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dimanche 13 décembre 2020

Montaigne : le dictionnaire amoureux

 

Devinez ce que mon mari va m’offrir pour Noël ? Du moins, je l’espère, et je laisse traîner des messages subliminaux, écrits ou oraux, un peu partout, sur « Le dictionnaire amoureux de Montaigne » dans le style : Dans La grande librairie, mercredi, il était question de
Je vous dirai si le message a été entendu … après les fêtes !

André Comte-Sponville, philosophe, est un amoureux inconditionnel de Montaigne et comme il le disait dans l’émission de François Busnuel sur France V :  « Lisez Montaigne en français contemporain, lisez-le dans la langue de la renaissance mais avec une orthographe moderne car le texte est vraiment complexe à lire en ancien français, mais lisez-le ! »  
Alors que les autres invités s’étonnaient que Montaigne soit peu étudié au lycée et que les jeunes le connaissent si peu, il expliquait que les professeurs de philo le considéraient comme un littéraire, donc ils laissaient ce soin aux professeurs de lettres qui, eux, le considéraient comme un philosophe et le renvoyaient  etc…
En réalité, il n’en est rien ! Ce ne sont pas les professeurs qui décident du programme mais le ministre au-dessus d’eux.
Or, pourquoi les lycéens de ma génération connaissaient tous - plus ou moins - mais connaissaient Montaigne ? Parce qu’à époque, on étudiait en extraits tous les grands écrivains de tous les siècles à partir du Moyen-âge jusqu’au XX siècle ! Seules les pièces de théâtre de Molière, Racine, Corneille étaient étudiées en oeuvres complètes de la 6 ème à la terminale !
Ah! on s’est assez moqué de nos incontournables manuels des Lagarde et Michard ! Pourtant cela donnait à tous les élèves de France la même culture, la même connaissance des écrivains français, libre ensuite aux plus curieux d’aller creuser au-delà et de lire les oeuvres complètes ! Et oui, certains allaient plus loin : quand on aime la lecture, ce n’est pas un pensum ! Mais comment le faire si l’on ignore même jusqu’au nom de l’écrivain !
Pour en revenir à André Comte-Sponville, il explique combien Montaigne est un philosophe remarquable car il a une ouverture et une liberté d’esprit hors du commun, il n’impose rien, ne prétend pas détenir la vérité, il cherche avec nous et ce qu’il cherche c’est comment vivre sa vie car celle-ci est difficile. Et il parvient à transmettre son amour de la vie. Un grand philosophe donc et un grand écrivain car il utilise une langue imagée, savoureuse, vivante, imaginative, absolument réjouissante.

Je m’arrêterai là, je n’ai pas encore lu le livre ! Mais je reviendrai vous en parler bientôt !

Il nous fait redécouvrir Montaigne, écrivain de génie, talentueux philosophe, humain d’exception que l’on aurait tant aimé connaître : « quel esprit plus libre, plus singulier, plus incarné ? Quelle écriture plus souple, plus inventive, plus savoureuse ? Quelle pensée plus ouverte, plus lucide, plus audacieuse ? Celui-là ne pense pas pour se rassurer, ni pour se donner raison. Ne vit pas pour faire une œuvre. Pour quoi ? Pour vivre, c’est plus difficile qu’il n’y paraît, et c’est pourquoi aussi il écrit et pense. Il ne croit guère à la philosophie, et n’en philosophe que mieux. Se méfie de "l’écrivaillerie" et lui échappe, à force d’authenticité, de spontanéité, de naturel. Ne prétend à aucune vérité, en tout cas à aucune certitude, et fait le livre le plus vrai du monde, le plus original et, par-là, le plus universel. Ne se fait guère d’illusions sur les humains, et n’en est que plus humaniste, Ni sur la sagesse, et n’en est que plus sage. Enfin il ne veut qu’essayer ses facultés (son titre, Essais, est à prendre au sens propre) et y réussit au-delà de toute attente. Qui dit mieux ? Et quel auteur, plus de quatre siècles après sa mort, qui demeure si vivant, si actuel, si nécessaire ? » (quatrième de couverture)
 



11 commentaires:

  1. J'espère que le message va passer, alors.. ! Très intéressant, ce billet (et comme toi, j'ai eu droit aux Lagarde et Michard, ce qui n'empêche pas en effet d'aller aussi voir ailleurs !).

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    1. Chut ! Il est passé ! Abandonner l'histoire littéraire est bien la pire stupidité qu'a fait l'éducation nationale !

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  2. Montaigne est merveilleux (André C-S par contre n'a pas arrêté de dire des c... à la télé depuis la pandémie, ça me refroidit un peu)
    (autre preuve de c..., ce qu'il dit sur les profs de lettres et de philo, mais bon bref ;-))

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    1. Je ne savais pas que André C-S avait dit des c.... ! mais j'espère bien que son dictionnaire sera à la hauteur de Montaigne.

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  3. J'espère que tes messages seront entendus (et j'espère que ma bibli craquera!). Hé oui, comme toi je suis de l'époque des Lagarde et Michard, on aime ou pas, mais ça créait une belle base!

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    1. Oui, on les a assez débinés en mai 68 mais par contre les Lagarde et Michard créaient une belle base pour tous, comme tu le dis, une culture commune, et si l'on en revenait à cet enseignement, cela n'empêcherait pas de lire des oeuvres complètes à côté. Et ce serait plus intelligent que d'étudier trois oeuvres par année sans lien avec leur époque et sans comparaison avec les écrivains de la même période. C'est du saupoudrage, rien de solide ! Je sais qu'il y a une réforme en cours mais je ne crois pas qu'elle aille dans ce sens.

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  4. Oui, et j'espère qu'il va être passionnant ce livre !

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  5. Bel éloge des Lagarde & Michard qui nous permettaient de butiner dans d'autres pages que celles vues au cours ! Ils trônent encore dans ma bibliothèque auprès des 5 volumes de Littérature (collection Henri Mitterand chez Nathan) que j'ai acquis plus tard, à recommander aussi, avec un commentaire analytique plus actuel. En Belgique c'est pareil, les programmes "par compétences" ont mis au placard l'histoire littéraire et même l'histoire tout court. Choix pédagogique ou idéologique ?
    Bonne lecture de ce dictionnaire, j'espère qu'il arrivera bien sous le sapin et qu'il sera à la hauteur des tes attentes.

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    1. Oui, on n'a plus de suivi, on a des tranches ! On coupe la littérature en rondelle comme le saucisson. Impossible de suivre l'évolution de la pensée au cours de siècles, impossible de comprendre comment l'Histoire, la grande, a marqué les écrivains, les a façonnés, comment la pensée a évolué. Idéologique, je pense !

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  6. J ai toujours Lagarde et Michard sur les etageres.

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