Avant de partir en Laponie norvégienne, il est logique que je lise les livres de Olivier Truc, journaliste et écrivain français installé à Stockholm, spécialiste des pays nordiques et baltes. Et s’il y a quelqu’un qui connaît bien l’histoire, la culture et le mode de vie des Samis, c’est bien lui ! Je rappelle que le mot lapon étant péjoratif, c’est le terme politiquement et historiquement correct de Sami (ou Same) qui est employé de nos jours en Norvège pour désigner les habitants et de Sapmi pour le territoire qui s’étend sur quatre pays : Norvège, Suède, Finlande et Russie.
La Laponie ou Sapmi |
Le pays Sapmi en Hiver
Rennes sur le vidda (source) |
C’est par Le dernier lapon que je commence. Le récit se déroule en hiver, au mois de janvier, entre la Laponie norvégienne, le Finnmark, dans les villes de Kautokeino et Alta et la Laponie suédoise à Kiruna. Nous sommes en pleine nuit polaire mais le lundi 11 Janvier, précisément, le soleil va faire sa réapparition de 11H24 à 11H41 soit 27 minutes d’ensoleillement, vécues comme un miracle par les habitants plongés dans l’obscurité complète depuis 40 jours.
« C’était la journée la plus extraordinaire de l’année, celle qui portait tous les espoirs de l’Humanité; demain, le soleil allait renaître. Depuis quarante jours, les femmes et les hommes du vida survivaient en courbant l’âme, privés de cette source de vie. »
Bien sûr, c’est le moment des aurores boréales, magnifiques, mais aussi d’un froid intense, des - 40 ° avec un vent venu de Sibérie. C’est un endroit où l’on peut dire que le temps est redevenu « clément » lorsqu’il ne fait plus que -17 !
Nous sommes dans un pays d’éleveurs de rennes. Dans ces hauts plateaux désertiques, le vidda, qui s’étendent entre les fjords et les vallées, les rennes se nourrissent de lichens mais causent bien des problèmes aux éleveurs qui doivent surveiller constamment leurs troupeaux pendant l’hiver avant la grande transhumance vers les côtes au printemps. La création des frontières entre les quatre pays qui divisent désormais la Laponie créent des difficultés supplémentaires !
Les personnages principaux, Klemet Nango, policier sami, et Nina Nansen, nouvelle recrue norvégienne, venue du sud, qui appartiennent à la police des rennes, sont chargés d’arbitrer les litiges entre propriétaires quand les bêtes de troupeaux différents se mélangent, disparaissent ou franchissent les frontières.
L’intrigue policière
Un tambour de Chaman |
L’intrigue policière est basée sur la géologie de la région extrêmement riche en minerais et qui excite dont la convoitise des grandes compagnies internationales. Des lois encadrent les éventuelles exploitations de mines qui vont à l’encontre des modes de vie des éleveurs nomades, d’où l’intérêt d’être le premier et d’agir dans l’ombre. Mais c’est aussi l’Histoire des Samis qui sous-tend toute l’histoire et c’est ce qui est passionnant pour qui veut connaître ce peuple.
Tout commence avec le vol d’un tambour de chaman dans le musée de Kautokeino, ce qui cause un grand émoi dans la population same. En fait, les Samis, ont été christianisés depuis le XVII siècle, peu à peu colonisés puis soumis à une assimilation forcée, par le gouvernement norvégien et par l’église. Les tambours de chaman ont été régulièrement confisqués et brûles par le clergé qui les considérait comme des instruments diaboliques, opposés à la vraie foi. Les persécutions ont été rudes dans le passé mais à l’heure actuelle, les conflits ne sont pas réglés. Certes, la Sapmi a gagné son autonomie, elle a son parlement, son université, sa police, la langue same est reconnue mais le racisme existe toujours incarné un parti d’extrême-droite, le parti du Progrès, qui attise la haine. Un collègue policier de Klemet et Nina, Lars Brattsen, un riche paysan Karl Olsen et le pasteur de la ville, sont les représentants de cette tendance. Le parti des Samis s’oppose à eux.
A ce vol, vient s’ajouter un meurtre, celui d’un pauvre éleveur Mattis que l’on retrouve mutilé.
Klemet et Nina qui jusque là n’avait eu à régler que des problèmes d’élevage, vont devoir résoudre cette double énigme, ce qui les amènera bien loin dans le temps et le passé du peuple same.
Mon avis
Mari Boine chanteuse de Joïk, chant traditionnel sami
Dans ce roman, on s’intéresse, à l’histoire policière qui présente bien des rebondissements. Mais la connaissance approfondie d’un pays et d’un peuple, l’abondance de détails, par exemple sur le symbolisme des tambours, les précisions sur la vie quotidienne, sur la religion, les coutumes, sur l’art - en particulier le chant, les joïks-, sur la géologie de la région, donnent à ce roman une densité particulière.
Les personnages de Klemet et Nina, d’abord un peu flous au début, se précisent peu à peu. j'espère que cela continuera dans le roman suivant. Mais ceux que j’ai préférés, ce sont les portraits saisissants que brosse Olivier Truc de certains éleveurs Samis, qu’ils soient apparemment frustres et pourtant complexes comme Mattis ou primitifs, durs, courageux et altiers comme Aslak. Le personnage du « méchant », le français Racagnal, est aussi réussi.
Un bon roman que je suis ravie d’avoir découvert juste avant mon départ pour le pays Sapmi. Je vais maintenant lire Le détroit du loup du même auteur. Il se passe au printemps et commence avec la migration des rennes vers la côte. On y retrouve les mêmes personnages.
Bon voyage! (je rêve du coin, et d'un aurore boréale, mais faut la bonne saison, et il fait froid).
RépondreSupprimerHélas ! Pas d'aurore boréale, c'est en hiver jusqu'au mois de mars. Et il va faire déjà assez froid en Mai ! Normalement, par un temps pareil on ne devrait pas mettre une Provençale dehors !
SupprimerUne bonne approche.
RépondreSupprimerLe lire juste avant de partir est une bonne approche de la Sapmi, en effet !
Supprimerj'ai beaucoup aimé celui là, j'ai aimé le détroit du loup mais j'ai été déçu par le dernier
RépondreSupprimerune jolie façon de préparer ton voyage
J'ai commencé Le détroit du loup.Il a l'air très intéressant.
SupprimerJ'ai beaucoup aimé aussi, le deuxième également ; il me reste le troisième à lire (j'ai eu l'occasion de voir Marie Boine Persen en concert deux fois. Superbe).
RépondreSupprimerTu l'as vue en concert? Elle a une voix magnifique !
SupprimerJe vais commencer la loi de Same ! Je vais découvrir ce peuple dans ce roman policier ! JE note aussi cet auteur, Olivier Truc, car je lis pas mal d'éloge sur ce romancier.
RépondreSupprimerJe vais lire la loi des sames ! Je vais plonger dans le même univers que toi. Je note cet auteur car j'ai lu pas mal d'éloge sur ce romancier.
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé ce premier roman, et échanger quelques mots avec l'auteur, mais je n'ai pas accroché au deuxième... ça doit venir de moi, il semble apprécié aussi. Et j'ai un disque de Mari Boine qu'une de mes filles avait du m'acheter : le genre de voix que j'aime...
RépondreSupprimerBonojur Claudialucia, ce Dernier Lapon est à mon avis le meilleur d'Olivier Truc. Le détroit du loup m'avait un peu déçue et je l'avais trouvé trop long et La montagne rouge ne m'a pas emballée du tout. Bon voyage en pays Sami.
RépondreSupprimerUn magnifique voyage à venir que je t'envie beaucoup 😉 je me glisserais bien dans ta valise 😉 en tout cas je te souhaite un bien beau voyage, profite en bien 😌 quant au dernier lapon il est dans ma pal et tu me donnes bien l'envie de l'an sortir très vite
RépondreSupprimer