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mercredi 21 octobre 2015

Olivier Barde-Cabuçon : Humeur noire à Venise


Humeur noire à Venise de Olivier Barde-Cabuçon est le troisième livre des aventures plombières du chevalier de Volnay, commissaire aux morts étranges à Paris. C’est le titre que Louis XV a accordé au jeune homme pour le remercier de lui avoir sauvé la vie en 1757.Volnay se rend à Venise avec le moine ( je ne sais pourquoi ce personnage s’habille en moine puisque c’est un mécréant, il faut lire les livres précédents pour le comprendre, je suppose), un moine qui n’est autre que le père du jeune homme, en proie à une dépression après le départ de la femme qu’il aime. Volnay espère ainsi chasser l’humeur noire de son compagnon et il répond aussi à l’appel au secours de Chiara son ex-amoureuse dont le cousin, le comte de Trissano, issu d’une grande famille vénitienne, est menacé de mort. 

Les mystères de Venise

Venise, une ville de roman noir
Nous voilà donc à Venise et sachez que l’intrigue comme la ville va nous entraîner dans un tourbillon d’aventures dont on n’a pas besoin de savoir si nous y croyons ou non!   Si bien que la jeune Violetta qui se rend dans la ville travestie en garçon (pour remplacer son frère afin d’éponger une dette d’honneur en se mettant au service d’une grande famille patricienne) nous paraît tout à fait naturelle. D’autant plus que, comédienne, elle cite Shakespeare (de quoi bien s’entendre avec le moine) et que nous voilà plongés en même temps dans une comédie Shakespearienne et pas n’importe laquelle, « La nuit des rois »! Après tout, nous sommes à Venise, ville des mystères, du complot, des apparences, des reflets et des masques.

Venise, la ville des reflets
Ceci dit, dans Humeur noire, ce n’est pas l’intrigue policière même si elle est passablement compliquée, qui nous mène par le bout du nez mais..  Venise! J’ai même parfois l’impression que l’écrivain passionné par son sujet ( c’est un spécialiste du XVIII siècle et manifestement il connaît la Serinissime comme sa poche) n’hésite pas à ralentir l’action pour expliquer la ville : sa naissance qui l’extrait des eaux en l’asseyant sur des millions de pieux de bois, arbres innombrables arrachés aux forêts; son histoire, son fonctionnement politique, ses intrigues, ses palais luxueux rongés par l’humidité mais aussi par le manque d’argent des nobles et leur goût du paraître. Nous apprenons aussi l’opposition entre la mer et les Terres fermes, entre le commerce maritime et l’agriculture, et le combat incessant que mène la ville pour sa survie. 
Un belle promenade dans Venise : nous glissons en gondole dans les rios; nous pénétrons dans de somptueux palaispar l'entrée des maîtres bien différente de celle des domestiques et assistons à l'envers du décor,  nous y rencontrons Goldoni et les petites orphelines! visitons l'arsenal, avec ses hangars, ses ateliers, ses bassins d'amarrage et où tous les corps de métiers sont représentés, sommes reçus au palais des Doges

 Et peut-être irai-je lire les débuts des aventures de Volnay qui se passent en France et où le jeune homme se bat en duel avec Casanova; Rien de moins!

Ils s'enfoncèrent dans les canaux intérieurs au milieu des chants  et des accents de guitare. De petits plongeons signalaient des rats se jetant à l'eau pour traverser le rio. Les vielles maisons aux murs humides et aux pieds crevassés par l'eau saumâtre se succédaient, leurs façades lépreuses parfois illuminées par un rai de lumière. Au-dessus, le linge séchait et les chats s'assoupissaient sur les balcons ou les bords des fenêtres.
Venise : un rio
Les rayons du soleil précédant le coucher avaient laissé place au bleu le plus pur avant de se dissoudre dans le noir de la nuit. Le moine se glissa dans la rue, échappant un peu plus loin au contenu des restes d'un pot de nuit qu'une perfide petite vieille jetait par la  fenêtre sans souci du passant qu'il était. Cela le fit rire.
Venise bruissait de vie, de mouvements, de plaisirs et de lumières. (...)
Soudain le moine retrouva tout ce qu'il avait oublié, quelques-uns des mille trésors de la vie qui font chanter le coeur : la lumière du soir, le rire d'un enfant qui efface soudain les peines, la beauté d'une âme, le regard perçant d'une femme, une mélodie, un air d'opéra, la grâce d'uneballerine, l'esprit de fête.

Venise : coucher de soleil sur la lagune
Venise : San Marco, la nuit

16 commentaires:

  1. je ne connaissais pas ce titre.. et j'aime bcp tes photos!

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  2. Il vient de sortir. Tu avais demandé un livre sur un lieu ialien paru en 2015 .

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  3. Shakespeare et Venise! mais c'est pour moi!

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  4. Il faut lire les autres tomes, surtout le premier "Casanova et la femme sans visage" (sorti en poche) qui est un régal d'érudition et de malice. Ce dernier tome sur Venise m'a moins séduite, c'est pour cela que je ne l'ai pas chroniqué pour le mois italien.

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    1. Je le lirai, surtout si tu me dis que c'est le meilleur. Celui-ci m'a surtout accrochée parce qu'il parle de Venise qui est d'ailleurs le "personnage" principal. Je ne me suis pas posé de questions sur l'intrigue qui paraît un peu invraisemblable mais à la manière d'une comédie dont on accepterait les conventions théâtrales. Par contre, ne pas connaître le passé des personnages m'a manqué..

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  5. L'intrigue ne m'attire pas plus que ça mais si la plongée dans les canaux de Venise est réussie, je pourrais quand même me laisser tenter. A réserver pour un prochain passage dans la Sérénissime?

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    1. Oui, c'est bien de le lire avant car Venise est très présente.

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  6. Le tout est bien tentant et Venise et le roman.
    Le coucher de soleil sur la lagune est magnifique.

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    1. Ce coucher de soleil était merveilleux, un de ces moments que l'on n'oublie pas..

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  7. Il faut que je le lise avant de retourner dans la Sérénissime en janvier prochain... Très envie de voir Venise dans les brumes, le froid et l'humidité, après l'avoir connue sous le soleil brûlant.

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    1. C'est vrai qu'en y allant en Décembre, j'ai eu une toute autre vision qu' en été... par contre sur la place Saint Marc, il y avait toujours autant de touristes, des groupes de japonais, très amusants avec leur tenue anti acqua alta! En Janvier ce doit être splendide aussi et peut-être plus désert? mais il faut savoir s'éloigner du centre San Marco et visiter les autres quartiers pour découvrir un autre visage de venise.
      Lis aussi "la bulle de Tiepolo"de Philippe Delerm et va voir le tableau dont il est question.

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  8. Bonjour Claudialucia, je n'ai lu que le premier tome pour l'instant qui m'avait beaucoup plu. J'ai Messe noire (le suivant) dans ma Pal depuis un moment. Bon samedi.

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    1. Oui, il paraît que le premier est vraiment très bien; Il va falloir que j'aille voir!

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  9. Bonjour Claudia Lucia,
    J'ai repéré ce titre en librairie il y a quelques temps, mais j'hésitais. Ton billet m'a convaincue, d'autant que dans les polars, je suis souvent davantage intéressée par le contexte que par l'intrigue elle-même. Mais je ne savais pas qu'il s'agissait d'une série. Je vais donc commencer par le premier.
    Merci pour le challenge !

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    1. Je suis comme toi quand je lis un polar, c'est le contexte qui compte le plus! Mais évidemment quand les deux vont de pair! ce qui n'est pas le cas pour Humeur noire à Venise! Par contre il paraît que le premier est meilleur.

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