir rétablir leurs droits. Richard Coeur de Lion est le trait d'union possible entre ces deux parties. Le juif  Isaac de York représente le pouvoir économique et sous les traits de Rebecca le martyre vécu par ce peuple. A l'histoire de l'individu, Walter Scott substitue l'histoire des classes sociales. C'est une des raisons qui expliquent son succès parmi les romantiques français. * 

Balzac : Les Chouans

Mais Walter Scott a influencé le romantisme français pas seulement en qui concerne le roman historique mais aussi les romans de Balzac de La comédie humaine qui s'inspirent de lui et de son intérêt pour les classes sociales en évoluant vers le réalisme, les pièces de théâtre historiques qui envahissent la scène, les musiciens et les peintres qui s'emparent des sujets du romancier pour leurs opéras ou leurs tableaux.

 

Opéra de Donizetti : d'après Lucia de Lammermoor de Walter Scott

Le samedi 23 Novembre l'énigme aura lieu chez Eeguab 

*voir : Le roman historique à l'époque romantique : essai sur l'influence de Walter Scott (Nouv. éd.) / par Louis Maigron
 


samedi 16 novembre 2013

Un livre/Un film : Enigme N° 75



Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?
 
Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. 


Chez Eeguab, le 2ème et 4ème samedi du mois vous trouverez l'énigme sur le film et le livre

Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.  
Le samedi 23 Novembre l'énigme aura lieu chez Eeguab

Enigme 75
 
 Ce roman historique qui retrace un moment de l'histoire médiévale (XIIème siècle) de l'Angleterre est paru au début du XIX siècle. C'est le premier roman de cet auteur; il obtint un immense succès et eut une grande et durable influence sur la littérature française.
Une circonstance, qui tendait surtout à rehausser la tyrannie de la noblesse et à doubler les souffrances des classes inférieures, dérivait particulièrement de la conquête de Guillaume, duc de Normandie. Quatre générations s’étaient succédé et avaient été impuissantes à mélanger le sang hostile des Normands et des Anglo-Saxons et à réunir, par un langage commun et des intérêts mutuels, deux races ennemies, dont l’une éprouvait encore l’orgueil du triomphe, tandis que l’autre gémissait sous l’humiliation de la défaite.

Le pouvoir avait été complètement remis aux mains de la conquête normande, par l’événement de la bataille d’Hastings, et on l’avait appliqué, comme nous l’assure l’histoire, avec une main immodérée. Toute la race des princes et des seigneurs saxons était, à peu d’exceptions près, extirpée ou déshéritée, et le nombre de ceux qui possédaient des terres dans le pays de leurs ancêtres, comme protecteurs de la seconde classe ou des classes inférieures, était extrêmement restreint.


 

mercredi 6 novembre 2013

Un bilan de ma visite à Paris : expositions, promenades, théâtre, rencontres...

 les vendeuses d'arums de Diego Rivera

Aujourd'hui, mercredi 6  Novembre est mon dernier jour  à Paris. J'ai vu de très belles expositions que j'ai déjà présentées ici et d'autres dont je parlerai bientôt plus longuement dans mon blog ou dans Glaz, le magazine numérique de Gwenaelle. Une pleine corbeille d'images et de souvenirs!

Désir et volupté à l'époque victorienne  : Musée Jacquemart (billet ici)













Georges Braque : Grand Palais (billet ici)










Félix Valotton : Grand Palais (intéressante)













Frida Khalo et Diego Rivera : musée de l'Orangerie (coup de coeur)








 
Kanak : Musée du Quai Branly (coup de coeur)













Lichtenstein : Centre Pompidou (très belle)











 

Le surréalisme et l'objet : Centre Pompidou (coup de coeur)













Victor Hugo et les surréalistes : la cime du rêve : Maison Victor Hugo (très intéressante)


Les peintres témoins de leur temps : Pinacothèque

1)Bruegel (quelques oeuvres intéressantes)










2) Goya ( des gravures intéressantes)











3) Chu Teh-Chun (coup de coeur)
Chu Teh-Chun










Le printemps de la Renaissance : musée du Louvre (très belle)









J'ai vu aussi un spectacle théâtral : La Locandiera de Goldoni au théâtre de l'Atelier avec Dominique Blanc dans le rôle titre.
J'ai visité le cimetière du père Lachaise et vu les tombes de Molière,  La Fontaine,  Musset,  Nerval, Balzac, Colette et tant d'autres...
Promenade dans le quartier La campagne à Paris et aux Tuileries
De belles rencontres avec Miriam du blog carnets de voyage, avec Isabelle et aussi avec Aurélia....

Un beau voyage...



mardi 5 novembre 2013

Visite à Paris : L'exposition Braque au grand Palais

Georges Braque : l'oiseau et le nid

Que ce soit dit, je n'aime pas beaucoup le cubisme (sauf exception) et je n'aime pas Braque cubiste. Mais je voulais voir l'exposition qui lui est consacrée car je pense que l'on ne connaît vraiment un artiste que lorsqu'on a vu une rétrospective de lui qui permet d'appréhender son oeuvre dans le temps et de découvrir d'autres facettes de son talent. Ce qui a été le cas pour Georges Braque!


Georges Braque devant son oiseau

L'exposition suit un ordre chronologique qui a le mérite de nous montrer l'évolution du peintre au cours des années.  On peut cependant regretter le manque de mise en perspective de son travail par rapport à celui des artistes de son temps. Nous savons qu'il a été influencé par Cézanne, qu'il a travaillé avec Picasso, qu'il a mené des recherches similaires à celles de Matisse mais nous ne le voyons pas. C'est frustrant!

La première salle est consacrée à sa période fauviste et si j'avais déjà vu quelques tableaux de lui à cette époque je n'en avais jamais rencontré autant : un éblouissement de couleurs qui rendent bien les paysages ensoleillés du midi, le port de  l'Estaque. C'est là que l'on se rend compte qu'il est un coloriste de génie. Toutes ces images irradient la lumière. 

Georges Braque : L'Estaque période fauviste

Vient ensuite la grande découverte de Cézanne dont il voit une rétrospective en 1907 qui l'influence grandement. Il retourne à l'Estaque sur les traces du Maître; sa vision s'est transformée; c'est le début du cubisme.

Paul Cézanne : l'Estaque (le tableau ne figure pas dans l'exposition)


Georges Braque : Le Viaduc à l'Estaque

Commence alors la période cubiste, travail qu'il mène en même temps que Picasso qu'il a rencontré en 1907 et dont il a admiré Les demoiselles d'Avignon et parfois avec lui. Il commence ensuite à travailler avec des papiers collés. Evolution du cubisme analytique au cubisme synthétique : voir tableaux ci-dessous. La recherche intellectuelle sur l'espace, la reconstruction mentale du paysage, la géométrisation des formes est passionnante; je suis admirative mais je n'éprouve aucune émotion. C'est pour moi une peinture cérébrale, une peinture volontairement froide, d'autant plus que sa palette s'assombrit et qu'il supprime les couleurs vives jugées comme anecdotiques.  

Georges Braque : cubisme analytique

Georges Braque : nature morte : cubisme synthétique

Mais dans les années 30-40,  je préfère de beaucoup la période grecque qui suit et aussi ses sculptures...


Georges Braque : Héraclès (1931)

Georges Braque : sculpture

... et surtout  la série de ses oiseaux épurés des années 50-60, aux formes simplifiées à l'extrême -tout le contraire de sa période cubiste-, étirant leurs longues ailes dans le ciel, aux couleurs unies et tranchées, les bleus, les blancs, noirs, images pures qui me procurent par le mouvement et l'absence apparente d'effort dans ce mouvement une sensation de liberté et de spiritualité.  j'aime le Braque des oiseaux!


Georges Braque : A tire d'aile (1956_1961)

Quand dans sa dernière période avant sa mort en 1963  il revient plus ou moins au figuratif, proche pourtant de l'abstraction, il peint des tableaux de paysage tout en longueur, jouant sur l'empâtement, comme pour donner l'impression de la matière, de la terre épaisse sous nos yeux. Ainsi La charrue est l'un des tableaux de l'exposition que j'ai beaucoup aimé.




Exposition Georges Braque
Du 18 Septembre 2013 au 06 Janvier 2014
Grand Palais, Paris
3 Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris
- See more at: http://www.2-french.com/2013/10/exposition-georges-braque-grand-palais-paris/#sthash.y6knmKE9.dpuf
Exposition Georges Braque
Du 18 Septembre 2013 au 06 Janvier 2014
Grand Palais, Paris
3 Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris
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dimanche 3 novembre 2013

Giuseppe Tomasi Lampedusa : Le Guépard


Les gagnants de l'énigme n° 74 sont : Aifelle, Asphodèle, Dasola,Dominique de A sauts et à gambades, Dominique de Nuages et vents, Kathel, Keisha, Miriam, Nathalie, Shelbylee, Somaja.; bravo à toutes!

Les réponses : Le guépard de Giuseppe Tomasi Lampedusa et Le Guépard de Visconti


Giuseppe Tomasi, duc de Palma, de Montechiaro, prince de Lampedusa est né à Palerme en 1896. Il meurt en Rome en 1957, un an avant la parution de son livre Le Guépard, d'abord refusé par les éditeurs, et qui fut publié à titre posthume.
Dans Le Guépard Lampedusa raconte l'histoire de sa famille et plus précisément de son arrière-grand-père, Giulo Fabrizio di Lampedusa qui lui inspire le personnage de son livre Don Fabrizio Salina, prince sicilien. Les armes de son aïeul était un lion léopardé que Lampedusa transforme en guépard d'où le titre du roman devenu depuis un classique.
L'adaptation du livre par Visconti avec Burt Lancaster dans le rôle du prince, Alain Delon dans celui du neveu Tancredi et Claudia Cardinale incarnant Angelica, la fille du paysan enrichi, Don Calegaro, devenu notable, a encore accru la renommée de l'oeuvre littéraire.
Le récit divisé en huit parties, commence en 1860 et s'étend sur plusieurs années pendant le Risorgimento qui vit les troupes garibaldiennes combattre en Sicile et l'unification de l'Italie. La mort du prince survient en juillet 1883. En Mai 1910, on retrouve les filles du prince, dont Concetta qui a été amoureuse de Tancredi, dans leur palais de Salina.

La fin d'un monde

Burt Lancaster dans le rôle de don Fabrizio Salina
Ce qui intéresse Lampedusa aussi bien que Visconti c'est la peinture d'une société aristocratique en pleine décadence, consciente de sa fin et qui voit avec une certaine nostalgie disparaître un monde fondé sur des valeurs qui lui sont chères, catholicisme, fidélité au roi, ordre social, honneur et conscience de la grandeur de la noblesse. C'est pourquoi le récit est toujours placé sous le point de vue du prince jusqu'à sa mort. Mais Don Fabrizio a vite compris que ce changement était inéluctable et il ne va rien faire pour l'en empêcher. Bien au contraire, il va soutenir son neveu Tancredi qui se place du côté des révolutionnaires car dit-il, "il faut que tout change pour que rien ne change".
Si nous ne sommes pas là nous non plus, ils vont nous arranger la république. Si nous voulons que tout reste tel que c'est, il faut que tout change.
Autrement dit, il faut être du côté de ceux qui vont posséder le pouvoir après la révolution et qui remplaceront les autres. La noblesse doit s'adapter, quitte, s'il le faut, à faire alliance avec eux : c'est pourquoi Tancredi avec l'aide du prince épousera la riche Angelica qui, en échange du titre de princesse, lui apportera la fortune de son père. Le pouvoir n'est plus celui de la noblesse du nom mais celui de l'argent, l'idéal étant de posséder les deux. Tancredi fera une longue carrière politique par la suite.

La mort

Tancredi (Alain Delon) et Angelica (ClaudiaCardinale) visitant le palais du prince

La décadence de la race, la fin d'un époque, sont étroitement associées à l'idée de la mort, toujours présente dans le roman.  Allégorique. Dès le début, la mort prend une forme hideuse et repoussante avec le cadavre du soldat venu mourir, les entrailles à l'air, dans le jardin du prince, manque de goût le plus évident. Une fin absurde pour le roi et pour une classe qui ne se soucieront jamais de lui si ce n'est parce qu'ils sont dérangés par la puanteur de cette mort. Allégorie d'une classe sociale, le peuple, qui sera toujours le perdant.

On n'avait plus parler du mort, en effet; au bout du compte, les soldats sont des soldats justement pour mourir en défendant le roi. Mais l'image de ce corps éventré réapparaissait souvent dans ses souvenirs comme si elle demandait qu'on lui donne la paix de la seule manière possible pour le Prince : en dépassant et en justifiant son extrême souffrance par une nécessité générale. Parce que mourir pour quelqu'un ou pour quelque chose d'accord, c'est dans l'ordre des choses; il faut pourtant savoir pour qui ou pour quoi on est mort

Métaphorique : Quand Tancredi et Angelica, avant leur mariage, visitent les partie abandonnées du vaste palais de Salina avec ses fresques, ses dorures ou ses stucs gagnés par l'humidité, la moisissure, ses meubles décrépits, ses tentures de soie déchirées, tachées, ses pièces vides qui gardent le souvenir de tortures et de sang, qui semblent la proie des fantômes…
 Au cours du bal dans la sixième partie, la mort symbolique du prince et de la société apparaît : le prince pris d'un malaise, se met à part et observe les jeunes femmes qu'ils trouvent laides, "incroyablement petites", il les compare à des guenons, les hommes ne débitent que des platitudes; il voit en eux la dégénérescence de sa race. Un instant l'invitation d'Angelica et la danse qu'il partage avec elle, la sensualité qui émane d'elle, lui redonne l'impression d'être jeune. Mais une impression éphémère..  il est à noter d'ailleurs que Visconti arrête son film à ce moment-là car tout est dit. Le bal est d'ailleurs l'apogée du film, un moment cinématographique inoubliable et l'interprétation de Burt Lancaster est sublime et pleine d'émotion contenu mais palpable..

Dans le roman, le bal est la mort annoncée du prince. Mais sa mort survient ensuite dans la septième partie qui lui est entièrement consacrée. Enfin, c'est dans la huitième partie, vingt et un ans après la disparition du prince, que sonne réellement et définitivement le glas de la famille Salina, avec la dépouille naturalisée de Bendico, son chien bien-aimé.   Concetta qui l'avait conservée jusque là comme une relique décide de s'en débarrasser : 

Quelques minutes plus tard ce qui restait de Bendico fut jeté dans un coin de la cour que l'enleveur de la voirie visitait chaque jour : au cours de son vol par la fenêtre sa forme se recomposa un instant : on aurait pu voir danser dans l'air un quadrupède à longues moustaches et la patte droite antérieure semblait lancer une imprécation. Puis tout s'apaisa dans un petit tas de poussière livide.

La Sicile
La Sicile tient bien sûr un grand rôle dans le roman. Elle est  à l'image du prince, magnificente dans sa grandeur et sa beauté,   mais immuable, incapable d'évoluer. Ses richesses sont des témoins de civilisations disparues, c'est une terre qui englue celui qui y vit, elle porte la mort en elle, le passé y paraît pétrifié. La langue de Lampedusa se fait sensuelle, lourde, chargé d'odeurs et de chaleur pour l'évoquer.

Cette violence du paysage, cette cruauté du climat, cette tension perpétuelle de tout ce que l'on voit, ces monuments du passé, magnifiques mais incompréhensibles, parce qu'ils sont construits par d'autres et se dressent autour de nous comme des fantômes grandioses et muets ; tout ces gouvernements débarquant en armes d'on ne sait où, immédiatement servis et détestés, toujours incompris, ne se manifestant que par des œuvres d'art énigmatiques pour nous et par des impôts qui vont grossir ailleurs des caisses étrangères ; tout cela, oui, tout cela a formé notre caractère, qui reste ainsi conditionné par les fatalités extérieures autant que par une terrifiante insularité.

L'amour

Don Fabrizio et Angelica : la dernière valse

L'amour entre Tancredi et Angelica s'étale au grand jour avec la bénédiction du prince; il s'agit surtout de sensualité, de désir et non de sentiment profond. Angelica est trop ambitieuse pour se donner entièrement même à Tancredi qui lui plaît pourtant; Tancredi est ébloui par la beauté de la jeune fille mais il ne perd jamais de vue qu'elle a une dot fabuleuse. Mais il y a deux sentiments amoureux qui restent cachés, refoulés. Celui de Concetta qui aime son cousin Tancredi et est sacrifiée par son père qui préfère son neveu Tancredi à tous ses autres enfants et favorise le mariage avec Angelica au détriment des sentiments de sa propre fille. Et l'amour du Prince pour Angelica qui apparaît (encore une scène fantastique due au talent de Burt Lancaster) au moment du bal quand la jeune fille vient l'inviter à danser.

*

Angelica, Le prince, Tancredi

Un roman passionnant, tellement riche que l'on ne saurait l'épuiser! Le prince de Lampedusa, noble hautain et fier de sa race, colérique et dominateur, mais aussi intelligent et humain parce que toujours en proie au doute, est contre toute attente    attachant (pourtant il incarne pour moi toutes les valeurs que je n'aime pas); la nostalgie dans laquelle baigne le roman; la connaissance de la Sicile, de ses paysages mais aussi de son caractère intime, de ses types façonnés par le climat et la misère; le fond historique, houleux, vague impétueuse où tout semble basculer, où le peuple peut enfin concevoir des espérances qui  seront vite étouffées dans l'oeuf par les classes dirigeantes; l'humour qui par éclairs fugitifs semble contrebalancer la mort toujours présente; la nostalgie où baigne le roman, tout, je dis bien tout, fait de ce roman un chef d'oeuvre. Vous n'avez pas lu ? faites-le vite!



Samedi 9 Novembre l'énigme du samedi Un livre/un film aura lieu chez Eeguab

Challenge italien chez Nathalie



samedi 2 novembre 2013

Un livre/un film : Enigme 74




Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?
Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3 ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. 


Chez Eeguab, le 2ème et 4ème samedi du mois vous trouverez l'énigme sur le film et le livre

Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.
Le samedi 9 Novembre l'énigme aura lieu chez Eeguab

Enigme 74

Ce roman italien est paru à la fin des années 1950. Il est le seul roman écrit par cet auteur. Il raconte l'histoire d'une grande famille  de la noblesse au moment du Risorgimento. 

 La récitation quotidienne du Rosaire était finie. Pendant une demi-heure la voix paisible du Prince avait rappelé les Mystères Douloureux; pendant une demi-heure d'autres voix entremêlées, avaient tissé un bruissement ondoyant d'où s'étaient détachées les fleurs d'or des mots accoutumés : amour, virginité, mort; et pendant que durait ce bruissement le salon rococo semblait avoir changé d'aspect; même les perroquets qui déployaient leurs ailes irisées sur la soie de la tenture avaient paru intimidés; même la Marie-Madeleine, entre les deux fenêtres, ressemblait d'avantage à une pénitente qu'à une belle grande blonde, perdue dans on ne sait quels rêves, comme on la voyait toujours.

vendredi 1 novembre 2013

Un Livre/un film : Rendez-vous demain samedi 2 Novembre pour l'énigme du samedi




je vous rappelle que demain est le premier samedi du mois (2 Novembre) donc le jour de notre rendez-vous pour le Jeu : Un livre/un film Enigme 74
Samedi prochain 9 Novembre, deuxième du mois, l'énigme aura lieu chez Eeguab.

jeudi 31 octobre 2013

Visite à Paris : Désir et volupté à l'époque victorienne au musée Jacquemart

La boule de cristal de  John W. Waterhouse : le moyen-âge est remis à l'honneur par les préraphaélites
Je suis à Paris depuis Mardi 29 octobre. Ma première exposition  a été pour les peintres de l'époque victorienne au musée Jacquemart, artistes préraphaélites ou leurs héritiers. Ces oeuvres de la fin du XIX siècle en Angleterre sous le règne de la reine Victoria est une réponse au puritanisme et à la rigidité des moeurs anglaises à cette époque. La femme y est peinte libérée du corset et des vêtements qui l'emprisonnent, le corps dénudé ou revêtu de tissu transparent, souple, offert au regard d'où le titre de l'exposition :  Désir et volupté à l'époque victorienne. Le peintres préraphaélites y figurent ainsi que ceux de l'Aesthetic Movement à partir des années 1870, mouvement influencé par le préraphaélisme et précurseur du symbolisme et même de certaines figures de l'Art nouveau.  Tous ces peintres célèbrent la beauté féminine dans une quête esthétique idéalisée.

Crenala, la muse de la rivière de Frederic  Lord Leighton

j'avoue que j'ai été un peu déçue de ne pas y voir les tableaux des préraphaélites que j'attendais (les héroïnes de Shakespeare) mais l'erreur vient de moi. En fait sont réunis pour cette exposition les oeuvres d'une collection privée Perez Simon offrant une rétrospective de l'art britannique depuis les années 1860.  je ne pouvais donc y trouver les peintures du début des péraphaélites des années 50. 
D'autre part j'ai parfois un peu de mal avec ce mouvement esthétisant, qui me paraît souvent trop gracieux, trop maniéré, trop peu naturel... Et un peu hypocrite aussi quand l'art exalte la femme alors qu'on lui refuse le statut d'être humain et qu'on la considère juridiquement comme une éternelle mineure!
Pourtant certains tableaux sont très représentatifs du genre et et certains peintres y affichent leur goût de l'Antique, la Grèce fantasmée, devenant une référence esthétique : 

Jeunes filles grecques ramassant des coquillages sur la plage de Frédéric Lord Leighton (1882) La Grèce

Sir Lawrence Alma-Tadema : les roses d'Héliogabale (1888) Rome

Sir Lawrence Alma-Tademaraconte ici un épisode de la Rome antique. Héliogabale, jeune empereur romain,  étouffe sous une pluie de fleurs les courtisans invités au banquet qui meurent étouffés.

Mes deux peintures préférées

Fatima de Sir Edward C. Burne-Jones

"Etant arrivée à la porte du cabinet, elle s’y arrêta quelques temps, songeant à la défense que son mari lui avait faite et considérant qu’il pourrait lui arriver malheur d’avoir été désobéissante ; mais la tentation était si forte qu’elle ne put la surmonter : elle prit donc la petite clef et ouvrit en tremblant la porte du cabinet". C’est cet extrait de Barbe bleue, le fameux conte de Charles Perrault, que Burne-Jones choisit ici d’illustrer. À l’instar d’une adaptation théâtrale anglaise de 1798, l’histoire se trouve transportée en Turquie et l’héroïne, dernière femme du monstre, prend le nom de Fatima.

 
La mer enchantée de Henry A. Payne
1899

Quelle scène étrange et féérique, digne des "mille et une nuits"…! L’espace sans perspective, les couleurs et les personnages évoquent dans leurs traitements l’art du vitrail qu’affectionnait tout particulièrement Henry Arthur Payne. Impression renforcée par le contraste des roses, des oranges et des verts sombres. Une vision médiévale s’impose, à travers le paysage et les tissus précieux. La coiffe complexe de la jeune femme, appelée hennin, rappelle la mode gothique des Pays-Bas.

L’inspiration du peintre Henry Arthur Payne provient là encore d’une source littéraire : "The shaving of Shagpat", un conte de George Meredith. Deux héros y luttent contre l’hégémonie d’un tyran. Payne choisit le moment où une enchanteresse s’enfuit à l’approche d’un des deux héros. Elle s’installe dans une coque et se lance sur une mer enchantée, où des corps de femmes la suivent au gré des flots, et où des hommes ensorcelés l’observent de leur bateau. Le visage inquiet de la jeune femme trahit son anxiété à l’idée d’être poursuivie, alors qu’elle ne veut pas être vue des hommes... Un faucon se trouve à ses côtés. Il signale la présence invisible du héros, qui a réussi à s’accrocher à la frêle embarcation.


Présentation de l'exposition sur le site du musée : Les peintres Lawrence Alma Tadema, Edward Burne Jones, John William Godward, Frederick Goodall, Arthur Hughes, Talbot Hughes, Frederic Leighton, Edwin Long, John Everett Millais, Albert Moore, Henry Payne, Charles Edward Perugini, Edward John Poynter, Dante Gabriel Rossetti, Emma Sandys, Simeon Solomon, John Strudwick, John William Waterhouse et William Clarke Wontner, emblématiques de cette période victorienne, sont représentés à cette occasion.

Musée Jacquemart-André
du 13 septembre 2013 au 20 janvier 2014
Exposition "Désirs & Volupté à l'époque
Horaires
Le Musée est ouvert tous les jours de 10h à 18h.
Nocturnes tous les lundis et samedis jusqu'à 20h30.