L’heure de plomb de Bruce Holbert paru aux éditions Gallmeister emprunte son titre au poème d’Emily Dickinson cité en exergue :
C’est l’heure plomb-
Dont on se souvient si on y survit,
Comme les gens qui Gèlent se rappellent la Neige-
d’abord-le Froid- puis
l’Engourdissement -puis l’abandon-
Dont on se souvient si on y survit,
Comme les gens qui Gèlent se rappellent la Neige-
d’abord-le Froid- puis
l’Engourdissement -puis l’abandon-
L’heure de plomb, c’est celle que vivent les jumeaux, Luke et Matt Lawson perdus dans la neige, un soir de tempête. Nous sommes en 1918 dans l’état de Washington et le blizzard qui s’abat sur le pays pendant cet hiver est si rigoureux qu’il reste gravé à tout jamais dans les mémoires. Matt est sauvé par son institutrice. Luke meurt de froid ainsi que le père des deux garçons parti à leur recherche. Le père enseveli sous la neige n’est pas retrouvé.
Le roman raconte l’histoire du survivant, Matt, marqué à tout jamais par le drame. Il a 14 ans et se voit voler son enfance, obligé de travailler dans le ranch familial pour remplacer son père, rongé par la culpabilité. Il occupe ses temps libres à la recherche du disparu, une idée fixe qui le hante. C’est au cours de ses pérégrinations dans la région qu’il rencontre Wendy, une adolescente qui l’aide dans sa quête. Elle deviendra le grand amour de Matt devenu adulte. Mais rien n’est simple pour lui. Incapable de vivre un vie normale, de dire ses sentiments, il ne peut les exprimer que d’une manière exacerbée et est sujet à des crises de violence qui effraient la jeune fille. Le récit dira si l’on peut guérir d’une telle enfance.
A côté de ces deux jeunes gens gravitent de nombreux personnages que nous suivrons pendant une soixantaine d'années, l’institutrice Linda jefferson veuve en mal d'enfant, la mère de Matt repliée sur son deuil, son patron le vieux Roland et son fils Jarms définitivement abimé par l’abandon de sa mère.. Des portraits d’hommes et de femmes forts mais blessés par la vie, tous en manque de l'essentiel, l'amour; des êtres parfois primitifs, façonnés par la Nature impitoyable, par cette terre belle mais meurtrière qui exige d’eux d’être durs au mal, à la souffrance. Des êtres violents jusqu’à la folie, et prêts au meurtre; des relations entre hommes et femmes parfois bestiales ... et pourtant dans cet univers noir, la tendresse et l'amour véritable peuvent naître et durer. Et c'est justement parce que l'amour existe, celui de Matt et de Wendy, celui de Roland pour les bébés, que l'espoir renaît et nourrit le récit.
On ne peut qu’être secoué par ce récit haletant qui croisent des destinées terribles racontées sans concession, sans apitoiement, dans un style qui va droit au but et appuie là où cela fait mal. J’avoue que j’ai eu de temps en temps un rejet de ces personnages, de leurs excès, leur brutalité, leurs actes barbares. Mais le talent de Bruce Holbert est incontestable et ne peut laisser indifférent et sa voix résonne longtemps après la fin du livre.
je suis heureuse de lire tes dernières lignes car j'ai eu vraiment du mal à aller au bout de ce livre qui m'a un peu pétrifié
RépondreSupprimerLe moral à zéro avec ce livre ! Mais n'empêche qu'il y a une force là-dedans! Ce n'est pas du sirop à la française ; les américains ont quelque chose à dire !
SupprimerDes taiseux peut-être?
RépondreSupprimerNon pas seulement,dans ce cas précis des malades à la mesure du pays qui est le leur!
SupprimerCe livre semble captivant, je viens de l'ajouter à ma liste qui s'allonge mais heureusement Noël se rapproche...
RépondreSupprimerOui! Mais il faut que tu sois bien aguerrie !
SupprimerLe point de départ me fait penser au frère disparu d'Erlandur (la série d'Arnaldur Indridason) mais la comparaison s'arrête là. Il est très tentant ce roman, mais l'aspect dur que tu soulignes, ainsi que Dominique, me le fait reporter à plus tard ...
RépondreSupprimerJ'y ai pensé aussi ! Mais comme tu le dis la comparaison en reste là ! Les personnages sont d'une âpreté !
SupprimerJ'avoue avoir un peu abandonné ces rudes histoires (pour l'instant!)
RépondreSupprimerOui, il faut avoir le moral pour aller jusqu'au bout, pourtant il n'y a pas que du désespoir et que des monstres dans cette histoire. Le personnage du vieillard Roland est très beau.
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