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jeudi 30 octobre 2008

Ed Harris : Appaloosa, un vrai western



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Avec Appaloosa nous avons enfin un vrai western et non une parodie, un vrai western qui maintient toutes les traditions et qui explore, une fois encore, le passé de l'Amérique.
Une fois encore? me direz-vous. A quoi cela peut-il servir? N'est-ce pas dépassé, désuet? Et bien non! Montaigne disait quand on lui reprochait d'imiter les anciens : "les abeilles pillottent de-cà, de-là les fleurs mais elles en font après le miel qui est tout un; ce n'est ni thym, ni marjolaine". Et bien c'est précisément ce qu'a fait Ed Haris avec Appaloosa, un film personnel qui exploite pourtant tous les codes du genre et dans lequel on peut voir maintes références cinématographiques, coups de chapeau aux Grands, Ford, Hawks, Antony Mann...
Quant au genre? je vois certains faire la grimace; un genre inférieur, pas assez intellectuel, le western? Ma foi, pour moi, il n'y a pas de mauvais ou de bon genre et ceci s'applique au film comme au livre, il y a de bons films (ou livres) et des mauvais...  Appaloosa est un bon film, agréable à visionner.
La première qualité d'un western est de montrer les grands espaces, de donner une place au paysage, d'en faire  même un  acteur de l'action. Appaloosa se déroule, en effet, dans les splendides décors naturels du Nouveau Mexique. Le chef opérateur choisi par Ed Harris a réalisé  "Danse avec les loups". Il filme des images splendides aux teintes ocres, à la lumière flamboyante, où la nature paraît toute puissante. L'image, en gros plan, d'un puma dominant du haut de la montagne une vaste plaine où avance le train est saississante : on peut y avoir le face à face de la nature sauvage et de l'homme, un symbole aussi du danger qui guette les voyageurs.
Les thèmes traditionnels du western sont bien là : Un justicier, Virgil Cole, (Ed Harris) et son adjoint, Everett Hitch (Viggo Mortensen) sont recrutés pour lutter contre Randall Bragg (Jeremy Irons), un propriétaire terrien, qui fait régner la terreur entouré de  sa bande d'assassins et de violeurs. L'histoire est donc un  prétexte à une réflexion sur la justice et le passé violent de l'Amérique où les armes font la loi.  Virgil Cole croit à ce qu'il fait, il veut rétablir la justice et ne se considère pas comme un assassin puisqu'il tue pour le "bien". Tant pis si les moyens ne sont pas toujours orthodoxes et si l'habitude de la violence le pousse au "dérapage". Son adjoint, ancien officier qui a fui l'armée, a plus de doutes et se demande s'il n'exerce pas ce  métier tout simplement pour avoir la permission de tuer! D'ailleurs la justice triomphe-t-elle dans ce pays? Tout va prouver le contraire.
Thème aussi habituel, celui de l'amitié virile mais traité ici d'une manière décalée et inattendue. Le Héros est, sans contexte Virgil Cole, interprété par Ed Harris, froid et impassible sous son chapeau noir comme un Clint Eastwood dans ses rôles de "lonesome cow boy" incarnant la justice. A côté de lui Everett Hitch, Viggo Mortensen, utilisé  avec brio, en contre-emploi, paraît effacé, en retrait, dans l'ombre de son compagnon. Cependant, l'on s'aperçoit vite  qu'il n'en est rien. C'est lui qui veille sur son ami et  ses amours, lui qui l'aide en toutes circonstances, lors des fusillades ou comme souffleur des mots que le héros ne parvient pas à maîtriser. Le personnage de Virgil Cole est d'ailleurs constamment ou presque sous le regard d'Everett, regard souvent amusé, inquiet voire attristé. Il faut dire que le film pourrait s'intituler : "le héros est fatigué" et que Ed Harris interprète ce personnage sur le déclin avec beaucoup d'humour.
Le méchant, Randall Bragg,  est incarné avec superbe par Jeremy Irons. Dans la scène où il est emprisonné, le metteur en scène traite avec subtilité la différence sociale et culturelle entre Cole, peu instruit, et Bragg issu d'un milieu supérieur (tout comme Everett Hitch), qui possède la culture et le don de la parole. La femme,(Renée Zellwegger) toujours présente dans le western, habituellement comme institutrice ou putain, est ici encore un personnage qui réserve des surprises et je vous laisse la découvrir car elle se révèle très...particulière!
Quant aux indiens, ils sont là, certes, mais ce n'est plus le moment des grandes luttes de la conquête de l'ouest. Ils se sont échappés de la réserve où ils étaient parqués et errent dans le désert, bande loqueteuse et pouilleuse, qui conservent pourtant la fierté et le sens de l'honneur du peuple Apache.
Ajoutons que les situations pleines d'humour, les dialogues souvent savoureux, font de ce film un moment de bonne humeur et de détente.
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Ed Harris et Viggo Mortensen

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