Avec l'Odyssée de Sven de Nathaniel Ian Miller, nous sommes en 1916 à Stockholm. Sven est une jeune homme imaginatif, qui lit beaucoup et rêve, non sans romantisme, d’aventures dans le Grand Nord. Il est ouvrier et son travail lui pèse et l’ennuie. Il décide de partir au Spitzberg travailler dans les mines et là, la réalité le rattrape. Non seulement il n’est pas question de voir le pays mais encore les conditions de travail sont extrêmement pénibles et une galerie s'effondre sur sa tête, le laissant défiguré et objet de répulsion. Seul l’amitié de McIntyre, géologue écossais, intellectuel avec lequel il partage l’amour de la lecture, va lui permettre de survivre. C’est auprès d’un autre ami, finlandais, socialiste, le trappeur, Tapio, qui vit les tragédies et les violences que connaît la Finlande déchirée par la guerre civile, qu’il va apprendre son métier avant de se couper du monde et vivre de ses chasses. Enfin, il est rattaché à la vie par sa soeur Olga, sa nièce, Helga et la fille de celle-ci, qui ont continué à lui écrire malgré ses silences.
Inspirée d’une histoire vraie, l’odyssée de Sven nous amène donc aux confins des pays nordiques, dans le Spitzberg. Le roman de Sven, est bien, en effet, une épopée tant les dangers à affronter sont nombreux, les animaux sauvages, les tempêtes, la nuit arctique, la neige, le froid, la faim, la solitude, la folie.
« Ainsi commença la période sombre, comme je l’appelle. Sauf qu’elle n’était pas si sombre que ça. C’est plutôt que mon esprit s’assombrit, comme une pièce éclairée par la lumière du jour, et puis soudain on baisse les stores et il ne reste que la flamme vacillante d’un petit bout de chandelle de suif. »
Sven, décide de vivre seul, coupé de ses semblables pendant de longs mois, et, à travers lui, nous assistons à la trajectoire d’un esprit qui va au-delà de ce qu’il est possible à l’être humain de supporter, au risque de se perdre.
"Une meilleure métaphore pourrait être ceci : la vie dans le vide est sans blessures, car rien ne peut vous toucher. Mais le vide est froid. Et le froid mord alors même qu’il engourdit."
Il ne reviendra des Enfers que par la présence et l’amitié de ceux qui l’aiment et, ne l’oublions pas, par la présence et la fidélité de son chien Eberhard : « je frissonne à la pensée du tour que les choses auraient pu prendre sans Eberhard. »
L’odyssée de Sven est un roman plein d’une sourde tristesse, plein de douleur, où la beauté de la nature n’a d’égale que la cruauté, où chacun se retrouve seul et affronte des moments terribles mais c’est aussi un histoire pleine d’humanité qui laisse la place à l'espérance grâce à l’amitié, la solidarité et le partage. Un beau roman !
J'ai beaucoup aimé ce roman, j'en retiens surtout la positif : amitié et solidarité... et les paysages du Spitzberg aussi, bien sûr !
RépondreSupprimerQuelle phrase terrible que celle-ci : "la vie dans le vide est sans blessures, car rien ne peut vous toucher. Mais le vide est froid. Et le froid mord alors même qu’il engourdit."
RépondreSupprimerla tristesse venant des auteurs du nord de l'Europe est souvent très bien racontée trop peut-être pour moi !
RépondreSupprimerJ'avais déjà repéré ce livre chez Kathel. Ton avis ajoute un bon point dans la balance
RépondreSupprimerCe n'est pas le premier roman sur ce sujet, Indian Creek de Pete Fromm par exemple, mais c'est le genre de récit dont je ne me lasse pas. C'est noté !
RépondreSupprimerPfiou, il aurait peut-être mieux fait de rester dans la civilisation, certes plus ennuyeuse, mais plus tranquille que le Grand Nord et ses dangers.^^
RépondreSupprimerUn roman que j'ai déjà noté, chez Kathel peut-être. Je n'ai pas trop envie d'une lecture très sombre, mais si l'aspect humain compense, c'est bon. En plus il est à la bibliothèque.
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