Livre de la cité des dames de Christiane Pisan |
Incroyable comme la notion de danger est souvent liée aux femmes qui écrivent avec son corollaire : la peur ! Danger et peur ! Mais il faut noter que soit elles sont dangereuses pour elles-mêmes, soit pour les autres. Soit on a peur pour elles, soit ont a peur d'elles ! Il est vrai que dans ce dernier cas, les hommes écrivains pourraient l'être tout autant !
Les femmes qui écrivent vivent dangereusement Laure Adler
Les femmes qui écrivent vivent-elles dangereusement ? Certaines d'entre
elles - pour qui l'écriture nécessite solitude, rupture du lien social,
repli dans un cercle familial choisi, souffrances intérieures
exacerbées, corps négligé, mais cerveau en ébullition - manquent de
pitié pour elles-mêmes, meurent jeunes, en pleine lucidité, faisant face
aux terreurs suprêmes.
Les soeurs Bronté, Jane Austen reconstruisent le réel par leur imaginaire. D'où la nécessité de leur solitude.
Les soeurs Bronté, Jane Austen reconstruisent le réel par leur imaginaire. D'où la nécessité de leur solitude.
Sur Jane Austen
Voici le jugement que porte sur Jane Austen, l'une de ses connaissances. C'est une amie d'une certaine Mrs Mitford qui connaissait Jane et ne l'appréciait pas.
Ensuite
vient l'amie anonyme de Mrs Mitford qui lui rend visite et selon qui
"elle (Jane) s'est pétrifiée dans le bonheur du célibat pour devenir
le plus bel exemple de raideur perpendiculaire, méticuleuse et taciturne
qui ait jamais existé; jusqu'à ce que "Orgueil et préjugés" ait
montré quel diamant précieux était caché dans ce fourreau inflexible, on
ne la remarquait pas plus en société qu'on ne remarque un tisonnier ou
un pare-feu... Il en va tout autrement maintenant, poursuit la bonne
dame, c'est toujours un tisonnier, mais un tisonnier dont a peur... Un
bel esprit, un dessinateur de caractères qui ne parle pas est bien
terrifiant en vérité!"
Olga Tokarczuk
L'écrivaine polonaise, prix Nobel de littérature, Olga Tokarczuk, dans son livre Sur les ossements des morts prête les pensées suivantes à la narratrive, Janina, personnage principal de son roman qui a pour voisine une femme écrivain :
Si
je la connaissais moins bien, j'aurais peut-être lu ses livres. Mais
puisque je la connais, j'ai trop peur de cette lecture. Peur de m'y
reconnaître, présentée d'une façon que je ne pourrais certainement pas
comprendre. Ou d'y retrouver mes endroits préférés qui, pour elle, n'ont
pas du tout la même signification que pour moi. D'une certaine façon,
les gens comme elle, ceux qui manient la plume, j'entends, peuvent être
dangereux. On les suspecte tout de suite de mentir, de ne pas être
eux-mêmes, de n''être qu'un oeil qui ne cesse d'observer, transformant
en phrases tout ce qu'il voit; tant et si bien qu'un écrivain dépouille
la réalité de ce qu'elle contient de plus important : l'indicible.
Et puis il y a cette affirmation de Marguerite Duras :
Tout le monde sait écrire à condition de savoir aller jusqu’au plus profond de notre puits noir. »
Très intéressant ! Merci. Toutefois, je n'adhère pas à la citation de Marguerite Duras à propos du "puits noir".
RépondreSupprimerBonne journée.
Ce n'est peut-être pas vrai pour certains écrivains mais pour elle le "puits noir" convient bien, non ?
Supprimerj'aime beaucoup ton billet, j'adore ces femmes dangereuses, à la plume parfois noire et acérée
RépondreSupprimerOui, moi aussi ! la description de Jane Austen m'amuse toujours beaucoup parce que la femme qui parle ou écrit a elle-même une langue (ou un plume) acérée ! et parce qu'elle a bien compris ce qu'était Jane Austen que certains s'obstinent à croire sentimentale et eau de rose !
SupprimerDangereuses...pour la commodité des hommes, certainement!
RépondreSupprimermerci, moi aussi j'aime beaucoup ce billet.
Oh! Oui, bien sûr ! mais pas seulement! Dangereuses pour tous, hommes ou femmes si ces dernières passent sous leur plume acérée. Regarde Jane Austen, quand elle décrit les mères d'un certain âge avec leurs ridicules et leur esprit borné comme Mrs Bennet, la mère d'Elizabeth..
SupprimerL'extrait de Olga Tokarczuk est amusant ! J'en étais encore aux femmes qui lisent... Je suppose que ce titre-ci est également bien illustré.
RépondreSupprimerJ'aimerais bien lire Les femmes qui lisent !
SupprimerVaste et passionnant sujet !
RépondreSupprimerLe "puits noir" de Duras, pour moi c'est l'inconscient personnel, duquel jaillit par intermittence l'inspiration.. à condition d'y prêter attention.
Christelle Dabos a sûrement puisé à cette source pour écrire les quatre tomes de "La Passe-Miroir" que je considère comme une transposition (sur le mode fantastique) de la situation inquiétante dans laquelle se trouve notre monde actuellement...
Dangereuses? Serait-ce parce qu'elles se donnent à fond une fois qu'elles décident d'écrire? Ce qui vaut très certainement pour d'autres engagements.
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