Il y avait longtemps que je voulais lire un roman de Laurent Gaudé et le challenge de Calypso : un mot, des titres... m'a donné l'occasion, puis que ce mot était soleil, de découvrir l'oeuvre la plus célèbre de cet écrivain : Le soleil des Scorta.
Agréable découverte que ce roman tant par le style de l'auteur qui sait rendre l'atmosphère d'un pays à la terre aride et ingrate que par sa parfaite connaissance des mentalités d'un petit village des Pouilles, Montepuccio. C'est à travers les tribulations des membres de la famille Scorta, de la fin du XIXème siècle à nos jours, que nous que nous découvrons la vie de cette population bien souvent réduite à l'exil pour échapper à la misère.
Agréable découverte que ce roman tant par le style de l'auteur qui sait rendre l'atmosphère d'un pays à la terre aride et ingrate que par sa parfaite connaissance des mentalités d'un petit village des Pouilles, Montepuccio. C'est à travers les tribulations des membres de la famille Scorta, de la fin du XIXème siècle à nos jours, que nous que nous découvrons la vie de cette population bien souvent réduite à l'exil pour échapper à la misère.
Le récit commence par le viol de Immacolata Biscotti par le bandit Luciano Scorta Malcazone qui le paie de sa vie. De cette union naît Rocco Scorta qui parviendra à s'enrichir par le vol, le pillage et le crime. Sa richesse lui permettra d'obtenir le respect des villageois mais à sa mort, il déshérite ses enfants pour donner sa fortune à l'Eglise et les précipite dans la misère. Les frères, Domenico, Giuseppe et Raffaele,le frère d'adoption, et leur soeur Carmela, après s'être fait refouler des Etats-Unis, décident d'unir leur force pour pouvoir s'en sortir dans le village qui les a vus naître. Ils forment désormais avec leurs époux et épouses respectifs, leurs enfants, un clan soudé et solidaire, qui place le nom des Scorta comme une priorité. Le commerce du tabac, la contrebande aussi, vont leur permettre de vivre.
Une des plus grandes qualités du roman réside dans l'empathie que l'on sent de la part de l'écrivain pour ces hommes et ces femmes qui ont la mentalité parfois primaire de ceux qui doivent arracher leur subsistance aux cailloux mais qui rachètent leur âpreté par une instinctive dignité. La famille Scorta avec ses faiblesses, et ses secrets forcent la sympathie par l'amour qu'ils se portent les uns aux autres, leur solidarité sans faille, leur désir de transmettre à leur descendance ce qu'ils considèrent comme essentiel. Ce sont des êtres pauvres mais fiers, facilement blessés mais durs à la souffrance comme le dit Carmela, souvent intransigeants avec eux-mêmes. Il y a de très belles scènes qui placent certains de ses personnages au niveau de héros de tragédie dont ils ont la grandeur malgré leur humble origine. L'histoire d'amour entre Elia et Maria est splendide : fierté de la jeune fille qui refuse d'être considérée comme une marchandise, force morale d'Elia qui détruit sa seule richesse pour repartir à zéro et offrir à son épousée une vie qu'il aura construite lui-même. La mort-suicide de Donato dans sa barque, l'attitude de Carmela qui s'enferme dans le mutisme pendant de nombreuses années, le crime de Raffaelle et son amour perdu, tout donne l'impression d'assister à travers cette famille à une grande tragédie antique brûlée par le soleil. Car le soleil est un des personnages principaux du récit, l'emblème même des Scorta dont il rythme la vie de la même manière qu'il pèse sur tout le village et impose sa loi implacable.
Voilà ce que dit Domenico à son neveu Elia qui renonce à quitter le pays : Il fait trop beau. Depuis un mois, le soleil tape. Il était impossible que tu partes. Lorsque le soleil règne dans le ciel à faire claquer les pierres, il n'y a rien à faire. Nous l'aimons trop, cette terre. Elle n'offre rien, elle est plus pauvre que nous, mais lorsque le soleil la chauffe, aucun d'entre nous ne peut la quitter. Nous sommes nés du soleil, Elia. Sa chaleur, nous l'avons en nous. D'aussi loin que nos corps se souviennent, il était là, réchauffant nos peaux de nourrissons. Et nous ne cessons de le manger, de le croquer à pleine dents. Il est là, dans les fruits que nous mangeons. Les pêches. Les Olives; Les oranges. C'est son parfum. Avec l'huile que nous buvons, il coule dans nos gorges. Il est en nous. Nous sommes les mangeurs de soleil.
Angelebb, Lasardine, Juliah, Calypso, Felina
Angelebb, Lasardine, Juliah, Calypso, Felina
Beau billet ! Pour moi aussi, c'est une découverte de l'auteur, il était temps.
RépondreSupprimerMerci d'avoir participé !
C'est le dernier Gaudé que j'ai lu - peu après sa sortie, je crois - et j'en garde le souvenir d'un livre fort et brûlant.
RépondreSupprimerUn livre que j'avais beaucoup aimé. Je conseille également La mort du Roi Tsongor que j'avais encore plus aimé que celui-ci !
RépondreSupprimerUn livre que j'ai adoré, j'étais sure qu'il serait numèro un des lecteurs avec ce mot.
RépondreSupprimerJ'avais beaucoup moins aimé que toi : je m'étais ennuyée et je ne me rappelle pas trop de l'histoire d'ailleurs...
RépondreSupprimerComme toi j'ai choisi ce livre et c'est un vrai coup de cœur. Peut-être fera-t-il la majorité des choix pour cette session?
RépondreSupprimerPour moi également une lecture qui me marquera longtemps!
RépondreSupprimerTrès beau billet
Je découvre ton blog et il est vraiment très bien...je reviendrais
@ Calypso : et merci de l'organiser, bien sûr! une belle découverte pour toutes les deux.
RépondreSupprimer@ Gwen : un livre fort et brûlant comme le sont les personnages mais aussi cette Italie du Sud aride et torride.
RépondreSupprimer@ Adalana : Maintenant, j'ai bien l'intention de lire les autres! Je suivrai donc ton conseil.On vient de m'offrir le dernier Gaudé.
RépondreSupprimer@ Laure : Je me doutais moi aussi qu'il allait avoir du succès. Il faut dire que le mot soleil dans le challenge de Calypso est une occasion à ne pas rater quand on veut connaître Gaudé.
RépondreSupprimer@ Maggie : Oui, j'ai vu que tu n'aimais pas. Ce n'est peut-être pas ton univers? Et puis il y a des moments où l'on n'a pas envie de lire ce type de roman; besoin d'autres choses... En tout cas c'est un bon livre.
RépondreSupprimer@ Felina : il est bien parti pour...
RépondreSupprimer@ Angelebb : ces lectures communes permettent de découvrir des blogs nouveaux. Moi aussi, je reviendrai te voir.
RépondreSupprimerQuel extrait magnifique... J'aime beaucoup Laurent Gaudé, j'ai adoré son "Ouragan"... Mais pour l'instant celui là ne me tentait pas trop... On dirait bien que tu as réussi à aiguiser ma curiosité, il me faut maintenant aller le voir de plus près... Feuilleter quelques pages, grappiler quelques morceaux...
RépondreSupprimerGaudé se lit vraiment avec émotion à chaque fois! Ca donne vraiment envie de découvrir l'ensemble de son travail.
RépondreSupprimerC'est un excellent souvenir de lecture, le livre a fait le tour de la famille et a plu à tous, j'ai aimé comme toi les personnages, la vie implacable sous le soleil
RépondreSupprimerj'ai ce livre en livre audio est c'est un grand plaisir aussi !
@ l'or des chambres : Ah! ah! si j'ai aiguisé ta curiosité, c'est très bien,je pense que le livre le mérite.
RépondreSupprimer@ Julia : oui, c'est sûr que je vais lire d'autres livres de lui!
RépondreSupprimer@ Dominique : le livre en audio? Il est lu par qui?
RépondreSupprimerBeau billet qui nous ramène le parfum brûlant des oliviers sous un soleil de plomb, et la seule richesse de ces terre arides : le soleil ! Je le note. Je n'ai encore rien lu de cet auteur... ;)(j'ai dans mon carnet : La mort du roi Tsongor. Il y en a tant à acheter, à emprunter, à lire en somme ! tentatrice va ! ;)
RépondreSupprimerpas encore lu mais j'ai bcp bcp aimé Ouragan. Je n'en resterais pas là !
RépondreSupprimerCela faisait bien longtemps que personne n'était venu sur le blog. Enfin moi je suis de passage et je tiens à dire que ce livre a été très bien écrit et d'ailleurs j'ai été attiré par le titre mais au final ce livre ne m'a pas autant plus car se n'est pas de mon univers.
RépondreSupprimerJe n'étais pas revenue vers cet article, en effet, depuis longtmeps et n'avais pas vu les derniers commentaires. C'est avec ce message d'anonyme que je m'en aperçois. Merci à toutes de votre passage.
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