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mardi 25 juillet 2017

Les bonnes de Genêt mise en scène de Katie Mitchell Festival In d'Avignon


De Meiden d'après les Bonnes de Jean Genêt, mise en scène de Katie Mitchell

J'ai lu et présenté Les Bonnes dans mon blog ICI 
Deux bonnes, Claire et Solange, profitent de l'absence de Madame pour investir sa chambre : Claire enfile une robe de sa maîtresse et devient Madame et Solange joue le rôle de sa soeur cadette Claire. Leur conversation nous apprend par bribes et par recoupements que Claire a accusé Monsieur de malversations par une lettre anonyme. Il est maintenant en prison. Et Solange a cherché à tuer Madame sans avoir le courage d'aller jusqu'au bout. Mais elles reçoivent un coup de téléphone de Monsieur qui est libéré et comprennent qu'il a découvert la vérité et va la révéler à Madame. Elles décident de tuer leur maîtresse en empoisonnant son tilleul. Celle-ci qui a appris la bonne nouvelle part rejoindre son amant en refusant de boire la tisane. Solange et Claire reprennent leur jeu de rôles. Claire redevenue Madame boit le tilleul présenté par Solange-Claire et meurt. Toutes deux ont perdu le sens de la réalité et leur véritable identité. 

La pièce surtitrée est présentée en néerlandais et polonais car Katie Mitchell, metteure en scène anglaise qui vit au Pays-Bas, a voulu transposer l'action de la pièce de Genêt à Amsterdam, dans un milieu bourgeois qui emploie (et exploite) des bonnes immigrées polonaises. Ceci afin de mieux coller à l'actualité. 
Autre transposition qui personnellement me convainc moins, Katie Mitchell fait de Madame un transsexuel. Féministe, elle ne veut pas montrer l'exploitation des femmes par une femme mais par un homme. A la limite ceci me paraît parfois gênant car les séances d'habillage de "Madame"  avec le harnachement spécial pour la transformation d'un homme en femme paraît anecdotique et détourne l'attention du sens de la pièce.

Sur la scène, une chambre à coucher cossu et un dressing bien fourni. Le décor rompt le huis clos par l'aménagement d'un couloir, espace qui permet une échappée vers la cuisine : deux domaines séparés et opposés. La metteure en scène, en effet, met l'accent sur le conflit social, l'exploitation des bonnes, la maltraitance.
 Genêt faisait agir Madame comme une privilégiée un peu sotte, égocentrique voire égoïste, incapable de comprendre les sentiments des  personnes à son service et de ce fait les humiliant sans même s'en rendre compte. Katie Mitchell, elle, met en scène une "Madame", homme brutal, violent, qui humilie physiquement les bonnes, en les frappant et les terrorisant. La Madame de Genêt est "bonne" envers ses "bonnes"; l'auteur joue d'ailleurs sur ces mots. Du coup, l'humiliation est plus subtile et plus perverse finalement que celle imaginée par K. Mitchell. 

La mise en scène propose donc un point de vue auquel je n'ai pas complètement adhéré mais qui se défend même si le spectacle est un peu froid. Mais il faut dire que les monstrueuses bonnes de Genêt ne peuvent pas attirer l'empathie et pour cause !  Ajoutons que les trois comédiens sont excellents. 


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