Une salle de théâtre en pleine nuit. Lieu de tant de souvenirs et
d’enchantements pour le vieux comédien qui s’y est endormi. Une arène
aussi bien qu’un refuge, où il ne reste pas longtemps seul…
Un spectacle festif, entre dérapages et télescopages s’amusant des codes et paradoxes du théâtre et de la folie douce d’artistes rêvant de suspendre le temps. Des échappées rebelles dans un texte poignant d’humanité, dont les comédiens s’emparent intimement, laissant malicieusement leurs songes rimer avec mensonges, s’abandonnant à de joyeuses variations et digressions. Une version surprenante, conjuguant tendresse et légèreté et ménageant quelques savoureux coups de théâtre.
Un spectacle festif, entre dérapages et télescopages s’amusant des codes et paradoxes du théâtre et de la folie douce d’artistes rêvant de suspendre le temps. Des échappées rebelles dans un texte poignant d’humanité, dont les comédiens s’emparent intimement, laissant malicieusement leurs songes rimer avec mensonges, s’abandonnant à de joyeuses variations et digressions. Une version surprenante, conjuguant tendresse et légèreté et ménageant quelques savoureux coups de théâtre.
Le chant du cygne, c'est la dernière plainte sublime que lance le cygne avant de mourir. Ici, dans cette courte pièce de Tchekhov, c'est le chant du vieil acteur Vassili Vassilievitch Svetlovidov qui se retrouve seul dans un théâtre après s'être endormi dans sa loge. La salle noire, métaphore de la mort, l'effraie et sa vieillesse lui pèse, le souvenir de son ancienne gloire aussi. L'apparition du souffleur, le vieux Nikita Ivanitch le rassure et tous deux vont évoquer les succès du vieux comédien en célébrant les auteurs célèbres qu'il a servis de son art.
C'est à partir de cet texte que le metteur en scène Robert Bouvier réalise une libre adaptation à la fantaisie débridée dans laquelle nous entraînent deux excellents comédiens Roger Jendly et Adrien Gygax. En fait les personnages sont doubles : Roger joue son propre rôle et interprète Vassili et Adrien est à la fois Adrien et Nikita. Ainsi a lieu une mise en abyme qui va permettre au spectateur de voir se créer le spectacle théâtral et de confronter le passé et le présent.
Le vaste plateau souvent plongé dans le noir au grand dam de Svetlovidov qui prend à partie le technicien, présente une table et des chaises où sont entreposés les verres de la fête au cours de laquelle on a oublié le vieil homme. Et puis le reste de la scène est vide, coupé seulement par deux rideaux, l'un blanc, l'autre représentant le tableau de Giandomenico Tiepolo, le Nouveau Monde, qui montre une foule de dos regardant une lanterne magique, allusion bien sûr à la magie du théâtre, monde de l'ombre et de l'illusion et pourtant peut-être "plus vrai que la vie".
La tristesse qui s'empare du vieil acteur a pour ponctuation les rires que provoquent son ivrognerie et ses exhortations à la tempérance, ses trous de mémoire qui obligent les deux personnages à reprendre le texte tout en modifiant avec humour les jeux de scène. Et puis soudain, le vieillard renaît de ses cendres, et nous transmet son amour des beaux textes qu'il dit magnifiquement.
Le souffleur quant à lui est interprété de manière cocasse par Adrien Gygax qui nous propose plusieurs versions différentes et hilarantes de ce personnage tout en se plaignant, en tant qu'Adrien, des caprices du metteur en scène. La mise en scène se fait et se défait sous nos yeux pour notre grand plaisir.
En même temps et toujours en provoquant le rire, il y est question de la disparition du rôle du souffleur dans le théâtre contemporain et de ses équivalences technologiques, oreillette, surtitrage... des mises au point sur le son, sur la lumière. La scénographie et ses secrets se mettent en place. Nous sommes au coeur de la création. Tout nous parle du théâtre, de cette passion qui habite Svetlovidov et Nikitouchka et qu'ils transmettent aux spectateurs.
La pièce est donc un bel hommage au théâtre et aux grands auteurs,
c'est aussi une réflexion nostalgique sur la vieillesse et la mort et le
regret de la jeunesse enfuie. Entre rire et émotion. Pourtant, je place ici un petit bémol : j'ai trouvé que la mise en abyme, aussi riche soit-elle,
détournait parfois de l'histoire du "vrai" Vassilievitch, c'est pourquoi je
suis curieuse de voir un jour la pièce de Tchekhov. Mais ne boudons pas notre plaisir, le spectacle est intéressant et je l'ai beaucoup aimé.
Théâtre Girasole
Le chant du Cygne -Fantaisie
À 20h30
Durée : 1h15
à 20h30 : du 7 au 30 juillet
Compagnie du Passage
Interprète(s) : Roger Jendly, Adrien Gygax
Metteur en scène : Robert Bouvier
Collaboration artistique : Vincent Fontannaz
Compagnie du Passage
Interprète(s) : Roger Jendly, Adrien Gygax
Metteur en scène : Robert Bouvier
Collaboration artistique : Vincent Fontannaz
- Scénographie, costumes : Catherine Rankl
- Musique originale : Mirko Dallacasagrande
- Univers sonore : Julien Baillod
- Création lumières : Pascal Di Mito
- Création vidéo : Alain Margot
- Maquillage : Talia Cresta
- Régie générale : Bastien Aubert
- Administration : Danielle Monnin Junod
- Production : Damien Modolo
- Diffusion : Créadiffusion
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