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mercredi 3 mai 2017

Challenge Victor Hugo : Bilan 4 et proposition de lectures communes.



Voici le bilan N° 4  de Victor Hugo
Le challenge est au point mort depuis quelque temps mais si vous êtes d'accord je vous propose quelques lectures communes.

Vous pouvez vous inscrire dans les commentaires de ce billet.

Pour le 16 Juin je propose une pièce de théâtre extraite du recueil Le Théâtre en liberté  : Mille francs de récompense   Margotte Nathalie Caroline Claudialucia

Pour le  16 Juillet :  dans Le Théâtre en liberté : une toute petite pièce intitulée : L'intervention. Quant à moi,  au festival d'Avignon, je présenterai, en plus de L'Intervention une pièce de Victor Hugo au choix dans le festival OFF.  Nathalie Caroline Laure Claudialucia

 Pour le 15 Septembre : je propose de remettre à l'honneur un rendez-vous  du mois de novembre 2016 en partie manqué : Il s'agit de lire une biographie de Victor Hugo aucun choix imposé.

 Caroline, Laure, Miriam , Nathalie, Claudialucia

Quant à moi j'avais présenté celle de Giorda pour la jeunesse mais je lirai volontiers une autre biographie du poète.

 Ensuite nous ferons le point au mois de Septembre pour voir si nous sommes motivés pour continuer. 

Vous pouvez aussi nous proposer des lectures communes!

 NATHALIE VOUS PROPOSE LA LECTURE DE LES MISÉRABLES cet été . Qui veut la rejoindre? Pour ma part, je déclare forfait car c'est un roman que j'ai "trop" lu et relu et étudié.

 

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Aaliz blog Cherry livres

Annonce du challenge Victor Hugo :

Nouvelles acquisitions et autres joyeusetés


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Claudialucia  blog Ma librairie

Annonce du challenge Victor Hugo de Moglug et claudialucia




Victor Hugo : Souvenir de la nuit du 4

Victor Hugo : Exposition Les arcs-en-ciel du noir(musée Victor Hugo)
Victor Hugo : Les misérables

Victor Hugo et les surréalistes : la cime des rêves (musée Victor Hugo)

Victor Hugo : L'homme qui rit

Victor Hugo : l'homme qui rit (citation) La vie n'est qu'un pied à terre...

Victor Hugo : L'homme qui rit (citation) C'est de l'enfer des pauvres...

Victor Hugo L'homme qui rit (citation) : le genre humain existe...

Victor Hugo : L'homme qui rit (citation) : une habitude idiote qu'ont les peuples...
L'homme qui rit au festival d'Avignon 2016 compagnie Chaos vaincu

Hugo : Les travailleurs de la mer(LC)

Victor Hugo : Quatre-vingt treize(LC)

Victor Hugo : Bug-Jargal (LC)
Victor Hugo : Notre- Dame de Paris (LC)
Victor Hugo : Claude Gueux (LC)
Demain dès l'aube : poésie préférée(LC)
Lart d'être grand-père
La rose de l'infante La légende des siècles
Vieille chanson du jeune temps poésie (je ne pensais pas à rose...) Julos Beaucarne
Hernani (LC )
Ruy Blas LC
Représentation de Mangeront-ils? au bois de Boulogne
Mangeront-ils? festival d'Avignon 2016 compagnie Les Barriques
Les spectacles Victor Hugo au festival d'Avignon 2016
Victor Hugo : Mangeront-ils? Lecture commune
Victor Hugo : Mazeppa et Marcus Malte dans le Garçon
Biographie de Juliette Drouet de Henri Troyat
Victor Hugo ou La légende d'un siècle de GIorda Lecture commune
Torquemada LC théâtre Victor Hugo
Victor Hugo Bon conseil aux amants
Judith Perrignon : Victor Hugo vient de mourir

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Cleanthe blog Dans la bibliothèque de Cléanthe

 

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 Eimelle blog les carnets d'Eimelle








 L'annonce du challenge
http://lecture-spectacle.blogspot.fr/2014/11/challenge-victor-hugo.html


Lucrèce Borgia

Ruy Blas

Le roi s'amuse
 

 Tempête sous un crâne d'après les misérables: Lecture spectacle

L'homme qui rit


Hernani

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Laure  blog Mic-Mélo

 

 

 Bug-Jargal (LC)

 Le dernier jour d'un condamné

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Margotte :  blog Le bruit des pages

 

 

Bug-Jargal (LC)

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Miriam  blog Carnets de voyage


Victor Hugo : Les travailleurs de la mer

Victor Hugo : l'homme qui rit

Victor Hugo : l'enfant grec 

Victor Hugo : la maison de Victor hugo à haute ville

Bug-Jargal  (LC)

Hernani

 Notre-Dame de Paris (LC)

 Ruy Blas LC

Mangeront-ils ? lecture commune 

Torquemada LC

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Moglug  Blog Synchronicité et sérendipité

 

Annonce du challenge Victor Hugo de Moglug et de claudialucia

Emmanuel Godo : Victor Hugo et dieu

Bug-Jargal (LC) 

Les oiseaux : poème

 Hernani 

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Nathalie Blog Mark et Marcel

 

 

 

 


Extraits du discours prononcé aux funérailles de Balzac

Quatre-vingt-treize

Les Travailleurs de la mer

Notre-Dame de Paris

 Burg-Jargal  LC

Hernani LC

Ruy Blas LC

Mangeront-ils? LC

Torquemada : LC

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Ont aussi participé à la LC Victor Hugo pour le choix du poème préféré : 

 

 

mardi 2 mai 2017

Maren Uthaug : La petite fille et le monde secret



Lorsque j’ai commencé à lire La petite fille et le monde secret de Maren Uthaug dont l’action se déroule entre le nord de la Norvège en pays same et le sud du Danemark, je pensais en me fiant au  titre que ce récit allait me faire pénétrer dans un monde mystérieux à mi-chemin entre réalité et féérie, un monde peuplé d’êtres surnaturels qui m’amèneraient au coeur de la mythologie des peuples samis. Il n’en est rien et si, effectivement, il est question des croyances et des êtres légendaires de ce peuple, le roman est très réaliste et le monde décrit est très dur aussi bien dans les rapports entre membres d’une même famille qu’entre les minorités ethniques et les Norvégiens.

Les Sames ou Lapons

Les Samis de Suède
 Une note du traducteur Jean-Baptiste Coursaud est appréciable pour mieux comprendre le récit qui commence en Norvège du Nord. On y apprend que les Sames (ou samis) peuplent la Sapmi, région qui s’étend sur plusieurs territoires de Norvège, Suède, Finlande et Russie : c’est ce que nous nommons la Laponie. Si pour nous le mot lapon n’a aucune connotation péjorative, il n’en est pas de même en Norvège puisque Lapon vient du substantif lapp qui signifie "haillons",  "guenilles", "lambeaux" et désigne d’une manière méprisante le vêtement traditionnel des Sames. C’est pourquoi ce vocable à été aujourd’hui abandonné. Les Sames ont été victimes d’une assimilation forcée par l’administration et l’Eglise d’Etat de ces pays. Ce « génocide  culturel » n’a cessé qu’en 1945. A l’heure actuelle, les Sames sont 40 000 en Norvège et disposent maintenant d’un parlement autonome. Leur langue finno-ougrienne, de la même famille que le finnois, l’estonien et le hongrois, est reconnue comme langue nationale depuis 1987. Malgré tout, le racisme entre les peuples sames et les norvégiens est toujours bien vif et les problèmes restent nombreux en particulier pour ce peuple d’éleveurs de rennes resté nomades alors qu’une partie d’entre eux s’est sédentarisée.
Les Sames ont leur propre religion panthéiste caractérisée par le chamanisme mais ont été christianisés au XVIII siècle et sont devenus luthériens. A partir de 1848, un prédicateur suédois Lars Levi Laestadius a suscité un mouvement religieux conservateur le laestadianisme, basé sur le luthérianisme, qui développe une morale très stricte et austère.
Il est aussi question dans le roman des Kvènes, une autre minorité de la Norvège du Nord, venus de Finlande au XVI siècle.

Risten ou Kristen

 
Famille sami en vêtement traditionnel de nos jours (source)

Risten dont le père Knut est norvégien et la mère Rithha est same, vit une partie de son enfance en pays same. Entre Knut et la famille de sa femme règnent une inimitié profonde. La grand mère de Risten, Akkhu, ne parle jamais directement à son gendre parce qu'elle hait les norvégiens et son oncle, un laestadianien rigoriste, le méprise. Mais Ahkku aime sa petite fille qu’elle nourrit des croyances de son peuple. Ainsi Risten apprend à se méfier des sous-terriens, ces êtres maléfiques,  cachés au fond de la terre où ils entraînent les humains et elle sait qu’il ne faut jamais regarder une aurore boréale de peur d’être aspirée par elle. C’est nourrie de ces croyances et de ces terreurs que la petite fille va être amenée au Danemark chez la nouvelle compagne de son père. Séparée de sa mère qu’elle ne retrouvera qu’à l’âge adulte, elle ne reverra jamais sa grand-mère.

L’enfance et l’adolescence de Risten ainsi déracinée, soudainement arrachée à son pays et à sa famille, obligée de se plier à la langue et aux coutumes d’un autre pays, en proie à des terreurs superstitieuses qu’elle cache aux adultes sont  éprouvantes. Son seul ami est Niels, un petit vietnamien exilé qui a vu sa mère noyée au cours de son voyage dans un boat-people, et qui est tout aussi perturbé qu’elle.
Même si son père et sa nouvelle « mère », Grethe, sont des parents affectueux, il y a une incompréhension totale entre eux et cette enfant secrète, renfermée, rageuse, vindicative. D’autre part, la langue danoise et norvégienne sont proches mais la prononciation très différente, ce qui va expliquer, entre autres, les difficultés d’intégration de Risten devenue Kristen, prénom danois. Si l’on y ajoute les mésententes sexuelles du couple qui rejaillissent indirectement mais d’une manière sordide sur les enfants, Niels et Kristen, qui vont être séparés, l’on voit que l’enfance n’est pas un long fleuve tranquille pour eux! Ce n’est qu’à la mort de Rithha que Risten apprendra le secret qui pèse sur sa famille.
La petite fille et le monde secret est donc un roman initiatique  au cours duquel l’enfant abandonnée à une solitude et une grande détresse morales va atteindre l’âge adulte et finir par se reconstruire malgré ses blessures.


Ce roman est aussi intéressant en ce qu’il nous fait découvrir le peuple same, ses croyances, cette vie difficile souvent misérable, vouée au froid et à la nuit. Contrairement à ce qu’il est dit dans le résumé de la quatrième de couverture, je n’ai pas trouvé que ce « portrait de la communauté same »  était « tendre et subtil »; au contraire, je l’ai ressenti comme violent, dur et sévère, sans demi-teintes, un peu à la mesure de ce pays où les êtres humains plongés dans l’obscurité polaire pendant des mois sont obligés de s’endurcir pour survivre.

Maren Uthaug

Né en 1972 d'une mère norvégienne et d'un père sami, Maren Uthaug est une auteur de BD et illustratrice danoise reconnue. Nominé pour le prestigieux prix danois BogForum qui consacre une révélation, La Petit Fille sami est son premier roman. Le livre est écrit en danois et traduit en français par Jean-Baptiste Coursaud.
J'ai oublié de préciser que Risten est passionnée de dessin et que c'est une fine illustratrice comme l'écrivaine. il y a peut-être beaucoup de Maren dans ce personnage.
Chez Actes Sud une très belle première de couverture ! Illustration de Brad Kunkle




Quelques oeuvres de Brad Kunkle artiste américain (1978- )

Brad Kunkle

lundi 1 mai 2017

Stendhal : Nouvelle : Mina de Vanghel



 "Mina de Vanghel naquit dans le pays de la philosophie et de l'imagination, à Kœnigsberg. Vers la fin de la campagne de France, en 1814, le général prussien comte de Vanghel quitta brusquement la cour et l'armée. Un soir, c’était à Craonne, en Champagne, après un combat meurtrier où les troupes sous ses ordres avait arraché la victoire, un doute assaillit son esprit : un peuple a-t-il le droit de changer la manière intime et rationnelle suivant laquelle un autre peuple veut régler son existence matérielle et morale? "

Voilà un doute fâcheux pour un militaire qui vaut au comte de Vanghel d’être surveillé de très près par la police de Berlin et d’être confiné dans ses terres où il s’occupe en bon philosophe de l’éducation de sa fille Mina.
Après cela, à la mort du comte, vous comprendrez quel va être le caractère de la jolie Mina et ses idées peu conventionnelles et indépendantes que la lecture des romans a encore exaltées. Aussi lorsque le Grand-duc de C. qui l’a attirée à la cour veut lui faire faire un mariage d’argent, la belle qui ne veut épouser qu’un homme digne d'une grande passion s’enfuit à Paris avec sa mère. Malgré ses nombreux soupirants, lorsqu’elle tombe amoureuse, c’est d’un homme marié, Monsieur de Larcay. Après la mort de sa mère, elle est prête à tout pour conquérir cet homme et rien ne saura l’empêcher de vivre sa passion.

L’ironie stendhalienne

« Un peuple a-t-il le droit de changer la manière intime et rationnelle suivant laquelle un autre peuple veut régler son existence matérielle et morale? » Stendhal exprime ici son attachement bonapartiste et son hostilité à la restauration d’une monarchie française qui appelle à l’aide une armée étrangère pour se battre contre son propre peuple.. Il y a une certaine ironie de la part de Stendhal d’attribuer à un officier allemand cette révélation soudaine surtout après une bataille aussi sanglante !

L’ironie, Stendhal l’exerce aussi au dépens de la bonne société française. Si la politesse des  grandes dames est parfaite, il n’y aucune possibilité de faire des progrès dans leur amitié. C’est ce qu’il nomme la « sauvagerie polie » des françaises
« Au travers de toutes ces imaginations allemandes, Mina, qui avait dix-huit ans, commençait à avoir des éclairs de bon sens; elle remarqua qu’elle ne pourrait parvenir à se lier avec aucune femme française. »
 Quant aux français, voilà ce qu'en pense Mina  :
 J’admire leur esprit brillant, chaque jour leur ironie si fine me surprend et m’amuse ; mais ne les trouvez-vous pas empruntés et ridicules dès qu’ils essaient de paraître émus ? Est-ce que jamais leur émotion s’ignore elle-même ?

A la froideur et la superficialité  de ce peuple, il faut ajouter l’hypocrisie : « Alfred, sans croire beaucoup à la religion, trouvait qu’il était de mauvais ton de n’en pas avoir. »

Mais Stendhal ne ménage non plus la société allemande, du moins celle des courtisans lorsque, au début de la nouvelle, il remarque que ces derniers, malgré les beaux yeux de Mina, sont beaucoup moins empressés auprès d’elle quand ils apprennent qu’elle a attiré l’inimitié du grand-duc.

Une héroïne romantique

Film de Maurice Calvel : Mina de  Vanghel/ Odile versois

Si Stendhal est critique envers la société française, il s'intéresse aussi à l'analyse psychologique de son personnage principal Mina de Vanghel. La nouvelle paraît en 1827. Son héroïne annonce déjà Mathilde de la Mole dans Le Rouge et le Noir (1830). Comme elle, elle est issue de la noblesse et très consciente de sa caste, de sa richesse et de sa beauté; comme elle, elle est très orgueilleuse et prête à tout braver pour aller jusqu’au bout de sa passion. Ce sont deux tempéraments exaltés qui placent les sentiments au-dessus des conventions, de la morale et de la bienséance. Mais contrairement à Mathilde dont l’orgueil ne pourrait s’abaisser au mensonge et à la bassesse, Mina est capable de tout, même d’actes vils et mesquins pour se venger.
 Stendhal attribue à l’âme allemande le grain de folie qui est celui de Mina quand elle se déguise en servante pour parvenir à ses fins : « Mina n’était nullement agitée par les idées de voir et la crainte du ridicule »; Alors que, dit-il, un français manquerait dans la même situation "de courage ou de constance". Le trait de caractère principal de Mina semble bien être la déraison comme le prouve la suite du récit.

Une fin lapidaire

 
film de Maurice Barry, Maurice Clavel : Mina  en servante

Comme je l’ai déjà noté dans les nouvelles de Stendhal, la fin la nouvelle est d’une rapidité déconcertante. Après un long développement  qui brosse un tableau de la société, peint le caractère de l'héroïne et raconte la naissance de sa passion,  ses intrigues, le dénouement intervient en cinq lignes d’une brutalité totale. La dernière phrase met un point final au destin de Mina d’une manière lapidaire dans un refus de l’émotion et de l’effet, à l’opposé de l’épanchement romantique.



samedi 29 avril 2017

Sophie Palovsky : Olga, la petite matriochka






Ma petite-fille est en CP. Elle vient juste d'avoir 7 ans et va commencer à participer à mon blog pendant les vacances pour vous faire partager ses lectures.  Elle a choisi pour pseudonyme son deuxième prénom : Appoline
Ma librairie sera désormais le blog de la petite-fille et de sa grand-mère, le lieu de rencontre d'Appoline  et Claudialucia.


Titre du livre :

Olga, la petite matriochka
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Auteur du livre : 

Sophie Pavlovsky

Illustrateur : 

Julie Lesgourgues

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Edition : 

Nathan / premiers romans dès 6 ans

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Résumé de la quatrième de couverture

Olga est la plus petite des matriochkas : elle se cache dans Irina, qui s’emboîte dans Invanka, qui se cache dans Natalia, elle-même dissimulée dans Natacha. Olga est celle que les enfants préfèrent, mais elle est malheureuse, car elle ne s’ouvre pas et elle veut comprendre pourquoi !!

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La phrase que j’ai préférée : 

"La maison du menuisier était facile à repérer : du bois était entassé devant la porte et elle sentait bon la sciure."
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J’ai trouvé l’histoire :

Passionnante Intéressante Ennuyeuse

Amusante Inventive Triste, émouvante  effrayante

Réelle Imaginaire  Historique

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J’ai aimé l’histoire :


Un peu moyennement Beaucoup  un coup de coeur

J’ai aimé l’illustration :


  Un peu  moyennement  Beaucoup  un coup de coeur

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La morale ou le sens de l’histoire

J’ai aimé la petite matriochka car elle est jolie, et elle est toute seule. A la fin, elle n’est plus triste parce que tout le monde lui dit que ce n’est pas grave si elle est toute petite, toute seule et différente. Elle s’aperçoit qu’en fait elle a beaucoup d’amis et beaucoup d’amour.

 fiche n° 3 : Appoline

L'avis de la grand-mère :

 Une adorable petite histoire bien à la portée de l'enfant sur la quête du sens de la vie et l'acceptation de la différence. Olga, la petite matriochka, est toute petite et elle ne s'ouvre pas comme ses grandes soeurs. Pourquoi n'est-elle pas comme les autres? Il lui faut partir pour le découvrir.  Au cours de son voyage, elle apprend qu'elle a bénéficié de la plus grande attention de la part des artisans qui l'ont confectionnée avec amour. C'est le tilleul, le bois dans lequel elle a été taillée, qui lui donnera la réponse. La petite matriochka comprend qu'elle a un rôle à jouer dans ce monde, qu'elle aussi est importante. Elle prend conscience de sa valeur malgré sa différence et retourne dans sa famille pour y vivre heureuse. Les très jolies illustrations vivement colorées, paysages enneigés, isbas, poupées en bois et personnages russes, sont un plaisir pour les yeux ! Un livre à lire et relire pour réfléchir tous ensemble, petits et grands !
 Ma phrase préférée : Tu ne caches pas une plus petite matriochka, mais un grand arbre et tous ses secrets, prends-en bien soin."

jeudi 27 avril 2017

Gunvor Hofmo : Tout de la nuit est sans nom (1)


Gunvor Hofmo 1948 (source)

Je suis en train de lire pour mon voyage en Norvège. Aujourd'hui, voici deux poésies de Gunvor Hofmo, poétesse norvégienne (1921_1995), extraites du recueil  Tout de la nuit est sans nom que je suis en train de découvrir. Je vous le présenterai plus longuement quand je l'aurai terminé.

Tout de la nuit est sans nom

Harald Solhberg, peintre norvégien:  nuit d'hiver à Rondane

Tout de la nuit est sans nom
Calmes, heure après heure,
Les choses posent
leur nom
L'arbre et la pierre
interprètent la voix de l'univers,
perdant leur identité
propre.


La bouche du soir 

 La bouche du soir se referme
mais son murmure résonne
dans les arbres et les rochers
Elle chuchote l'éternel
et la nuit qui vient
où les éclairs, les uns après les autres,
te montrent les images du Monde ! 

 

 

mercredi 26 avril 2017

Nikolaj Frobenius : Le valet de Sade



 Quatrième de couverture : Nous sommes au XVIIIe siècle, un enfant au regard terrifiant vient de naître à Honfleur. Il se nomme Latour, sa naissance est la conséquence d'un viol. Bou-Bou, sa mère, l'élève avec tendresse d'autant que cet enfant est étrange : il ne ressent pas la douleur. Après une formation professionnelle chez un taxidermiste, Latour quitte la Normandie. Accompagné d'une prostituée, il vit dans les bas-fonds de Paris où commence vraiment son aventure. Obsédé par son infirmité, fasciné par le mystère de la douleur, Latour entre dans la spirale infernale du meurtre, tue et dissèque, étudie chaque organe, et finit par usurper l'identité d'une de ses victimes pour devenir l'élève du grand anatomiste Rouchefoucault. Un jour pourtant, sa vie bascule : une prostituée le conduit auprès du marquis de Sade, Latour entre à son service, il va devenir son valet, son complice, jusqu'à la mort. 

Nikolaj Frobenius

De Nikolaj Frobenius, écrivain norvégien naît à Oslo en 1965, j’ai lu et commenté dans mon blog Branches obscures (Ici), un thriller qui traite du pouvoir de l’écriture et où l’écrivain se révèle un manipulateur inquiétant. Le valet de Sade, on s’en doute avec un titre pareil, nage lui aussi en eaux troubles et pas n’importe lesquelles puisque Frobenius convoque auprès de son valet rien moins que la sulfureuse présence du Marquis de Sade. Pourtant ce dernier n’est pas le personnage principal du roman et c’est bien Latour son valet qui en est le centre. Et en un sens bien plus inquiétant que le maître. Psychopathe, serial killer avant le mot, Latour qui ne sent pas la douleur s’obstine à en percer le mystère en disséquant le cerveau de ceux qui font partie de sa liste parce qu’ils les soupçonnent d’avoir tué sa mère. Aucune empathie n’est possible envers ses victimes qu’il fait mourir dans d’atroces souffrances puisqu’il ne peut comprendre ce qu’ils éprouvent. Latour est le Mal personnifié qui épouvante le Marquis de Sade lui-même et le fascine, devenant pour lui une source d’inspiration littéraire.
Fascinant, en effet, ce Latour, et pas seulement parce qu’il incarne le Mal mais aussi parce qu’il représente l’homme de science acharné dans ses recherches, l’intelligence humaine qui à la volonté de percer le mystère du fonctionnement de l’homme, de son cerveau; une sorte de visionnaire qui comprend bien avant l’heure que la douleur doit être liée à un influx électrique qui circule à travers les nerfs.
 
On compare souvent Le valet de Sade au roman de Suskind Le Parfum. Ma lecture de ce dernier livre est trop lointaine pour que je puisse en tomber d’accord malgré les ressemblances évidentes à propos du meurtrier ou du climat trouble et inquiétant. Mais pour moi, Le Valet de Sade n’est pas vraiment un thriller, ni seulement un roman policier, même s’il y a enquête autour des meurtres commis par Latour  et des exactions de Sade.
Je me suis beaucoup interrogée sur le sens de ce livre qui nous invite à  réfléchir sur la violence, la douleur et sur la solitude de l’homme. Il me semble que que l'auteur nous en propose une explication philosophique :  Latour, cet homme laid, rejeté de tous, devenu un criminel insensible, n’est-il pas le symbole de cette cette brillante société du XVIII siècle (et pourquoi pas actuelle ? ) qui cache, sous l’or des palais, la somptuosité des parures, le brio des esprits, une violence extrême envers les peuples opprimés. Ce que fait Latour est-il plus terrible que ce que fait un gouvernement qui prive le peuple de pain et de sa liberté, l’envoie servir de chair à canon dans des guerres qui ne sont pas les siennes?

C’est ce que Nikolaj Frobenius fait dire au Marquis de Sade : « J’ai beaucoup réfléchi sur ma pratique du libertinage, mais je n’ai pas mis toutes mes idées en application. C’est voyez-vous, c'est une condition de la création qu’on apprenne à distinguer le récit de la réalité. Je ne suis certes pas un ange. Mais mes forfaits sont risibles au regard de ceux qui sont commis chaque jour par ceux qui nous gouvernent et qui organisent ce pays. »

Portait présume du Marquis de Sade : par Van Loo
 
Comme je connais mal la vie de Sade et que je ne suis jamais parvenue à lire son oeuvre jusqu'au bout, le livre de Frobenius m'interroge par cette idée nouvelle pour moi : le Marquis n'aurait pas pratiqué les actes sadiques - du moins les plus violents - qu'il décrit dans son oeuvre. C'est que pense  Latour quand il copie les oeuvres du Maître :

"Mais chaque cri infâme, chaque injure lancée contre un défi à Dieu, chaque violence perpétrée contre de pitoyables victimes me libérèrent peu à peu de mon malaise. La cruauté était devenue invraisemblable et je compris alors que ce n'était pas la jouissance de ces actes que mon maître avait essayé de décrire. Mais bien la solitude. Le désert de la solitude, le vide des geôles."

Je suppose qu'il faut lire, pour avoir une réponse, la biographie que lui consacre Jean-Jacques Pauvert qui a été le premier à le publier.
 Le valet qui a été complice du maître dans l'histoire que relate Nikolaj Fobroenius à propos des  cinq prostituées rendues malades par des pilules à la cantharide a existé. Il a été poursuivi comme son maître et condamné à mort comme lui et brûlé en effigie par contumace. Mais l'écrivain a pris des libertés par rapport à la vérité historique en réunissant dans un même personnage les deux valets de Sade : d'Armand dit Latour et Carteron dit Martin Quiros, valet et copiste du marquis.


Le roman de Nikolaj Fobroenius pose donc des question intéressantes qui prêtent à réflexion mais je vous avoue qu’il faut avoir le coeur bien accroché pour supporter à la fois la description des meurtres de Latour et des pratiques sexuelles déviées de Sade. Le style de l’écrivain est à la fois élégant et précis, jamais vulgaire, mais brillant et assez dérangeant car il exerce une fascination-répulsion sur le lecteur qui a parfois envie d’abandonner le livre.  Enfin, c’est ce que j’ai éprouvé personnellement mais cela aurait été dommage de ne pas aller jusqu'au bout car cet ouvrage a des qualités !

mardi 25 avril 2017

Le festival In d'Avignon 2017 : Avant- programme




Vous trouverez l'avant-programme du festival In d'Avignon  ICI  ou ICI
Quant à moi, je ne veux pas récapituler les différentes caractéristiques de ce nouveau programme, ni dresser la liste de tous les spectacles mais dire les pièces qui m'attirent à priori avant le difficile moment du choix définitif, sachant que mes priorités auront peut-être changé d'ici là sous l'influence de mes lectures et du bouche à oreille.

Antigone (source)
Et d'abord, en tête de toutes mes envies Antigone de Sophocle  : mise en scène par le japonais Satoshi Miyagi à la Cour d'Honneur.
Je choisis toujours, si je le peux un spectacle de la Cour d'Honneur, lieu magique, et quand il s'agit d'Antigone, une pièce que j 'aime beaucoup,  alors tout est réuni. La mise en scène est inspirée par le théâtre de marionnettes indonésien qui se joue sur l'eau. La Cour d'Honneur sera donc « noyée ».
 D'autre part, j'ai été déçue de ne pas avoir vu le Mahabharata de Satoshi Miyagi en 2014 si bien que je veux pas rater ce metteur en scène devenu légendaire à Avignon ! Enfin voir du théâtre grec-japonais-indonésien au festival d'Avignon, c'est en soi une grande aventure.

Le roman de monsieur Molière (source)
Le roman de monsieur Molière d'après Mikhaïl Boulgakov par le metteur en scène berlinois de Frank Castorf au Parc des Expositions. En allemand, donc. Je n'ai pas encore lu le roman mais je l'ai déjà à côté de moi dans ma PAL et je suis curieuse de découvrir l'oeuvre. Et puis je garde une si beau souvenir du Maître et la Marguerite du même auteur mis en scène par  Simon McBurney dans la cour d'honneur en 2012 !

Ramona (source)
Ramona spectacle de marionnettes de Rezzo Gabiradze à la maison Jean Vilar : parce que j'ai toujours trouvé les spectacles de marionnettes fascinants et celui-ci, si j'en juge par les photographies du spectacle, a l'air d'une grande beauté.

L'enfance à l'oeuvre (source)

 L'enfance à l'oeuvre d'après Romain Gary, Henri Michaux, Marcel Proust et Arthur Rimbaud : mise en scène de Robin Renucci et Nicolas Stavy spectacle itinérant. Pourquoi ce choix? Pour le thème et les écrivains qui l'ont nourri ! Dans le théâtre, j'aime le texte et les mots ! Robin Renucci, un comédien que j'aime beaucoup, propose un voyage littéraire et pose la question : qu'est-ce qui dans l'enfance forge l'inspiration et éveille des vocations ?


Impromptu 1663

Impromptu 1663 Molière et la querelle de l'école des femmes  mise en scène de Clément Hervieu-Léger avec le Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris. D'abord, j'ai envie de voir un des spectacles du Conservatoire. Enfin, si je connais bien La querelle pour l'avoir lue et étudiée, je ne l'ai jamais vue sur scène !

La fille de mars (source)  
La fille de Mars d'après le Penthésilée de Heinrich Von Kleist mise en scène François Matignon au Gymnase Paul Giera. Parce que je veux lire et voir cette pièce de Von Kleist.  Et puis je connais le metteur en scène avignonnais, François Matignon, qui a des mises en scène intéressantes.


Les Bonnes de Genêt  De meiden : (source)
 Les Bonnes (De meiden) de Genêt mise en scène de Katie Mitchell  metteur en scène britannique, très engagée dans la cause féministe. Cette pièce m'intéresse. Quant à Katie Mitchell, j'ai vu deux  mises en scène d'elle,  une que j'ai beaucoup aimée, une autre qui m'a ennuyée. Alors?

Dans les ruines d'Athènes (source)

 Le Birgit ensemble Dans les ruines d'Athènes : Julie Bertin et Jade Herbulot organisent une « Parthenon story » sur le modèle de Loft Story avec les héros grecs qui se racontent : Oreste, Cassandre, Ulysse et une jeune venue d'Europe… Dans les ruines d'Athènes.

Hamlet Shakespeare (source)
Hamlet de Shakespeare :  mise en scène de Olivier Py avec les hommes de la prison du Pontet. Là, j'ai peur mais c'est Shakespeare !

Un spectacle en relation avec l'Afrique ? Il y en a plusieurs. Pour le moment mon choix s'arrête à :

Rokia  Traor
Dream Mandje-Djata avec Rokia  Traore chanteuse malienne cour du musée Calvet

Angélique Kidjo, Isaac de Bankoré
 Femme noire de Leopold Sadar Senghor à la Cour d'Honneur avec la chanteuse béninoise Angélique Kidjo,  le comédien ivoirien Isaac de Bankoré  et leurs invités, le saxophoniste et chanteur camerounais Manu Dibango etc.. Cotonou – New York – Paris

Un spectacle jeune public :

L'imparfait (source)

  L' Imparfait de Olivier Balazuc à partir de 7 en pensant à ma petite fille :   à la chapelle des Pénitents blancs

C'est une légende

et C'est une légende danse pour jeune public à partir de 7ans

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Et il y en a bien d 'autres encore qui pourraient me tenter ! Oui, je sais ! Je ne pourrai tout voir, il va falloir choisir ! La carte bleue ne suivrait pas !  Et ceci d'autant plus que je veux pas rater les spectacle du OFF. Mais avouez que cet avant-programme est bien alléchant !

PS : et déjà un regret ! Je viens de découvrir un spectacle sur Ibsen qui fait partie de mes auteurs de théâtre favoris : La maison d'Ibsen mis en scène par un jeune metteur en scène néerlandais : Simon Stone.

dimanche 23 avril 2017

Hiawyn Oram : La sorcière aux trois crapauds


Ma petite-fille est en CP. Elle vient juste d'avoir 7 ans et va commencer à participer à mon blog pendant les vacances pour vous faire partager ses lectures.  Elle a choisi pour pseudonyme son deuxième prénom : Appoline

Ma librairie sera désormais le blog de la petite-fille et de sa grand-mère, le lieu de rencontre d'Appoline  et Claudialucia.

 

 Titre du livre :

La sorcière aux trois crapauds

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Auteur du livre : Hiawyn Oram

Illustrateur : Ruth Brown

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Edition : 
Gallimard Jeunesse

Collection :
 Folio cadet premières lectures

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Résumé de la quatrième de couverture

Toute-Douce doit rapporter à ses deux méchantes soeurs Toute-Vilaine et Toute-Méchante l'un des trois crapauds de l'horrible sorcière Baba Yaga. Pour cela elle devra effectuer trois tâches impossibles.

Un conte de fées dans la tradition russe.
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La phrase que j’ai préférée :

"Je sais déjà laquelle des trois viendra bientôt me rendre visite, dit la sorcière."
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J’ai trouvé l’histoire :

Passionnante Intéressante Ennuyeuse

Amusante Inventive Triste    émouvante  effrayante

Réelle Imaginaire Historique

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Ce que j'ai aimé dans l'histoire :

J'ai aimé la petite poupée de Toute-Douce parce qu'elle était magique; c'est sa maman qui lui a donnée quand elle est morte.

J'ai aimé les pattes de poule de la cabane de Baba Yaga

La morale de l'histoire : Je savais déjà qu'il fallait être gentille mais pas trop, trop, trop, parce que sinon on se fait marcher sur les pieds.

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J’ai aimé l’histoire :

Un peu    Moyennement   beaucoup   Un coup de coeur

J’ai aimé l’illustration :

Un peu    Moyennement   beaucoup   Un coup de coeur


Fiche 2 : Appoline

Avis de la grand-mère :   Ce livre est l'adaptation du conte traditionnel russe : Vassilisa la Belle. Apolline connaît bien le conte qu'elle a vu deux fois, sur la scène, au festival d'Avignon. C'est peut-être pour cela qu'elle a moins aimé cette version résolument moderne qui l'a surprise. Pour ma part, j'ai apprécié la morale détournée du conte qui dit aux filles que c'est bien d'être gentilles mais qu'il ne faut tout de même pas l'être trop. Un discret message féministe ! Les illustrations sont très belles et réalistes : la sorcière Baba Yaga est assez effrayante !

vendredi 21 avril 2017

Judith Perrignon : Victor Hugo vient de mourir



Victor Hugo vient de mourir ! Oui, je sais, ce n’est pas un scoop ! Et nous savons tous que le décès du poète en 1885 et ses obsèques ont eu un retentissement national et international immense et ont suscité une énorme émotion tant auprès du gouvernement que du peuple. Mais ce que nous savons moins et Judith Perrignon va nous en faire un compte rendu animé au cours d’un récit bouillonnant de vie, de drames et de fracas, c’est tout ce qui tourne autour de cet événement, toutes les implications politiques, religieuses, humaines de cet événement hors du commun : la Mort du Poète ! Ce  petit livre très réussi nous mène donc d’étonnement en étonnement.

Dès l’annonce de sa fin prochaine, des milliers de personnes se pressent auprès de sa demeure, hommes politiques, célébrités, membres du gouvernement,  grands de ce monde, mais aussi les obscurs :

"Viennent tous ceux qui ne laisseront aucune trace. Ils ne sont pas les moins tristes, ces ouvriers et ces ouvrières s’arrêtant un instant sur le chemin du travail et demandant sous la porte du petit hôtel : Comment va-t-il?"

Dans les jours qui suivront le décès  « C’est la marée montante devant la maison du poète. La foule est de plus en plus considérable. »

Les implications religieuses

Le Panthéon

Bien avant sa mort, lorsque sa fin est annoncée, le combat idéologique de l’Eglise commence ! Il s’agit d’obtenir que Victor Hugo fasse amende honorable et demande les derniers sacrements. Il faut le récupérer sur son lit de mort pour montrer au peuple que le poète s’est repenti et a regretté sa conduite anticléricale.

« Si Hugo persiste à refuser l’extrême-onction, quel dangereux signal envoyé aux foules et au reste du monde. »

Or, si sa foi en Dieu est vive, Hugo a toujours méprisé les prêtres, ceux qui sont du côté des puissants et des riches, insensibles à la misère et aux souffrances du peuple. Jusqu’à son dernier souffle, il a répété : « pas de prêtre » !
« Un mot de lui, un prêtre auprès de lui, et ce sont les Lumières qui s’éteignent, les dévotions qui se vengent, chacun le sent, le sait, chacun tire le mourant pour le faire tomber de ce côté. »
L’enjeu est immense ! Aussi lorsque l’évêque Freppel se présente en confesseur pour forcer la porte du moribond, les parents et amis de Hugo l’empêchent d’accéder jusqu’à lui. Plus tard, quelques jours après sa mort, lorsque le cadavre de Hugo mal embaumé se couvrira de taches obligeant à la fermeture prématurée du cercueil, les représentants de l’église feront courir le bruit que Dieu s’est détourné de lui et l’a puni ! La bataille ne s’arrête pas là et continue avec la laïcisation de l’église Sainte Geneviève définitivement enlevée au culte pour devenir le Panthéon qui accueillera le grand homme mais tout ceci non sans remue-ménage et scènes de comi-tragédie aigre-douce.

Les implications politiques

Les Funérailles de Victor Hugo : arrivée du cortège au Panthéon
Les enjeux politiques sont nombreux et si différents que l’on l’impression d’une toile d’araignée aux fils inextricablement enchevêtrés dans laquelle chacun s’empêtre et cherche  à tirer le cadavre à soi. De l’extrême droite à l’extrême gauche, même les royalistes, même les Bonapartistes, c’est « l’unanimité nationale » il faut rendre les honneurs au Grand Homme mais…

La République embourgeoisée, dévoyée par son culte de l’argent, s’inquiète, voit le spectre de la révolution s’agiter devant elle.. Qui sait ce que vont faire  les ouvriers ? Comment contenir le peuple?
 Et les autres ?  Les anarchistes  veulent défiler avec le drapeau noir marqué du vers de Hugo : « Le peuple a sa colère  et le volcan sa lave qui dévaste d’abord et qui féconde après » ;  les communards avec le drapeau rouge sur lequel sera inscrit Amnistie. Même si ces derniers en veulent à Hugo de ne pas les avoir soutenus au moment de l’insurrection, ils lui sont redevables de l’asile qu’il a donnée chez lui aux membres de la Commune vaincue, de son intervention pour sauver Louise Michel et de ses demandes d’amnistie réitérées en faveur des communards. Des rumeurs d’attentat circulent; la tension monte. La cavalerie tire sur la foule composée d’anarchistes, de communards, des tailleurs en grève, de la chambre syndicale des menuisiers qui s’était réunie  dès le premier dimanche au cimetière du Père Lachaise pour une journée du souvenir. Morts rapidement enterrés, nombreux blessés. Le gouvernement a gagné son épreuve de force avant même que commencent les commémorations de deuil officielles !

Le catafalque de Victor Hugo à L'Arc de Triomphe

Et la République prend des mesures : Le drapeau noir et le drapeau rouge seront interdits.  Les funérailles auront lieu le lundi 1er Juin 1885, un jour où les ouvriers seront au travail et non le dimanche. Si bien que les ouvriers, ceux que Victor Hugo a passé sa vie à défendre, ne seront pas présent à l’enterrement de leur poète. Mais, le dimanche 31 Mai,  précédant la cérémonie, ils pourront défiler devant le catafalque du poète exposé à l’Etoile, une journée interrompue d’hommages qui se terminera la nuit par une orgie dans les rues de Paris. Qu’importe ? La police ferme les yeux. Il vaut mieux que les misérables bafouent les bonnes moeurs plutôt que l’ordre bourgeois !

Arrivée du cortège rue Soufflot
 Et c’est ainsi que Hugo « n’est plus que le héros impuissant de ses obsèques ».  Le défilé sera immense : deux millions de personnes. Les derniers arriveront au Panthéon quatre heures après la mise au tombeau du poète.
Le gouvernement est satisfait,  le ministre Targé, le préfet, les commissaires de police, les membres du parlement sont rassurés : « la foule chantait, les ouvriers étaient parqués dans leurs ateliers, les drapeaux colorés étaient confisqués et le plus applaudi des chars étaient celui de l’Algérie » préfigurant la lutte coloniale qui allait s’ouvrir pour « conquérir, pomper, pomper, écraser et voler ». Et non comme certains veulent bien nous le faire accroire aujourd’hui encore, par altruisme et pour doter les Algériens de routes et des bienfaits de notre civilisation !
Le lendemain le journal La Bataille titrait : On a fait au poète des Misérables des obsèques de Maréchal. On ne dégrade pas mieux un homme ».

Documenté, précis, cultivé, vivant, ce petit livre m’a donné beaucoup de plaisir et, ce qui ne gâche rien, il a parfois des accents hugoliens. Jugez plutôt !

« La République ce jour-là étouffait l’homme révolté. La phrase était en cage. »




Le 2 août 1883, Victor Hugo avait remis à son ami Auguste Vacquerie, dans une enveloppe non fermée, les lignes testamentaires suivantes, qui constituaient ses dernières volontés pour le lendemain de sa mort.
Je donne cinquante mille francs aux pauvres. Je désire être porté au cimetière dans leur corbillard.

Je refuse l'oraison de toutes les églises; je demande une prière à toutes les âmes.
Je crois en Dieu.
VICTOR HUGO.