Jon Fosse est un écrivain norvégien, né à Haugesund en 1959. Il a écrit des romans et aussi des livres pour la jeunesse.
Dramaturge, il est internationalement reconnu. Certaines de ses pièces ont été présentées au festival d'Avignon :
En 2002 avec Visites mise en scène Marie-Louise Bischofberger
En 2011 avec Je suis le vent mise en scène par Patrice Chéreau.
en 2015 avec Matin et soir
En 2010 sa pièce Quelqu'un va venir reçoit le prix international Henrik Ibsen
Je viens de lire Insomnie de Jon Fosse paru aux éditions Circé et je suis sous le charme et l’émotion. Le récit? Deux amoureux Asle et Alida marchent dans la grande ville Bjorvin (Bergen) et ne trouvent pas à se loger. Ils n’ont plus de famille, pas de ressources, pas de toit. Toutes les portes se ferment devant eux. Alida a 17 ans; elle est sur le point d’accoucher. C’est l’automne, la nuit est froide. Il pleut. Comment survivre?
Cette errance désespérée est poignante. Peu à peu l’angoisse vous gagne, le froid aussi. Vous avez le coeur serré pour ce garçon et cette fille, presque des enfants, si seuls au monde et qui s’aiment tant. Mais la grossesse illicite d’Alida ne rencontre aucune indulgence, le puritanisme de la société la condamne, elle et son péché. A ce récit, viennent se mêler les souvenirs du passé : leur rencontre et cette évidence de leur amour, la haine de Herdis pour sa fille Alida, la mort de Siljas, la mère d’Asle, le violon de son père Sigvad, ménétrier qui jouait dans les mariages et aux enterrements et qui a transmis son art à son fils.. Des personnages, tous marqués par l’humilité de leur condition, la pauvreté, la maladie, la solitude. Seule joie, la musique qui permet un moment de bonheur et de liberté.
Chagall |
Elle voit Asle coincer le violon
sous son menton et il se met à jouer et à l'instant même elle sent
quelque chose l'envahir, et quelque chose la soulève, elle s'envole, et
sur la musique elle entend le père Aslak qui chante et elle sait tout ce
qu'elle sait et elle est présente dans son propre avenir et tout est
ouvert et tout est difficile mais la chanson est là et cette chanson, ça
doit être ce qu'on appelle l'amour et Alida est là dans la musique et
elle ne veut être nulle part ailleurs...
Je suis entrée dans cette écriture étrange, d’abord déroutante. Les phrases sont simples mais sans ponctuation, elles se déroulent librement, s’appuyant sur des répétitions, trouées de réminiscences qui s’entremêlent au présent, le ton est celui du conte. Peu à peu vous vous laissez entraîner par cette petite musique triste, lancinante et qui ne vous quitte plus. La beauté et la sincérité du jeune couple est touchante. Une grande poésie se dégage de l’ensemble. Mais l’art de l’écrivain est subtil, fait de non-dit. Au passage, vous notez un détail mais sans y prendre garde car votre attention est focalisée vers ailleurs, vers l’avenir des amoureux. Ce n’est qu’ensuite, à l'approche du dénouement, que vous devez vous rendre compte de l’évidence, retourner en arrière, pour bien comprendre le sens de ce que vous avez lu. Et l’horreur surgit.
Une belle et triste histoire d’amour dans un univers d’une grande noirceur.
j'ai eu un peu de mal avec sa poésie mais cela vaut malgré tout de faire connaissance avec cette écriture
RépondreSupprimerLà, c'est de la prose mais très particulière! Je suppose tout le monde ne peut l'aimer. Personnellement j'ai été vraiment emportée!
RépondreSupprimerL'extrait me plaît, le titre aussi et je ne connais pas l'auteur - donc, je note.
RépondreSupprimerDécouverte pour moi aussi du romancier.
SupprimerC'est intéressant ça, voilà qui peut me plaire. Je ne connaissais pas du tout cet auteur... ni la maison d'édition d'ailleurs. Bonne après-midi à toi !
RépondreSupprimerUne maison d'édition intéressante.
SupprimerQu’il a l’air beau ce roman! D’une « grande noirceur » mais aussi d’une belle humanité. Et ce superbe Chagall...
RépondreSupprimerMerci d’écrire de si beaux billets. C’est un régal Claudia.
Bisous et bon weekend à toi
Merci Nadine. Il faut le lire pour en connaître la noirceur car je ne peux tout révéler dans mon billet.
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