Pages

lundi 21 avril 2014

Longue Pause en Lozère dans la maison aux totems

Totem de JackCactus
Jack Cactus totem


Et oui, je pars une quinzaine de jours avec livres et bagages et petits-enfants dans mon  hameau lozérien. Je logerai dans ma maison qui est aussi appelée La maison des Totems, oeuvres de JackCactus







Bonnes vacances à tous!

dimanche 20 avril 2014

Un livre/un film : L'homme qui rit de Victor Hugo


Gwynplaine


J'ai déjà publié dans mon blog un billet et de nombreuses citations sur un des romans de Victor Hugo que j'aime le plus : L'homme qui rit  que nous avons repris pour l'énigme du samedi, Wens et moi.

Avec L'homme qui rit, Victor Hugo écrit un roman-somme qui se veut historique, philosophique et poétique, un énorme livre de plus de 700 pages qui draine sur son chemin, comme un fleuve immense et puissant, toutes les idées de l'écrivain sur l'oligarchie, sa suffisance et son égoïsme féroce, et sur la misère du peuple représenté ici par le personnage de Gwynplaine qui en est l'allégorie. Pour la force de l'évocation, il n'y a qu'un Hugo pour parvenir ainsi au sommet. Quant aux excès du roman, ils sont le revers de la médaille en quelque sorte. Il s'agit, en effet, d'une oeuvre complexe, touffue, démesurée - ou plutôt à la mesure du génie de Hugo - de son immense érudition, de sa puissance visionnaire. Le lecteur peut lui reprocher ses longues digressions qui coupent le récit au moment les plus pathétiques, ses répétitions, une systématisation des effets de style, ses redites dans les idées, son insistance toujours amplifiée et même certaines lourdeurs. Il est probable que si je l'avais lu plus jeune, j'aurais envoyé le bouquin promener car il demande de la bonne volonté. Si c'est un roman d'aventures, en effet, il est aussi beaucoup plus et bien autre chose!  Il faut donc le lire en prenant son temps, en goûtant les richesses, sans impatience, sans avoir envie de courir au récit. Il est alors passionnant malgré certaines faiblesses. Et puis comme toujours le style riche, foisonnant de Victor Hugo mis au service de son engagement politique, de son indignation devant l'injustice, de sa compassion pour les opprimés, me fait vibrer. LIRE LA SUITE ICI





 

Félicitations à ?  :  Comme nous sommes en Lozère et problablement sans connection, nous ne pouvons noter ici le nom de ceux qui ont trouvé qu'il s'agissait de :
Le roman  : L'homme qui rit de Victor Hugo
Le film :  L'homme qui rit de  Jean-Pierre Améris

Voir le film Chez Wens  ICI

samedi 19 avril 2014

Un livre/Un film : énigme du samedi




Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Chez Eeguab, le 2ème et 4ème samedi du mois vous trouverez l'énigme sur le film et le livre
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Samedi  26 Avril la prochaine énigme, N° 93, aura lieu chez Eeguab mais pas d'énigme le samedi 3 mai car Wens et moi nous serons en Lozère!


Enigme N° 92

Une énigme facile pour ce samedi :  le roman adapté est l'oeuvre d'un des plus grands écrivains français du XIX siècle. Bon maintenant, vous savez! Reste à trouver le titre du roman qui a déjà été largement commenté dans ce blog. Une petite citation et vous reconnaîtrez?


Milords, vous êtes en haut. C'est bien. Il faut croire que Dieu a ses raisons pour cela. Vous avez le pouvoir, l'opulence, la joie, le soleil immobile à votre zénith, l'autorité sans borne, la jouissance sans partage, l'immense oubli des autres. Soit. Mais il y a au-dessous de vous quelque chose. Au-dessus peut-être. Milords, je viens vous apprendre une nouvelle. Le genre humain existe.

Voir chez Wens 

vendredi 18 avril 2014

Selma Lagerlöff : Le merveilleux voyage de Nils Holgerson





Je voulais relire Le merveilleux voyage de Nils Holgerson depuis longtemps aussi ai-je sauté sur l'occasion offerte par une lecture commune avec Lounima .

J'avais lu ce livre, en effet, il y a une trentaine d'années et je me souvenais d'un véritable coup de coeur mais aussi d'un "petit" roman de trois cents pages environ. Aussi ai-je été surpris en recevant la nouvelle édition de poche de me retrouver face à un "pavé" de 600 pages; j'ai donc compris que je n'avais lu jusque là qu'une version abrégée de ce livre qui est considéré comme l'un des plus grands classiques de la littérature suédoise.

J'avoue que j'ai d'abord un peu de mal à retrouver l'enchantement que j'avais éprouvé à la première lecture mais je me suis aperçu bien vite, ayant peu de temps en ce moment, que c'est parce que je ne le lisais pas avec assez d'assiduité. C'est un roman où il faut se plonger, qu'il ne faut pas lâcher pendant des heures pour pouvoir se laisser entraîner dans la magie des aventures du petit Nils, méchant garnement, transformé en Poucet, puni de sa cruauté envers un Tomte, minuscule personnage doté de pouvoirs magiques. C'est sur le dos de Martin, un jars domestique, que Nils Holgerson va effectuer un long voyage jusqu'en Laponie avec des oies sauvages, menées par la vieille et sage Akkar.

Si ce roman résulte d'une commande faite par le ministère de l'éducation à Selma Lagerloff pour faire connaître leur pays aux petits suédois, il va vite se révéler bien plus qu'un ouvrage pédagogique. Certes, il est basé sur des connaissances géographiques et historiques solides, Selma Lagerlöff a voyagé dans le pays, recueilli des légendes et des récits, et vous pouvez suivre sur une carte ce périlleux et extraordinaire voyage à travers ce vaste pays mais il est bien plus que cela, animé par un souffle poétique propre à la grande écrivaine suédoise.

Avec Le merveilleux voyage de Nills Holgerson, Selma lagerlöff écrit un hymne poétique à son pays et à la nature, aux grandes étendues couvertes de glace, aux sombre forêts profondes,  aux montagnes aux pics acérés, aux côtés déchiquetées par la mer qui se fragmentent en myriade de petits îlots, aux grandes plaines agricoles mais aussi à l'industrie qui fait la richesse de la Suède, au minerai de Fer sans qui l'homme ne serait rien. L'auteure nous introduit aussi dans le monde animal et  nous le fait découvrir dans la variété de ses espèces et de ses moeurs mais sans jamais prendre un parti scientifique. Au contraire, et bien qu'elle manifeste une grande connaissance, en particulier des oiseaux, nous sommes dans un monde où les animaux parlent, se comprennent, se font les messagers des airs et de la terre. Tous participent au merveilleux de la nature de la même manière que tous ces petits êtres malfaisant ou bénéfiques, Trolls, Tomtes, qui peuplent le folklore suédois. Des légendes viennent se mêler au réel, composant à l'intérieur du roman de nombreux petits récits, comme une mise en abyme, un conte dans le conte, plein de charme et d'intérêt : ainsi l'histoire du vieux cheval et de son maître avare, celui du carnard Jarro servant d'appeau, celui du renard, du petit Matts et de sa grande soeur … Et bien d'autres encore qui constituent un grand plaisir de lectures.
Ajoutons encore à cela qu'il s'agit d'un roman d'initiation car le petit Nils Holgerson, gamin malfaisant, cruel, paresseux, incapable d'amour, va faire l'expérience de la solidarité, de l'amitié, du courage et du dévouement en même temps que de la faim, du froid et de la peur.  Il va aussi comprendre et apprécié son appartenance à la race humaine et reviendra transformé chez lui, auprès de ses parents.
Un très beau livre qui est à juste titre considéré comme le chef d'oeuvre de Selma Lagerlöff.

LC avec Lounima ICI

mardi 15 avril 2014

Jean-Charles Nodier : La fée aux miettes





jean-Charle Nodier par Guérin

Jean- Charles Emmanuel Nodier (1780-1844) est un romancier qui a eu une grande importance dans le mouvement romantique français. Il était d'ailleurs en rivalité avec Victor Hugo à la tête du Cénacle.
La fée aux miettes, roman fantastique, fut publié en 1832.

Le narrateur rencontre dans une maison "des lunatiques" de Glagow un vieux fou, le charpentier Michel, à la recherche de la Mandragore qui chante. Ce dernier lui raconte son histoire.
Au temps de la jeunesse de Michel à Granville, vivait une pauvre vieille qui venait mendier les restes des repas des écoliers. C'est pour cela que les garçons, fascinés par cette femme qui parle de nombreuses langues et semble posséder dans leur imagination des dons surnaturels,  l'ont surnommée La fée aux miettes. Un jour, Michel sauve la Fée aux miettes dans la baie du mont Saint-Michel, et lui promet de l'épouser à sa majorité, promesse faite par légèreté ou par raillerie...
Il embarque ensuite comme charpentier sur La reine de Saba. Le bateau fait naufrage, Michel, rejeté sur un île, découvre que la fée aux miettes l'a suivi, cachée dans son sac. Elle lui offre un portrait d'elle, sous les traits d'une jeune femme, Belkiss, si éblouissante qu'il en tombe amoureux.
Après  toutes sortes d'aventures fantastiques, Michel finit par épouser la Fée aux miettes. Le jour, elle lui apparaît sous les traits de la vieille femme qu'il connaît bien. La nuit, sous les traits de Belkiss qui n'est autre que la Reine de Saba, il reçoit la visite d'une femme en tout point belle et voluptueuse. Mais, pour que ce bonheur dure, il lui faut trouver la mandragore qui chante.

La fée aux miettes et Michel, le charpentier

Conte de fées, récit fantastique, le roman est aussi implanté dans le réel avec des descriptions de Granville et de la Baie du Mont Saint Michel, de la pêche aux coques, du métier de charpentier, de l'asile d'aliénés de Glasgow. Nodier y fait l'éloge du travail qui permet de gagner sa vie honnêtement et d'éviter l'oisiveté, un éloge rationnel, un peu à la Voltaire. Mais l'irrationalité du récit prend de plus en plus d'importance. 
Avec ce roman on pourrait penser que Nodier trace le cheminement d'un esprit en proie aux hallucinations, qui se perd dans ses rêves, et n'est plus en contact avec la réalité. Mais le propos de Charles Nodier est plus complexe. Le narrateur nous laisse dans le doute. Quand Nodier fait intervenir un scientifique, le docteur de la maison de santé, il le peint comme un homme ridicule. Ainsi la démonstration du savant quant au fait que la mandragore ne peut pas chanter est pédante et amphigourique. On ne peut le prendre au sérieux. Et alors? Si c'était Michel qui avait raison? Si le monde du rêve était plus important et même plus "vrai" que celui de la réalité?
En redonnant sa liberté au rêve, à l'onirisme, Charles Nodier se place bien en précurseur du romantisme et l'on comprend ce que lui doivent Gérard de Nerval, Victor Hugo lui-même et plus tard les surréalistes. Mais le rêve côtoie de près la folie.  Nodier qui est d'une sensibilité excessive - peut-être liée à l'usage de l'opium dans sa jeunesse- Gérard de Nerval qui explore la folie dans son Aurélia, Victor Hugo dans ses séances de spiritisme, et plus tard Maupassant en ont fait l'expérience.





Dans cet univers traditionnel de marins et de charpentiers, sans doute, comme dans les contes, un peu idéalisé, les rêveries et les visions de Michel jettent un trouble que les gens mis en scène interprètent comme de la folie. Mais le récit est celui, à la première personne, de Michel. S’il reflète les paroles d’autrui sur son comportement et sur la fée aux miettes, il donne à ressentir comme véritables les sentiments et les visions qui sont les siennes. Comment ne pas le croire, bien que cela semble impossible ? Belkiss apparaît-elle vraiment lorsqu’il ouvre le médaillon ? la fée a-t-elle le pouvoir de modifier le sort des marins ou cela n’est-il qu’une coïncidence ? Comment se met-il à lire l’hébreu, à entendre la langue canine de l’île de Man ? Il y a six mois qu’il a quitté ses chantiers et la famille de Finewood en leur abandonnant ses possessions, six mois qu’il recherche la mandragore chantante... Et comme le souligne la conclusion « Elle n’explique rien ». Le récit est donc à prendre ou à laisser, on retrouve l’opposition des deux discours, celui du psychiatre appuyé sur ses certitudes médicales et ses citations, qui définit la mandragore d’après Linné et selon les anciens usages, et d’autre part l’évasion inexplicable de Michel de cet endroit clos. Reste qu’on ne peut se fier totalement à ceux qui l’ont vu s’envoler avec une fleur chantante. On demeure dans le fameux « je sais bien... mais quand même » et le roman articule de façon originale « les illusions » du lunatique et la réalité, en donnant une prime de plaisir aux illusions joyeuses des « amants et des poètes ».



lundi 14 avril 2014

Bordeaux : Festival Itinéraires des photogaphes voyageurs


Kike Aspano Geometrias en equilibrio : Institut Cervantes


Olivier Brossard In a deeper road : Galerie Arrêt sur l'image

Joanna Chudy Silesian Ulysses : Voyageurs du monde

Ma visite de Bordeaux se termine avec ce billet sur Itinéraires des photographes voyageurs, festival qui était en fait le but de mon voyage. Je vous  ai présenté en tête de ce billet trois images pour lesquelles j'ai eu un coup de coeur mais ce ne sont pas les seules! La 24 ème édition de ce festival 2014 organisé par Nathalie Lamire-Fabre et par Vincent Bengold réunit du 1er au 30 Avril, 14 photographes sur le thème du voyage. 


Nathalie Lamire-Fabre, Alain Juppé, et Vincent Bengold :  vernissage Salle capitulaire Cour Mably

Vendredi 4 Avril en soirée et pendant toute la journée du samedi 5 jusqu'à 20H nous avons assisté aux vernissages de ces expositions en présence des artistes. La découverte des images accrochées dans dix lieux différents s'alliaient ainsi à la visite de la ville hors des sentiers battus. Un véritable marathon culturel, passionnant et enrichissant, tant il permettait de rencontrer des tempéraments artistiques divers, tant la démarche de chacun était singulière :  
... du documentaire comme celui de Thierry Girard, au Japon après le Tsunami (Après le fracas et le silence)... 


Thierry Girard : Après le fracas et le silence : Salle capitulaire Cour Mably

... du témoignage écologique comme Terrain vague d'Emmanuelle Coqueray. Ce qui est frappant dans certaines images d'Emmanuelle Coqueray, c'est l'importance attachée à la couleur, au rendu de la matière. Vues de loin les images peuvent évoquer la beauté de la nature, nous projeter dans un ciel étoilé ou dans l'abstraction, vues de près elles révèlent l'horreur : matériaux polluants, poisons, incendie, dépotoirs...


Emmanuelle Coqueray : Terrain vague :  Actimage
Emmanuelle Coqueray : Terrain vague

... à la résolution d'une crise intérieure avec My white désert de Zaïda Kersten,

Zaïda Kersten  My white desert : Espace Saint Rémi

Zaïda Kersten, à la suite d'une crise intérieure s'isole pendant un long hiver dans une île ensevelie sous la neige, en Laponie, dans une petite cabane sans confort. Avouez que l'on croit lire un roman de Nature Writing, Désolations de David Dann ou Indian creek de Pete Fromm! Mais le mal-être, la solitude l'amènent au bord de la folie dont peu à peu elle parvient à émerger jusqu'à se reconstruire. j'ai beaucoup aimé toutes ses photographies en noir et blanc. Le format choisi, très petit, nous oblige à nous pencher sur la photo afin de pénétrer  à l'intérieur de la cabane et dans son intimité. Repliée sur elle-même comme dans une caverne, elle hiberne, à moins qu'elle ne cherche protection, foetus dans dans l'obscurité du ventre maternel? Puis les images de l'extérieur, ces grands espaces blancs, ces aurores boréales, la rencontre d'un animal solitaire, le départ en traîneau... 

Zaïda  Kesrten : My white desert

... jusqu'à la construction d'un Mirage de Bastien Dessolas et Kristof Guez, tous deux partis au Maroc, pour faire naître le "mirage" à l'aide de rayons laser qui rendent insolites les splendides paysages nocturnes.


Kristof Guez et Bastien Dessolas Mirage  : grilles jardin public


 Kristof Guez et Bastien Dessolas Mirage  : grilles jardin public
Kristof Guez et Bastien Dessolas Mirage

... ou à ce qui s'apparente à un journal de bord  : Jean-Michel Leligny explore la réalité de la France  dans son parcours intitulé : 2°20 ou la France par le milieu. Se donnant pour but de suivre le méridien de Paris (2°20) qui trace une ligne "par le milieu" du pays, il s'astreint à photographier chaque jour au cours de son voyage les paysages et les gens qu'il rencontre. Mais fidèle à son métier de journaliste il écrit sur ses photographies, véritable journal de bord que l'on suit avec intérêt. Pour lui, une photo n'a de sens qu'avec un texte. Il met aussi en regard de ses images, des titres du journal Le Monde sur l'économie, le système bancaire, la mondialisation et le décalage entre ces extraits sur le monde "d'en haut" et celui "d'en bas" est tel que jamais, on le comprend, le fossé ne sera comblé.


Jean Michel Leligny : 2°20 ou La France par le milieu : Le rocher de Palmer

Jean Michel Leligny : 2°20 ou La France par le milieu

J'ai été  fascinée,  donc, par cette diversité des regards et des voyages. Si certains ont arpenté les pays lointains (Japon, Laponie, Silésie, Maroc, Portugal),  d'autres ont trouvé près de chez eux l'espace à explorer . 
Ainsi Julie Bourge qui traque les ombres sur les murs de sa ville, révélant la beauté de la quotidienneté dans ce qui nous entoure ou Olivier Brossard qui filme de sa voiture pendant les interminables embouteillages qui le ramènent chaque jour chez lui, dessinant des paysages et une ville en noir et blanc surprenants et poétiques.

Julie Bourges  Umbra
Julie Bourges  Umbra

Olivier Brossard In a deeper road

Pour Andrea Schmidtz dans sa Vision de Dusserdolf,  c'est le paysage banal de sa ville natale qui se  se métamorphose sous la neige, les arbres aux fins rameaux noirs dénudés semblent tracer des signes mystérieux, des dessins géométriques dans la blancheur ouatée, semblables aux empreintes de petites pattes d'oiseaux dans la neige.


Andrea Schmidtz  Vision : Le rocher de Palmer
Andrea Schmidtz  Vision : Le rocher de Palmer

 D'autres artistes partent en voyage à partir d'une oeuvre littéraire comme Marine Lanier, avec La vie dangereuse de Blaise Cendrars.

Marine Lanier : La vie dangereuse 2013

Marine Lanier La vie dangereuse : Espace Saint Rémi



Marine Lanier La vie dangereuse




Aurélia Frey avec Variations suit les traces de George Sand et de ses contes de grand mère ou des légendes berrichonnes. Elle construit ainsi un monde de brumes et de clairs-obscurs, univers fantastique propice aux ombres et aux créatures issues de l'imagination populaire, passage de l'autre côté des choses, du concret à l'abstrait, du réel à l'imaginaire.


Aurélia Frey  Variations :  Marché de Lerme

Aurélia Frey  Variations

Aurélia Frey  Variations

Il faut ajouter que le voyage extérieur reflète toujours un paysage intérieur, révélant une personnalité, une identité. D'autre part, au cours de cette visite, les artistes nous ont fait part de leurs préoccupations esthétiques, philosophiques et techniques, très éloignées les unes des autres, que j'ai trouvées fort intéressantes. Yannick Vigouroux nous expliquant, quant à lui, que contrairement à beaucoup d'entre eux, il a renoncé aux moyens techniques sophistiqués pour revenir à un appareil plus rudimentaire, à la recherche de l'aléatoire. Je pensais en les écoutant à tous ceux qui affirment que la photographie en tant qu'art est à la portée de tous voire qu'elle n'est pas un art!

Yannick Vigouroux, Littoralités
Yannick Vigouroux Littoralités : Arrêt sur l'image


Et encore une pleine brassée d'images

Joanna Chudy Silesian Ulysses : Voyageurs du monde

Joanna Chudy Silesian Ulysses


Malala Andrialavidra Echoes, fragments : Porte 44 MC2A
Malala Andrialavidra, Echoes, fragments


Kike  Aspano : Geometrias en equilibrio Institut Cervantes


Kike  Aspano : Geometrias en equilibrio

Olivier Brossart : In a deeper road : Arrêt sur image galerie

Olivier Brossart : In a deeper road : Arrêt sur image galerie




Itinéraires photographes voyageurs

10 lieux • 14 expositions
Du 1er au 30 avril 2014

Vendredi 4 Avril
    •    18h30 > Rocher de Palmer à Cenon – Jean Michel Léligny et Andrea Schmitz

Samedi 5 Avril
    •    9H30 > Act’Image – Emmanuelle Coqueray
    •    10H30 > Grilles jardin public – Bastien Dessolas et Kristof Guez
    •    11H15 > Voyageurs du Monde – Joanna Chudy
    •    12H00 > Salle Capitulaire Cour Mably – Thierry Girard et Julie Bourges
    •    14H30 > Marché de Lerme – Aurélia Frey
    •    16H00 > Institut Cervantes – Kike Aspano
    •    17H00 > Espace St Rémi – Marine Lanier et Zaida Kersten
    •    18H30 > PORTE 44 MC2A – Malala Andrialavidrazana
    •    19H30 > Arrêt sur l’Image – Olivier Brossard et Yannick Vigouroux

vendredi 11 avril 2014

Marie de Gournay : Egalité des hommes et des femmes suivi de Grief de dame


En visitant le château de Michel de Montaigne j'ai rencontré aussi sa "fille d'alliance", Marie Le Jars de Gournay (1565_1645), femme de lettres, héritière et éditrice de son oeuvre. Et, bien sûr, apercevant en librairie l'essai qu'elle a écrit sur Egalité des hommes et des femmes suivi de Grief de dame, je n'ai pas pu ne pas "craquer" et je l'ai acheté!

  Egalité des hommes et des femmes (1622)

 

Marie de Gournay

Dans son essai Egalité des hommes et des femmes Marie de Gournay affirme qu'elle n'essaiera pour réfuter "l'orgueilleuse préférence que les hommes s'attribuent" de démontrer la supériorité des femmes : quant à moi fuyant tout extrémité, je me contente de les égaler aux hommes, la nature s'opposant à cet égard autant à la supériorité qu'à l'infériorité.

C'est donc en philosophe qu'elle aborde cette question d'autant plus grave que les femmes souffrent d'une absence de liberté totale et du mépris dans lequel elles sont tenues par leurs homologues masculins.
Toute sa démonstration est là :  il n'y a pas de supériorité des uns sur des autres mais des différences purement biologiques qui n'impliquent aucune hiérarchie entre les sexes, l'égalité reposant donc sur le spirituel. Et elle s'appuie pour sa démonstration sur les philosophes anciens, sur Montaigne,  les Pères de l'église et les Saintes Ecritures.
Au surplus l'animal humain n'est homme ni femme à le bien  prendre, les sexes étant faits non simplement, ni pour constituer une différence d'espèce, mais pour la seule propagation. L'unique forme et différence de cet animal ne consiste qu'en l'âme raisonnable.
Le fait que les femmes n'atteignent pas aux honneurs et au pouvoir comme le font les hommes ne tient donc pas d'une infériorité naturelle mais peut être attribué à deux faits : D'une part, les femmes sont le plus souvent tenues à l'écart de l'instruction et de la fréquentation du monde. Si elles pouvaient, elles aussi, recevoir la même éducation, ces différences seraient comblées :
Et conséquemment, pourquoi leur institution (éducation) aux affaires et aux lettres à l'égal des hommes ne remplirait-elle pas la distance vide qui paraît d'ordinaire entre les têtes d'eux et d'elles?
D'autre par les hommes s'attribuent les meilleures places en appliquant le droit du plus fort mais en basant leur supériorité uniquement sur ce droit, ils se ravalent au niveau de la bête.
 Et si les hommes dérobent à ce sexe, en plusieurs lieux, sa part des meilleurs avantages, ils ont tort de faire un titre de leur usurpation et de leur tyrannie, car l'inégalité des forces corporelles plus que spirituelles ou des autres branches du mérite, est facilement cause de ce larcin et de sa souffrance (du fait que l'on accepte)- forces corporelles qui sont, au reste, des vertus si basses que la bête en tient plus par-dessus l'homme que l'homme par-dessus la femme.
 La supériorité que les hommes s'attribuent ne tient donc qu'à la tyrannie qu'ils exercent sur l'autre sexe mais n'a aucune justification philosophique.
Brillante et érudite démonstration qui prouve que Marie de Gournay n'avait rien à envier à la plupart des hommes de son temps.

Grief de dame

 

Michel de Montaigne

Quand elle écrit Grief de dame paru en 1626, Marie de Gournay a soixante et un ans; elle est attaquée de toutes parts par des hommes de lettres ou de pouvoir, jaloux, pleins de suffisance et de mépris, qui critiquent non pas ses idées et ses oeuvres qu'ils ne lisent pas mais son physique et son célibat.  Grief de dame est donc un écrit virulent. On sent l'auteure excédée de se heurter sans cesse à la suffisance et à la boursoufflure vaniteuse d'hommes qui n'ont de savants que le nom. La mauvaise foi, le mépris masculin et la vacuité de leurs démonstrations de force l'ont mise hors d'elle et le ton est résolument pamphlétaire. La dame montre ainsi qu'elle a la dent dure et qu'effectivement certains de ces messieurs, illustres en leur temps mais de nos jours tombés dans l'oubli, faisaient bien d'esquiver le débat car ils n'auraient pas eu le dessus.
Heureusement, nous dit Séverine Auffret qui préface le livre : "... depuis Montaigne lui-même, et à partir de Just Lipse, leur ami commun, Marie de de Gournay pratique le grand art de l'amitié, particulièrement avec un certain nombre d'hommes, "libertins érudits" de préférence, tels Théophile de Viau, Gabriel Naudée, et enfin la Mothe le Vayer, qui sera l'ami-complice de toute sa vie."

Bienheureux es-tu, lecteur, si tu n’es point de ce sexe, qu’on interdit de tous les biens, le privant de la liberté et même qu'on interdit encore à peu près de toutes les vertus, lui soustrayant  les charges, les offices et fonction publics, en un mot en lui retranchant le pouvoir en la modération duquel  la plupart des vertus se forment, afin de lui constituer pour seule félicité, pour vertus souveraines et seules, l'ignorance, la servitude et la faculté de faire le sot si ce jeu lui plaît.

 Bienheureux, derechef, toi qui peux être sage sans crime, ta qualité d'homme te concédant, autant qu'on les défend aux femmes, toute action de haut dessein, tout jugement sublime, et parole juste, et le crédit d’en être cru, ou pour le moins écouté.

Et je ne peux m'empêcher de citer encore un passage pour montrer combien le style de Marie de Gournay est pittoresque, combien elle sait manier l'ironie, et combien elle a l'art du portrait satirique quand elle brosse l'attitude des hommes face à une débatteuse :

Et il n'y a si chétif qui ne me rembarre avec l'approbation de la plupart des assistants, avec un sourire seulement, un hochet, ou quelque plaisanterie ou quelque petit branlement de tête, son éloquence muette disant : "c'est une femme qui parle." 
Tel se taisant par mépris ravira le monde en admiration de sa gravité, qu’il ravirait d’autre sorte, peut-être, si vous l’obligiez de mettre un peu par écrit, ce qu’il eut voulu répondre aux propositions et répliques de cette femme, si elle eût été homme. Un autre arrêté de sa faiblesse à mi-chemin, sous couleur de ne vouloir pas importuner son adversaire, sera dit victorieux, et courtois ensemble. Celui-là disant trente sottises, emportera toutefois le prix encore par sa barbe.