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Théâtre du Globe |
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Un théâtre du XVI ème siècle
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Théâtre du Globe |
Le 16 Octobre 2016, date historique, je suis allée voir la dernière représentation de l'année au théâtre du Globe, la dernière de la saison car le spectacle est en plein air comme à l'époque élizabéthaine. Il s'agissait de la pièce de Shakespeare Cymbeline que le metteur en scène Matthew Dunster a renommé Imogen, marquant ainsi sa volonté de redonner à Imogen, fille du roi Cymbeline, le premier rôle qui lui revient à juste titre. Elle est, en effet, le personnage le plus important et le plus intéressant de la pièce. Loin d'être une jeune femme soumise et victime, elle prend en main son destin, se dresse contre ceux qui veulent décider pour elle de sa vie, - son père et sa belle mère - et obtient réparation des insultes et des violences qui lui sont faites par son mari et les amis de son mari.
Lorsque j'ai découvert la pièce cette année pour préparer ma visite à Londres
(Voir mon billet ICI), j'ai surtout été frappée par la complexité de l'intrigue, la pluralité de l'action, les invraisemblances, et je me demandais comment l'on pouvait faire passer tout cela sur scène; je m'inquiétais aussi de savoir si je comprendrais quelque chose, moi qui suis nulle en anglais à l'oral ! J'ai découvert depuis que la pièce n'est pas des plus connues du public anglais, ce qui me donnait une (modeste) longueur d'avance par rapport à ceux qui ne l'avaient pas lu !
Mais je savais que de toutes façons j'aurais le sentiment de vivre un moment exceptionnel dans la magie de ce théâtre, dans ce retour au source du XVI siècle.
Voir billet sur le Globe ICI
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La queue pour les places du parterre quelques heures avant la représentation |
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Le public s'amasse autour de la scène quelques minutes avant l'ouverture du rideau |
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Comme les "riches" nous étions au balcon |
Une mise en scène étonnante et enlevée
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Mise en scène de Imogen au théâtre du Globe par Matthew Dunster |
D'emblée la mise en scène de Matthew Dunster m'a conquise, emportée comme je l'ai été dans un tourbillon étonnant, "amazing" comme disait le public, extrêmement enlevé, virevoltant. Le spectacle tient de la danse avec des chorégraphies au rythme endiablé, du cirque avec les cascades des comédiens qui s'envolent au-dessus de la scène, mimant les scènes de combat, mais aussi du pur théâtre qui laisse place aux moments d'émotions tout en mettant nettement en valeur l'aspect comique de la pièce. Longtemps on s'est demandé si Cymbeline était une tragédie ou une comédie. Avec Imogen, Matthew Dunster a tranché : les comédiens ne cessent de nous faire rire. De plus leur gestuelle qui souligne le texte me permettait de mieux comprendre.
Matthew Dunster a choisi de transposer la scène dans une banlieue défavorisée de Londres (ou d'ailleurs) livrée au trafic de drogue. Les règlements de compte, les passages à tabac, les meurtres sont le quotidien. La violence est omniprésente comme elle l'est chez Shakespeare. Et le metteur en scène ne nous épargne pas même s'il en tire parfois un effet comique. Cymbeline est un caïd de la drogue et ceux qui l'entourent ne sont plus des nobles mais ses lieutenants, ses gros bras. Il va se mesurer non pas à un général romain comme dans le texte d'origine mais à un autre caïd. Et comme il se doit dans ce milieu-là les femmes doivent obéir et servir les hommes. Aussi quand Imogen se déguise en garçon (avec sa casquette à l'envers comme un gosse des banlieues) et s'enfuit pour sauver sa vie, l'intrigue est tout à fait crédible. Et le plus étonnant c'est que le texte de Shakespeare respecté à la lettre, servi par de très bons comédiens, semble avoir été écrit pour notre époque et se révèle étonnamment (encore ce mot) moderne. Mais ce n'est pas la première fois que je constate cela à propos de Shakespeare, ce qui est le propre des plus grands dramaturges. On se sent toujours concerné. D'ailleurs le public, en particulier le parterre où la moyenne d'âge était jeune, manifestait son empathie pour Imogen et l'applaudissait quand elle marquait des points. J'ai adoré ce public nature, spontané et enthousiaste; il était un spectacle dans le spectacle !
Bref! Un vrai régal! Un spectacle théâtral que je ne suis pas prête d'oublier !
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Maddy Hill, excellente Imogen, en garçon : survêtement et casquette |
Encore quelques images
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Imogen |
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Un des fils de Cymbeline enlevé à son père dans son enfance. Il cultive du cannabis dans la forêt ! |
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A la fin de la représentation: Le metteur en scène Matthew Dunster et les acteurs |
A côté d'Imogen, Maddy Hill, en noir et avec les béquilles Cymbeline le roi : Jonathan McGuinesss
Génial!!! je l'attendais ce billet. Et je ne m'attendais pas du tout à cette mise en scène. Je vais aller relire ton billet (et le mien) pour me rafraîchir la mémoire
RépondreSupprimercela doit être une sacrée ambiance!
RépondreSupprimerOui, très original. Le public a beaucoup aimé mais cela a déplu : la directrice a été renvoyée me dit-on parce que la mise en scène employait des moyens trop modernes. Il semble que, au théâtre du Globe, il faudrait jouer comme on le faisait au XVI siècle sous prétexte que le théâtre a été construit en respectant le plus possible les moyens de construction de l'époque. Mais sait-on comment on jouait du temps de Shakespeare? D'abord il faudrait bannir les femmes et les noirs! De plus, le propre d'un spectacle vivant, c'est d'évoluer avec son siècle, la grandeur de Shakespeare c'est d'être toujours actuel! C'est triste de vouloir le mettre en conserve!
RépondreSupprimerc'est très intéressant ce que tu écris. Effectivement, Shakespeare était novateur. Et puis, les responsables ne découvrent pas les spectacles le jour de la représentation quand-même!
SupprimerOui, mais je suppose qu'il y a eu la pression de tous ceux qui ont été choqués; en particulier c'est un reproche du Times.
SupprimerQuel souvenir ce doit être ! La mise en scène originale et virevoltante doit aider à faire passer le texte en anglais (en vieil anglais ?). Je n'ai lu que Hamlet dans le texte, parce que l'histoire est connue, donc ça va ! il faudrait que je retente avec un autre titre !
RépondreSupprimerQuand je dis virevoltante, c'est au sens propre; les actuers s'envolent au-dessus de la scène, combattent, se couvrent de sang ...
SupprimerJe n'ai jamais lu cette pièce, aussi je ne pourrais juger de cette adaptation spectaculaire. Mais assister à une représentation dans le Globe reconstruit, j'imagine bien la grande émotion. A l'époque de Shakespeare aussi, le spectacle était en partie dans la salle sans doute.
RépondreSupprimerLa pièce est un peu.. étonnante et peu connue. Effectivement assister à une représentation au Globe, oui, c'est un grand moment.
SupprimerCe doit être une expérience inoubliable, de vivre cette pièce dans cet environnement !
RépondreSupprimerTu as raison, inoubliable.
SupprimerJ'imagine que ce doit être impressionnant. J'aimerais beaucoup fouler cette arène. Bonne journée.
RépondreSupprimerTu me fais saliver,j'ai visité le Globe mais je rêve d'y voir une pièce.
RépondreSupprimerBonjour claudialucia, comme Valérie L, je n'ai fait que visiter ce théâtre sans voir de pièce. Cela doit être en effet assez génial. Merci pour ce partage. Bonne journée.
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