Pages

vendredi 18 septembre 2015

Moscou : Le Kremlin


Les coupoles de la cathédrale de l'Annonciation du Kremlin de Moscou
Les coupoles de la cathédrale de l'Annonciation
Que de beautés! Pénétrer à l'intérieur des hautes murailles rouges du Kremlin hérissées de ses vingt tours et se trouver sur la place qui réunit un ensemble de splendides cathédrales et églises blanches, hérissées de coupoles d'or, est un vrai éblouissement! Nous avons passé des heures dans ce haut lieu de l'histoire russe. La ville fortifiée (Kreml) fut d'abord en bois(1156) avant de devenir la capitale du pays (1485 à  1516) sous l'impulsion de Ivan III qui fit venir des bâtisseurs italiens. Plus tard, au cours des siècles de nombreux palais furent édifiés. C'est là que les tsars se faisaient couronner même lorsque Pierre Le Grand qui n'aimait pas Moscou transféra la capitale à Saint Pétersbourg. En 1918 Lénine fit revenir le pouvoir au Kremlin. L'intérieur des cathédrales est d'une grande richesse, les murs entièrement couverts de fresques  (comme l'était jadis les cathédrales gothiques) et  avec des iconostases splendides mais il est interdit de photographier. J'ai trouvé cette image ci-dessous sur wikipédia.  

Iconostase de l'église des douze Apôtres (source)
Je vous laisse avec ces quelques photographies qui rendent bien peu, je trouve, la beauté de l'ensemble.

Kremlin :   La place des cathédrales (Annonciation et Archange Saint-Michel)

La cathédrale de l'Annonciation
Le clocher d'Ivan le Grand
Le palais des facettes, très italien avec sa façade à pointes en diamants
La cathédrale de la Dormition où a lieu le sacre des Tsars

Le Palais des Patriarches et l'église des douze apôtres
L'église de la déposition de la robe de la Sainte Vierge  et le palais des Terems au second plan.
Les Chatiors (petits clochers) du Palais des Terems (où sont reçus les chefs d'état étrangers)
Au premier la cathédrale de l'archange Saint Michel, au second la cathédrale de l'Annonciation




Le grand palais du Kremlin
La muraille fortifiée et deux des 20 tours
La jardin du Kremlin
La Tour Koutoufia qui ouvre sur la place Rouge


jeudi 17 septembre 2015

Moscou : La place Rouge

Moscou la place Rouge : Les coupoles de la cathédrale de Basile-Le-Bienheureux

Pour mon premier jour à Moscou j'aurais voulu vous envoyer de belles images de la place Rouge que tant de poètes et écrivains ont célébrée! Krasnaïa, en russe signifie rouge mais aussi belle et cette belle place, je l'attendais depuis des années, depuis que j'ai commencé à étudier le russe en quatrième, et, lorsque, enfin, j'arrive pour la voir!  Regardez!


La voici! La magnifique perspective coupée par des pavillons, échafaudages, tribunes! L'immensité de la place, la beauté des hautes murailles du Kremlin, les coupoles de la cathédrale de Basile-Le-Bienheureux, le mausolée de Lénine, tout est occulté et c'est derrière des barrières de métal que l'on entraperçoit la place!


Mesurez l'ampleur du désastre!



La place Rouge en prison

Et tout cela pourquoi? pour la fête du 865ème anniversaire de Moscou qui a lieu le 19 et le 20 Septembre d'où cette haute, immense tribune qui va accueillir du Hard Rock! Et vous connaissez mon amour pour ce genre de musique!! La vie est parfois pleine d'ironie!
 Enfin vers le soir, avec les lumières, j'ai trouvé que c'était moins laid surtout si l'on ne pense pas combien ce serait beau sans ces horreurs!

Moscou Place Rouge :  préparation de la fête de la ville 19 et 20 Septembre 2015
Moscou Place Rouge :  préparation de la fête de la ville

Bref! Une grande déception que nous avons surmontée en allant voir les petits coins de beauté isolés du reste de la place et heureusement il y en avait beaucoup, la cathédrale de Saint Basile comme une délicieuse friandise avec ses bulbes colorés, le somptueux magasin du Goum, la cathédrale de Kazan.. Nous avons visité le musée historique, nous nous sommes promenés dans le Jardin Alexandrovski en longeant les murailles du Kremlin, puis le Bolchoï et le quartier tout autour, de grandes artères très fréquentées avec leurs commerces luxueux. Moscou est une immense capitale et dans ces hauts lieux, elle donne l'impression de richesse et d'abondance. Et donc, malgré la première déception nous avons passé une belle journée!

Moscou Place Rouge : la cathédrale de Basile-Le-Bienheureux

Moscou La place Rouge : Cathédrale Basile Le Bienheureux  (détail des coupoles)
Cathédrale Basile Le Bienheureux


La place Rouge Moscou : Le Goum, un immense centre commercial où toutes les grandes marques françaises et européennes sont représentées
Le Goum, un immense centre commercial où toutes les grandes marques françaises et européennes sont représentées

Moscou La place Rouge : Le Goum : un magasin luxueux
Le Goum : un magasin luxueux

Moscou L place Rouge Le Goum : le soir illuminé

La cathédrale de Kazan

Le musée Historique Statue du maréchal Joukov

Le musée archéologique et Le musée Historique

Le Jardin Alexandrovski

Les murailles du Kremlin du côté du Jardin Alexandrovski


Le théâtre du Bolchoï



lundi 14 septembre 2015

Virginia Woolf : Mrs Dalloway

Romans et nouvelles de Virginia Woolf Pochothèque
Classiques livre de poche

Et voilà j’ai enfin lu Mrs Dalloway de Virginia Woolf grâce à cette lecture commune faite avec Laure! Je dois dire que je n’avais jusqu’alors lu que les nouvelles qui laissent le temps d’admirer le style et on peu bien dire l’art de l’écrivaine. Le roman, c’est autre chose, car je n’aime pas être arrêtée par des considérations esthétiques qui nuisent à l’histoire mais aussi à l’intérêt que je porte aux personnages.
Au début de ma lecture, je m’impatiente! Ce genre de personnage, Clarissa, qui ne se préoccupe que du paraître, de ses invitations, de son intérieur et de ses vêtements, qui épluche ses sentiments avec préciosité, m’insupporte, parasite de la société! Elle ne m’intéresse pas mais peu à peu le tableau d’une société apparaît, déliquescente et consciente de l’être, les classes sociales se croisent, Lucy la domestique de Clarissa, sa cuisinière, la noblesse, les hommes politiques, et Rézia , Septimus, des gens du peuple… On rentre lentement dans ce monde.

Or, ce qui frappe d’abord dans ce roman c’est l’absence  « d’histoire » et la rupture avec la narration classique, chronologique, avec un début et une fin.
En fait, on pourrait résumer le récit ainsi : Mrs Dalloway, qui appartient à une classe sociale aisée, doit donner une réception. 
Tout se déroule au cours de cette journée, du matin jusqu’au soir. C’est ainsi que l’on fait connaissance de Clarissa, de sa fille Elizabeth, de son mari Richard, de son ancien amoureux Peter Walsh, de ses amis et relations, mais aussi de personnages qui lui sont totalement inconnus et que l’on croise dans un parc, une allée, un salon de thé; ce qui permet de passer d’un personnage à l’autre comme s’il s’agissait d’une course de relais ou plutôt d’une déambulation dans les rues de Londres où chacun laisserait son tour à l’autre, obligeant le lecteur à abandonner le personnage pour le suivant. Mais ce qui est aussi surprenant c’est que nous pénétrons parfois directement dans les pensées intimes de ces femmes et ces hommes et glissons des uns aux autres sans que rien ne nous avertisse du passage d’une conscience à une autre.
La construction du roman est comme un long ruban dépourvu d’ossature, une rivière qui coule doucement, de manière ininterrompue mais qui, loin de s’éloigner de son point de départ, nous ramène, le soir, à la réception de Mrs Dalloway. Chaque personnage va converger pour s’y retrouver, s’y ignorer, s’y ennuyer ou simplement sous forme de fait divers que l’on raconte entre deux petits fours, le doigt levé. Ainsi en est-il du drame vécu par la jeune modiste italienne Rézia et  son mari, Septimus, anglais, qui sombre dans la folie, dévasté par la guerre.
Cette image de la rivière qui coule et revient à la source peut être appliquée aussi à un des thèmes principaux du roman : le thème du temps qui passe, de l’inexorabilité. Mrs Dalloway et tout son entourage sont constamment en train d’évoquer le passé, d’y retourner en pensée, de s’interroger sur leur choix, de douter. Tout est décrit par petites touches, par impressions, avec un flouté qui fuit le réalisme et qui introduit la nostalgie comme une petite musique obstinée mais douce.
Finalement, pour lire Mrs Dalloway, il faut s’abandonner à sa lecture, ne pas vouloir tout lire d’un coup, savoir s’arrêter, déguster.

dimanche 13 septembre 2015

Marina Tsevtaïeva : A Akhmatova

Marina Tsevtaïeva

J'ai déjà présenté Marina Tsevtaïeva dans mon blog avec deux de ses poèmes que j'aime beaucoup ICI.
Marina Tsevtaïeva, figure importante de la poésie russe, méconnue de son vivant, s'exila en 1922 à l'étranger, où elle poursuivit son œuvre poétique. Elle regagna la Russie en 1939. L'hostilité à laquelle elle fut confrontée la poussa au suicide en 1941.

Voici maintenant une poésie qu'elle écrit en hommage à son amie Anna Akhmatova

À AKHMATOVA
 
Anna Akhmatova
 

O muse des pleurs, la plus belle des muses !
Complice égarée de la nuit blanche où tu nais !
Tu fais passer sur la Russie ta sombre tourmente
Et ta plainte aiguë nous perce comme un trait.


Nous nous écartons en gémissant et ce Ah!
Par mille bouches te prête serment, Anna
Akhmatova ! Ton nom qui n’est qu’un long soupir
Tombe en cet immense abîme que rien ne nomme. 

A fouler la terre que tu foules, à marcher
sous le même ciel, nous portons une couronne !
Et celui que tu blesses à mort dans ta course
Se couche immortel sur son lit de mort. 

Ma ville résonne, les coupoles scintillent,
Un aveugle errant passe en louant le Sauveur…
Et moi je t’offre ma ville où les cloches sonnent,
Akhmatova, et je te donne aussi mon coeur.


19 juin 1916 Moscou dans Insomnie


jeudi 10 septembre 2015

Anna Akhmatova : L'amour



Anna Akhmatova (Анна Ахматова) (1888-1966) est le nom de plume d'Anna Andreïevna Gorenko (Анна Андреевна Горенко), une des plus importantes poétesses russes du XXe siècle. Égérie des acméistes*, surnommée la « reine de la Néva » ou « l'Âme de l'Âge d'Argent », Anna Akhmatova demeure aujourd'hui encore l'une des plus grandes figures féminines de la littérature russe. Babelio
*acméisme : Du grec akmé, floraison, perfection :  Mouvement poétique russe qui réunit en 1912-1914 à Saint-Pétersbourg six poètes : N. Goumilev, sa femme A. Akhmatova, S. Gorodetski, O. Mandelstam, V. Narbout et M. Zenkevitch. Ils prennent le nom d'"acméistes" et s'opposent au Symbolisme alors dominant dans la poésie russe. Les acméistes revendiquent l'utilisation d'un langage simple et concret pour porter à son apogée la dimension poétique du quotidien.  Ils critiquent l'occultisme et l'aspect religieux du symbolisme et rejettent son aspiration à la connaissance des vérités cachées et de l'au-delà. (Wikipedia)


L’amour

C’est parfois un serpent magicien
Lové près de ton coeur.
C’est parfois un pigeon qui roucoule,
Sous la fenêtre blanche.

C’est parfois sous le givre qui brille
La vision d’une fleur
Mais il mène, en secret, à coup sûr,
Loin de la joie tranquille.

Il sait pleurer si doucement
Dans la prière du violon,
Il fait peur quand on le devine
Sur des lèvres que jamais on n’avait vues.


 L'horizon en feu Cinq poètes russes du XX siècle Poésie/Gallimard

mercredi 9 septembre 2015

Dominique Gorse : Martin et les fées



Martin et les fées est un roman pour les enfants  à partir de 7 ans qui explore le domaine de la féérie.
Martin est un petit garçon pas toujours heureux avec ses semblables qui se moquent de son handicap. Un jour, il découvre une bille translucide dans laquelle est enfermée une fée, Iris. Elle lui explique qu’elle a été emprisonnée avec six autres de ses amies par le méchant Godefroy Le Vilain. Celui-ci a donné chacune de ces billes à ses héritiers qui les ont disséminées aux quatre coins du monde. Pour lever le sortilège et libérer les fées, il faut qu’un enfant au coeur pur réunisse les sept boules en un temps limité. C’est l’occasion d’un voyage à travers le monde grâce aux pouvoirs des fées : Venise, le Canada, le désert, l’Afrique noire…
Reprendre le schéma du conte traditionnel est une bonne idée et ce voyage de l'amitié et de la magie aurait pu être très intéressant mais j’ai trouvé le style plat, les dialogues sans originalité et l’on reste le plus souvent sur sa faim quant à la description des pays traversés. Il manque un peu d’humour et un zeste de poésie. En un mot, je suis déçue par cette lecture. C'est dommage car le roman donnera lieu la parution d’un album avec CD le 15 Octobre qui a l'air très joliment illustré par Fred Multier. Je n'ai pu juger de la première de couverture du roman puisque j'ai reçu les épreuves non corrigées  mais je publie l'image que j'ai trouvée sur le site des éditions Ipanema.




                             Merci à Dialogues croisés et aux éditions IPANEMA

mardi 8 septembre 2015

Pete Fromm : Lucy in the Sky



Bien sûr, Pete Fromm, pour moi, c’est d’abord l’inoubliable Indiana Creek et aussi Avant la nuit. C'est le premier auteur qui m’aura amenée à m’intéresser à des histoires de pêche (ou plutôt de pêcheurs) car le sujet de ses livres c’est avant tout l’humain  : c’est à dire nous!
Avec Lucy in the Sky  - qui est un clin d’oeil à la chanson des Beatles- , paru aux éditions Gallmeister, Pete Fromm brosse avec beaucoup de vérité le portrait d’une jeune fille de 14 ans. Pour Lucy, la métamorphose de l'adolescence est un processus douloureux.  La fin de l’enfance, c’est la découverte de la mésentente de ses parents : un père, bûcheron, qui quitte la maison une grande partie de l’année et qui ne témoigne de son affection que par un mot derrière une carte ! Une mère, mariée jeune, qui ne peut plus supporter l’attente, qui meuble sa solitude avec les amants d’un moment. Et puis le corps de Lucy change, la voilà embarrassée par les attentions des garçons, une nouveauté qu’elle accepte mal, elle qui  a toujours eu la tête rasée par son père et qui s’est toujours comportée comme celui-ci le souhaitait, en garçon. Les rapports sexuels sont pour elle une source de tourments et elle se défend de « finir » comme sa mère. Elle ne veut pas tomber dans le piège de l’amour et se retrouver mise de côté, en attente!
Le roman de Pete Fromm est très bien écrit. L'atmosphère de Greats Falls, petite ville du Montana, est bien rendue. La condition féminine aux Etats-Unis dans les classes populaires n’a pas de quoi faire rêver et l’écrivain excelle à faire vivre devant nous ces femmes qui ont dû assumer une maternité non souhaitée alors qu’elles étaient trop jeunes et qui se retrouvent bien vite seules et sans rêves. Il semble qu’il y ait là un déterminisme social et il est très difficile d’y échapper d’où la révolte de Lucy. Mais c’est une fille qui n’a pas froid aux yeux et le dénouement nous laisse sur un interrogation plutôt positive : Peut-être s’en sortira-t-elle?
J’ai donc bien aimé ce livre mais moins que les autres oeuvres de l’auteur, peut-être parce qu’il traite d’un sujet moins original et que j’ai déjà retrouvé dans de nombreux romans américains. Ce qui ne l'empêche pas d'être réussi!

Pete Fromm est un des auteurs favoris des libraires indépendants américains : il a été 5 fois lauréat du prix des libraires du Pacifique Nord-Ouest (PNBA Award), y compris avec Lucy in the Sky.
Ce livre a obtenu un succès critique important à sa sortie aux États-Unis, notamment pour la finesse et la profondeur des personnages féminins. Il vient d’être adapté au cinéma avec Claire Danes dans un des rôles principaux. (Editions Gallmeister)







dimanche 6 septembre 2015

Pouchkine Les récits de feu Petrovitch Belkine : Le marchand de cercueils, le coup de pistolet, la demoiselle paysanne, le maître de poste


Récits de feu Ivan Petrovitch Belkine

C’est sous le nom fictif de Petrovitch Belkine que Pouchkine publie un recueil de nouvelles Les récits de feu Petrovitch Belkine (1831) dont les titres sont autant de réussites littéraires. 

Le coup de pistolet 

Alexandre Pouchkine

Le coup de pistolet est l’histoire d’un duel et surtout d’une vengeance longuement élaborée. Le narrateur, un jeune officier, raconte l’histoire de son ami Silvio, un civil, qui a un comportement  étrange. On sait peu de choses sur lui, sur son passé, sa fortune… Mais alors qu’il s’exerce tous les  jours au pistolet, devenant ainsi un des plus fins tireurs de leur cercle d’amis, il refuse de se battre en duel, se déshonorant selon les règles de cette société. Alors qu’il est rappelé impérativement chez lui, il explique au narrateur pourquoi il a refusé de se battre.  Il voulait se garder en vie pour assouvir une vengeance. 

En effet, il y a longtemps de cela, il était en rivalité  avec un jeune homme brillant et riche, amoureux comme lui de la même jeune fille, qu’il a fini par provoquer en duel. Mais ce dernier, alors que Sylvio le tient en joue, affecte de manger des cerises avec insouciance tout en crachant les noyaux vers son adversaire.

Sylvio refuse alors de tirer sur cet homme puisque la vie ne semble pas lui importer mais il garde le droit à son coup de pistolet et promet de revenir tuer son adversaire quand la vie aura plus de valeur pour lui :
« Depuis lors pas un jour ne s’est passé que je n’aie songé à la vengeance? Aujourd'hui mon heure est venue ». Je vous laisse découvrir le dénouement.
La nouvelle est un témoignage de la mentalité de ces jeunes militaires nobles qui ne manquent pas de panache mais jouent facilement avec leur vie. Désoeuvrés, hors des périodes de conflits, ils passent leur temps à jouer, à boire, à entretenir des liaisons amoureuses et à se battre en duel. On sait comment Pouchkine mourra à l’âge de 35 ans, tué en duel par un français d’Anthès, l’amant de sa femme Natalia Goncharova.  Sylvio est, comme le Hermann de La dame de Pique, un personnage en proie à une idée fixe : ici, la vengeance... et qui va jusqu'au bout  de son obsession. A noter que tous les deux ont des prénoms d'origine étrangère, ce qui est étonnant car ils personnifient ce qu'il est convenu d'appeler "l'âme russe", une sensibilité exacerbée. Silvio est  un personnage qui a eu un modèle historique : le colonel IP Liprandi.

Le marchand de cercueils 

Adrien Prokhorov, marchand de cercueils, aménage dans une nouvelle maison. Le cordonnier, Gottlieb Schultz, l’invite pour faire sa connaissance mais, au cours du repas un peu arrosé, les convives se moquent du métier de Prokhorov. Le marchand de cercueil, vexé, jure qu’il ne rendra pas l’invitation à ses voisins. Il préfère inviter ses clients, ceux qu’il enterre depuis des années. Oui, mais voilà, les morts le prennent au mot! Un conte où Pouchkine joue avec le fantastique mais non sans humour!

Le maître de poste

 Un maître de poste voit sa vie détruite quand sa fille Dounia est enlevée par un jeune noble. Le père va à la ville et cherche à récupérer Dounia mais le noble le met à la porte en lui jetant une poignée de billets. Le maître de poste mourra sans revoir sa fille avec la peur que celle-ci ne finisse sur le trottoir comme beaucoup d’autres jeunes filles enlevées de la même manière pour servir un moment les caprices du maître. Le récit est un cruel fait de société que Pouchkine inscrit dans la vie russe, avec la description des intérieurs humbles, des métiers, et des portraits vrais et douloureux de pauvres gens soumis au pouvoir des grands comme le vieux maître de poste. Il annonce le réalisme qui suivra plutôt que le romantisme de l'époque de Pouchkine.

La demoiselle paysanne  

Lisa, une jeune fille romanesque et indépendante, nourrie de romans anglais, se déguise en paysanne pour faire connaissance d’Alexeï, fils de son voisin. Le père de ce dernier, le propriétaire Ivan Pétrovich Bérestov, et le père de la jeune fille, Grigory Ivanovich Mouromsky, sont fâchés! Comme il se doit les deux jeunes gens tombent amoureux l’un de l’autre. Pendant ce temps les pères se rabibochent et décident de marier leurs enfants … mais le jeune homme refuse obstinément car il veut épouser sa paysanne! Un récit on ne peut plus romanesque que Pouchkine raconte avec humour et avec une certaine distanciation, se moquant gentiment de ses amoureux et prenant le lecteur à parti, si bien que celui-ci est complice et rit du dénouement qui n’est une surprise… pour personne! Pouchkine parle d'une manière plaisante et légère d'un thème récurrent à la littérature du XIX siècle : l'influence de la lecture de romans sur les jeunes filles en fleurs! ( Mode comédie douce-amère avec Northanger Abbey de Jane Austen; tragique avec Emma Bovary de Flaubert)

La tempête de neige

La tempête de neige fait aussi partie de ce recueil. Voir mon billet :  La tempête de neige Pouchkine et Tolstoï

Avec ces cinq nouvelles qui mettent en valeur la prose et la langue russe jusqu'alors dédaignés par les intellectuels, Pouchkine ouvre à la nouvelle et au roman russe une voie qui se révèlera d'une grande richesse. Il nous offre en même temps un tableau passionnant des classes sociales à travers des personnages du peuple ou des nobles, et nous renseigne sur de nombreux détails de la vie quotidienne en Russie à son époque.




Enigme du samedi : Un livre/un film Reprise en Octobre


Un Livre/un film une énigme où vous devez découvrir le titre d'un livre et le film qu'il a inspiré.
Ce billet pour vous annoncer la reprise de l'énigme du samedi au mois d'Octobre.

Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme sera donnée le Dimanche.

Prochain rendez-vous

Rendez-vous  le premier samedi du mois d'Octobre : samedi 3


A bientôt peut-être?

vendredi 4 septembre 2015

James McBride : L'oiseau du Bon Dieu

L'oiseau du bon dieu James MC Bride
Pour cette rentrée littéraire 2015, il me fallait un livre d’un auteur américain, étant donné que la littérature américaine m’a toujours séduite par sa richesse, sa diversité, son originalité et ses racines profondément enfoncées dans le terreau humain et social. J’ai donc choisi le livre de James Mc Bride paru aux éditions Gallmeister, récompensé par le National Book Award en 2013  : L’oiseau du bon dieu  et je n’ai pas été déçue! Quel roman à la fois hilarant et grave, profond, généreux et humain!

John Brown personnage principal du roman De James Mcbride : L'oiseau du Bon Dieu
John Brown

Nous sommes en 1856, James McBride place son héros, un garçon noir d’une douzaine d’années, auprès d’un personnage historique John Brown dont la figure légendaire marque un moment de l’histoire des Etats-Unis et de la lutte contre l’esclavage. C’est ce même John Brown, condamné à mort en 1859  par le gouvernement américain, qui a inspiré l’hymne chanté par les nordistes en son honneur pendant la guerre de Sécession en 1861. Ce personnage hors du commun a fait avancer par son action la cause des abolitionnistes.

 Henry Sackleford, petit esclave, est enlevé contre son gré par John Brown qui le prend pour une fille (et quand John Brown est persuadé d'une chose, rien ne le fera jamais changer d’avis) et c’est donc sous les vêtements de fille que « Henrietta »  dit Echalote, va suivre (tout en cherchant à  lui échapper) ce personnage haut en couleur, calviniste convaincu, exalté, illuminé puisqu’il tient sa mission de Dieu lui-même avec qui il est en conversation directe.
Illuminé, oui, fanatique, oui, complètement à la masse, oui, mais John Brown est absolument sincère dans son désir d’abolir l’esclavage et profondément convaincu de l’égalité des races comme des sexes. Et, bien sûr, voilà qui le rend profondément sympathique encore que... ne vous y trompez pas! Quand John Brown décide d’agir, le sang coule et  son « armée » qui rassemble une poignée d’aussi fous que lui, composée en grande partie de ses fils, sème la terreur!  Son dieu est celui de l’Ancien Testament, oeil pour oeil, et il est persuadé que seule la violence pourra venir à bout de l’esclavage. Il n’a pas tort, d’ailleurs! Il a fallu une guerre civile, une des plus meurtrières de l’histoire des Etats-Unis, pour y parvenir!
L’oiseau du bon dieu a tout du roman picaresque puisque le jeune héros subit une rude initiation à la suite de son mentor parcourant les états du Kansas et de Virginie mais aussi les grandes villes de Philadelphie, de NewYork et du Canada, et échouant même pour un temps dans un bordel. Il y a des moments hilarants même si l’humour est souvent féroce. Le portrait de John Brown vu par Echalote qui ne le comprend pas mais l’observe avec un bon sens terre à terre est désopilant! Les personnages sont passionnants. On s’intéresse aux tribulations d’Echalote, à ses aventures marquées par des hauts et des bas. L’enfant est souvent plein de défauts, d’égoïsme, et de faiblesses; il est beaucoup plus prompt à essayer de sauver sa peau qu’à accomplir des actes héroïques mais il a une humanité, des sentiments qui fait qu’on le trouve attachant. Quant aux actes héroïques, ils sont accomplis par les autres, la noire Sibonia pendue pour s’être rebellée ou Harriett Tubman qui impressionne même John Brown! Et cela, il faut le faire! 

Harriet Tubman, esclave libérée, héroïne du chemin de fer clandestiin.

 Le roman, pourtant, n’hésite pas à poser les responsabilités des uns et des autres : Les blancs remplis de haine et de mépris, les noirs, étant les derniers à venir secourir la lutte de John Brown surtout ceux qui, libérés et instruits, semblent plus habiles dans l’art oratoire que dans la bataille! Ainsi Frédérik Douglass que McBride semble avoir dans son collimateur!

En lisant L’oiseau du bon dieu j’ai pensé à  Beloved de Toni Morrison et bien que le style des  deux écrivains soient aux antipodes, j’ai retrouvé ici l’art de nous faire vivre  par l’intérieur ce qu’est l’esclavage, de nous faire sentir comment il détruit la personnalité, comment il sape la confiance, la dignité. Un excellent roman, donc!

J'en étais venu à aimer ces discussions, vu que, même si je m'étais habitué à vivre un mensonge -être une fille-, pour moi les choses étaient claires : être Noir, c'est un mensonge, de toute façon. Personne ne vous voit tel que vous êtres vraiment. Personne sait qui vous êtes à l'intérieur. Vous êtes jugé sur ce que vous êtes à l'extérieur, quelle que soit votre couleur. Mulâtre, brun, noir, peu importe.

Pour moi, tout ce qu'il disait n'avait ni queue ni tête et je devais apprendre plus tard que le vieux John Brown pouvait mêler le Seigneur à pratiquement n'importe quel aspect de ses activités dans la vie, y compris l'utilisation des lieux d'aisances. C'était une des raisons pour lesquelles j'étais pas croyant, ayant été élevé par P'pa, qui lui était croyant et cinglé, et il me semblait que ces deux choses-là  allaient ensemble. Mais j'étais pas bien placé pour discuter avec un homme blanc, surtout celui qui m'avait kidnappé, alors j'ai tenu ma langue.


James McBride
 James McBride est né en 1957. Écrivain, scénariste, compositeur et musicien de jazz, il est saxophoniste au sein du groupe Rock Bottom Remainders. Il publie son premier livre en 1995, La Couleur d’une mère, un récit autobiographique devenu aujourd’hui un classique aux États-Unis. Son œuvre romanesque commencée en 2002 plonge au coeur de ses racines et de celles d’une Amérique qui n’a pas fini d’évoluer. L’Oiseau du Bon Dieu est son dernier roman. (Editions Gallsmeister)


Frédéric Douglass, personnage secondaire du roman de James MCBride : L'oiseau du Bon Dieu
Frédéric Douglass, esclave libéré, orateur, homme politique


mercredi 2 septembre 2015

Alexandre Pouchkine : La dame de pique



La dame de Pique ( Пиковая дама) est une nouvelle de Pouchkine que j’ai étudiée pour mon mémoire de maîtrise, c’est à dire il y a fort longtemps. Je l’ai relue avec un vif plaisir pour me plonger dans un bain de culture russe avant mon départ à Moscou et à Saint Pétersbourg  prévu pour le 15 septembre.

Comme quoi la rentrée littéraire n’empêche pas le retour de temps en temps aux bons vieux classiques!! Et pourquoi les deux seraient-ils antinomiques comme le pensent par fois certain(e)s d’entre vous?

 Le récit

Au cours d’une soirée consacrée au jeu, à Saint-Pétersbourg, chez son ami Naroumov, le comte Tomsky raconte à ses amis l’histoire de sa grand mère la comtesse Anna Fedotovna. Celle-ci a été, dans sa jeunesse, une beauté célèbre, courtisée par tous et qui adorait le jeu. En visite à Paris, elle perd une partie de sa fortune aux cartes et confie son désarroi au comte de Saint Germain, un aventurier qui prétend avoir des pouvoirs d’alchimiste. Celui-ci lui indique le secret des trois cartes qui feront sa fortune mais à condition qu’elle ne rejoue plus jamais.
Ce récit enflamme l’imagination de Hermann, un ami de Tomsky, dont la fortune est médiocre. Il séduit la pupille de la comtesse, Lisaveta Ivanovna, pour s’introduire dans les appartements de la vieille dame qu’il menace avec son pistolet afin de lui extorquer son secret. Mais cette dernière, terrassée par la peur, meurt sans le lui révéler. Le soir de l’enterrement d’Anna Fedotovna, son spectre apparaît à Hermann pour lui donner la combinaison gagnante qui lui permettra, en faisant fortune, de sortir de sa condition. Et je vous laisse découvrir la suite!

Romantisme ou antiromantisme?

La dame de Pique adaptation  de Tchaïkowsky
Romantique, Alexandre Pouchkine l’est, par son appartenance à une époque, le début des années 1800, et à une classe sociale, noble, désoeuvrée, aisée, très occidentalisée.
 Ainsi le tableau qu’il nous donne de la société pétersbourgeoise dans La dame de Pique, est  celle d’une jeunesse dorée à la sensibilité exacerbée qui brûle sa vie en beuveries et aux cartes. Hermann semble être le parfait exemple de ce héros romantique, un peu en marge des autres par son milieu plus modeste, et en proie à une obsession qui va le conduire à la folie.
Le thème fantastique qui est introduit dans ce récit convient donc au genre romantique :  l’apparition du spectre de la comtesse,  la révélation des trois cartes qui supposent l’intervention de puissances occultes et peut-être même l’existence d’un pacte satanique. Et puis il y a l'image de cette Dame de pique, qui dans le langage des cartes est la personnification de la mort.

Mais l’ironie Pouchkiniennne vient démentir le romantisme du récit. Et d’abord avec Hermann! Ce dernier pourrait être le prototype du héros romantique, amoureux et fougueux; il fait une cour assidue à la jolie Lisaveta, mais n’a pas d'autre but que de satisfaire sa cupidité, son désir de faire fortune. La manière dont il abuse la jeune fille en fait un être froid et calculateur.
Le style de Pouchkine aussi est aux antipodes du romantisme, un style classique (l’écrivain est un admirateur de Voltaire), simple, sans flamboyance, qui ne recherche pas l’effet. Bien  au contraire, il en prend le contrepied. Mais pour être dépouillé, il n’en est pas moins efficace, témoin la description saisissante de la toilette de la vieille princesse. La vieillesse qui jaunit sa peau, la sénilité qui rend ses lèvres pendantes et affecte tout son corps d’un tremblement mécanique, en font un spectacle bien plus horrible que la mort elle-même. Finalement la réalité est plus effrayante que le fantastique, la vivante plus repoussante que le spectre!

Il faut lire le dénouement de La dame de Pique pour comprendre ce refus de la dramatisation. La fin est si volontairement plate, elle contraste si violemment avec ce qui précède, qu’il me semble y voir l’expression d’un sentiment de dérision de la part de son auteur. Les héros sont terre à terre et conformistes. A l’exception de Hermann, ils continuent leur vie, comme si rien ne s’était passé. La passion de Lizévata pour Hermann, ses sentiments exaltés nourris par ses lectures et son imagination enflammée semblent complètement oubliés. Lizaveta entre dans les rangs, avec un retour au correctement social, au bon ton.

La dame de pique est une des plus célèbres nouvelles de Pouckine. Elle a été adaptée à l’opéra dans par Piotr Ilitch Tchaïwkosky.
Je vous parlerai bientôt de Les Récits de feu Ivan Petrovitch Belkine de Pouchkine

La dame de pique opéra de Tchaïkowsky

 Je suis allée voir l'opéra de Tchaïkowsky d'après l'oeuvre de Pouchkine à l'opéra de Saint Petersbourg. Voici quelques photographies.

Saint Petersbourg L'opéra ancien à droite et contemporain à gauche
L'opéra ancien à droite et contemporain à gauche

l'opéra contemporain Intérieur

Opéra de Saint Petersbourg La salle de concert : arrivée du public représentation de La dame de PIque
La salle de concert : arrivée du public

La fosse d'orchestre

Opéra de Saint petersbourg Partition de la dame de pique pupitre du chef d'orchestres
Partition de la dame de pique pupitre du chef d'orchestres Saint Petersbourg

Opéra  de Saint Petersbourg la dame de pique tchaïkovsky Fin de la représentation
Fin de la représentation