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lundi 15 juillet 2013

Mes nouveaux challenges : Pavé de l'été, Destination PAL, Le mois de Septembre québécois


Et voici le challenge estival de Brize (blog : Sur mes brizées)

L'été revient (enfin, l’été théorique au moins !) et avec lui, le Challenge pavé de l'été, dans sa deuxième édition (avec pour marraine celle qui m’avait suggéré l’année dernière de le lancer, dans la foulée de mon billet "Où l’on échange[ait] des idées de pavés-pour-l’été") !
Les règles du jeu sont les suivantes :
- vous vous engagez à lire un pavé ( = au moins 600 pages, quel que soit le format) au cours de cet été. Le pavé peut être un roman, ou bien un recueil (du style omnibus) de romans ou nouvelles, mais aussi une biographie, un essai (euh, là, j’ai des doutes ;) !). Pas besoin d’indiquer déjà quel sera le pavé choisi, vous verrez en fonction de l’humeur du moment.
- vous publiez un billet au sujet de ce pavé avant la date de clôture du challenge, à savoir le 15 octobre 2013 (date postérieure à la fin de l’été, vous l’aurez noté, mais c’est pour vous laisser le temps de rédiger).

J'ai adopte le challenge Pavé de l'été, d'abord parce que j'adore les pavés (et oui un gros livre me procure un frisson de bonheur par anticipation : ah! je vais avoir le temps de me régaler!), ensuite par ce que j'en ai beaucoup dans ma PAL. J'ai déjà choisi les romans suivants  :

Les amoureux de Sylvia d'Elizabeth Gaskell

L'homme qui rit de Victor Hugo (lecture commune avec Aifelle, Miriam, Rosamond pour le 30 août)

 Un recueil de "romans terrifiants" : Walpole, Lewis, Radcliffe, Hoffmann...)

ce qui m'amène à mon second challenge estival chez Lili Galipette :



Bonjour à tous. Je suis Lili Galipette, votre capitaine de bord. Merci d’avoir pris place à bord d’Air Galipette. Notre destination : votre PAL.

Avant le décollage, quelques consignes de sécurité. Veuillez ne pas attacher votre marque-page à un seul livre. Les issues de secours se situent à chaque page. En cas de dépressurisation, des romans tomberont des étagères : merci d’aider vos conjoints et vos enfants à les ouvrir et à suivre chaque ligne. Notre personnel de bord reste à votre disposition pendant tout le voyage.

 Pour moi, il comprendra évidemment le roman irlandais à lire dans le cadre du blogoclub de Sylire et Lisa :

Nuala O'Faolain : On s'est déjà vu quelque part 

Robert Louis Stevenson : Le maître de Ballantrae :  publié aujourd'hui

Laure Murat : La maison du docteur blanche : que je viens de terminer
 
Les pavés notés plus haut et je puiserai au hasard dans les livres de ma PAL ... 





Le but: découvrir davantage la littérature de chez nous.  Et comme je vais être généreuse cette année, je peux aussi inclure la littérature canadienne francophone (en fait, je veux relire Gabrielle Roy, qui a vécu au Québec mais qui est née au Manitoba... oui, je sais, je suis en conflit d'intérêt avec moi-même... mais ya des avantages à faire les règles!)
 
Pour ma part, je compte bien lire uniquement du québécois pendant ce mois de septembre.  Mais pour participer, pas obligé d'en faire autant!  Il suffit d'un billet, en fait.  Et je suis ouverte à tout : livres, BDs, photos de voyage, musique, documentaire sur la poutine, artistes, histoire, langage et expressions... ce qui vous plaît!  Et pour compter, il faut soit que l'auteur soit né au Québec, soit qu'il ait vécu au Québec, ou que l'histoire se passe au Québec.  Comme l'an dernier, quoi!   Plus on est de fous, plus on rit!
 
Pour l'instant, il n'y a pas des milliers d'événements prévus mais ça a le temps de changer. 
 
Pour ce qui est des lectures communes... il y en a relativement peu... pour l'instant.
 
12 septembre -  Autour de de Gabrielle Roy - Yueyin, Denis et moi pour Bonheur d'occasion, Sylire pour "La montagne secrète". 
16 septembre -Un roman de Michel Tremblay au choix - Yueyin, Jaina, Cryssilda, Mélissa, Clara, Choupynette, Denis, moi
20 septembre - Un roman de Jacques Poulin - Yueyin, Sylire, moi, Anne, Valentyna
25 septembre - Un tome de "Filles de lune" d'Elisabeth Tremblay - Isallysun et moi
Un roman de Sylvain Trudel pour Yueyin, Alexand

Je n'ai pas encore fait mon choix et sachez que l'on peut proposer  nous aussi des LC. Allez voir chez karine pour trouver des idées.

Merci à toutes les organisatrices de ces challenges et bonnes lectures!


Robert Louis Stevenson : Le maître de Ballantrae


Le maître de Ballantrae de Robert Louis Stevenson est un superbe roman qui se déroule en Ecosse, au XVIII siècle et commence avec la bataille de Culloden en 1745 qui vit l'écrasante défaite des écossais, partisans des Stuart, battu par les anglais. Du côté des écossais, le prince Charles, descendant du roi catholique Jacques II Stuart s'oppose au  roi George, descendant de la dynastie des Hanovre, protestant…

Cette tragédie retentit dans tous les foyers écossais déchirés entre le passé et le présent, la fidélité aux Stuart ou la nécessité de faire allégeance au roi George, et marque plus profondément encore la noble famille des Durrisdeer puisqu'il consacre la fracture entre les deux frères, l'aîné, Sir James, le Maître de Ballantrae, et Henry, le cadet .

James, l'héritier, est le préféré de son père et de sa cousine Alison qui doit l'épouser. James a toutes les séductions, racé, élégant, il est intelligent, cultivé, brillant et beau parleur. Il séduit tous les coeurs et jouit d'un immense prestige dans le pays. Mais toutes ses qualités sont au service du mal : il aime trop  l'alcool et l'argent; il est dissimulé,  malhonnête, rusé et sans scrupules, violent, habile manipulateur car très bon connaisseur de l'âme humaine. Tout le contraire de son frère, Henry qui est terne, sans culture, ennuyeux mais  honnête, bon fils et bon gestionnaire du domaine, ce qui le fait considérer par rapport à son frère dissipé et prodigue, comme un avare. Deux personnalités entièrement opposées. 
En 1745, le maître de Ballantrae  décide de rejoindre le prince Charles alors que son père ordonne qu'il reste au domaine puisqu'il est l'aîné. Quant à Henry, il désire partir. Il sait que sa position en tant que cadet sera délicate dans le pays si ce n'est pas lui qui part. Une violente dispute éclate entre les deux frères et James l'emporte. Il part et sa mort est annoncée après la défaite de Culloden. Henry devient l'héritier du domaine  mais il passe pour traître et est très impopulaire auprès de la population. Il  épouse Alison qui continue à vouer un culte à son cousin, un héros qui a donné sa vie pour une noble cause.  Pourtant, James n'est pas mort. Il ne supporte pas la perte de son titre et de son héritage. Dès lors, une lutte féroce va opposer les deux frères.

Le roman de Stevenson est d'abord un magnifique récit d'aventures (même s'il n'est pas que cela). Si nous sommes plongés dans l'Ecosse du XVIII siècle, nous voyageons bien loin à la suite du maître de Ballantrae, dans les sauvages contrées d'Amérique du Nord peuplées d'indiens féroces, où anglais et français s'affrontent dans des guerres meurtrières, en France mais aussi dans les  Indes orientales en proie à la révolte des Cipayes. Nous partageons la vie de pirates dont le capitaine sanguinaire, sorte de psychopathe sans cervelle, passe allègrement à la planche ou au fil de l'épée tous ses ennemis voire aussi ses amis s'ils le contrarient!  Certaines moments du roman, marquants, sont des scènes de bravoure parfois hallucinantes et inoubliables comme celle du duel qui oppose les deux frères dans la nuit à la lueur des chandelles, celles réitérées où Henry va s'asseoir  sans mot dire sur un banc devant la porte de son frère devenu tailleur pour mieux savourer la déchéance de celui-ci, ou encore la scène où l'on sort de sa tombe le maître de Ballantrae enterré vivant…  Le roman oscille ainsi sans cesse entre réalisme (la situation historique) et fantastique (le maître de Ballantrae laissé pour mort renaît plusieurs fois de ses cendres comme le phoenix! Il semble parfois doté d'une force ou d'une habileté satanique)  et la puissance du style donne à sentir et à partager ces courants de haine fulgurants qui circulent entre les deux hommes.

La structure du roman vient ajouter à la complexité du récit.  Le narrateur est Mackellar, l'intendant, qui entre au service de la famille peu de temps après 1745. Il devient un fidèle de Henry dont il raconte l'histoire en prenant fait et cause pour lui.  C'est aussi un personnage à part entière qui joue un rôle dans le récit, intervient et modifie le destin des deux frères en prenant des initiatives et en révélant la vérité à Lady Alison au sujet de James. Un narrateur qui est aussi témoin de l'histoire. Les aventures du Maître sont complétées par les mémoires du chevalier Burke, irlandais, lui aussi rescapé de Culloden, qui partage un moment la fuite du Maître et subit son influence, tout en éprouvant envers lui un curieux mélange de répulsion et d'admiration.

 Stevenson en reprenant l'image biblique de Cain et Abel,  explore à travers les deux frères comme il l'a fait dans L'étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde le dualisme entre le Bien et le Mal. Mais ici, ce n'est pas un seul personnage qui incarne, par un dédoublement de la personnalité, à la fois le mal et le bien. James et Henry sont comme les deux côtés d'une pièce, pile ou face, cette même pièce que James va jeter pour décider lequel d'entre eux va rejoindre l'insurrection de 1745 remettant au hasard, comme s'il s'agissait d'un jeu, une décision qui va provoquer au-delà de la tragédie nationale, une tragédie familiale. L'un, James semble représenter le mal, l'autre, Henry, le Bien, un manichéisme qui va pourtant être bouleversé par l'intelligence de l'analyse. Car si l'on y regarde près, Henry ne représente le Bien que parce qu'il est terne, sans élévation, sans  désir et sans grande passion. Même l'amour qu'il éprouve pour sa  cousine, ne fait pas de lui un amant romantique et prêt à tout. La raison guide Henry, alors que la démesure caractérise le maître de Ballantrae et c'est à lui que va notre admiration. C'est, pour l'auteur, l'occasion de révéler à travers ce personnage la fascination exercée par le Mal, les séductions qu'il présente et qui le rend mille fois plus attirant que la grise sagesse. Le maître de Ballantrae peut séduire même ceux qui lui sont le plus farouchement opposés comme l'intendant, Mackellar, fidèle partisan de Henry, le chevalier de Burke, ou le lecteur lui-même qui est amené à apprécier les qualités brillantes de cet homme extraordinaire. Et de même que le mal séduit, de même le Bien peut être sapé peu à peu et détruit. Henry corrompu par la haine, tombe dans une déchéance mentale proche de la folie et ne peut penser qu'à la vengeance.

Un très grand roman dont on dit à juste titre qu'il est le chef d'oeuvre de Stevenson.


Lecture commune   du maître de Ballantrae avec Nathalie et Ys :


Voir Nathalie : Chez Mark et Marcel 



 Chez Aymeline

Chez Lili Galipette

lundi 8 juillet 2013

Rappel : La LC de Stevenson Le maître de Ballantrae





Ys a lancé une LC  : Le maître de Ballantrae de Stevenson  dont je vous avais parlé sans préciser la date : Le 15 Juillet. Pour celles qui se sont inscrites chez moi mais pour qui la date serait trop rapprochée, vous pouvez prendre plus de temps, du 15 Juillet au 29 Juillet. Cette lecture rejoint le challenge victorien d'Aymeline .
Si vous n'êtes pas inscrit vous pouvez toujours nous rejoindre. 






Quant à moi, je suis absente dans mon blog - en dehors des LC - et dans les vôtres pour quelque temps pour cause de petite fille et de festival d'Avignon...

A bientôt... Bonnes vacances à tous!

dimanche 30 juin 2013

Beaucoup de bruit pour rien de William Shakespeare : réponse à l'énigme n° 72

Mois anglais de Ttitine et Lou
La pièce Beaucoup de bruit pour rien a été publiée en 1600 et été vraisemblablement interprétée au théâtre en 1598-1599. Si cette comédie a la faveur du public, elle a essuyé au cours des siècles de nombreuses critiques, ce qui n'empêche pas d'être une délicieuse comédie et l'une des plus jouées sur scène.

Beaucoup de Bruit pour rien de Kenneth Branagh

Beaucoup de bruit pour rien, le titre, résume bien la pièce. Tous les personnages s'y agitent, se disputent, s'accusent, souffrent ou rient, mais pour des raisons qui  ne correspondent à aucune réalité. Il s'agit d'une comédie des erreurs, les personnages portent des masques au sens propre, se déguisent, refusent de s'avouer leurs sentiments, jouent sans cesse un rôle et se laissent abuser par les apparences.
La pièce est fondée sur un parallèle entre deux couples, les inénarrables Benedict, gentilhomme de Padoue, et Beatrice, nièce de Leonardo, seigneur de Messsine, qui représentent l'aspect comique. Tous deux professent le même dédain pour le mariage, tous deux sont dotés d'une grande intelligence, d'un esprit brillant et d'un art piquant de la répartie, tous deux s'affrontent dans des joutes verbales qui sont un des grand plaisirs du spectacle. Et tous deux se détestent bien sûr, sauf qu'ils ne s'intéressent qu'à l'un et l'autre et prennent bien trop de plaisir à se disputer … ensemble! Mais pour s'avouer leur amour, il leur faudra l'intervention malicieuse de leurs amis qui imaginent une ruse dans laquelle les deux jeunes gens tombent de plain-pied! Beaucoup de bruit pour rien!
L'autre couple, Hero et Claudio, incarnent le pendant romanesque de Benedict et Beatrice.  Ainsi Héro, la fille vertueuse de Léonato, est fiancée à Claudio, seigneur de Florence et compagnon d'armes du prince d'Aragon, Don Pedro. Ils vont se marier mais Don Juan, le frère bâtard de Don Pedro, plein de haine pour Claudio veut empêcher le mariage. Grâce à un subterfuge, il fait croire au jeune homme que sa promise le trompe. Claudio, furieux, la répudie en public ; celle-ci, déshonorée, s'évanouit et bientôt son père effondré annonce sa mort. Mais est-elle réellement morte? Le spectateur sait que non! Comment Claudio comprendra-t-il son erreur?  Le personnage a été trompé par l'apparence, toute l'accusation repose sur du vide. Son attitude a provoqué larmes et cris, souffrances, fureur et querelles. Bref! Là encore beaucoup de bruit pour rien!

Pourtant, même si nous restons dans le domaine de la comédie, il y a dans les deux derniers actes où Hero est faussement accusée une violence qui tranche avec le ton de la comédie. En fait, tous  les ingrédients de la tragédie sont réunis et annoncent déjà Othello : Claudio se laisse berner par Don Juan et ses comparses, il est prompt à croire à la culpabilité de Hero, il est cruel et impitoyable quand il l'humilie devant tous, Hero meurt symboliquement comme Desdemone mourra réellement.  Il bafoue Léonato, le père de Hero, qui demande justice en vain. Il raille Benedict qui le défie pour venger Hero à la demande de Beatrice.

C'est ce qui a suscité les critiques négatives  des critiques envers cette pièce : En premier lieu, écrit Palmer, il semble que Shakespeare ait fait l'erreur de choisir une histoire romanesque qui ne se prêtait pas à un traitement comique.

Et c'est vrai que ces scènes sont chargés d'une si forte émotion que la fonction comique de Benedict ou des personnages de farce comme Verjus et Cornouille, ne parvient pas à les dédramatiser. Si bien que Claudio nous apparaît comme un personnage brutal, dur, sans aucune sensibilité. Son amour semble bien superficiel à tel point que certains critiques ont pu dire que son mariage n'était que de convenance. Ce que n'a pas voulu Shakespeare. Claudio aime Hero d'amour vrai mais le dramaturge en voulant maintenir le registre comique ne peut pas développer les sentiments du jeune homme sauf au moment où il exprime sa douleur d'avoir été trahi par Hero. A sa mort, il nous paraîtra par contre bien indifférent.

Kenneth Branagh et Emma Thompson : Benedict et Beatrice

C'est certainement une erreur que j'ai ressentie chaque fois que j'ai vu la pièce. Je n'arrive pas à croire à l'amour de Claudio et je suis furieuse que Hero l'épouse malgré tout! Ceci dit, j'adore cette pièce brillante et gaie et les personnages de Beatrice et de Benedict qui sont mes chouchous.  Et puis quelle femme, cette Beatrice! Elle n'a pas l'intention de se laisser dominer par les mâles et elle agit en conséquence. Je suis sûre qu'à cette époque on l'appellerait facilement mégère mais heureusement non apprivoisée (ouf!). Elle a les qualités de la Catherine de La mégère apprivoisée sans en avoir les défauts et elle se montre l'égale de Benedict qui la reconnaît comme telle..

Acte II scène 1
Leonato 
Allons ma nièce, j'espère te voir un jour pourvue d'un mari.
Beatrice
Pas avant que Dieu fasse les hommes de quelque autre substance que l'argile. N'est-ce pas affligeant pour une femme d'être sous la domination d'un petit tas de fanfaronne poussière, d'avoir à rendre compte de sa vie à une motte de glaise despotique? Non, mon oncle, je n'y consens pas. Les fils d'Adam sont tous mes frères et vraiment, je tiendrais à péché de prendre un mari parmi les miens.

 Le film de Kenneth Branagh : J'ai adoré l'interprétation de Kenneth Branagh et d'Emma Thompson dans les rôles de Benedict et Beatrice : ils sont pleins d'esprit, de gaité, de vivacité. les autres personnages aussi sont très bien interprétés. La mise en scène dans des décors naturels est vivante, amusante et enlevée. Un film très réussi.



La réponse à l'énigme de ce samedi 29 Juin :


 
  l'énigme n°72


la pièce : Beaucoup de bruit pour rien de William Shakespeare


le film : Beaucoup de bruit pour rien de Kenneth Brenagh


Les vainqueurs du jour  : Dasola, Eeguab, Keisha, Lewerenz,  Nanou, Pierrot Bâton ... et merci à vous tous, les fidèles qui êtes venus au  rendez-vous du cinéma et de la littérature chaque samedi pendant toute l'année.


 Ceci est le dernier samedi avant les vacances. Je vous souhaite à tous un bel été et de bonnes vacances!

Challenge de Maggie et Claudialucia

Théâtre  : Challenge d'Emelle

samedi 29 juin 2013

Un livre/un film : Enigme n° 72



 
L'énigme du samedi est aujourd'hui encore sous le signe du mois anglais initié par Titine et Lou et Hilde. Mais comme Un livre/ un film s'arrête pendant les vacances, c'est aussi la dernière énigme du samedi. Bon été à tous!

Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.
Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.
 
Enigme 72
 
Cette comédie anglaise a été publiée en 1600 et met en scène deux couples dont l'un vit une histoire qui pourrait devenir tragique et l'autre est son pendant comique. Cette pièce qui explore le thème de l'erreur, est une des plus appréciées de son auteur par les spectateurs contemporains alors qu'elle a connu un échec quand elle a été jouée pour la première fois sur scène en 1598.


Don P.
-Voulez-vous de moi, madame?
B.
- Non, monseigneur. A moins d'avoir un autre mari pour les jours ouvrables : Votre Grâce est trop magnifique et ne peut se porter que le dimanche... mais je supplie votre Grâce de me pardonner, je suis née pour plaisanter sans rime et raison.
Don P.
- Votre silence est ce qui vous offenserait le plus, et la gaîté ce qui vous sied le mieux : à n'en pas douter vous êtes née dans une heure de joie.
B.
- Non, certes, monseigneur, car ma mère criait... mais il y avait une étoile qui dansait, et c'est sous cette étoile que je suis née.
 
 
 

jeudi 27 juin 2013

Kate Summerscale : L'affaire de Road Hill House

Le mois anglais de Lou et Titine

Le livre de Kate Summerscale L'affaire de Road Hill House est une lecture très intéressante. J'attendais un roman, je découvre un reportage historique selon les mots d'une journaliste, sur un meurtre commis en 1860 et analysé par une écrivaine du XXI ème siècle.

En 1860, en effet, le corps d'un petit garçon, Saville Kent, est retrouvé, la gorge tranchée. Qui a pu commettre un acte aussi barbare dans une maison qui était fermée pour la nuit et d'où l'on ne pouvait pénétrer de l'extérieur? Seul un membre de la maisonnée peut être coupable. Les soupçons se portent tour à tour sur la nurse, le père, la soeur, les domestiques… Le célèbre détective de Scotland Yard, Jack Witcher qui a réellement existé, mène l'enquête. Mais  l'affaire est passablement embrouillée…

Le roman est intéressant parce qu'il nous fait pénétrer dans l'intimité d'une famille de l'époque victorienne et révèle ainsi l'envers du décor, les atteintes à la morale sous la respectabilité, les cruautés ensevelies sous le secret, la vérité sous l'apparence. Dans un siècle où la famille est considérée comme le fondement inaltérable de la société, où le mariage est une institution sacrée, l'affaire de Road Hill House lève le voile et la réalité qu'elle reflète crée un séisme dans le pays. Kate Summerscale s'appuie sur  les archives du procès, les rapports des détectives qui se sont succédés, les articles des journaux, des documents précis qui explorent les moindres détails même ceux les plus intimes concernant la vie de la famille et de son entourage.
Les procédés policiers donnaient nécessairement dans le sordide : on mesurait les tours de poitrine, on examinait le linge de nuit en quête de sueur et de sang, on posait des questions indélicates à des jeunes femmes respectables.
Une image bien trouble de cette société apparaît dans laquelle l'homme peut non seulement pratiquer l'adultère avec la gouvernante de ses enfants mais encore reléguer sa femme à un rang subalterne, la priver de l'amour de ses enfants et la faire passer pour folle si elle le dérange dans sa vie sexuelle, un monde où la gouvernante devenue la nouvelle épouse peut privilégier ses propres enfants au détriment des premiers nés comme la marâtre des contes. Kate Sumerscale ressuscite ainsi les protagonistes de l'histoire en brossant des portraits psychologiques complexes et tourmentés où les zones d'ombre recouvrent bien trop souvent les espaces de clarté.
Un meurtre tel que celui-ci pouvait révéler ce qui avait pris forme à l'intérieur du foyer claquemuré de la classe moyenne. Il apparaissait que la famille cloîtrée, tant vantée par la société victorienne, pouvait entretenir un refoulement nocif et nauséabond des affects, un miasme tant sexuel qu'émotionnel.
En même temps, Kate Sumerscale nous fait découvrir les balbutiements des méthodes des enquêteurs, le vocabulaire qui se crée pour donner un nom à ses nouvelles formes d'investigation; elle nous fait pénétrer dans le milieu des détectives de Scotland Yard, un corps de police qui vient d'être créé et dont certains éléments, brillants, (comme Jack Witcher que Dickens admirait) vont servir de modèle à la vogue des grands détectives de l'histoire de la littérature.
Ce qui ajoute, en effet, à l'intérêt de ce reportage historique, c'est que l'écrivaine met en liaison les différents faits de cette enquête avec la littérature : Ainsi Witcher inspira à Collins le personnage du sergent Cuff, le détective de Pierre de lune, amateur de roses. La première Mrs Kent considérée comme folle est enfermée comme l'épouse de Rochester dans Jane Eyre mais peut-être ne l'est-elle pas comme La dame en blanc de Wilkie Collins? Dans Bleak House, Dickens imagine ce que ressent sir Leicester Deadlock lorsqu'on fouille son domicile, en référence avec ce qu'a dû éprouver Mr Kent, le père de Saville. Le secret de lady Audley d'Elizabeth  Braddon est directement inspiré de l'affaire de Road Hill House avec le personnage de la gouvernante ayant épousé un homme de qualité et  un assassinat brutal et mystérieux :
Ses personnages étaient fascinés par le travail du détective et, terrifiés à l'idée d'une révélation publique. L'histoire de Braddon formulait l'inquiétude et le bouleversement suscités par le meurtre de Saville Kent.
Le roman de Kate Sumerscale dresse donc à travers l'enquête policière et le mystère un  panorama de la société victorienne et de ses moeurs et un portrait réussi de personnes disparues depuis longtemps mais représentatifs de cette société; elle peint aussi d'une manière plus générale - l'affaire Saville  Kent passionnera Freud en 1907-  les tourments  et les noirceurs de l'âme humaine.

Lecture commune avec Lou, Miss Leo, Valou, Adalana, Syl, Titine

Dasola



Challenge d'Aymeline

dimanche 23 juin 2013

Raison et sentiment : Les détracteurs de Jane Austen ou pourquoi ils ne l'aiment pas ?

Le mois anglais initié par Titine et Lou
La réponse à l'énigme d'hier est : Raison et sentiment de Jane Austen.          

Jane Austen

 En lisant les commentaires laissés hier pour l'énigme du samedi, je m'aperçois combien les avis sur Jane Austen sont partagés : Il y a ses admirateurs inconditionnels (et j'en fais partie) et ses détracteurs qui ne l'aiment pas mais avouent parfois ne pas avoir lu ses livres!
Je me suis demandée pourquoi ce rejet d'une des plus grandes écrivaines de la littérature anglaise, admirée par rien moins que Virginia Woolf et Henry James… pourquoi ces préjugés?

Les films qui adaptent son oeuvre en sont peut-être en grande partie responsables car ils ne rendent qu'une infime partie du talent de Jane Austen. En fait, ils s'en tiennent à l'histoire et, pour les meilleurs, rendent compte du sens du roman mais en même temps ils véhiculent une image lisse, celle de jolies jeunes filles amoureuses malheureuses mais qui finiront par connaître le bonheur. Des images bien léchées, de beaux costumes, de beaux acteurs dont les spectatrices tombent amoureuses, et voilà le tour est joué. On aime Jane Austen mais pour de mauvaises raisons ou en tous cas pas pour ce qu'elle est vraiment en tant qu'écrivain.
Et bien si l'on croit que Jane Austen est juste un auteur de romans à l'eau de rose, on se met le doigt dans l'oeil jusqu'au coude!

Raison et sentiment de Ang Lee

Jane Austen  au début du XIX siècle constitue un trait d'union entre la littérature du XVIII siècle  et le roman moderne. Elle n'appartient pas au courant romantique et semble un peu un OLNI (objet littéraire non identifié) dans ce début du XIX ème siècle.
Voilà une jeune écrivaine, Jane,  qui va parler bien sûr de la condition féminine dans ses romans. Et quel est le seul  avenir de la femme à son époque? C'est évidemment le mariage puisque celle-ci n'a aucun autre droit, aucun autre espoir. Là, ses détracteurs pourront dire que l'univers de Jane Austen est étriqué et qu'elle ne raconte que des histoires d'amour! Et c'est vrai, l'on ne parle bien que de ce que l'on connaît!
Mais Jane Austen possède un talent subtil pour peindre les travers de sa société et de ses contemporains; elle manie l'ironie sans avoir l'air d'y toucher, sans paraître porter de jugement; c'est un art du sous-entendu, c'est malicieux, vivant, piquant, mais lorsqu'elle épingle quelqu'un, on peut dire que le trait est féroce et que la personne qui passe sous sa plume n'en réchappe pas!  Les vieilles dames ridicules, égoïstes et sans intelligence comme Mrs Bennett, ou les pasteurs pleins de componction, de servilité et de sottise en sont un exemple. Ces figures secondaires sont de vrais personnages de comédie. Quant aux bourgeois nantis ou aux nobles qui n'acceptent de considérer leurs voisins comme leurs égaux que lorsqu'ils se sont renseignés sur leur fortune, ils ne sont pas mieux traités, ainsi le frère de Mrs Dashwood qui fait serment à son père, sur son lit de mort, de veiller au confort de sa mère et de ses soeurs puis les laisse dans le dénuement. Une société où l'argent régit les rapports sociaux et où l'apparence prime sur la vérité, voilà ce qui apparaît dans l'oeuvre de Jane Austen. Sous la raillerie, le pessimisme! La plume sait traquer tous les défauts de ses semblables et nous donner à voir la comédie humaine :  bassesse, mesquinerie, avarice, frivolité, orgueil et elle le fait avec l'élégance dont elle coutumière mais un brin de cruauté sans hésiter à appuyer là où ça fait mal!

 Virginia Woolf  rapporte à ce propos les paroles d'une dame qui a rencontré Jane :

Ensuite vient l'amie .... qui lui rend visite et selon qui  "elle  (Jane) s'est pétrifiée dans le bonheur du célibat pour devenir le plus bel exemple de raideur perpendiculaire, méticuleuse et taciturne qui ait jamais existé; jusqu'à ce que Orgueil et préjugés ait montré quel diamant précieux était caché dans ce fourreau inflexible, on ne la remarquait pas plus en société qu'on ne remarque un tisonnier ou un pare-feu... Il en va tout autrement maintenant, poursuit la bonne dame, c'est toujours un tisonnier, mais un tisonnier dont a peur. Un bel esprit, un dessinateur de caractères qui ne parle pas est bien terrifiant en vérité!"

En même temps, sous l'humour, sous l'ironie, Jane Austen est une moraliste (sans jamais être moralisatrice) et son propos est sérieux et parfois grave. Ses romans sont une réflexion sur la manière dont l'être humain se laisse prendre au piège des préjugés sociaux et religieux qui parviennent à  fausser le jugement. Le personnage perd sa lucidité, et résiste à la force de ses sentiments comme Elizabeth Bennet et Darcy dans Orgueil et préjugés. Les héros de Jane Austen sont souvent aveuglés, qui vont apprendre à leurs dépens ce qu'est la réalité. S'ils se font une idée fausse de la vie, ils le paieront par beaucoup de souffrances et la perte de leurs illusions. C'est le cas de Catherine Morland dans Northanger abbey ou de Marianne Dashwood dans Raison et sentiments. Certes,  la société de Jane Austen et la condition féminine ont bien changé depuis Jane Austen, mais les caractères et les sentiments, eux, sont toujours universels.

Jane Austen rappelle le XVIII français, Voltaire pour le trait satirique, Marivaux pour la profondeur et la subtilité dans l'analyse des sentiments. Marivaux aussi subit les mêmes préjugés que Jane Austen. On le dit léger, mais l'on ne voit pas sous le marivaudage brillant et plein d'humour, la cruauté et la perte des illusions. Tous les deux méritent une lecture plus attentive. On n'aborde pas Jane Austen avec des préjugés ou à la va-vite, on la savoure sinon on risque de passer à côté de l'essentiel.

Je vous livre ici ce que m'a écrit Nanou (blog rue de Siam)  à ce propos :

J'ai découvert Jane Austen assez tardivement, grâce à l'engouement de la blogosphère. J'avais beaucoup de préjugés sur elle et j'ai été très surprise lorsque j'ai lu Orgueil et préjugés et Persuasion. Je ne comprends plus maintenant comment j'ai pu être une lectrice pendant environ 40 ans sans avoir lu Jane Austen ! Cela dit, j'ai tenté de la faire lire à ma dernière fille de 16 ans, mais pour l'instant, je n'ai pas réussi à la convaincre !

Je me souviens avoir fait la même erreur avec ma fille qui adore Jane Austen maintenant. Il ne faut pas l'aborder trop jeune car -contrairement aux préjugés- c'est un auteur difficile si l'on veut en tirer la substantifique moelle.!

Je reprends ici ce que j'avais écrit il y a quelque temps sur Raison et sentiments :



Dans Sense et Sensibility (Raison et Sentiment) Marianne Dashwood la jeune héroïne incarne le sentiment  alors que sa soeur Elinor représente la raison. Les deux jeunes filles sont pourtant toutes deux pleines de sensibilité mais l'une, Elinor  pense que celle-ci ne doit pas nous gouverner. Marianne apprend à ses dépens, lorsqu'elle s'enflamme pour le brillant Willoughby, que le mariage est un  marché où les considérations financières ont plus d'importance que l'amour. Le sentiment ne doit pas prendre le pas sur la raison. Marianne épousera un homme qu'elle considérait comme vieux au début du roman, le colonel Brandon, mais dont elle découvre la valeur morale. Un amour fondé sur le respect et l'estime. La raison triomphe ... à l'opposé de la passion romantique qui emporte tout sur son passage. C'est un dénouement assez pessimiste et désabusé, une morale un peu triste et résignée. Et vous avez dit "eau de rose"?

Editions archipoche : Raison et sentiments et les autres romans de Jane Austen

La réponse à l'énigme de ce samedi 22 Juin :


 
  l'énigme n°71


Le roman : Raison et sentiment de jane Austen


le film : Raison et sentiment de Ang Lee


Les vainqueurs du jour  : Asphodèle, Dasola, Eeguab, Keisha, Nanou, Pierrot Bâton, Somaja. ..  Merci à tous et à toutes et bon dimanche!

samedi 22 juin 2013

Un livre/Un film : Enigme 71




 
L'énigme du samedi est aujourd'hui sous le signe du mois anglais initié par Titine et Lou et Hilde.
Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.
Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.
 
Enigme 71
 
Le titre de ce roman du début du XIX siècle écrit par une romancière anglaise avait pour titre deux prénoms qui ont été remplacés par deux mots opposant deux manières d'appréhender le monde. Quel est ce titre et qui en est l'auteur?

... cette fille aînée dont les conseils furent si efficaces, possédait une vigueur de compréhension et une froideur de jugement qui la qualifiaient, bien qu’elle n’eût que dix-neuf ans, pour être la conseillère de sa mère, et lui permettaient de neutraliser à leur avantage à tous, cette ardeur d’esprit chez Mrs....  qui eût en général conduit nécessairement à quelque imprudence. Elle avait excellent cœur, son caractère était affectueux, et ses sentiments étaient vifs; mais elle savait les gouverner; c’était là une connaissance que sa mère avait encore à acquérir, et que l’une de ses sœur était résolue à ne jamais se faire enseigner.

jeudi 20 juin 2013

Anne Brontë : La dame du manoir de Wildfell Hall





Quatrième de couverture : La dame du manoir de Wildfell Hall de Anne Brontë
 L'arrivée de Mrs Helen Graham, la nouvelle locataire du manoir de Wildfell, bouleverse la vie de Gilbert Markham, jeune cultivateur.
Qui est cette mystérieuse artiste, qui se dit veuve et vit seule avec son jeune fils? Quel lourd secret cache-t-elle? Sa venue alimente les rumeurs des villageois et ne laisse pas Gilbert insensible. Cependant, la famille de ce dernier désapprouve leur union et lui-même commence à douter de Mrs Graham... Quel drame s'obstine-t-elle à lui cacher ? Et pourquoi son voisin, Frederick Lawrence, veille-t-il si jalousement sur elle?
Publié en 1848, La Dame du manoir de Wildfell analyse la place des femmes dans la société victorienne.

Décidément les soeurs Brontë  ont toutes du talent et ce n'est pas le roman d' Anne La dame du manoir de Wildfell Hall qui me fera changer d'avis. D'Anne Brontë, j'avais lu Agnès Grey, un premier roman prometteur. Celui-ci qui est le second, paru en 1848, est bien supérieur, plus élaboré, et, s'il ne se hisse pas au rang de chef d'oeuvre comme Les Hauts de Hurlevent et  Jane Eyre, il faut lui reconnaître de solides qualités. Il n'y aura pas de troisième roman. Anne meurt à son tour de la tuberculose en 1849. Si La dame du manoir connut un immense succès, il provoqua un scandale car il montre une jeune femme mariée à un homme alcoolique et dépravé qui décide de se séparer de son mari, se heurtant ainsi aux lois sociales et religieuses de la famille victorienne. A la mort d'Anne, Charlotte, elle-même, empêchera la republication de ce roman, ce qui en dit long sur le caractère et les préjugés de la "grande" soeur.  Emily meurt en Décembre 1848. Heureusement que Charlotte ne nous a pas fait "ça" avec Les Hauts de Hurlevent!

 
Anne Brontë dessin de Charlotte

La technique romanesque

Dès son deuxième roman, Anne Brontë maîtrise la technique romanesque à un tel point qu'elle ne suit pas le schéma narratif habituel et multiplie les points de vue  :

Gilbert Markham, maître d'une grosse ferme, raconte son histoire à un ami. Il décrit la jeune dame du manoir de Wildfell Hall, Helen Graham, qui vient d'arriver dans le pays et c'est par ce regard extérieur - jamais neutre pourtant - que nous l'apercevons. Il commence d'abord par la trouver antipathique puis peu à peu tombe sous son charme. La jeune femme  nous apparaît donc comme un être mystérieux qui veille jalousement à ce que l'on ne sache rien de son passé. Le lecteur est placé à l'intérieur  de la conscience du jeune homme et suit de près l'évolution de ses sentiments, l'admiration, l'amour puis les doutes qui l'assaillent, la jalousie qui va finir par le dévorer. A travers l'observation du jeune homme apparaît aussi toute une société campagnarde, sa mère, sa soeur et son frère, le pasteur, Michaël Millward et sa jeune fille à marier, toute une société avec ses faiblesses, ses petitesses d'esprit, son amour des commérages et des médisances qui ne permettent pas à Helen Graham de vivre en paix .

La seconde partie du roman nous permet de découvrir le secret de la jeune femme par l'intermédiaire de son journal qu'elle confie à Gilbert pour se disculper. Il s'agit d'un roman dans le roman, une oeuvre en miroir, qui nous permet la fois de connaître son passé mais aussi de voir, de son point de vue, le récit conté par Gilbert à son ami. Une sorte de reflet inversé des personnages et des évènements. Le jeune homme reprend ensuite le récit entrecoupé cette fois par des lettres d'Helen qui ne sont pas toujours complètes, ce qui maintient des zones d'ombre autour du personnage. On voit que la technique d'Anne est extrêmement complexe et les personnages et l'intrigue en paraissent plus profonds, comme mis en abyme dans un miroir.

Les trois soeurs Brontë par Branwell


 Le féminisme de La dame du manoir de Wildfell Hall

Le roman d'Anne Brontë est résolument féministe. Elle dénonce une société où la femme n'a aucun droit, aucune liberté. Helen est obligée de fuir son mari avec son enfant  et  de se cacher si elle veut conserver le droit de garder son fils. Anne s'éloigne du romantisme exacerbé d'Emilie, du romantisme gothique de la Charlotte de Jane Eyre.  Le frère d'Anne, Branwell, a servi de modèle au personnage du mari de Helen, Arthur Huntington, et elle sait de quoi elle parle quand elle décrit les scènes de beuverie et d'adultère. Mais Anne a la finesse de ne pas tomber dans le manichéisme. Arthur, dit-elle,"n'est pas réellement mauvais" mais il se laisse aller à son goût du plaisir, à sa veulerie.Tout en écrivant le premier roman féministe et en dénonçant l'asservissement de l'épouse à son mari,  Anne Brontë montre aussi les perversions et les roueries des femmes à travers la figure d'Annabella, la maîtresse d'Arthur . Elle décrit aussi les faiblesses d'Helen qui a choisi Arthur pour époux alors qu'elle savait qui il était. La femme est donc responsable de ses propres choix. 

Pour ma part, j'ai trouvé Helen Graham un peu trop moralisatrice. Elle épouse Arthur malgré ses défauts parce qu'elle entend le réformer. Elle est souvent donneuse de leçon et par là même on comprend que son mari la fuit et la laisse à la campagne quand il va faire la noce à Londres!  Mais bien entendu, c'est une opinion personnelle. Anne Brontë est fille de pasteur, elle souffre trop de voir son frère détruire toutes ses capacités intellectuelles et sa santé physique . Elle veut donc montrer la vérité nue, dans toute son horreur, pour  la réformer : Si je puis empêcher la chute d'un jeune homme trop léger ou d'une jeune fille trop étourdie, alors je n'aurais pas écrit en vain, écrit-elle. Le roman est publié en Juin 1848.  Branwell meurt, alcoolique et tuberculeux, en septembre 1848.

Un style d'homme?
Le  roman  est écrit d'une plume ferme, sobre qui évite l'emphase et le pathétique et qui est même assez brutale. Un style d'homme? Le fait ce soit une femme qui ait écrit ainsi, avec autant de réalisme, sur l'alcoolisme et la débauche heurte d'autant plus les mentalités de l'époque victorienne.  Alors, laissons la parole à Anne Brontë qui répond ainsi à ses détracteurs :  Je suis convaincue que lorsqu'un livre est bon, il l'est quelque soit le sexe de son auteur. Tous les romans sont ou devraient être écrits pour les hommes comme pour les femmes. J'ai de la peine à concevoir comment un homme pourrait se permettre d'écrire quoi que ce soit qui puisse être véritablement déshonorant pour une femme, ou pourquoi une femme devait être censurée pour avoir écrit quoi que ce soit qui puisse être considéré comme approprié ou bienséant pour un homme.
Lecture commune  avec Gaëlle  ICI

Avec Alexandra

Chez Aymeline

lundi 17 juin 2013

Virginia Woolf : Nouvelles La robe neuve et la dame au miroir..




J'ai, sur mes étagères, depuis de nombreuses années, un volume très épais contenant plusieurs romans et nouvelles de Virginia Woolf. Il comporte sur la tranche le portrait de l'écrivaine, un visage aux traits fins, au nez droit comme découpé au cutter, de lourds cheveux noirs ramassés sur la nuque. Je l'ai ouvert plusieurs fois, j'ai essayé de lire un de ses romans, en vain.  On dit qu'un livre acheté, rangé sur les étagères de sa bibliothèque, est déjà un livre lu! Le premiers pas est fait… le reste suivra! 
 Ce jour est arrivé! A l'occasion du mois anglais, lancé par Lou et Titine, en Juin, je me suis inscrite pour la lecture commune d'un des romans de la  grande dame. Mais comme j'ai peur de Virginia Woolf, j'ai décidé de commencer doucement, à petites doses, par quelques unes de ses nouvelles afin de l'apprivoiser ou plutôt de m'apprivoiser… à elle!


Marcel Proust et Virginia Woolf
Je me suis toujours demandé pourquoi je pouvais lire Marcel Proust alors que les livres de Virgina Woolf me tombent des mains. Tous deux sont des écrivains réputés difficiles et tous deux écrivent sur la mémoire et sur le temps; les similitudes entre eux sont évidentes. Quant aux différences,  Pierre Nolon dans la préface qu'il a rédigée pour la collection classiques modernes du livre de poche affirme :
Mais la recherche proustienne s'attache à décrire avec un réalisme minutieux et pour ainsi dire pas à pas le cheminement de la mémoire. De son côté Virginia Woolf marque d'avantage l'impression qui fait naître le surgissement du souvenir et la façon toujours subjective dont ce surgissement affecte les rapports du personnage avec la réalité.

 Voilà qui n'est pas pourtant pas pour me déplaire! Ainsi dans la nouvelle La marque sur un mur  la narratrice (ou je devrais dire plutôt l'observatrice puisqu'il n'y a pas de narration proprement dite) remarque une tache sur le mur. C'est à partir de ces interrogations sur l'origine de cette marque que sa mémoire ressuscite ce moment précis du mois de janvier où elle a fait cette observation, le feu dans le cheminée, les chrysanthèmes dans le vase, la fumée de la cigarette.. et qu'elle remonte aux anciens propriétaires de la maison.

 La robe neuve et  La dame du miroir
Parmi les nouvelles que j'ai lues, je veux parler en détail de ces deux textes que j'ai trouvées éblouissants par le style et la technique :

La robe neuve  a été été écrite au moment où l'écrivain achevait la rédaction Mrs Dalloway. Mabel Waring  se rend à la réception de Clarissa Dalloway vêtue d'une robe neuve  qu'elle a fait faire pour cette occasion et qui est parfaitement hideuse et démodée. Elle prend conscience de l'image qu'elle donne d'elle-même en s'apercevant dans un miroir. Nous partageons ses angoisses et son humiliation face aux réactions des personnes qui la côtoient et la méprisent, nous ressentons sa solitude en pénétrant dans ses pensées intimes. A travers Mabel, Virginia Woolf ironise sur son apparence physique et son propre manque d'élégance. Dans La dame dans le miroir, les lieux et le personnage d'Isabella Tyson sont observés à travers un miroir. Mais lorsque la femme s'approche, elle apparaît telle qu'elle est dans ce miroir, dans sa vérité nue, dépouillée de l'apparence trompeuse.

L'impressionnisme de Virginia Woolf

Pierre Signac :  l'eau
Pierre Nolon poursuit : La relation est toujours vécue sur un mode insistant, parfois envahissant et obsessionnel. Ce choix commande la manière dont Virginia Woolf décrit le processus; elle pousse la technique impressionniste au point de la rendre pointilliste, elliptique et même, dans certains cas, déroutante.

Ces deux nouvelles ont en commun le miroir et illustrent très bien la technique impressionniste de Woolf. Mabel, tout en parlant, s'aperçoit "dans le miroir rond par petits fragments de robe jaune, grands comme des têtards ou des boutons de bottines" et son interlocutrice est saisie dans le même miroir comme "un bouton noir". La  description, effectivement, est poussée jusqu'au pointillisme; on pense au tableau de Seurat ou de Signac, ou au Monet de la dernière époque, à ces taches de lumières et de couleurs qui finissent par se rassembler pour former une image.  Mabel ainsi réduite à la  taille d'une piécette de trois pences… prend conscience de la disproportion entre les sentiments extrêmes qu'elle éprouve humiliation, souffrance, dégoût de soi-même et  elle-même, cette "chose" insignifiante qu'elle représente. Le miroir l'isole, la coupe des autres,  elle est "débranchée" face à  l'autre femme "détachée", toutes deux absentes l'une à l'autre, murées dans leur solitude.
 Mais l'impressionnisme ne réside pas seulement dans la description, elle est aussi dans l'éclatement des pensées intérieures qui partent dans tous les sens, qui reviennent lancinantes, se répètent, se fragmentent, tout en dressant un état intérieur du personnage. On a donc simultanément l'image extérieure vue dans le miroir et l'intériorité du personnage livré par les pensées. Avec La dame dans le miroir, Virginia Woolf pousse encore plus loin son exploitation du miroir qui cette fois-ci morcelle l'espace. Le miroir en effet, reflète le hall dans lequel il est placé mais il nous projette à l'extérieur, en reflétant aussi le jardin, l'allée, les tournesols.. Un manière de rendre sensible ce hors champ et de nous amener à Isabella qui n'est pas à l'intérieur mais à l'extérieur. Virginia Woolf a aussi recours à une technique qui n'est plus picturale mais photographique : les objets posées sur la table du hall sont d'abord vues comme "des plaquettes d'albâtre veinées de rose et de gris", flous, puis comme par un procédé de mise au point de l'objectif,  l'image se précise, les plaquettes deviennent des lettres.

Les insectes et les végétaux

Frantz H; Desh  Le kimono bleu
 Je me suis aperçue aussi que les insectes comme les végétaux tiennent une grande place dans les nouvelles de Virginia Woolf puisqu'elle se sert d'eux pour transmettre un état de conscience. Ainsi pendant la réception de Mrs Dalloway, Mabel est obsédée par l'image d'une mouche qui tombe dans une soucoupe de lait et cherche à s'en extraire jusqu'au moment où elle s'aperçoit qu'elle est cette mouche, symbole de la souffrance et de la mort mais aussi de l'inanité de la vie : C'est elle-même qu'elle voyait ainsi : elle était une mouche, mais les autres étaient des libellules et des papillons. Dans Kew Gardens, c'est la libellule qui signifie le désir amoureux et l'escargot dans son obstination à se frayer un chemin et à contourner les obstacles représente l'homme et sa lutte quotidienne et absurde et aussi son infini petitesse par rapport à l'univers. Le Volubilis qui cache la misère d'un vieux mur incarne Isabella Tyson mais lorsque le miroir la révèle, le volubilis disparaît et il ne reste plus que le mur nu et sale. Pour Mabel, le souvenir d'une "grande touffe d'ajoncs pâles emmêlés se détachant comme un faisceau de hallebardes" entraîne l'image  des "sagaies" qu'elle reçoit en pleine poitrine et qui sont le mépris, la méchanceté, les moqueries des invités à son égard.

Le thème du miroir

Pierre Bonnard : Miroir et table de toilette.
Solitude, détachement du monde, procédé impressionniste pour rendre compte du réel, le thème du miroir a encore bien d'autres significations. Il est aussi un jeu de mots sur le thème de la réflection/réflexion ( en anglais : reflection) puisqu'il amène à des découvertes sur soi-même :  celui de la dualité de l'être, de la vérité et de l'apparence. L'image que le miroir renvoie à Mabel quand elle est seule avec lui, est celle d'un jeune femme "ravissante, gris pâle, au sourire énigmatique", en fait "sa réalité profonde, essentielle." Mais la vérité d'Isabella , elle, se révèle toute différente : Debout, nue sous cette lumière impitoyable. Et il n'y avait rien. Isabella était totalement vide.  Enfin le miroir comme l'eau symbolise la mort, omniprésente dans l'oeuvre : Regardant sans cesse dans le miroir, se plongeant dans cette dévastatrice flaque d'eau, elle se savait faible et vacillante créature, condamnée, méprisée, reléguée en eau morte.
 Il y aurait encore beaucoup à dire sur ces nouvelles mais  je vais m'arrêter là!
A part Objets massifs, nouvelle que j'ai jugée intéressante mais moins originale, tous ces écrits sont très riches, d'une grande subtilité. La beauté et la poésie de l'écriture, la finesse de la technique de narration révèlent un grand talent. Un brillant exercice de style! Mais à l'échelle d'un roman, il me reste à découvrir si je pourrai m'intéresser à des personnages qui semblent souvent évanescents, en dehors de la vie, uniquement tournés vers leur nombril. C'est ce que je vais découvrir bientôt en me lançant, encore une fois, dans un roman "woolfien".

 Et pour finir une citation : ce beau poème en prose de Bleu et vert

Vert

Monet : Giverny

Les doigts de verre dardent leurs pointes vers le sol. La lumière coule sur le verre, s’étale en flaque verte. Et tout au long du jour les dix doigts du lustre lâchent des gouttes vertes sur le marbre. Plumes de perroquets – leurs cris rauques – feuilles acérées des palmes – vertes aussi ; vertes aiguilles scintillant au soleil. Mais le verre trempé sur le marbre s’égoutte, sur les sables du désert les flaques s’alanguissent, traversées par le pas incertain des chameaux ; sur le marbre, les flaques s’installent, cernées de joncs, semées de blanches floraisons, traversées par le bond des grenouilles; et la nuit, les étoiles s’y logent, intactes. Le crépuscule balaie d’ombres vertes la cheminée; l’océan s’ébouriffe. Pas une embarcation ; sous le ciel vide, le vain clapotis des vagues. La nuit, les aiguilles distillent du bleu ; le vert s’est estompé.

dimanche 16 juin 2013

Thomas Hardy : Jude l'Obscur

Le mois anglais initié par Lou et Titine

Thomas Hardy publie le roman Jude l'Obscur, un roman pessimiste, l'un  des plus noirs de toute son oeuvre, en 1895. Le livre fait scandale. On accuse Hardy d'immoralité et sa critique de la religion, de l'institution du mariage, soulèvent l'indignation à tel point que l'évêque d'Exeter fait publiquement brûler le livre.

L'histoire
Jude Fawley, un orphelin vit à la campagne; il est très marqué par son instituteur qui lui ouvre les portes du savoir et lui donne l'ambition de continuer ses études. Il apprend tout seul le latin et le grec pour partir étudier à l'université mais il tombe dans les filets de la séduisante Arabella qui se dit enceinte et l'oblige à l'épouser. Le mariage est un échec, la jeune femme part en Australie et Jude à la ville pour y poursuivre ses études, cependant, il ne peut entrer à l'université qui reste fermée à un autodidacte sans le sou. Il devient tailleur de pierre et rencontre Sue Bridehead, sa cousine, qui est contre le mariage. Les deux jeunes gens vont s'aimer et décider de vivre ensemble mais un couple non-marié constitue un scandale dans la société victorienne puritaine. Ils devront en subir les tragiques conséquences.

Jude l'Obscur
Si Tess d'Uberville porte le sous-titre : Une femme pure, Jude est qualifié d'obscur au sens de humble, sans notoriété. Car c'est bien de cela qu'il s'agit! Jude est condamné dès le départ par sa naissance "obscure" et toutes les qualités qu'il manifeste, son intelligence, sa soif de savoir, ses capacités intellectuelles, son courage ne sont rien à côté de ce fait : l'on ne peut sortir de sa classe sociale. Ceux qui ont le pouvoir et l'argent font barrière.
L'autre tort de Jude, c'est de céder au désir sexuel dans une société qui réprouve le corps et la sexualité. En ayant des relations en dehors du mariage avec Arabella, il est obligé de l'épouser sans amour.  En divorçant puis en vivant sans être marié avec Sue, il se perd complètement.  Etre mis au ban de la société, c'est en effet, se condamner à ne plus trouver de travail ni de logement. La misère s'ajoute donc à l'isolement et à la souffrance morale. Ce sont donc les moeurs sexuelles de l'époque victorienne, le puritanisme et la rigidité de la société, le poids de la religion que dénonce Thomas Hardy. Ses positions contre le mariage et pour l'amour libre échappant aux notions d'obligation, sa critique sans concession de la religion, témoignent d'un esprit ouvert et libre, très en avance sur son temps comme ses personnages.

Sue Bridehead
Sue Bridehead est un personnage complexe; on comprend qu'elle ait provoqué le scandale et pas seulement à la fin du XIX siècle. C'est une femme extrêmement intelligente et instruite, d'esprit ouvert. Par la pensée, elle est très en avance sur les moeurs de son époque et elle cherche à s'affranchir des règles que la société impose aux femmes comme l'obligation du mariage. Mais la pression sociale, morale et religieuse qui s'exerce sur elle, la rend vulnérable. Mise au ban de la société parce qu'elle vit en femme libre, elle finira par être rattrapée par les préjugés et la morale. En se tournant vers la religion et en se persuadant qu'elle est coupable, qu'elle a vécu dans le péché, elle aliène ce qui faisait sa personnalité. Elle prouve tout comme le personnage de Jude  qu'il n'y a pas de possibilité pour la femme comme pour l'homme d'échapper au déterminisme social et à la religion présentée comme une drogue et une déchéance quand elle s'oppose à la liberté individuelle et qu'elle obscurcit les esprits.

Un immense roman, un des plus poignants, des plus cruels, écrit par ce grand auteur qui est un de mes écrivains préférés.

Voir Editions Archipel pour Jude l'Obscur


 
 Résultat de l'énigme n°70


Le roman Jude l'obscur de Thomas Hardy

le film : Jude l'obscur de Michale Winterbottom; l'actrice kate Winslet

Les vainqueurs du jour  : Aifelle, Asphodèle, Dasola, Pierrot Bâton, Marie Josée, Nanou, Somaja, Syl...  Merci à tous et à toutes et bon dimanche!




Chez Aymeline