Mon premier contact avec Ruy Blas a été, si mes souvenirs sont bons, dans le film de Vadim « Et dieu créa la femme ». On y entend Jean-Louis Trintignant ébloui par la beauté de BB dire : je suis un ver de terre amoureux d’une étoile »… Une phrase qui m’avait frappée comme plus tard, après lecture de la pièce, celui-ci : Bon appétit, messieurs, (...) serviteurs qui pillez la maison!, vers que j’ai asséné à mes filles maintes fois (en manière de plaisanterie) quand elles se mettaient à table.
Affiche du TNP : extrait |
Il paraît que c’était difficile d’entendre quand elles geignaient pour un bobo sans conséquences : "Puis après comme moi, souffre et meurs sans parler » ou encore à d’autres moments « la raison du plus fort est toujours la meilleure » ou bien « mais la raison n’est pas ce qui règle l’amour » et aussi "Mais qu’allait-il (qu'alliez-vous) faire dans cette galère? " ou "Il faut courir le mauvais et se rasseoir au bon" et "Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà " puis cette phrase qu’elles ont fini par faire leur quand elles sont de mauvaise humeur: "Tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire". Tous ceux qui aiment les illustres auteurs de ces citations me pardonneront!
Mais j’arrête cette parenthèse sur les dangers ou les mérites (?) de la littérature sur l’éducation des enfants.. et je reviens à mon sujet Ruy Blas.
Affiche du TNP : extrait |
L'intrigue
Gérard Philippe dans le rôle de Ruy Blas, mise en scène de Jean Vilar |
Ruy Blas est un roturier amoureux de la reine d’Espagne, Dona Maria de Neubourg, qui s’ennuie à la cour entre une étiquette rigide et un mari, le roi d’Espagne Charles II, toujours absent. Don Salluste de Bazan, un grand d’Espagne, qui veut se venger de la reine, introduit Ruy Blas à la cour en le faisant passer pour son cousin Don César de Bazan. Ruy Blas gagne la confiance de la reine et est nommé premier ministre. Il va essayer de rétablir l’autorité royale en luttant contre des ministres corrompus. La reconnaissance de Dona Maria se transforme en estime puis en amour. Elle accorde un baiser à Ruy Blas. C’est alors que Don Salluste va mettre en oeuvre son plan pour perdre la jeune femme. Le retour du vrai Don César complique encore l’intrigue.
Un drame romantique
Danièle Darrieux dans le rôle de la reine, film de jean Cocteau (jean Marais est Ruy Blas) |
La pièce obéit en tout point aux lois du drame romantique prônées par Victor Hugo. L'intrigue se déroule, contrairement à la tragédie classique, dans des lieux différents et dans des décors qui exaltent l’exotisme et la couleur locale. Ici l’Espagne, pays dont Victor Hugo est épris.
Nous y retrouvons le mélange des genres. Il n'y a pas la comédie d'un côté et la tragédie de l'autre mais au contraire elles "se rencontrent et l'étincelle qui en jaillit c'est le drame", écrit Victor Hugo dans la préface de la pièce.
Au sublime s’oppose le grotesque. Le drame de la passion amoureuse qui finit en tragédie car les personnages ne peuvent échapper à la fatalité qui les guette, alterne avec des scènes comiques assurées par des personnages comme Don César de Bazan. Au langage noble des uns répond la langue familière de l’autre. A la grandeur des caractères de Dona Maria et de Ruy Blas idéalisés par le dramaturge et à la noirceur tragique de Don Salluste, correspond la trivialité de Don César.
Au sublime s’oppose le grotesque. Le drame de la passion amoureuse qui finit en tragédie car les personnages ne peuvent échapper à la fatalité qui les guette, alterne avec des scènes comiques assurées par des personnages comme Don César de Bazan. Au langage noble des uns répond la langue familière de l’autre. A la grandeur des caractères de Dona Maria et de Ruy Blas idéalisés par le dramaturge et à la noirceur tragique de Don Salluste, correspond la trivialité de Don César.
La pièce est historique puisque l’action est située dans l’Espagne de la fin du XVII siècle montrant un royaume affaibli par une crise économique, par des révoltes intérieures, par la guerre contre la France et un pouvoir faible. La noblesse corrompue cherche à s’enrichir et à obtenir faveurs et dignités, le peuple misérable est en proie à la disette.
Ruy Blas (Ruy pour Rodrigo, prénom aristocratique et Blas pour Blaise d’origine populaire) est noble par le coeur et les sentiments mais roturier par naissance. C’est lui qui va prendre la défense du peuple et représenter l’honneur et la grandeur morale.
En 1838 quand la pièce paraît nous sommes à 8 ans de la révolution de 1830 qui a chassé Charles IX du trône pour y placer Louis-Philippe et à 10 ans de la révolution de 1848 qui l’en chassera. Les préoccupations de la pièce rejoignent donc l'actualité.
Lecture commune avec Nathalie Laure Moglug et Miriam
Lecture commune avec Nathalie Laure Moglug et Miriam
J'aime beaucoup ta parenthèse qui me rappelle maman qui usait fortement de ces phrases...
RépondreSupprimerLes grands auteurs nous suivent dans les moments les plus quotidiens de la vie; mais rassure-toi,j'évite d'en user en dehors de la famille! Mes filles et mon mari restent mes souffre-souleurs préférés!
Supprimerj'aime bien tes citations qui ressemblent à des dictons populaires tant on les utilise! Je suis encore en retard dans mes lectures; j'ai encore 60p d'Agrippine de Grimal qui a pris plus de temps que je ne le pensais (c'est touffu) Ruy blas est dans la liseuse qui attend patiemment.
RépondreSupprimerIl en est ainsi de nombreux classiques et aussi de Shakespeare mais pour ce dernier, je les connais moins. On t'attendra pour Ruy Blas, rien ne presse!
SupprimerJe l'ai lu! il reste le billet à rédiger. On a les références cinématographiques qu'on peut, moi ce serait plutôt la folie des Grandeurs, c'est moins glorieux mais tellement drôle.
SupprimerPfiou ! J'ai failli être en retard mais voici mon billet :D https://synchroniciteetserendipite.wordpress.com/2015/12/10/ruy-blas-victor-hugo/
RépondreSupprimerMerci! je ne me souvenais plus si tu participais ou non!
Supprimer" je suis un ver de terre amoureux d’une étoile"... je crois que c'est à la lecture de ce vers que j'ai commencé à adhérer à la pièce^^ Qu'est-ce qu'elles sont belles toutes ces citations !
RépondreSupprimerOui, Victor Hugo à l'art de la formule et c'est parfois très réussi!
SupprimerJ'aime bien ces lectures communes sur Victor Hugo, je n'aurais probablement pas lu Ruy Blas avant longtemps sans ça, et cela aurait été bien dommage ;-)
RépondreSupprimerC'est ce qu'il y a de bien dans la lecture commune; nous mettre face avec des oeuvres que l'on diffère de lire alors que l'on sait très bien qu'on les lira un jour! Au pied du mur en quelque sorte!
Supprimerj'aime beaucoup ta parenthèse aussi!
RépondreSupprimerMerci! Je plaisante bien sûr mais c'est vrai que mes filles connaissant tout cela par coeur!
Supprimerhttp://miriampanigel.blog.lemonde.fr/2015/12/13/ruy-blas-victor-hugo/
RépondreSupprimeravec un peu de retard, voici le billet enfin prêt.
Merci! J'ai rajouté ton lien.
Supprimer