Parc de la maison d'Edvard Grieg : Vue sur le Nordasvatnet Parc de la maison d'Edvard Grieg : Vue sur le Nordasvatnet |
Il y a une quinzaine de jours, nous étions assis au bord du Nordasvatnet, le lac de Nordas, à Bergen, dans le parc de la maison d'Edvard Grieg qui se dresse sur la Troldhaugen, La Colline des Trolls.
C'est là que Grieg a composé la musique de Peer Gynt d'après l'oeuvre de Henrik Ibsen. Ma petite-fille adore l'histoire, surtout quand le héros arrive dans l'antre du roi des Trolls et elle a chanté, une partie de la journée, le motif de ce passage si célèbre que Fritz Lang a repris dans M. Le Maudit ! Cela faisait un drôle d'effet !
C'est là que Grieg a composé la musique de Peer Gynt d'après l'oeuvre de Henrik Ibsen. Ma petite-fille adore l'histoire, surtout quand le héros arrive dans l'antre du roi des Trolls et elle a chanté, une partie de la journée, le motif de ce passage si célèbre que Fritz Lang a repris dans M. Le Maudit ! Cela faisait un drôle d'effet !
Maison de Edvard Grieg : Troldhaugen |
Ensuite, Ma fille, ma petite-fille, mon mari et moi-même, nous nous sommes assis au bord du lac pour écouter les poésies de Olav H. Hauge, poète norvégien, lues par ma fille qui avait emporté avec elle le recueil Nord Profond. Un souvenir paisible et doux dans un lieu idyllique.
Olav H. Hauge (1908-1994) écrit des poèmes simples et concis, très purs, qui font naître des images d'une grande beauté, nous font basculer dans l'Ailleurs, parviennent à dire ce qu'il a derrière l'apparence des choses et à en dévoiler le mystère.
Nicolaï Astrup : pommiers en fleurs |
Printemps dans les montagnes
Aujourd'hui les flocons de neige
dansent comme de jeunes rennes
s'affrontant dans le soleil.
La rivière cravache
sur le chemin du retour
emportant l'hiver avec elle.
Le pluvier doré est là et, sur les pentes,
l'herbe verte.
Un mot
Un mot
-une pierre
dans une rivière froide
une autre pierre encore-
il me faut plus de pierres pour traverser.
La nature, la solitude, son travail d'horticulteur à Ulvik, sur plateaux sauvages du Hardanger, au bord du fjord, dans ce pays glacial où il exploite les pommiers de son verger, le façonnent et sont à la source de son inspiration poétique.
"Les meilleurs de mes poèmes ont été
faits dans une froide tranquillité, dans les bois; avec une chique de
tabac dans la bouche et une hache à la main"
Pommes vertes
L'été était froid et pluvieux.
Les pommes sont vertes et piquées.
Cependant je les cueille et je les trie
et je les range dans des caisses à la cave.
Des pommes vertes valent mieux
que pas de pommes
quand on vit ici , au 61e parallèle nord.
Sa maladie mentale, il est schizophrène, qui l'isole, le fait basculer vers le rêve, l'imaginaire, habité par la présence de son double, de "l'autre homme". Angoisse. Il vit seul avec ses livres, ses amis sont Thoreau, Ibsen, Hugo, Gide, Char, Michaud, Bachelard et bien d'autres... Il lit beaucoup.
Christian Dahl : le vieux chêne |
Quand je me réveille
Quand je me réveille, un noir
corbeau frappe à mon coeur.
Ne vais-je jamais m'éveiller
à la mer et aux étoiles,
aux bois et à la nuit,
au matin,
avec des chants d'oiseaux.
Dans les années soixante son poème "c'est le rêve" devient l'heureux emblème de toute sa génération.
C'est le rêve
C'est le rêve que nous portons
que quelque chose de merveilleux
va arriver,
que ça doit arriver-
que le temps va s'ouvrir
que le coeur va s'ouvrir
que la roche va s'ouvir
que les sources vont jaillir-
que le rêve va s'ouvrir,
qu'un beau matin, au point du jour,
nous glisserons sur la vague
nous glisserons sur la vague
vers une anse dont nous ne savions rien.
Ce sont des années heureuses pour Hauge qui lie des amitiés et se marie en 1978; il trouve la sérénité. Dans sa préface, François Graveline qui le compare à Orphée, écrit : "de sa plongée au plus profond de son être, dont il est revenu sans jamais se retourner, se détourner de son but, la poésie, il réapparaît métamorphosé. Hauge a réussi " à transformer son mal en lumière".
La faux
Je suis si vieux
que je m'en tiens à la faux,
et les pensées peuvent aller.
D'ailleurs, ça ne fait pas de mal,
dit l'herbe,
de tomber sous la faux.
Sommeil
Glissons
dans le sommeil, dans
le rêve paisible,
glissons-
deux boules de pâte dans
deux boules de pâte dans
le bon four de la nuit.
réveillons-nous
au matin,
deux pains de blé dorés.
Et j'étais triste
et je me terrais dans une grotte,
j'étais gonflé d'orgueil et bâtissais
au-delà des étoiles,
Maintenant
je construis dans l'arbre tout proche
et le matin, quand je m'éveille,
le pin
enfile dans ses aiguilles
des fils d'or.
l'ensemble illustrations - poèmes est totalement dépaysant! un beau voyage!
RépondreSupprimerMerci!J'ai vraiment eu le coup de foudre pour ce poète.
SupprimerUn billet enchanteur, merci Claudialucia pour tes photos qui font rêver de ce bel endroit et pour ces belles illustrations choisies avec soin.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ces poèmes - la simplicité ne gâche rien, au contraire même.
Je suis comme toi.j'aime cette simplicité qu n'est qu'apparente puisqu'elle en dit tant! L'endroit est très beau, très paisible sous le soleil et dans la douceur printanière.
SupprimerQuelle belle découverte Claudia ! Et je trouve ça très bien de présenter plusieurs poèmes, on se fait vraiment une idée de l'auteur, de belles photos aussi de ton voyage et de belles illustrations. Merci ça m'a fait du bien ce petit détour côté fjord...
RépondreSupprimerMerci Aspho de ta visite malgré ta fatigue; Oui, un beau voyage et une poésie qui enchante.
SupprimerClaudia, quand même !^-^ Je ne suis pas encore grabataire hein !!! :3 :D La poésie me détend toujours (en plus !)...
Supprimeret voilà, on s'inquiète pour sa santé mais... c'est qu'elle se vexe, la petite Asphodèle! Heureusement,la poésie détend! ouf!
SupprimerMais non je ne me vexe pas, hi hi !!! Par contre si tu continues à me lancer du "petite Asphodèle", là je vais me vexer !!! :D J'ai encore perdu 2 cms en 2 ans, ça suffit !!! ^-^ Même "fatiguée" vous me manquez, je suis obligée de prendre sur moi et de revenir ! Avec des beaux billets comme celui-ci ! ;) Bises Claudia♥
SupprimerMerci,Asphodèle,toi aussi tu nous manques!
SupprimerTon billet est un enchantement, avec de merveilleuses poésies, des toiles et des photos tellement belles. J'irais bien me reposer dans la maison de Grieg !
RépondreSupprimerMerci! A ne pas rater lorsqu'on va à Bergen!
SupprimerJe ne connaissais pas ce poète. Et ce que tu nous donnes à déguster m'inspire beaucoup.
RépondreSupprimer"Un mot
-une pierre
dans une rivière froide
une autre pierre encore-
il me faut plus de pierres pour traverser."
...
"Quand on en vient à l’essentiel
si peu suffit, et ce peu
le cœur le savait déjà."
...
Quand on en vient à l'essentiel... c'est tellement vrai!
RépondreSupprimerQuel plaisir de déguster ces poèmes sur le lieu où ils ont été écrits! et pour moi qui ne connaissais pas le poète une belle découverte. comme d'habitude les illustrations sont merveilleuses
RépondreSupprimerMerci miriam! C'est vrai que découvrir des poésies de cette manière et dans ce lieu les rend encore plus précieuses.
SupprimerTout y est, la musique, la peinture, et la poésie ! Quel billet enchanteur ! Je ne connaissais pas ce poète, et je connais mal d'une manière générale les poètes du Nord mais ces mots coulent d'une source d'une telle évidence, c'est magnifique.
RépondreSupprimerLes poètes du nord sont très difficiles à connaître. Soit ils ne sont pas traduits, soit ils le sont mais dans des éditions peu connues; Et c'est vraiment dommage.
SupprimerApparente simplicité, c'est souvent ainsi que la poésie est la plus belle. Je ne connais pas la région de Bergen, seulement Oslo et quelques fjords du Sud (Geiranger). Et il y a si longtemps.
RépondreSupprimerNous , c'est le Sognefjord que nous avons visité du côté de Balestrand. Une splendeur. Nous sommes moins restés à Bergen.
SupprimerQuel magnifique article. Merci beaucoup de m'ouvrir ainsi des horizons si fabuleux. Je vais tout de suite m'enquérir des publications de ce poète : ce que je viens de lire me plait énormément.
RépondreSupprimerBon week end.
C'est vrai, les poèmes de hauge sont d'uen grande beauté; ils me touchent beaucoup.
SupprimerMon com n'a pas marché. Le revoilà. La simplicité apparente donne à ces poèmes toute leur force. Des fruits, des oiseaux, des rivières. Superbe. Je ne connais pas Bergen, n'étant allé qu'à Oslo et sur les fjords du Sud (Geiranger). Mais il y a si longtemps. Mais tu sais que le Nord m'est magnétique si j'ose dire. Magnifiques photos.
RépondreSupprimerTon commentaire était passé mais je ne l'avais pas encore validé. Moi aussi je suis attirée vers le Nord, ce qui est étonnant pour quelqu'un d'aussi frileux et méditerranéeen que moi!
SupprimerUn pur moment de bonheur, ce billet, Claudialucia.
RépondreSupprimerCoups de cœur pour tes photos, le parc et la maison de Grieg (j'adore ce compositeur, presque autant que Sibelius) mais c'est surtout la photo de ta petite-fille entourant de ses bras le cou de sa maman qui m'émeut. Quelle magnifique et tendre image !
Et quelle journée de rêve pour vous. Un souvenir inoubliable.
Moi non plus je ne connaissais pas Olav Hauge. Ses amis sont en grande partie mes amis. Me voilà donc en amitié avec lui, d'autant plus que son "Sommeil" me fait doucement glisser dans le "rêve paisible".
Côté peinture, j'adore Nicolaï Astrup et suis émerveillée par la lumière de Hans Gude et celle de Rolf Aamot, que je découvre avec ravissement.
Bon dimanche, Claudialucia, grand merci pour cette belle promenade nordique.
Tuas raison, l'image reflète un moment de tendresse et de bonheur; c'est bon de partager un tel moment avec ceux que l'on aime.
SupprimerEffectivement pour toi qui aime tant la peinture, les peintres norvégiens te raviraient. Je vais bientôt parler de Nicolaï Astrup, vu une magnifique exposition à Bergen.
Merci pour cette découverte, moi qui adore les poètes je suis ravie d'en découvrir toujours de nouveau.
RépondreSupprimerJ'aime le côté bucolique de certains vers, et puis l'ensemble est si onirique. ça me plait beaucoup !
je suis aussi emballée que toi!
SupprimerMerci de me faire découvrir ce poète ! J'aime beaucoup " quand je me réveille" et les pommes vertes m'ont faire rire ! Quant à c'est le rêve, je comprends qu'il soit devenu l'emblème de sa génération...
RépondreSupprimerLe rêve est plein d'espoir et les pommes vertes sont si précieuses même piquetées! Quant à je me réveille il exprime tant de désespérance qu'il me touche beaucoup.
SupprimerUn beau pays , très rude que ce poète met bien en avant : Des pommes vertes valent mieux
RépondreSupprimerque pas de pommes
quand on vit ici , au 61e parallèle nord.....
Bonne journée;-)
Oui, le pays est beau mais rude et la vie du poète l'est aussi, la lutte contre sa maladie mentale a été terrible. Ma fille qui est restée en Norvège est allée voir l'asile où il a été interné.
SupprimerUn poète inconnu pour moi, mais sans nul doute à découvrir. Le poème "C'est le rêve" résonne étrangement je trouve, pour les jeunes d'aujourd'hui et m'évoque les nombreux graffitis lus sur les murs de ma ville... qui rappellent ceux de 68.
RépondreSupprimerC'est vrai cela me rappelle 68, beaucoup plus que la génération d'aujourd'hui. En 68, on croyait encore pouvoir changer le monde, on était plein d'espoir.
SupprimerC'est un luxe suprême, surtout quand c'est partagé avec les enfants.
RépondreSupprimerQuel merveilleux billet, si plein de sensibilité, quel doux partage, merci.
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