Michel Ange : La pieta de Rome |
Dans La nuit du bûcher de Sandor Marai (Voir Ici), le moine défroqué s'enfuit de Rome et passe par Florence pour se réfugier à Genève.
Après avoir vu la Pieta de Rome sculptée par l'artiste dans sa jeunesse, il découvre celle de Florence, oeuvre du sculpteur âgé.
Michel Ange : La Pieta de Florence |
"Dans la cathédrale sur la grande place j’ai vu la Pieta que cet artiste romain au nez cabossé a sculptée. Mais cette Pieta florentine n’est pas aussi douce ni sereine que la romaine. (..)
La Pieta de Rome |
"Au-dessus du groupe s’élève la figure d’un vieillard encapuchonné et vêtu d’une cape -on dit que le sculpteur qui l’a réalisée dans sa vieillesse a taillé dans la pierre le visage de cette statue à son image. Ce vieil homme ne demande rien. Il se contente de regarder. Il pose son regard sur les souffrants, sur La Vierge et sur le corps humain supplicié. Aucune expression de colère sur son visage. En contemplant cette statue, je me suis souvenu des mots du padre Alessandro quand il avait mentionné que le vieux maître écrivait des poèmes, dont l’un évoquait la lumière que l’homme ne perçoit qu’au-delà de la mort. En m’attardant sur le visage pierre, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que, dans la réalité de la mort, cette lueur s’éteint. Celui qui croit que l’on peut mêler notre Seigneur aux querelles humaines est d’un égoïsme et d’une bêtise coupables. Les hommes sont des nigauds en espérant qu’ils peuvent entraîner Dieu dans la misère humaine et lui demander de prendre parti, de s’engager, de punir et de récompenser. Le regard du vieil homme plonge dans l’abîme avec l’indifférence de celui qui n’espère plus aucune réponse de Dieu. Dans la Pieta de Rome, le visage de la Vierge Marie à la fois apaisé et douloureux dit encore que le Sacrifice a quelque signification. Le vieillard de la Piété florentine a l’air de savoir, lui, que le Sacrifice n’a aucun sens."
La pieta de Florence Michel Ange |
En observant cette statue de marbre dans la grande église de Florence, je me suis rendu compte que cette figure-là, je l'avais vue dans la réalité, quelques jours auparavant et vivante : l'hérétique*, l'homme que les confortatori harcelaient dans la cellule du condamné à mort à la Tor di Nona pour qu'il abjure, fixait lui aussi l'espace de cette manière indifférente. On dirait que les grands artistes -comme fut Michel-Ange- perçoivent la réalité non pas dans le monde mais à l'intérieur, à l'intérieur d'eux-mêmes. Je ne comprends rien à tout cela mais je rapporte la façon dont je l'ai perçu.
* Giordano Bruno
c'est quand même bizarre que la même religion puisse produire des choses aussi extrêmes que l'inquisition et les statues de Michel Ange!
RépondreSupprimerQue tu as raison ! Le pire et le meilleur !
RépondreSupprimerDans ma liseuse téléchargé mais pas encore lu L'Homme Incendié de Serge Filippini sur le m^me sujet
RépondreSupprimerTiens ! Intéressant ! J'irai un peu voir ce titre !
Supprimerje surenchéris sur Luocine, on est confondu devant le grand écart que représente le tribunal de l'inquisition et la piéta
RépondreSupprimerC'est tellement vrai ! Quel dommage que les religions ne se soient pas tenues à la célébration de leur Dieu par l'art !
SupprimerL'immense valeur du monde intérieur! La torture le pire des maux.
RépondreSupprimerLe Bien et le Mal réunis dans une seule religion ! Et toutes les religions font de même !
SupprimerC'est marrant de trouver ces figures aujourd'hui, hier j'ai reçu une patiente que j'appelle "la pieta" tant elle adopte la même posture en permanence, c'est déprimant !
RépondreSupprimerDéprimant oui, mais la Pieta a de quoi être déprimée ! Il faut croire que Michel Ange a saisi quelque chose de vrai dans cette attitude !
SupprimerJe suis un peu gaga des sculptures de Michel-Ange. Ces deux pietà sont magnifiques !
RépondreSupprimerMoi aussi ! Oui, elles sont magnifiques !
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