Ron Carlson est né en 1947 en Utah et a grandi à Salt Lake City. Après des études de lettres, il devient professeur dans le Connecticut puis à l'université d'Arizona où il commence à enseigner le creative writing avant de devenir directeur de ce département. Il enseigne aujourd'hui la littérature à l'université de Californie, à Irvine, et vit à Huntington Beach. Ses nouvelles ont été publiées dans de nombreux magazines, du New Yorker à GQ. Il collabore également aux cahiers livres du New York Times et du Los Angeles Times. Il est l'auteur de plusieurs recueils de nouvelles et de cinq romans qui ont reçu de nombreuses distinctions aux États-Unis. (Gallsmeiter)
Retour à Oakpine de Ron Carlson paru aux éditions Gallmeister m’a valu une nuit d’insomnie car je n’ai plus pu le lâcher avant de l’avoir fini! Pourtant j’y suis entrée avec lenteur, car il faut du temps pour se familiariser avec tous les personnages vivant dans cette petite ville du Wyoming, Oakpine, ou la vie s’écoule, lente, monotone, immobile. Une ville qui va jouer un grand rôle dans le roman, à la fois attractive parce qu'elle représente le creuset de l'enfance, mais aussi répulsive parce que rien ne semble vouloir y évoluer. Et puis, une fois que vous avez fait connaissance, vous voulez absolument savoir ce qu’il advient d’eux, vous avez envie de partager leur vie et ce n’est qu’à regret que vous les quittez.
Le thème central est celui du retour de Jimmy Brand dans sa ville natale. Ecrivain, homosexuel, vivant à New York, il a perdu son compagnon et revient au pays après trente ans d’absence pour y mourir. Son père ne veut par le recevoir, on comprendra peu à peu pourquoi. Aussi sa mère fait venir un copain d’enfance de Jimmy, Graig Raslston, pour aménager le garage afin d’y loger son fils. Son retour coïncide avec celui de Mason Kirby, avocat, divorcé, qui revient pour vendre la maison de ses parents. Or ce garage est celui où dans leur jeunesse Jimmy, Graig, Mason et un autre de leur camarade de classe Frank, se réunissaient pour jouer leur musique rock. Les quatre amis se retrouvent, l’un va mourir mais les autres sont aussi à un âge critique, la cinquantaine, "la deuxième moitié de leur vie". C’est l’heure du bilan pour tous, englués comme ils le sont dans cette petite ville où rien ne bouge, pour eux aussi bien que pour leurs épouses, ces jeunes filles qui sont allées à l’école avec eux, qu’ils ont aimées, épousées, voire abandonnées. Qu’ont-ils fait de leur vie? Qu’ont-ils sacrifié de leurs rêves de jeunesse? Reste-t-il encore un peu de bonheur à glaner pour Jimmy? Et pour les autres, que feront-ils ce qui leur reste à vivre?
Le ton du roman est plein de nostalgie et les souvenirs des années lycée affluent, se mêlant au présent, portant en eux leurs joies, le fantôme de leurs espoirs, la mélancolie du regret pour ce qui ne reviendra plus jamais. Mais le passé est aussi synonyme de tristesse, de peur, de mal-être car la jeunesse porte aussi son lot de drames. Pourtant le roman n’est jamais désespérant, au contraire. Malgré les amertumes liées au présent comme au passé, ce livre nous apporte du courage et de la force et ceci pour deux raisons : La présence des jeunes gens adorables, positifs, qui permettent de croire à l’avenir. Ainsi Larry le fils de Graig et de Marci Reslston, un jeune sportif, sain, dévoué, plein de délicatesse et d’attention et Wendy, une jeune fille sincère, un peu paumée au début, qui refuse la fatalité faite aux femmes, se marier, être mère, et qui veut devenir écrivaine. Tous deux apportent à Jimmy la fraîcheur et la gentillesse de leur jeunesse.
Et puis il y a l’amitié qui reprend ses droits avec les retrouvailles des copains à nouveau réunis et se manifeste par le biais de la musique, un lien très fort qui les rassemble tous. Si bien que Jimmy malgré sa faiblesse et sa mort annoncée devient le ferment d’une renaissance et d'un nouveau départ dans la vie pour ses amis.
Un très beau livre, plein d’humanité et de tendresse.
Merci Aifelle ICI de l’avoir fait voyager jusqu’à moi.
Merci Aifelle ICI de l’avoir fait voyager jusqu’à moi.
Du même auteur, je voudrais aussi découvrir chez Gallmeister : Cinq ciels, Le signal. Je vais voir si la bibliothèque de ma ville les a (par miracle!).
Tu penses bien que j'ai lu les deux précédents et que celui ci ne doit pas m'échapper (haha)
RépondreSupprimerRire machiavélique! Rien ne t'échappe, je crois, des éditions Gallmeister.
SupprimerJe pense que je vais aussi les emprunter... C'est bête, cet auteur viens à Bordeaux pour l'escale du livre mais je ne sais pas pourquoi pas je ne suis pas attirée par les thèmes de ses romans... J'en tenterai au moins un
RépondreSupprimerJe crois qu'il faut que tu essaies. Qui sait, tu peux découvrir un auteur!
SupprimerC'est exactement cela ! on y entre lentement, mais après on y est si bien que l'on ne veut plus le quitter. Je te conseille surtout "le signal" le premier que j'ai lu et beaucoup aimé également.
RépondreSupprimerExactement ce que j'ai éprouvé! D'accord, je lirai le signal.
Supprimerj'ai aimé les précédents donc je lirai certainement celui là mais sans me presser
RépondreSupprimerET moi ce sont les autres que je lirai! Un auteur à suivre!
SupprimerJ'ai lu seulement Le signal. Le billet d'Aifelle avait déjà attiré mon attention, je pense bien lire celui-ci.
RépondreSupprimerAifelle l'a mis en livre voyageur sinon je ne l'aurai pas lu et c'est dommage car c'est une belle découverte.
SupprimerIl fait partie de mes tentateurs celui là, de toute façon je suis toujours attentive à ce que publie les éditions Gallmeister :0) Vous êtes plusieurs à l'avoir aimé et du coup il est surligné ;0) Bonne fin de semaine ClaudiaLucia, bisous
RépondreSupprimerUn roman dont tu parles très bien et un auteur que j'ai envie de découvrir depuis un moment déjà...
RépondreSupprimerBisous