Avec le nouveau livre de Paul Fournel, Jason Murphy, nous sommes toujours comme pour La Liseuse (ICI) dans le monde l'édition et de la littérature. Nous y retrouvons l'éditeur Dubois et Meunier, son abominable directeur commercial, et Valentyne, l'amoureuse intuitive des livres, mais ce ne sont plus eux les personnages principaux même s'ils tirent parfois les ficelles. Et de quelle manière!
Le personnage principal est un écrivain de la Beat génération, Jason Murphy, dont nous suivons les tribulations et approchons l'oeuvre à travers les recherches d'une étudiante, Madeleine. Celle-ci a pris pour directeur de son diplôme de fin d'études le professeur d'université réputé Marc Chantier. L'ouvrage commence comme un roman d'espionnage ou une Mata Hari hilarante essaie de soutirer des renseignements à ce professeur à propos d'un "scroll" que celui-ci aurait eu, dit-on, entre les mains! Qu'est-ce qu'un "scroll"? C'est un rouleau mystérieux, tout autant qu'hypothétique, roman inédit de Murphy qui aurait inspiré Kerouac. Mais qui a envoyé cette espionne littéraire en cadeau à Marc Chantier? Les éditeurs à notre époque auraient-ils d'aussi vilaines manières? Irait-on jusqu'à dire que Kerouac est un plagiaire?
En ouvrant ce livre, n'oubliez pas que Paul Fournel est un oulipien et à ce titre un monsieur qu'il ne faut pas trop prendre au sérieux!Et comme il appelle à l'aide un autre oulipien, Harry Mathews, méfiance! Et méditez ceci :
Le propre du vrai c'est d'être vrai. Le propre du bon faux c'est d'être aussi vrai que possible. L'écart n'est pas si grand.
En ouvrant ce livre, n'oubliez pas que Paul Fournel est un oulipien et à ce titre un monsieur qu'il ne faut pas trop prendre au sérieux!Et comme il appelle à l'aide un autre oulipien, Harry Mathews, méfiance! Et méditez ceci :
Le propre du vrai c'est d'être vrai. Le propre du bon faux c'est d'être aussi vrai que possible. L'écart n'est pas si grand.
En faisant de Jason Murphy, écrivain de la Beat generation, ami de Ginsberg ou de Kerouac, le personnage principal de son roman, Paul Fournel nous plonge en pleine fiction. Car il n'y a rien de plus extraordinaire et de plus romanesque que la vie de cet homme toujours en partance, qui a vécu à Paris dans la misère, puis sur les routes aux Etats-Unis, vivant d'expédients, nourrissant ses voyages et ses visions poétiques aux sources de paradis artificiels… pour finir comme clochard dans les rues de San Francisco. Pourtant, Paul Fournel prend bien soin, non sans humour, et pour mieux nous mystifier, de brouiller la frontière entre fiction et réalité : Qu'en est-il réellement de ce Murphy dont on ne sait même pas s'il est vivant ou mort? Qu'en est-il de ce "scroll" dont se serait inspiré Kerouac? Mais qu'il ait existé ou non, nous sommes lancés à la suite de Madeleine, l'étudiante, et de Meunier, l'éditeur, à la recherche de ce précieux rouleau. Et nous ne sommes pas au bout de nos étonnements.
Vous ne connaissez pas Jason Murphy? Moi non plus! La Beat Generation ne vous intéresse que de loin, moi aussi! Mais il s'agit pas d'eux mais de Paul Fournel et de son humour! Et quand il vous prend par la main vous vous laissez rouler dans la farine, vous ne savez plus trop bien s'il se moque de vous ou si c'est du sérieux et il vous vous amène où il veut. Ces écrivains, il vous les fait connaître comme s'ils étaient vos amis, il les invite à votre table, voire dans votre lit*, il part avec vous en voyage à leur suite dans les rues de Paris ou de San Francisco. Il organise des rencontres loufoques entre Louise Labé (étudiée par Christophe, le petit ami de Madeleine) et Jason Murphy et… on s'aperçoit que ça marche! Bref! si vous vous laissez aller, la littérature devient vivante, les auteurs sortent des étagères et viennent vous interpeller ce qui n'est pas toujours de tout repos avec Murphy! Vous lisez son livre les semelles de Vent, (tiens un titre qui rappelle étrangement Rimbaud? Murphy serait-il lui aussi un plagiaire?) douillettement allongé(e) sur un lit, en compagnie de Sire-Pensif, le chat, qui semble tout droit sorti des poèmes de Louise. Et que Louise Labé comme Shakespeare ou Jason Murphy aient ou non existé, vous vous en moquez, l'important c'est d'avoir partagé, grâce à l'écriture alerte érudite mais aussi protéiforme de Paul Fournel, leur oeuvre et leur vie, l'important c'est que la littérature soit gagnante!
Madeleine s'inquiétait pour Christophe à cause de publications récentes qui affirmaient que Louise Labé n'avait jamais existé et que ses poèmes avaient été composés par d'autres. Un autre? Une autre? Plusieurs autres? Cela laissait Christophe de marbre : " Si ses poèmes existent, disait-il, elle existe, et si elle n'existe pas, c'est moi qui la fais exister. Ce qui est peut-être encore mieux".
Madeleine s'inquiétait pour Christophe à cause de publications récentes qui affirmaient que Louise Labé n'avait jamais existé et que ses poèmes avaient été composés par d'autres. Un autre? Une autre? Plusieurs autres? Cela laissait Christophe de marbre : " Si ses poèmes existent, disait-il, elle existe, et si elle n'existe pas, c'est moi qui la fais exister. Ce qui est peut-être encore mieux".
Louise Labbé et Jason Murphy
*Plus tard lorsque Madeleine et Christophe pensaient à cette période de leur vie, sans jamais se revoir et sans jamais en parler, ils se demandaient, chacun de leur côté, qui avait aimé qui et quel lien secret s'était noué dans leur dos par le truchement de leurs âmes et de leurs corps, qui avait agité leurs sentiments à son profit, quel vrai couple improbable et secret avait scellé en eux ses véritables épousailles.
Bonjour Claudialucia, comme j'ai beaucoup beaucoup aimé La Liseuse, je lirais certainement celui-ci. Merci du conseil.
RépondreSupprimerOui, c'est dans le même style avec en plus un peu du Georges Perec du cabinet d'armateur! Tu vois ce que je veux dire!
Supprimer"d'amateur"! Bien sûr!
Supprimerje le note dans mes "pourquoi pas"! bonne journée!
RépondreSupprimerBonne journée à toi! C'est un livre qui soulève tout un questionnement. Je ne peux en dire plus que ce que j'ai dit car il faut laisser à chacun le plaisir de la découverte.
SupprimerTout pareil que Dasola, j'attendrai tranquillement qu'il arrive à la bibliothèque.
RépondreSupprimerET celui-là je ne peux te le prêter. Il est la propriété de ma fille!
Supprimerla Liseuse m'avait semblé quand même un peu légère, je ne sais pas si je vais me laisser tenter mais j'ai l'impression que toi tu t'es bien amusé
RépondreSupprimerOui, je me suis bien amusé, j'aime beacoup ce genre d'humour et cette manière de parler de la littérature comme faisant partie intégrante de notre vie. On sent tellement l'amour des livres et des auteurs. D'autre part à travers la littérature on voyage dans l'espace jusqu'à San Francisco et dans le temps jusqu'au moyen-âge.. je trouve aussi que le style de Paul Fournel permet de croire aussi bien au personnage de la Beat qu'à celui de Louise Labé. C'est pourquoi je parle d'un style protéiforme. J'aime beaucoup aussi cette réflexion sur l'existence des écrivains. Tu te souviens comme nous avions été agressées parce qu'on ne voulait pas adhérer à l'idée que Shakespeare n'existait pas? Là, on a une réponse : quelle importance puisqu'on le lit , puisqu'on le fait exister!
SupprimerC'est aussi un le livre qui est à lire au second degré; j'ai mené mon enquête après pour savoir la vérité!
Oh mais ça a l'air sympa comme tout!!!
RépondreSupprimerOui, très sympa, amusant, mystificateur.. c'est aussi un jeu!
SupprimerMoi j'attends déjà le prochain, allez... dès demain , comme d'habitude, c'est "fournelien", c'est délicieux, merci pour l'article Claudialucia !
RépondreSupprimerN'oublions pas que c'est grâce à toi que je l'ai lu!
SupprimerUn auteur que j'aime beaucoup pour son sens de l'humour , alors je note
RépondreSupprimerJ'ai adoré Poil de Cairote (pas lu "la liseuse" mais un jour sûrement )
Par contre je n'ai pas lu poil de cairote... mais un jour sûrement!
SupprimerJe n'ai découvert Paul Fournel qu'avec "La liseuse" mais il semblerait que ce roman ait tout pour me plaire, un certain sens du canular littéraire en particulier...
RépondreSupprimerOui, c'est tout à fait ça!
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