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mardi 7 février 2017

Claudie Gallay : Seule Venise

Zoran Music : Venise

Je suis allée à la médiathèque avec la liste de tous les titres que j’avais glanés dans vos blogs mais… Je n’en ai trouvé que deux. Seule Venise de Claude Gallay est un de ceux-là.



Ma première remarque concerne la minceur et le manque d’originalité de l’intrigue; je crois avoir lu cette histoire des dizaines de fois.

Un femme, la quarantaine,  est « plaquée », pour reprendre ses termes, par son amant : souffrance insupportable, tentative de suicide, anéantissement proche de la folie … Alors, l’héroïne craque, casse sa tirelire et part à Venise pour une durée indéterminée. Elle s’installe dans une pension et se lie d’amitié avec un vieux prince russe qui a fui la révolution (en effet, il doit être vieux !) et elle rencontre un libraire qui lui prête des livres et dont elle tombe amoureuse…. Je ne vous en dis pas plus.
Bon, d’abord, bonjour les poncifs, le prince russe à Venise, le libraire obligatoirement séduisant …  Aucun personnage n’a vraiment une épaisseur psychologique. Ce sont des figures que l’on peut désigner par leur titre ou leur métier, le prince, la danseuse, l’aubergiste etc.. mais ils n’existent pas, pas même elle, l'amoureuse désespérée, qui manque de vraisemblance : suicidaire mais prête à remplacer son grand amour une semaine après son arrivée à Venise ! Accompagnatrice dans des voyages en Italie, mais complètement ignare, elle semble n’avoir jamais rien lu. En dehors de cela, on sait peu de choses d’elle. 

Donc, Seule Venise se révèle à mes yeux un roman bien décevant et creux. Heureusement, il y a Venise, la  vieille cité que le texte nous invite à arpenter, des anecdotes, une foule de petits détails que nous saisissons au passage dans cette errance : la Fenice dont les vénitiens viennent récupérer les cendres après l’incendie,  la bora au souffle glacial, le pont de l’Académie, Le Rialto, les reflets gris de la lagune, le cimetière San Michele, Torcello, la Ca’ Dario et ses mosaïques… Et là, j’aime ces passages tout simples, poétiques, par petites touches, ces phrases sans grandiloquence, au présent de narration, qui nous font voir la ville, ses beautés et sa mélancolie. Beaucoup de charme se dégage de ces promenades ! Finalement pourquoi un prétexte romanesque? Venise se suffit à elle-même !

Zoran Music

La Calle delle Capucine, une ruelle tout près de la pension, une passe étroite qui s’enfonce entre deux hauts murs et permet de rejoindre les quais de Fondamenta Nuevo. La pierre y est rongée, grattée. Le vent s’engouffre là-dedans comme dans un couloir. Tout au bout, la masse grise de l’eau. Les murs de briques rouges. L’île San Michele, l’île des morts. Tous les morts de Venise. Là-bas. Ensevelis.
On dit que les murs du cimetière s’enfoncent. Qu’un jour, des pans entiers glisseront dans la lagune et qu’ils emporteront les cercueils avec eux. Ce jour-là, on ne saura plus qui est qui, et alors la mort reprendra ses droits.
On dit que ce jour-là n’est pas loin.

Zoran Music : Canale della Giudecca


Je retrouve à San Marco et je grimpe à la cime du campanile. En ascenseur.
Une rampe permet à un cheval de monter tout en haut de la tour.
C’est le gardien qui m’explique.
Aucun cheval n’est jamais monté mais la rampe existe. Et a été conçue pour ça.
Un chemin secret au-dedans de la tour.
Une petite chose inutile.
Précieuse.

 Un pensionnaire qui était ici avant vous m'a raconté qu'autrefois les vieux gondoliers remontaient la ville par les canaux, ils longeaient ensuite les murs du cimetière et ils ramaient vers le large. Le soir, on les attendait... L'emplacement de la gondole restait vide. 
(...)
Il y a tellement de façons pour mourir.

Zoran Music : Ponta della Doggana





18 commentaires:

  1. Mouais, d'accord, Venise se suffit à elle-même, je n'aime pas quand on sent trop qu'un auteur veut plaquer une histoire comme cela.
    Bref, si c'est comme les Déferlantes (quel ennui!), ce n'est pas pour moi. A lire tes extraits, je sens que le style ne me plairait guère...

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    1. Pas lu les Déferlantes. Mais Seule à Venise est vraiment très mince. Par contre j'ai aimé la poésie qui se dégage de ses déambulations dans Venise.

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  2. je suis presque contente que quelqu'un soit déçu, en club lecture c'est une auteure qui a un grand succès, moi je n'accroche pas du tout, je trouve cela très fade

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    1. je dois dire que, à mon avis, l'intrigue romanesque est vraiment faible et que l'analyse psychologique n'existe pas.

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  3. Donc, je ferai l'impasse sur le roman! En revanche le peintre m'intéresse. Qui est-il où est-il exposé? Quel beau voyage en perspective!

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    1. Claudie Gallay parle de ce peintre dans le roman et je dois dire que c'est un des aspects qui m'a intéressée. Il faudra que je revienne sur lui plus tard; j'ai cherché où l'on peut voir ses oeuvres mais à part lors d'expositions temporaires je ne sais pas.

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  4. C'est ce que je retiens de ce roman : l'atmosphère de Venise et la peinture de Zoran Music qu'il m'a fait découvrir - et qui illustre si bien ton billet.

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  5. Ah mince, personnellement, j'étais tombée sous le charme !

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    1. Sous le charme de Venise, moi aussi... mais pas du roman.

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  6. Il est vrai que je me souviens davantage de ses déambulations dans Venise que de l'histoire .. j'avais aimé justement pour cela.

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  7. L'un de mes favoris de cette auteure, avec "Les déferlantes"...

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    1. Ce roman ne m'a pas convaincue comme tu as pu le lire; heureusement elle écrit bien.

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  8. C'est mon préféré de l'auteure (pour Venise) mais je comprends très bien ta critique.

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  9. Pour Venise et j'ai aimé aussi ce qu'elle dit sur le peintre Zoran Music.

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  10. Je n'ai pas lu ce livre, et je ne crois pas que je le lirai.
    Par contre, j'aime Zoran Music et j'avais vu une exposition à Venise, justement. A chaque fois que je vais là-bas, je pense fortement à lui.
    Bonne journée.

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  11. oh ben dis donc! C'est mon préféré de l'auteur... il est vrai que j'ai eu la chance de le lire à Venise! J'ai vraiment adoré!

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