Mexico quartier sud, le titre est explicite car c'est bien ce quartier qui est le sujet de ce recueil de nouvelles de Guillermo Arriaga. Dans la grande avenue Retorno au sud de Mexico vit une population mêlée. C'est là que Arriaga place ses personnages, le Viking, un enfant à qui la rue a appris la violence, Lilly une jeune fille handicapée, Séraphina, une femme de ménage enceinte, un vieux marin en proie à une insupportable douleur... Mais aussi des notables qui acceptent mal tout ce qui perturbe leur tranquillité ainsi le docteur Diaz qui est un personnage récurrent et sinistre sous ses dehors de respectabilité. Car si c'est la rue qui inspire Arriaga, il nous fait pourtant pénétrer dans les intérieurs des maisons et découvrir derrière les façades fermées la réalité des faits et des actes, une réalité très souvent violente.
La première de ces nouvelles, en effet, intitulée Lilly est d'une telle violence qu'on la reçoit comme un coup de poing. On se demande si l'on sera capable d'en supporter beaucoup plus. Heureusement et d'une manière surprenante, la suivante, La veuve Diaz, est une belle et triste histoire d'amour contée avec beaucoup d'émotion, tout comme celle de La Nouvelle Orléans, poignante, décrivant la douleur intolérable de ce père dont la fille s'est noyée, ou encore ce petit garçon marqué à jamais par la mort de sa petite soeur, Laura, dont les parents inconsolables ont fait disparaître jusqu'au souvenir dans Le Visage effacé. A côté de ces thèmes de la Mort et l'Amour étroitement liés qui courent dans les nouvelles que j'ai le plus aimées, il y aussi l'image d'une société injuste, terrible et implacable qui apparaît dans d'autres récits : Dans La Nuit bleue le docteur Diaz qui a tué une jeune femme en pratiquant un avortement qu'il savait dangereux marchande avec la police pour acheter son silence. Dans Légitime Défense, le docteur Diaz aide son voisin à se débarrasser du corps du jeune voleur que ce dernier a tué! Ainsi le meurtre semble bien aisé quand on est riche et considéré face à une police corrompue, et le cynisme des classes dominantes envers les victimes si elles sont humbles et sans appuis paraît sans bornes.
J'ai été frappée par la diversité des sujets et du style de Guillermo Arriaga qui change selon les récits dont j'ai apprécié la force même s'ils ne sont pas tous au même niveau..
Merci à BOB et aux éditions Phébus
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