Las ! Mort, qui t'a fait si hardie
De prendre la noble Princesse
Qui était mon confort, ma vie,
Mon bien, mon plaisir, ma richesse !
Puisque tu as pris ma maîtresse,
Prends-moi aussi son serviteur,
Car j'aime mieux prochainement
m
ourir que languir en tourment,
En peine, souci et douleur !
Las! de tous biens était garnie
Et en droite fleur de jeunesse!
Je prie à Dieu qu'il te maudie,
Fausse Mort, pleine de rudesse!
Si prise l'eusses en vieillesse,
Ce ne fût pas si grand rigueur;
mais prise l'as hâtivement,
Et m'as laissé piteusement
En peine, souci et douleur !
Las ! je suis seul, sans compagnie!
Adieu ma Dame, ma liesse !
Or est notre amour departie,
Non pourtant, je vous fais promesse
Que de prières, à largesse,
Morte vous servirai de coeur,
Sans oublier aucunement;
Et vous regretterai souvent
En peine, souci et douleur.
Dieu, sur tout souverain Seigneur,
Ordonnez, par grâce et douceur,
De l'âme d'elle, tellement
Qu'elle ne soit pas longuement
En peine, souci et douleur !
Les compagnons Troubadours du dimanche de Bookworm :
C'est si beau! Toujours les mêmes souffrances, les mêmes soupirs, la même vie si brève!
RépondreSupprimer@mango : dans ce poème l'on sent la souffrance de cet homme et il y aussi une belle musique des vers qui nous fait partager ses sentiments malgré la distance dans le temps et le langage éloigné du français actuel.
RépondreSupprimerj'aime beaucoup les termes qu'il emploie pour la décrire:mon confort, ma vie, mon bien, mon plaisir, ma richesse:très beau!
RépondreSupprimer@ sophie : mon confort ou réconfort au Moyen-âge : on peut imaginer cet homme retenu loin des siens si longtemps pour des raisons politiques puisant dans l'amour de sa femme le courage de vivre. Et puis la mort de celle-ci lui enlève même cette lueur d'espoir!
RépondreSupprimerquelqu'un saurait en quel siècle ce poème à été écrit ?
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