Le printemps des poètes célèbre cette année la poésie insurectionnelle. Pour le rendez vous du jeudi avec Asphodèle, j'ai donc choisi quelques courts extraits de Retour au pays natal de Cézaire. Le poète initiateur avec Senghor de la négritude chante sa révolte pour redonner aux noirs la conscience de leur valeur et de leur dignité et la fierté de leurs racines africaines. Mais le poète épouse toutes les injustices.
Aimé Césaire (1913-2008) |
Des
mots?quand nous manions des quartiers de monde, quand nous
épousons des continents en délire, quand nous forçons de fumantes
portes, des mots, ah oui, des mots ! mais des mots de sang
frais, des mots qui sont des raz-de-marée et des érésipèles et
des paludismes et des laves et des feux de brousse, et des flambées
de chair, et des flambées de villes.
Masque africain |
Partir.
Comme
il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas
l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot
mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas
l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot
mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?
Un autre Rendez-vous pour le printemps des poètes Demain Vendredi 20 Mars
Avec Aifelle, Ariane, Asphodèle, Claudialucia, Colo, Dominique,
Enitram, Martine Litter'auteurs, Marylin, Miriam, Moglug, Ptit lapin, Somaja, Une comète...
C'est une lecture très particulière...
RépondreSupprimerUne poésie qui surprend par sa forme?
SupprimerQuel poème!
RépondreSupprimerPuissant!
SupprimerJe t'ai envoyé un mail il y a deux jours. L'as-tu reçu? C'est à propos de L'Obèle que j'ai lu, "chroniqué" et qui est prêt à partir vers d'autres horizon...
RépondreSupprimeroui, je te réponds aujourd'hui!
SupprimerQue le dernier paragraphe est beau ! Quel poète cet Aimé Césaire, j'ai lu ce Retour au pays natal il y a quelques années, c'est fort...
RépondreSupprimerPour rebondir sur le commentaire de Nadael, et comme son billet sur l'Obèle m'a enthousiasmée, s'il voyage encore, je ne dirais pas non ! Mais pas d'obligation surtout ! (Réponse par mail, je ne reçois pas les réponses de BS ! :(. Bises, Claudia.
Bien sûr! C'est avec plaisir que je continuerai à le faire voyager jusqu'à toi.. Je t'ajoute à la liste! Je vais voir où l'on en est!
SupprimerSuperbe choix de poèmes, surtout au regard de l'actualité.
RépondreSupprimerToujours, toujours d'actualité!
Supprimerce matin, sur France 2, critiques sur un film qui doit sortir en salle mercredi je crois. DEAR WHITE.
RépondreSupprimerHumour sur le racisme, une radio dans une université américaine qui dénonce en plaisantant ce qui serait odieux ou insoutenable autrement.
Un film qui, à priori, paraît intéressant. A voir donc!
SupprimerSurprenant ...
RépondreSupprimerj'ai essayé plusieurs fois de lire Césaire et sans succès je dois dire même si ses mots sont forts ...
bises Claudia Lucia ;-)
Je ne peux pas dire que Cézaire est un de mes poètes préférés mais je suis toujours touchée effectivement par la force de ses mots, la puissance des images: "des mots qui sont des raz de marée, des feux de brousse, des flambées de chair..."
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