Il paraît que les blogueuses qui tiennent des blogs littéraires sont plus nombreuses que les blogueurs. Il paraît aussi qu'elles ne devraient pas se parer d'un mot aussi noble : littéraire! Quelle outrecuidance, en effet! De là à les renvoyer à leur vaisselle ou à leur repassage, il n'y a qu'un pas... vite franchi. Et oui! Surtout lorsqu'elles osent écrire qu'elles n'aiment pas le livre de ces messieurs (les écrivains, du moins ceux qui sont mal embouchés!) et qu'elles semblent faire ombrage aux critiques de profession.
Vous ne me croyez pas? Et bien allez voir le blog de Cynthia et ses contes défaits ( ici et là ) qui a eu le malheur de ne pas apprécier un roman publié aux éditions Alphée!!
Pourtant ces blogueuses ne prétendent à rien d'autre que ce que dit Montaigne dans son blog * :
Chapitre X : Les livres
Je ne fais point de doute qu'il ne m'advienne souvent de parler de choses qui sont mieux traitées chez les maîtres du métier, et plus véritablement. C'est ici purement l'essai de mes facultés naturelles et nullement des acquises; et qui me surprendra d'ignorance, il ne fera rien contre moi, car à peine répondrai-je à autrui de mes discours, qui ne m'en réponds point à moi; ni n'en suis satisfait. Qui sera en cherche de science, si la pêche où elle se loge: il n'est rien de quoi je fasse moins de profession. Ce sont ici mes fantaisies, par lesquelles je ne tâche point de donner à connaître les choses, mais moi..."
Je dis librement mon avis de toutes choses, voire et de celles qui surpassent à l'aventure ma suffisance, et que je ne tiens être aucunément de ma juridiction. Ce que j'en opine, c'est aussi pour déclarer la mesure de ma vue, non la mesure des choses.
*appelé : Les Essais
Car Michel de Montaigne aurait été blogueur, bien sûr! D'abord parce qu'il était ouvert à toutes les nouveautés, parce qu'il se plaisait à échanger des idées à tel point, disait-il, qu'il aurait préféré être aveugle plutôt que sourd ou muet. Ensuite, parce qu'il aimait lire et que, pour subvenir un peu à la trahison de "sa" mémoire, il annotait ses livres et écrivait un petit résumé de ses idées à la fin de chacun, enfin parce que son écriture à sauts et à gambades aurait pu se déployer librement sur le web.
Librement?
quelle belle occasion ce transfert qui me permet de redécouvrir tes billets !
RépondreSupprimer@ George : merci de venir lire ces billets déjà anciens; je suis heureuse qu'ils te plaisent!Celui-ci, étonnamment d'actualité, nous prouve bien que lorsque Montaigne parle lui, c'est à nous qu'il s'adresse!
RépondreSupprimertu sais que tu es en train de me donner très envie de lire Montaigne, dont j'ai une image très austère, sans aucun doute car je le connais très mal ! ta façon de parler de ses Essais me plaît beaucoup, le rend étonnamment accessible ! Donc petite question, connais-tu une édition poche qui soit bien faite ?
RépondreSupprimer@ George : Ah! quel plaisir si tu pouvais rejoindre notre tout petit groupe d'admiratrices de Montaigne (voir Dominique dont le titre du blog lui est aussi dédié : A sauts et à gambades).
RépondreSupprimerPersonnellement j'utilise une vieille édition sans prestige qui appartenait à mes parents, plus rééditée mais que j'aime parce que c'est là que j'ai découvert Montaigne.
Les essais existent dans la collection de poche avec des notes. Mais peut-être pourrais-tu adopter la traduction en français moderne de Lanly (Quarto Gallimard)qui est paraît-il très claire et agréable à fréquenter.
Pour lire Montaigne et l'aimer il faut, je crois, ne pas faire une lecture linéaire et studieuse mais en "picorer de ci de là le miel", une lecture elle aussi (comme son écriture) "à sauts et à gambades".
J'ai l'édition poche (folio je crois) mais celle dont tu me parles (quarto) me paraît intéressante ! je suivrai donc tes conseils attentivement pour l'édition mais aussi pour la façon de le lire :)
RépondreSupprimerGeorge : je suivrai volontiers ce que tu nous en diras!
RépondreSupprimer