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samedi 18 avril 2015

Un livre/Un film : Enigme N° 111

Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

Prochain rendez-vous

Rendez-vous le troisième samedi du mois :  Le samedi 2 Mai

Enigme 111

Ce livre paru il y a quelques années  est le premier roman d’un auteur américain et a fait grand bruit à l'époque! Il faut reconnaître que le récit et la manière de conter, notamment l'humour, ne manquent pas d’originalité. Le héros du récit est un enfant mais pas un enfant comme les autres!


"Qu'est-ce que c'est que toutes ces question sur le sida, L. ?
-Je ne sais pas, avait répondu L. C'est juste que je veux pas l'attraper. Angela A. a dit que c'était très dangereux et que je l'avais sûrement."
Le Dr C. a regardé L. Elle tenait au creux de sa main ses pièces d'awalé.
" La prochaine fois qu'Angela A. te dit quelque chose comme ça, réponds-lui que ce n'est pas parce que sa condition de petite fille dans une société qui fait peser sur ses semblables une pression démesurée afin qu'elles se conforment à certains critères physiques, émotionnels et idéologiques - pour la plupart injustifiés, malsains et tenaces - lui ôte toute confiance en elle qu'elle doit reporter sa haine injustifiée d'elle-même sur un gentil garçon comme toi. Tu fais peut-être intrinsèquement partie du problème, mais ça ne veut pas dire que tu n'es pas un gentil garçon avec de bonnes manières, et ça ne veut absolument pas dire que tu as le sida.
- Je suis pas sûr de pouvoir tout me rappeler, avait répondu L.
- Alors, tu dis à Angela que sa mère est une grosse plouc alcoolique ...
- OK" avait dit L.

jeudi 16 avril 2015

Résonnances en cycle 3 : Un blog qui intéressera les professeurs des écoles... et les autres!


Guerre des boutons : le petit Gibus

Si vous êtes professeurs des écoles et si vous aimez partager vos expériences pédagogiques et piocher des idées  de-ci de-là…

ou si vous ne l’êtes pas mais êtes curieux de savoir ce que font nos chères têtes blondes (et brunes) dans les écoles de France et de Navarre…

ALLEZ VOIR le nouveau blog d’Amandine, professeur des écoles en Creuse dans le cycle 3

 blog Résonances3. ICI

Une classe où l’on emprunte des passerelles

J’aime beaucoup établir des passerelles entre les différentes disciplines, prolonger, « mettre en résonance » une même thématique dans différentes matières. Cela crée du sens et montre aux élèves que l’on peut aimer aussi bien les sciences que les arts, la littérature autant que les maths…

Une mise en résonance littérature / arts visuels et histoire 

Mélusine productions d'élèves

 

Fabliaux et légendes du Moyen-âge : Voici le volet littérature de mon projet autour de la création d’un jardin médiéval. J’ai commandé un lot de Farces, fabliaux et contes du Moyen-âge.

Pour les légendes de MélusineTristan et Iseult et Merlin et la fée Viviane, j’ai utilisé en classe les photocopies des tapuscrits que vous trouverez ci-dessous. Ce sont des versions très simplifiées.

Comme on ne se refait pas, une séquence de littérature a toujours son prolongement en arts visuels… Le document 1 correspond aux images de costumes du Moyen-âge à partir desquels les élèves doivent travailler pour représenter Tristan et Iseult.  Voir ICI

Costumes du Moyen-âge

Légendes du Moyen-âge : productions d'élèves

Une mise en résonance sciences / arts visuels / mathématiques

Vassily Kadinsky

L'étude du système solaire est associée à l'emploi des grands nombres (distance terre/Planète) et aux art visuels. Elle débouche sur une séance d'arts plastiques où les élèves sont amenés à créer leur propre planète sur papier ou en volume. Voir ICI

Une mise en résonance sciences / arts visuels

Atsuko tanaka : une robe de lumière
Voici une séquence de sciences pour travailler des notions d’optique. Elle n’est pas facile à mettre en oeuvre car il faut pouvoir faire le noir complet dans sa classe (ou une autre pièce de l’école) et elle demande beaucoup de matériel, bien spécifique. Mais il y a un aspect vraiment magique à se plonger dans le noir et mener sa séance à la lumière des lampes de poche… J’espère que vous pourrez la tester et me donner votre avis ! Voir ICI
 


C. Boltansky : Ombres

Une classe où l'on plante des arbres à contes et des jardins du Moyen-âge 

Arbres de contes : production d'élèves

 Pour le concours des écoles fleuries cette année, j’ai choisi de mener deux projets : celui de l’arbre à contes  et la création d’un jardin médiéval. Le thème du Moyen-âge est évidemment très riche à exploiter en classe. Comme je ne sais pas faire simple, ce projet a beaucoup de ramifications en histoire et histoire des arts, bien sûr, mais aussi sciences, littérature, musique et arts visuels. Du coup, c’est un peu compliqué à mettre en ligne et à classer par matière… Je mettrai en ligne au fur et à mesure les différents volets du projet. Si cela manque de clarté, n’hésitez pas à demander des précisions !

Où l’on apprend à faire du pain, à baratter le beurre et à manger des radis

Une passerelle entre les sciences et le jardin : Voici un mini-projet en sciences qui me permet de faire le lien entre un premier module sur l’alimentation et mon projet jardin. Cette séquence est cependant utilisable de façon autonome.  La finalité est la suivante : il s’agit de proposer aux élèves de faire pousser des radis et de les déguster ensuite avec une tartine de pain beurrée. Voir ICI

Et puis aussi une classe où l’on apprend à jouer!

Le chasseur de primes des multiplications


Vous  avez  l’esprit matheux? vous pourrez devenir chasseur de primes des multiplications. Wanted! A chaque réponse juste vous ajoutez un 0 à la récompense. Qui veut gagner des millions? Même moi je me suis enrichie (étant donné mon niveau de maths, c’est miraculeux! ) Voir ICI

Voilà comment on apprend à nos enfants à devenir vénaux!

Le cluedo des compléments circonstanciels


Vous pourrez jouer au cluedo des compléments circonstanciels et apprendre qui a sauvagement assassiné Mme Pervenche et surtout surtout.. elle a été assassiné(e)? et Comment? et avec Quoi?
Bien sûr, les âmes sensibles sont priées de s’abstenir! VOIR ICI

mercredi 15 avril 2015

Antony Trollope : John Bull sur le Guadalquivir.



John Bull sur le Quadalquivir

Le Guadalquivir à Séville
Le recueil de nouvelles d’Antony Tropolle porte le titre du premier récit : John Bull sur le Guadalquivir.
John Bull, est la satire du Britannique en voyage et de ce sentiment de supériorité qui le pousse à considérer les autres, en particulier les peuples latins, comme des êtres inférieurs. C'est ce qui arrive à John Bull qui part rejoindre sa fiancée Maria. Celle-ci, anglaise par son père, vit en Espagne. Avec son ami Thomas qu’il a retrouvé à Cadix, John Bull embarque sur le Quadalquivir en direction de Séville. Sur le vapeur ils rencontrent un Espagnol qu’ils prennent pour un toréador. L'homme est affublé d’un costume que les jeunes gens jugent ridicule. Les deux amis font sa connaissance, soupesant les boutons en or de ses vêtements et se moquant entre eux de son accoutrement.. en anglais, bien sûr, puisqu’il est bien connu que les espagnols ne peuvent connaître cette langue. Bref! ils se conduisent comme de parfaits imbéciles. Je ne vous en dis pas plus et vous laisse découvrir la déconfiture de John Bull, piètre représentant de la race anglaise, pour qui l’on finit, eu égard à sa jeunesse et à son humiliation, par éprouver malgré tout de la sympathie.  C'est d'ailleurs lui qui est le narrateur et il se révèle assez intelligent pour se moquer de lui-même! Les portraits de John et de sa fiancée, jeune fille fine, intelligente et ayant du caractère, sont plaisants.
Le récit est plein de vie, d’humour et de gaieté et - si la chute n’est pas vraiment une surprise- la verve satirique et le mordant de Trollope sont réjouissants!

Les vestiges du général Chassé ou Mésaventure à Anvers

Illustration de la nouvelle de Trollope : Les vestiges du général Chassé  Mésaventure à Anvers Siège d'Anvers en 1832 Horace Vernet
Siège d'Anvers en 1832 Horace Vernet

Les vestiges du général Chassé ou Mésaventure à Anvers a lui aussi une portée satirique et se révèle être une vraie scène de comédie. Le personnage qui en fait les frais est cette fois-ci le révérend Auguste Horne, clergyman de l’église d’Angleterre ayant un certain faible pour la toilette. Ce détail a son importance puisque c’est ce qui va entraîner … sa mésaventure lorsqu'il va visiter la citadelle d'Anvers sur les traces du général Chassé! L’aspect satirique vire à la caricature dans le portrait du révérend  mais surtout lorsqu’il s’agit d’épingler un groupe d’anglaises en visite dans le musée. On s'amuse  beaucoup des déboires de Horne et du regard acéré que Trollope porte sur ses compatriotes!

La crique de Malachi

Cornouailles falaises entre Tintagel et Bosseney (source)

La crique de Malachi est d’une veine toute différente. Le récit se déroule en Cornouailles, au pied de falaises superbes violemment frappées par la mer, entre entre Tintagel et Bosseney. Trollope y décrit le combat d’un modeste vieillard et de sa petite fille Mally pour arracher le goémon à la mer, leur seul moyen de subsistance. Et nous assistons aussi à la lutte qui oppose Mally à Barty Gunliffe, fils d’un riche fermier qui lui fait concurrence. La nouvelle vaut pas ses belles descriptions de la mer sauvage et du quotidien harassant de ces pêcheurs, par les caractères bien trempés de ces personnages populaires dont Trollope dresse de beaux portraits.

A cheval à travers la Palestine

Anthony Trollope, auteur du recueil de nouvelles "John Bull sur le Guadalquivir" paru aux éditions de L'Herne
Anthony Trollope

Enfin la dernière nouvelle nous entraîne A cheval à travers la Palestine, un récit d’aventures qui réserve certaines surprises … romanesques! Mais le récit rompt très habilement avec les conventions du genre en ménageant une chute inattendue.

La lecture de ces nouvelles piquantes et pleines d'humour est vraiment très agréable. Un petit livre à  savourer!


Livre voyageur : Keisha, Maggie, Océane...  Inscrivez-vous!


Merci à Dialogues croisés et aux éditions de l'Herne

lundi 13 avril 2015

Sarah Bakewell : Comment vivre? Une vie de Montaigne en une question et vingt tentatives de réponses.

Michel de Montaigne Bordeaux

Comment vivre? C'est la question que se pose quotidiennement Michel de Montaigne dans Les Essais. C'est aussi le titre du livre que lui consacre Sarah Bakewell aux éditions Albin Michel, avec ce long sous-titre Une vie de Montaigne en une question et vingt tentatives de réponses.
 
Les essais, un miroir de l'humaine condition



Sarah Bakewell part d'une constatation : l'on n'a jamais autant parlé de soi-même à l'heure actuelle que dans les blogs, les réseaux sociaux. Or lorsqu'on parle de soi, l'on tend un miroir aux autres où tout le monde peut se reconnaître. Cette notion qui nous paraît évidente, il a pourtant fallu l'inventer. C'est Montaigne qui s'y est collé !

«Chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition»

Plutôt flatteur pour nous autres, blogueurs! j'ai d'abord cru que nous allions être vilipendés à cause de notre narcissisme et bien non! Nous voilà nous et nos blogs en bonne compagnie, avec Les Essais!

La question fondamentale de Montaigne tout au long de sa vie et qui lui permet d'affronter sa peur de la mort est donc comment vivre?
Comment se remettre de la mort d'un enfant ou d'un être cher, comment se faire à ses échecs, comment tirer le meilleur parti de chaque instant de sorte que sa vie ne s'épuise pas sans qu'on l'ait goûtée? Non pas des questions abstraites mais celles que nous sommes tous amenés à nous poser un jour, différemment formulées peut-être selon les époques où nous vivons, et pourtant toujours les mêmes, au fond !

Un exemple?
Comment éviter de se laisser entraîner dans une dispute absurde avec son épouse...
A mettre aussi au masculin! Cela vous parle, non ?

Car si des siècles nous séparent, Montaigne est toujours aussi proche de nos préoccupations. Ce n'est pas tant le philosophe qui nous parle que l'homme.
Sarah Bakewell rappelle donc le conseil de Flaubert à une amie qui lui demandait comment lire Montaigne : Mais ne le lisez pas comme les enfants lisent, pour vous amuser, ni comme les ambitieux lisent, pour vous instruire. NON. Lisez pour vivre.

Comment vivre?

Dans le château de Montaigne son bureau situé dans la tour où il se retirait.
Le bureau de Montaigne dans sa "librairie"

Le livre répond a toutes les questions que l'on se pose sur l'homme, Montaigne, sur son amitié avec la Boétie, sur sa vision des femmes, sur l'amour et la sensualité, sur sa conception du pouvoir, sur la justice, l'éducation, sur ses convictions religieuses et son sentiment par rapport aux guerres de religion qui sévissent autour de lui, sur les écoles philosophiques qui l'attirent...
Il est divisé en vingt chapitres qui correspondent aux vingt réponses à la question comment vivre? Quelques titres choisis parmi eux peuvent donner un aperçu :
Ne pas s'inquiéter de la mort/survivre à l'amour et à la perte/ Tout remettre en question/ Se ménager une arrière-boutique/ être convivial, vivre avec les autres/S'arracher au sommeil de l'habitude/ garder son humanité/ Réfléchir à tout et ne rien regretter/ Lâcher prise/ Laisser la vie répondre d'elle-même.. Tout un programme! Et pas si facile que ce que l'on veut bien le croire! Montaigne en était conscient :
Il n'est rien de si beau et de si légitime que de faire bien l'homme et dûment, ni science si ardue que de bien et naturellement savoir vivre cette vie. .....

Une initiation réussie

Le mérite du livre de Sarah Bakewell est d'être une introduction à la fois érudite et claire aux Essais pour nous en faire découvrir l'évidence même si la barrière de la langue du XVI est parfois intimidante. Les extraits commentés par Bakewell adoptent l'orthographe moderne mais conservent le vocabulaire si pittoresque et savoureux de l'écrivain, tout en nous expliquant les mots qui ont changé. Les lecteurs sont donc à l'aise pour lire cette belle initiation qui leur permet d'entrer plus facilement dans le livre de Montaigne, « et d'en faire après le miel qui est tout leur; ce n'est plus thym, ni marjolaine». Bref! Pour se faire une idée personnelle! A la fin de l'ouvrage, après avoir suivi Montaigne dans sa vie quotidienne comme dans ses grands déchirements, après avoir partagé sa pensée, vous aurez l'impression d'avoir gagné un ami!



dimanche 12 avril 2015

Georges Darien : Le voleur

Georges Darien source


Georges Hyppolite Adrien prend le pseudo de Darien peut-être, comme l’indique Patrick Besnier dans la préface du roman Le voleur aux éditions Gallimard Folio, comme « l’aveu d’une dépossession »?
Toute sa vie, Darien s’est dérobé à la curiosité du lecteur, pensant que la vie privée d’un littérateur n’a rien à voir avec ses oeuvres. Ce qui lui a valu une légende : n’aurait-il pas comme son personnage vécu de vol pendant toutes ces années où l’on ne sait presque rien de lui? Bref! ne serait-il pas le voleur dont il parle dans son roman?  Notons, en effet, que son héros George Randall porte le même prénom que lui.

Le récit

La naissance de Georges Randall dans une famille bourgeoise bien pensante n’est pas due à l’amour mais  aux sentiments du devoir et des convenances :
Comment! des gens à leur aise, dans un situation commerciale superbe, avec une santé florissante, vivre seuls?
Et dès son enfance Georges va souffrir, étouffé par l’éducation conjuguée que lui donnent sa famille, l’école et l’armée.

Libéré ! Ce mot me fait réfléchir longuement, pendant cette nuit où je me suis allongé, pour la dernière fois, dans un lit militaire. Je compte. Collège, caserne. Voilà quatorze ans que je suis enfermé. Quatorze ans ! Oui, la caserne continue le collège… Et les deux, où l’initiative de l’être est brisée sous la barre de fer des règlements, où la vengeance brutale s’exerce et devient juste dès qu’on l’appelle punition — les deux sont la prison. — Quatorze années d’internement, d’affliction, de servitude — pour rien…

Son sentiment de révolte ne fait que s’amplifier quand, devenu orphelin, il est confié à son oncle qui le spolie de sa fortune. Plus tard, le refus de son oncle de lui donner  la main de sa fille Charlotte sous prétexte qu’il ne peut la donner à un pauvre, crée la rupture! Rupture avec sa famille mais aussi avec la société. C’est là que va débuter pour Randal sa carrière de voleur ou plus exactement de gentleman cambrioleur.

Un cri de révolte

Film de Louis Malle , Le voleur : Georges Randal (Jean Paul Belmondo) et Charlotte (Geneviève Bujold)
Georges Randal (Jean Paul Belmondo) et Charlotte (Geneviève Bujold)
On pourrait penser, à priori, que nous sommes dans le genre du roman feuilleton cher au XIX siècle ou dans un roman d'aventures avec des rebondissements trépidants à la façon d'Arsène Lupin.. Il n’en est rien.
 Si Georges Darien n’est pas un voleur, on peut dire que son personnage Georges Randal lui ressemble car il porte toutes ses idées. Le voleur est un cri libertaire, une dénonciation de toutes les hypocrisies de la société en commençant par la famille, l’école, la bourgeoisie, un âpre et terrible réquisitoire contre des lois iniques qui maintiennent le peuple dans la pauvreté et la soumission. Darien se livre, à travers les tribulations de son personnage, à une remise en cause des institutions, gouvernement, église, armée, qui briment la liberté et n’ont qu’un seul dieu, l’argent, celui va de pair avec le pouvoir et les honneurs.
Il n’est pas inintéressant d’ailleurs de noter que l’autre personnage principal du récit, qui exerce le même « métier » que Randal, est un prêtre, l’abbé Lamargelle :

Mon Dieu, dis-je (Randal à Lamargelle), je ne vois point pourquoi je vous croirai pas, après tout. L’Eglise n’a jamais beaucoup pratiqué le mépris qu’elle affecte pour les richesses.

Et c’est d’ailleurs dans la bouche de l’abbé que Darien place ces mots :

Le génie du christianisme ? Une camisole de force. « Jésus, dit saint Augustin, a perfectionné l’esclave. » Oh ! cette religion dont les dogmes pompent la force et l’intelligence de l’homme comme des suçoirs de vampire ! qui ne veut de lui que son cadavre ! qui chante la béatitude des serfs, la joie des torturés, la grandeur des vaincus, la gloire des assommés ! Cette sanctification de l’imbécillité, de l’ignorance et de la peur !

On peut donc parler de l’anarchisme de Darien mais dans ce roman il s’attaque pourtant non seulement au socialisme, au marxisme  mais aussi aux anarchistes.

Ces socialistes, ces anarchistes !… Aucun qui agisse en socialiste ; pas un qui vive en anarchiste… Tout ça finira dans le purin bourgeois. Que Prudhomme montre les dents, et ces sans-patrie feront des saluts au drapeau ; ces sans-respect prendront leur conscience à pleines mains pour jurer leur innocence ; ces sans-Dieu décrocheront et raccrocheront, avec des gestes de revendeurs louches, tous les jésus-christs de Bonnat.
Allons, la Bourgeoisie peut dormir tranquille ; elle aura encore de beaux jours…

Un style pamphlétaire

Georges Randal Belmondo dans le film de Louis Malle Le Voleur d'après le roman de Georges Darien
Georges Randal Belmondo
Ce n’est pas pour rien que l’on peut parler à propos de roman de réquisitoire. Le style est le reflet d’un homme écorché, qui découvre dès l’enfance l’injustice de cette société de nantis, la dureté et le mensonge de la classe bourgeoise dominante, industriels, banquiers, clergé, qui pratiquent impunément le vol à haute échelle mais condamnent un pauvre à la peine de mort pour le vol d’une pièce de quarante sous. Darien y manie une ironie amère, un humour décapant. Le ton est virulent mais l’est encore plus, paraît-il (je ne les connais pas)  dans ses autres livres, en particulier dans Biribi où il dénonce les atteintes aux droits de l’homme dans les bataillons disciplinaires d’Afrique du Nord. Ou encore dans Les Pharisiens où il s’attaque à Edouard Drumont, surnommé l’Ogre, auteur des pamphlets haineux antisémites. Et il ne faut pas oublier que Georges Darien a été lui-même un pamphlétaire redoutable. Le style peut aussi basculer vers une prose oratoire, lyrique, qui cherche à soulever l’émotion, à renverser l’indifférence. Ainsi dans ce passage où notre voleur assiste bien contre son gré à une exécution capitale :

Je suis mêlé à la foule, à présent, — la foule anxieuse qui halète, là, devant la guillotine. — Les gendarmes à cheval mettent sabre au clair et tous les regards se dirigent vers la porte de la prison, là-bas, qui vient de s’ouvrir à deux battants. Un homme paraît sur le seuil, les mains liées derrière le dos, les pieds entravés, les yeux dilatés par l’horreur, la bouche ouverte pour un cri — plus pâle que la chemise au col échancré que le vent plaque sur son thorax. — Il avance, porté, plutôt que soutenu, par les deux aides de l’exécuteur ; les regards invinciblement tendus vers la machine affreuse, par-dessus le crucifix que tient un prêtre. Et, à côté, à petits pas, très blême, marche un homme vêtu de noir, au chapeau haut de forme — le bourreau — le Monsieur triste de la nuit dernière.
Les aides ont couché le patient sur la planche qui bascule ; le bourreau presse un bouton ; le couteau tombe ; un jet de sang… Ha ! l’horrible et dégoûtante abomination…
Et c’est pour exécuter cette sentence qu’on avait envoyé de Paris, hier soir, les bois de justice honteusement cachés sous la grande bâche noire aux étiquettes menteuses — menteuses comme le réquisitoire de l’avocat général. — C’est pour exécuter cette sentence qu’on avait fait prendre le train express au bourreau, à ce misérable monsieur triste qui désire que tous les hommes aient du pain, que les enfants puissent jouer dans des jardins, et qui trouve beaux les arbres et jolies les fleurs… c’est pour exécuter la sentence qui condamne à mort cet affamé à qui l’on avait arraché son gagne-pain, à qui l’on refusait du travail, et qui a volé quarante sous.

 Quel avenir ?

Le Voleur : Randal et Lamargelle

 

L’écrivain fait preuve ici  d’une lucidité amère; il n’y a pas beaucoup d’espoir pour l’avenir chez Darien qui refuse l’utopie et l’idéalisme. Il est d’une honnêteté implacable envers lui-même et son lecteur. Il sait que nous marchons vers l'avènement d'une société qui est amplement la nôtre aujourd’hui :
 Car il  (l'oncle de Randal) prédit, pour l’avenir, un nouveau système social basé sur l’esclavage volontaire des grandes masses de l’humanité, lesquelles mettront en œuvre le sol et ses produits et se libéreront de tout souci en plaçant la régie de l’Argent, considéré comme unique Providence, entre les mains d’une petite minorité d’hommes d’affaires ennemis des chimères, dont la mission se bornera à appliquer, sans aucun soupçon d’idéologie, les décrets rendus mathématiquement par cette Providence tangible ; par le fait, le culte de l’Or célébré avec franchise par un travail scientifiquement réglé, au lieu des prosternations inutiles et honteuses devant des symboles décrépits qui masquent mal la seule Puissance. — Mais mon oncle est venu trop tard dans un monde encore trop jeune.
Les paroles d’espoir sont portées par l’abbé qui défend « la seule idée, l’idée de la liberté »
 Oui, le jour où l’Individu reparaîtra, reniant les pactes et déchirant les contrats qui lient les masses sur la dalle où sont gravés leurs Droits ; le jour où l’Individu, laissant les rois dire : « Nous voulons », osera dire : « Je veux » ; où, méconnaissant l’honneur d’être potentat en participation, il voudra simplement être lui-même, et entièrement ; le jour où il ne réclamera pas de droits, mais proclamera sa Force …

Le mot de la fin est pourtant laissé à Randal et aboutit à un nihilisme désenchanté :
L’existence est aussi bête, aussi vide et aussi illogique pour ceux qui la volent que pour ceux qui la gagnent.
Dire qu'on est toujours volé par quelqu'un ... Ah! chienne de vie!...

A mes yeux Georges Darien appartient à une famille d’écrivains dans laquelle je placerai, pour le ton et le regard désabusé porté sur la société, Jehan Rictus et Céline.
Un livre qui secoue, arrache, plein d'annonces sur notre société actuelle et qui ne peut donc laisser indifférent; un livre qui a choqué et qui choque encore! Je suis sûre que même de nos jours, les intégristes de tout bord le mettrait à la première place sur les bûchers littéraires!
 L'adaptation de Louis Malle est remarquable et magnifiquement interprétée par une pléïade d'artistes : voir Wens



Enigme n° 110

Le livre : Georges Darien : Le voleur
le film :Louis Malle :  Le voleur



Bravo aux triomphateurs de ce jeu : Aifelle, Asphodèle, Dasola, Dominique, Eeguab, Keisha, Mireille, Somaja, Syl...
Et merci à tous les participants qu'ils aient trouvé ou non!

samedi 11 avril 2015

Un livre/Un film : énigme 110



Voici l'énigme que nous n'avons pas pu présenter la semaine dernière :  Samedi 3 Avril.

Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

Prochain rendez-vous

Rendez-vous le troisième samedi du mois :  Le samedi 18 Avril

Enigme 110

Je dois le choix de ce livre (et du film) à Sybilline! Merci! Sybilline! Mais elle ne vous dira rien, non, non!
Il s’agit d’un auteur français né à la fin du XIX siècle et mort dans la première partir du XX siècle. Anarchiste, insoumis, antimilitariste, profondément anticlérical, révolté par l’injustice et l’hypocrisie bourgeoise, pourfendeur de l'antisémitisme, cet auteur qui se dresse contre toute société établie, imagine un héros à son image qui défie la loi des classes possédantes et prend le parti du peuple. Son  roman a été magistralement adapté à l’écran sous le même titre.


J’ai trois souvenirs de ma mère.
Un jour, comme j’étais tout petit, elle me tenait sur ses genoux quand on est venu lui annoncer qu’une traite souscrite par un client était demeurée impayée. Elle m’a posé à terre si rudement que je suis tombé et que j’ai eu le poignet foulé.
Une fois, elle m’a récompensé parce que j’avais répondu à un vieux mendiant qui venait demander l’aumône à la grille : « Allez donc travailler, fainéant ; vous ferez mieux. »
— C’est très bien, mon enfant, m’a-t-elle dit. Le travail est le seul remède à la misère et empêche bien des mauvaises actions ; quand on travaille, on ne pense pas à faire du mal à autrui.
Et elle m’a donné une petite carabine avec laquelle on peut aisément tuer des oiseaux.
Une autre fois, elle m’a puni parce que « je demande toujours où mènent les chemins qu’on traverse, quand on va se promener. » Ma mère avait raison, je l’ai vu depuis. C’est tout à fait ridicule, de demander où mènent les chemins. Ils vous conduisent toujours où vous devez aller.

vendredi 10 avril 2015

Victor Hugo : L’art d’être grand père Lecture commune

Dans l'art d'e^tre grand père (1877) , Victor Hugo écrit des poésies sur Jeanne et Georges, ses petits enfants qu'il a accueillis à la mort deson fils Charles.
Victor Hugo, Jeanne et Georges

Le recueil L’art d’être grand père paraît à Paris le 14 mai 1877 et la rédaction des poèmes qui le composent s’étendent sur plusieurs années de 1870 à 1877. Victor Hugo y  parle de ses petits enfants, Georges et Jeanne, nés respectivement en 1868 et 1869, qu’il a recueillis à la mort de son fils Charles en 1871.

 L'innocence de l'enfance

Georges et Jeanne
En proposant l'art d'être grand père que je connais mal finalement, j’en prends conscience en le lisant, je me référais surtout à ces poèmes sur l’enfance qui nous montrent un Victor Hugo intimiste, délicieux, tendrement occupé à l’éducation et surtout à la contemplation de ses petits enfants.  Un recueil où il célèbre l'innocence et la pureté de l'enfance.

 Jeanne fait son entrée 


Jeanne parle ; elle dit des choses qu'elle ignore ;

Elle envoie à la mer qui gronde, au bois sonore,

A la nuée, aux fleurs, aux nids, au firmament,

A l'immense nature un doux gazouillement,

Tout un discours, profond peut-être, qu'elle achève

Par un sourire où flotte une âme, où tremble un rêve,

Murmure indistinct, vague, obscur, confus, brouillé,

Dieu, le bon vieux grand-père, écoute émerveillé.   
                                         Livre I  A Guernesey :


 Le thème du pardon et l'amnistie des Communards

Mai 1876 (source)
Mais le poète présente aussi dans ce recueil ses idées et ses convictions politiques et religieuses. Victor Hugo est toujours profondément ancré dans son temps. Derrière l’émerveillement du grand père, derrière les thèmes de l’enfance apparaissent en filigrane ses préoccupations sur l’actualité :  ainsi le thème récurrent du pardon qu’il accorde si volontiers à Jeanne reflète ses prises de position politique en faveur de l'amnistie des communards. Victor Hugo présentera une proposition d'amnistie en Mai 1876 mais celle-ci ne sera adoptée qu'en 1880. Le poème de Jeanne était au pain sec peut ainsi recevoir une double lecture.

Jeanne était au pain sec

 
Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir,

Pour un crime quelconque, et, manquant au devoir,

J'allai voir la proscrite en pleine forfaiture,

Et lui glissai dans l'ombre un pot de confiture
 
Contraire aux lois. Tous ceux sur qui, dans ma cité,

Repose le salut de la société

S'indignèrent, et Jeanne a dit d'une voix douce :

— Je ne toucherai plus mon nez avec mon pouce ;

Je ne me ferai plus griffer par le minet.

Mais on s'est recrié : — Cette enfant vous connaît ;

Elle sait à quel point vous êtes faible et lâche.

Elle vous voit toujours rire quand on se fâche.

Pas de gouvernement possible. A chaque instant

L'ordre est troublé par vous ; le pouvoir se détend ;

Plus de règle. L'enfant n'a plus rien qui l'arrête.

Vous démolissez tout. — Et j'ai baissé la tête,

Et j'ai dit : — Je n'ai rien à répondre à cela,

J'ai tort. Oui, c'est avec ces indulgences-là

Qu'on a toujours conduit les peuples à leur perte.

Qu'on me mette au pain sec. — Vous le méritez, certe,

On vous y mettra. — Jeanne alors, dans son coin noir,

M'a dit tout bas, levant ses yeux si beaux à voir,

Pleins de l'autorité des douces créatures :

— Eh bien' moi, je t'irai porter des confitures.

                                            Livre VI Grand âge et bas âge mêlés


L'indignation de la famille devant l'indulgence du grand père est le reflet de l'opprobre que subit Victor Hugo prenant le parti du pardon pour les Communards : L'ordre est troublé par vous. Le refus de l'amnistie semble justifié par les vers Oui, c'est avec ces indulgences-là
 / Qu'on a toujours conduit les peuples à leur perte.
 La punition du grand père est celle du Victor Hugo engagé dans la vie publique qui dénonce les massacres des communards s'attirant les foudres de la classe dominante et qui fut même banni de Belgique pour avoir affirmé sa solidarité envers eux.

 L'Immaculée conception et la défense de la Femme

L'Immaculée conception de Giovanni Battista Tiepolo, peintre italien 1696-1770
L'Immaculée conception de Giovanni Battista Tiepolo

 Victor Hugo  s’élève aussi contre l’Immaculé conception et prend ainsi la défense de la femme, luttant contre la misogynie de l’église catholique et du clergé. En 1854, en effet, le dogme de l’Immaculée Conception est proclamé par l’Encyclique Ineffabilis deus. Dire que la Vierge a été conçue sans péché revient à affirmer que toutes les autres femmes sont souillées, s’indigne Victor Hugo :

Ô femmes, sur vos fronts ils mettent d'affreux doutes.
Le couronnement d'une est l'outrage de toutes.


Mais ce dogme est aussi pour le poète une offense à l’innocence de l’enfance. Dans le recueil Victor Hugo s’insurge donc à plusieurs reprises contre l’aberration de ce dogme, reflet de la haine et du mépris des femmes par des hommes qui détiennent le pouvoir religieux. Cela donne lieu à de très beaux vers ardents et pleins d’émotion

 L’immaculée Conception

Ô Vierge sainte, conçue sans péché !
(Prière chrétienne.)

 
L'enfant partout. Ceci se passe aux Tuileries.

Plusieurs Georges, plusieurs Jeannes, plusieurs Maries ;

Un qui tette un qui dort ; dans l'arbre un rossignol ;

Un grand déjà rêveur qui voudrait voir Guignol ;

Une fille essayant ses dents dans une pomme ;

Toute la matinée adorable de l'homme ;

L'aube et polichinelle ; on court, on jase, on rit ;

On parle à sa poupée, elle a beaucoup d'esprit ;

On mange des gâteaux et l'on saute à la corde.

On me demande un sou pour un pauvre ; j'accorde

Un franc ; merci, grand-père ! et l'on retourne au jeu,

Et l'on grimpe, et l'on danse, et l'on chante. 
Ô ciel bleu !
C'est toi le cheval. Bien. Tu traînes la charrette,

Moi je suis le cocher. A gauche ; à droite ; arrête.

Jouons aux quatre coins. Non ; à colin-maillard.

Leur clarté sur son banc réchauffe le vieillard.

Les bouches des petits sont de murmures pleines,

Ils sont vermeils, ils ont plus de fraîches haleines

Que n'en ont les rosiers de mai dans les ravins,

Et l'aurore frissonne en leurs cheveux divins.

Tout cela c'est charmant. 
— Tout cela c'est horrible !
C'est le péché !
  


Lisez nos missels, notre bible,
L'abbé Pluche, saint Paul, par Trublet annoté,
Veuillot, tout ce qui fait sur terre autorité.
Une conception seule est immaculée ;
Tous les berceaux sont noirs, hors la crèche étoilée ;
Ce grand lit de l'abîme, hyménée, est taché.
Où l'homme dit Amour ! le ciel répond Péché !
Tout est souillure, et qui le nie est un athée.
Toute femme est la honte, une seule exceptée.


                                  Livre VII L'immaculée conception (extraits)


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Lecture commune avec ?



 Prochain rendez vous : un "petit"roman à choisir parmi les trois titres : Claude Gueux? Hans d'Islande? ou Le dernier jour d'un condamné ?

Inscrites  : Laure, Nathalie, claudialucia,...

mercredi 8 avril 2015

Lyon Quais du Polar 2015 (2 ) Conversation autour d'une oeuvre au musée des Beaux-Arts

Conversation autour d'une oeuvre aux Quais des polars de Lyon avec l'écrivaine canadienne Louise Penny : Théodore Géricault: la monomane de l'envie ou la Hyène de la Salpêtrière
Théodore Géricault : la monomane de l'envie ou la Hyène de la Salpêtrière

Le polar s'invite au musée : Rencontre autour d'une oeuvre

Disons-le tout de suite, il y a un monde fou aux Quais du polar, en particulier le samedi, et des queues interminables. D’autre part, il faut parfois attendre des heures avant d’avoir les dédicaces convoitées si bien que nous n'avons pas pu faire la moitié des conférences que nous avions prévue. Mais qu’importe! Dimanche, nous avons pu assister à une rencontre avec une écrivaine canadienne Louise Penny à propos de son dernier livre Défense de tuer paru aux éditions Actes Sud Noirs.

Le débat se déroulait autour d’une oeuvre de Géricault, un visage de femme impressionnant, aux yeux rouges, fixes et hagards, à la peau verdâtre, aux lèvres serrées comme un cordon de bourse sur un secret ou un cri étouffé. Ce portrait intitulé La monomane de l’envie ou La hyène de la Salpêtrière (1819-1821) présente un mystère. L’on ne sait rien de ses origines et le titre et le sous-titre ont été donnés postérieurement par le critique d’art Louis Viardot, orientant définitivement le spectateur vers une interprétation.  Mais qui était cette femme? Méritait-elle ces appellations? Nous n’avons aucune réponse.

Quais des polars à Lyon : Le polar s'invite au musée conversation autour d'une oeuvre de Géricault, La monomande l'envie
Louise Penny et Hubert Artus au musée des Beaux-Arts
Théodore Géricault

Théodore Géricault

Théodore Géricault (1791-1824) est le peintre romantique par excellence dans le choix de ses sujets et par sa vie courte et tourmentée. Il est hanté par l’idée de la mort. Lorsqu’il peint Le radeau de la méduse il se fait livrer des morceaux de cadavres qui empuantissent son  atelier mais lui permettent une étude anatomique précise et la contemplation réaliste des chairs en décomposition. La monomane de l’envie appartient à une série de tableaux que le peintre a consacré à la folie. A travers ces obsessions le peintre nous renvoie donc une image de lui-même.



Mais ce visage permet aussi un questionnement sur nous-mêmes et sur nos peurs. Que cache notre besoin de rationalité? Pourquoi cette répulsion face à ce tableau? Et si les titres La monomane de l’envie ou La hyène de la Salpêtrière ne nous amenaient pas à une lecture obligée, cette femme ne représentait-elle pas pour nous, plutôt que la monomanie, l’image de la vieillesse, de la déchéance liée à l’âge, et de la mort?

Le débat animé par Hubert Artus avec Louise Penny cherchait à répondre à ces questions tout en remettant l’oeuvre picturale en perspective avec le roman de l’écrivaine Défense de tuer qui aborde le thème de la différence et du regard que nous portons sur ceux qui n’entrent pas dans les critères de la rationalité..  Une rencontre enrichissante et passionnante.
Et voilà où cela m'a amenée : 

Dédicace de Louise Penny

 Géricault : Autres portraits de la folie

 La série de tableaux que le peintre a consacrée à la folie.

Le monomane du vol Musée des Beaux-Arts de Gand
Le monomane du vol d'enfant musée des Beaux-Arts de Springfield (Massachusetts)

La monomane du jeu Le Louvre
Le monomane du commandement militaire
 musée Oskar Reinhart

 

 

   

Ces appellations correspondent à la classification des maladies mentales au XIX siècle qui voit les balbutiements de la psychiatrie moderne.

 Les impressionnistes du musée des beaux-Arts de Lyon

Claude Monet La Tamise à Charing Cross
Et de plus nous avons découvert les impressionnistes du musée Beaux-Arts de Lyon. 

Auguste Renoir : Jeune fille au ruban bleu

Claude Monet : Entrée de la Grande-Rue à Argenteuil

Claude Monet : falaise d'Etretat 

Edouard Manet : Portrait de Mathilde Gauthier-Lathuille

Alfred Sisley : Chemin montant