Logiquimperturbabledufou de Zabou Breitman |
"Le terme de « logique imperturbable du fou », provient d’une phrase dans le roman de Lydie Salvayre, que j’ai adapté au théâtre La Compagnie des Spectres. « Logiquimperturbabledufou », la phrase se lit d’un jet, comme si une personne l’avait écrite d’une écriture automatique, de manière intuitive. De cette façon, le titre est comme un cadavre exquis, une technique que j’utilise dans la mise en scène, où l’on passe d’une séquence à l’autre, sans transition classique. Ici, on se situe chez les fous, et le fou a raison : c’est ça la « logique imperturbable ». Cela dit, comme l’écrit Tchekhov, ne sommes-nous pas tous plus ou moins atteints de ces névroses bien ancrées, dans cette « logique imperturbable » dont on parle… " Texte de Zabou Breitman
Dans la pièce Logiquimperturbabledufou mise en scène par Zabou Breitman, celle-ci s’appuie sur des textes de Tchekhov, Lewis Caroll, Shakespeare, de l’humoriste Zouc et d’elle-même.
Si elle nous entraîne dans l’exploration de la folie, maladie mentale, c’est aussi le monde de l’absurde et du surréalisme que nous sommes amenés à côtoyer, ceci en prenant le partie de nous faire rire. Et c’est vrai que l’on rit dans ce spectacle monté par Zabou Breitman. L’on va de surprises en surprises tant la mise en scène est aussi folle que le sont les personnages qui évoluent sur scène.
Au début, l’on se dit que les malades ne sont pas fous car leurs propos paraissent construits et raisonnables. C’est cela la logique imperturbable du fou. Il voit le monde différemment et pense que c’est la bonne façon de le voir.
Le spectateur s’aperçoit bientôt que les médecins et les infirmiers font la même chose avec leur protocole de soins qui semble les rassurer et mettre de l’ordre là où il n’y en pas, avec leurs règles rigides, leurs certitudes de détenir la vérité. Peut-être est-ce pour mieux lutter contre le vertige qui les prend quand on côtoie ainsi la folie de si près. Car dit Tchékov et Zabou Breitman avec lui : « Du moment qu’il existe des prisons et des asiles, il faut bien qu’il y ait quelqu’un dedans. Si ce n’est vous, c’est moi ; si ce n’est pas moi c’est quelqu’un d'autre".
Le spectateur est entraîné dans des raisonnements absurdes, des situations cocasses, dans un univers à l’envers. Sur cette scène vide traversée parfois par des fauteuils roulants, des chariots de médicaments, des lits médicaux, évoluent des infirmiers en blouse blanche bizarrement coiffés : entonnoir, couvre-chef du Chapelier fou, couronne de la Reine de Coeur. Les lapins semblent proliférer, sautant dans tous les coins, se figeant dans les jeux de lumière, sous l’éclair qui les surprend dans la nuit noire. Drôle d’hôpital ! Nous sommes dans le monde d’Alice au pays des Merveilles, un univers absurde ou rien n’obéit à la logique et la raison. Quant aux fous, ils se révèlent peu à peu véritablement malades. C’est ce que nous découvrons à travers les répétitions de leurs plaintes et de leurs maux. Et si l’on rit d’eux, il n’en reste pas moins que leur souffrance est réelle et que l'on ne peut l'oublier.
Les quatre jeunes comédiens sont excellents . Ils jouent à merveille l’absurde, la dérision et la déraison. Ils sont danseurs, équilibristes, acrobates. Leurs évolutions capricieuses, hasardeuses, hilarantes parfois, qui semblent n’obéir à aucune loi, sont, bien au contraire, réglées par une chorégraphie précise, une mise en scène rigoureuse et maîtrisée.
Un spectacle à ne pas rater !
Logiquimperturbabledufou
Théâtre des Halles 19H30 durée 1H20
Mise en scène Zabou Breitman
Théâtre des Halles 19H30 durée 1H20
Mise en scène Zabou Breitman
Assistante à la mise en scène Pénélope Biessy
Avec Antonin Chalon, Camille Constantin, Rémy Laquittant, Marie Petiot
librement inspiré d’oeuvres d'Anton Tchekhov, Lewis Carroll, William Shakespeare, quelques mots de Zouc et de textes de Zabou Breitman
chorégraphie Gladys Gambie
http://www.anthea-antibes.fr/fr/spectacles/saison-2017-2018/tout-le-theatre/logiquimperturbabledufou
Un festival plein de rires...
RépondreSupprimerOui cette pièce fait rire mais la folie est toujours un sujet un peu inquiétant !
SupprimerAh Zouc ! c'était quelque chose ses spectacles. Drôles, mais inquiétants comme tu le soulignes pour cette pièce-ci.
RépondreSupprimerJamais vu Zouc !
Supprimer"le vertige qui les prend quand on côtoie ainsi la folie de si près" - je reviens à tes billets d'Avignon que je ne pourrai pas tous commenter (trop de soucis familiaux pour l'instant) - voilà une formule qui correspond bien à ce que nous ressentons face aux dérives mentales de la vieillesse.
RépondreSupprimerC'est vrai que sous le rire il y a toujours cette peur face à la folie, dérives mentales de la vieillesse, maladies, graves dépressions... La maladie mentale génère une telle souffrance.
SupprimerCe spectacle ne mérite aucun éloge. Vu à Aix en Provence, les comédiens, pourtant équipés de micros, n'articulaient pas et parlaient trop bas pour qu'on les comprenne facilement. Et quand on comprenait le texte, quelle platitude! Une langue bien loin de Tchekhov et Shakespeare pourtant cités dans le flyer. Un texte récité et non joué, des interpellations au public qui cassent l'effet de huit-clos... La salle a peu réagis, quand à nous nous sommes sortis au milieu de la représentation tellement nous nous ennuyons...
RépondreSupprimerOn n'a pas vu le même spectacle ! Je suis étonnée ? Personne n'est sorti pendant le spectacle. Aucun ennui dans cette représentation! Le texte n'était pas récité mais joué avec talent. Les comédiens avaient beaucoup de punch et de fantaisie. Bien sûr, on est dans le monde de l'absurde, il faut accepter de perdre pied, de ne pas savoir qui est fou et qui ne l'est pas ! Plutôt que Tchekhov, la référence littéraire est très nettement Lewis Caroll.
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