Recueil de nouvelles De rouille et d'os |
De rouille et d'os ou Un goût de rouille et d'os est un recueil de nouvelles de Graig Davidson, écrivain canadien. C'est le deuxième livre que je lis de lui et j'y retrouve le milieu de la boxe et, plus encore, de la boxe pratiquée hors des règles, combats où tous les coups sont permis et où les spectateurs parient sur la violence et le sang versé. A l'origine un sujet qui me rebute plutôt et il faut tout le talent de Graig Davidson pour que je parvienne à m'y intéresser et même à me passionner; il y a, en effet, un telle force dans le récit que celui-ci me laisse haletante avec l'impossibilité de m'en détacher comme dans Cataract City dont j'ai parlé récemment dans mon blog. Et puis, finalement, quels que soient le milieu et le sujet, c'est toujours de l'être humain qu'il s'agit et les thèmes développés par Graig Davidson avec une authenticité pleine d'émotion sont universels : la pauvreté qui va de pair avec la violence, la souffrance, la solitude, le sentiment de culpabilité, le désir rédemption….
Les deux nouvelles
Graig Davidson |
Le scénario du film d'Audiard De rouille et d'os est réalisé à partir de deux nouvelles du recueil. La première Un goût de rouille et d'os
donne son titre au livre et au film. Le titre fait allusion au goût du
sang que le boxeur a dans la bouche quand il reçoit des coups.
Un goût de rouille et d'os
Elle conte l'histoire d'Eddie, un boxeur américain issu d'un milieu modeste. Il s'installe chez sa soeur Gail et le mari de celle-ci, Steve, pour poursuivre ses études tout en boxant pour gagner sa vie. Un jour où il a la garde de son petite neveu Jake, il l'amène jouer sur un lac gelé. La surface se fend, l'enfant tombe à l'eau et disparaît sous l'épaisseur de la glace. Eddie casse la glace avec ses poings, ce qui lui brise les os de la main. L'enfant est sauvé mais tombe dans un coma profond dont il ne reviendra pas. Désormais, Eddie ne pourra plus boxer que dans des combats clandestins mais cette déchéance et la souffrance de ses os que se brisent à nouveau à chaque combat sont une sorte d'expiation à ce sentiment de culpabilité qui ne peut jamais le quitter.
La fusée
La seconde nouvelle est intitulée La fusée. Le personnage est un jeune homme qui présente un tour d'acrobatie réalisé avec une orque dans un Marineland : il est entraîné sous l'eau par le cétacé puis projeté en l'air "comme une fusée". … jusqu'à l'accident, la jambe arrachée. Un texte sur le désespoir allant jusqu'au nihilisme. Là encore le personnage semble payer pour son insensibilité, sa cruauté envers les femmes, son mépris pour les sentiments des autres. Il n'y a pas de rédemption possible.
Le film de Jacques Audiard
Affiche du film de Rouille et d'os |
Le film de Jacques Audiard reprend donc ces deux textes mais en les liant entre eux. Le boxeur de la première nouvelle rencontre le second personnage mais celle-ci est devenue une jeune femme (Marion Cotillard) mutilée par l'orque. Peu à peu des sentiments vont naître entre le jeune homme assez primaire, père d'un enfant (celui qui disparaîtra sous la glace), et la jeune femme sans jambes. Peut-être parce qu'il est proche de la nature, et qu'il considère le sexe comme un besoin physique, élémentaire, il fera l'amour avec elle sans éprouver d'état d'âme. Celle-ci retrouvera le goût de vivre : je pense à cette très belle scène où il l'amène se baigner et où elle retrouve le plaisir d'avoir un corps au contact de l'eau qui est son élément.
Comparaison entre le film et les nouvelles
De rouille et d'os Mathias Schoenaerts |
Dans le texte écrit, le personnage du boxeur est issu d'un milieu modeste, son père est garde-barrière à la frontière entre le Texas et le Mexique. sa mère est mexicaine. Les adversaires du jeune homme qui l'affrontent dans ces combats clandestins sont parfois des gens désespérés, des mexicains eux aussi, qui n'ont que ce moyen pour nourrir leur famille. La soeur et le beau-frère ont du mal à joindre les deux bouts et auront besoin de l'argent que gagne le boxeur pour s'occuper des soins médicaux de leur fils inconscient. Audiard a transposé le récit, et ceci avec beaucoup de finesse, dans la France contemporaine et dans des milieux tout aussi modestes.
Mais ce qui différencie le roman et le film c'est moins les changements dans les faits et les personnages que dans la philosophie et la conception des rapports humains. Le film d'Audiard montre deux personnages solitaires, l'une rendue ainsi par son handicap, l'autre par son milieu, son apprentissage de la violence, son mode de vie. Mais le film reste optimiste puisque ces deux êtres malmenés par la vie vont unir leur différence pour construire quelque chose. D'ailleurs, l'enfant est sauvé à la fin. Un très beau film qui a un peu choqué la bourgeoisie bien pensante. Il n'a obtenu aucun prix en France mais a été couronné, par contre, d'une quinzaine de prix internationaux.
Les deux nouvelles de Graig Davidson sont au contraire excessivement pessimistes, il n'y a pas d'alternative au désespoir, à la souffrance. L'homme est enfermé dans sa solitude et sa culpabilité.
De rouille et d'os Marion Cottillard |
Enigme 103
Félicitations à : Aifelle, Eeguab, Dasola, Kathel, Soie ... un peu moins de réussites cette fois-ci car les deux oeuvres sont moins connues merci à tou(te)s les participant(e)s.
Félicitations à : Aifelle, Eeguab, Dasola, Kathel, Soie ... un peu moins de réussites cette fois-ci car les deux oeuvres sont moins connues merci à tou(te)s les participant(e)s.
La réponse est :
Deux nouvelles : Un goût de rouille et d'os et Fusée de Graig Davidson
le film : De rouille et d'os de Jacques Audiard
le film : De rouille et d'os de Jacques Audiard
Pas vu, pas lu ; mais je crois qu'il y a prochainement une séance de rattrapage à la télé.
RépondreSupprimerVa pour le rattrapage!
SupprimerC'est intéressant de découvrir les similitudes et les différences entre les nouvelles et le film. Merci et bon dimanche.
RépondreSupprimerBon dimanche à toi aussi Soie...
Supprimerc'est ce qui s'appelle coller à l'actu :-)
RépondreSupprimerBien sûr je n'avais rien trouvé du tout
Pourquoi à l'actu?Du coup, je suis allée voir Télérama et j'ai vu qu'il passait ce soir!!
SupprimerOui il passe ce soir. Je vais peut-être le regarder une seconde fois, pour voir s'il me plaît mieux que la première. Il m'avait paru très noir.
RépondreSupprimerIl est très noir parce que c'est une France des gens modestes, paumés, marginaux. Mais il y a un espoir à la fin du film! Et ce qui est beau c'est que c'est un être primaire, peu habitué à la délicatesse des sentiments, qui va redonner à la jeune fille le goût de vivre et l'acceptation de son corps. Alors que les bourgeois très policés et délicats (sur la plage) la regardent comme un être à part! Leurs regards excluent! C'est de l'Audiard! Les êtres en difficulté ne peuvent rien attendre de ceux qui sont bien intégrés, seuls les exclus de la société peuvent s'entraider. Leur solitude s'allie. Et c'est pourquoi le film fait souvent grincer des dents en France! mais oui, il est optimiste, ce film!
SupprimerPS : Moi aussi je vais le revoir!
SupprimerJ'ai séché lamentablement hier et en plus je l'ai loupé ce soir (un autre programme que la TV était prévu, zut et zut !) ! Ce sera pour la prochaine fois, mais moins dur hein !!! ;) Bises Claudia, à Wens aussi, je n'arrive pas à commenter sur son blog (d'habitude c'est le tien), rhooo ! *désespérée*...
RépondreSupprimerEt oui, c'était difficile! Merci de ta visite!
Supprimerpas pu le regarder hier soir, je vais tenter en replay! Bonne journée!
RépondreSupprimerJ e ne sais s'il te plaira! Je vois qu'il y a des réfractaires! Pourtant c'est un beau film!
SupprimerJe prefere de loin les livres aux films quand ils touchent a ce genre d'accidents de vie. Et dire que je n'ai pas encore lu de livre de Graig Davidson...
RépondreSupprimerCataract City, c'est pas mal du tout avec des moments moins intenses mais un livre intéressant!
SupprimerComplètement à côté de la plaque! Rien trouvé.
RépondreSupprimerLa prochaine fois! merci d'avoir essayé!
SupprimerJe viens de voir le film et je l'ai déjà trouvé trop sombre et déprimant alors il vaut mieux que j'évite les nouvelles puisque ça semble bien pire ;0)
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