Ross, jeune cadre chez Américain Express, renverse avec sa voiture Mr Green, un vieillard de 86 ans. Accusé de conduite dangereuse, il est condamné à rendre une visite hebdomadaire à sa victime durant 6 mois. Mister Green, vieil homme irascible, refuse toute aide et toute compagnie. Il veut juste un peu de paix et de tranquillité. Lorsque Ross se présente chez lui sans y être invité, il ne lui fait pas bon accueil, c'est le moins que l'on puisse dire.
La pièce Visites à Mister Green de Jeff Baron, écrivain et dramaturge américain, a obtenu de nombreux prix dans le monde ainsi qu’un Molière en France. Et on le comprend ! Voici une pièce dont le dialogue vif, brillant, est à la fois source d’humour et d’émotion, un beau texte qui ne cesse de nous toucher. Une pièce qui, tout en tenant le spectateur en haleine, est une belle leçon de tolérance et d’amitié.
Mister Green est un vieil homme qui vient de perdre sa femme. Il s’enfonce dans la solitude et perd le goût de vivre. Peu à peu nous le découvrons : son amour pour son épouse disparue, son attachement à la religion juive qui le rend intolérant, intransigeant et peu compréhensif envers ceux qui, d’après lui, outrepassent les principes… comme sa propre fille par exemple ! Juif lui aussi, Ross souffre de l’intolérance de son père et de la société qui le rejettent parce qu’il est homosexuel. Il n’ose pas s’affirmer en tant que tel et souffre de cette vie de mensonges.
Les deux hommes vont peu à peu nouer de difficiles liens d’amitié et apprendre l’un de l’autre. L’intolérance et le rejet font souffrir aussi bien ceux qui subissent que ceux qui haïssent. L’évolution des deux personnages mène à un dénouement où l’espoir est possible !
Le décor très réaliste montre un appartement, cuisine et salon, figé dans le temps. Le spectateur est amené à voir dans le mobilier vieillot et usé les traces de la vie du vieux couple; dans la saleté et le désordre qui règnent, la disparition de l’épouse modèle, si docile et si prompte à faire plaisir à son mari. "Jamais une dispute !" proclame le vieillard. Oui, mais… je ne vous en dis pas plus et vous laisse le découvrir !
Les deux comédiens qui interprètent ces rôle sont excellents et font mouche à chaque coup : nous rions avec eux et nous partageons leur souffrance et la difficulté d’être.
Jacques Boudet est un formidable Mister Green, bougon, entêté, plein de préjugés, et pourtant profondément humain quand sa carapace peu à peu se brise. Thomas Joussier qui est aussi le metteur en scène est un Ross altruiste, compatissant, profondément blessé par ceux qui l’entourent. Tous deux nous touchent et nous retournent.
Visites à Mister Green est le coup de coeur que j’ai attendu pendant tout le festival même si j’ai vu des pièces qui m’ont beaucoup plu par ailleurs.
Visites à Mister Green de Jeff Baron
Mise en scène de Thomas Joussier
Chien qui fume à 10h45
Durée : 1h20
:du 7 au 30 juillet - Relâches : 12, 19, 26 juillet
Voilà un titre que je retiens, merci pour ton compte rendu enthousiaste, Claudialucia.
RépondreSupprimerJ'aime ressentir de l'émotion dans une pièce de théâtre et si en plus il y a le rire ! Beaucoup d'humanité dans cette pièce.
SupprimerJe le note aussi... je n'ai pas eu de coup de coeur pour les spectacles que j'ai vus, que j'ai aimés tous, mais sans l'explosion d'enthousiasme qui arrive parfois !
RépondreSupprimerA voir donc s il tourne près de Paris
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