La messe de l’athée est une courte nouvelle de Balzac qui met en scène le chirurgien Desplein, un homme de sciences passionné, honnête, dévoué aux pauvres, mais dont l’excentricité fait scandale dans la société ainsi que certaines incohérences dans son comportement. Cependant son génie médical n’a pas d’égal. Il se distingue par son athéisme qui ne laisse place à aucun doute, et il est, selon l’expression de Balzac, «invinciblement athée». Le second personnage est le médecin Horace Bianchon, (personnage récurrent de La Comédie Humaine) dont Desplein a été le maître. Tous deux se sont liés d’amitié. Or, un jour, Bianchon voit le chirurgien entrer dans une église, il le suit, et, à son grand étonnement, il s’aperçoit que l’athée suit la messe dans une petite chapelle. Après une enquête, il se rend compte que ce n’est pas la première fois. Pourquoi ? C’est ce qu’il apprendra de la bouche même de son ami qui lui raconte son histoire. Ce que je vous laisse découvrir.
Evidemment pour Balzac qui voit dans le christianisme « et surtout dans le catholicisme » « un système complet de répression des tendances dépravées de l’homme » et « un grand élément d’ordre social » être athée est suspect voire rédhibitoire. Mais Desplein lui est manifestement sympathique et la découverte de son histoire, dit l'auteur, doit venger le médecin des « quelques sottes accusations » que lui réserve la société jalouse de son succès. Si Balzac égratigne au passage certains personnages politiques de son siècle, tels de nouveaux Tartuffe, il devient vite évident que Desplein n’en est pas un à ses yeux.
Le récit raconté par Desplein lui-même est, en fait, une belle histoire d’amitié et de fidélité. Il nous livre le beau portrait d’un vieil homme, le troisième personnage de la nouvelle et pas des moindres, l’Auvergnat Bourgeat, modeste porteur d’eau, qui sait ce que c’est que la solidarité et le dévouement et vient en aide au jeune homme alors étudiant. Bourgeat qui devient pour lui comme un père !
Il nous parle de la misère du peuple, de l'habitat insalubre , et surtout de ces jeunes gens, ces étudiants, qui cherchent à s’élever au-dessus de leur classe sociale, en continuant leurs études, malgré la faim, le froid, l’isolement. Thème récurrent chez Balzac.
"J’étais seul, sans secours, sans un sou ni pour acheter des livres ni pour payer les frais de mon éducation médicale; sans un ami : mon caractère irascible, ombrageux, inquiet me desservait. Personne ne voulait voir dans mes irritations le malaise et le travail d’un homme qui, du fond de l’état social où il est, s’agite pour arriver à la surface."
Balzac dénonce l’égoïsme et la dureté des hautes sphères de la société parisienne :
"A Paris, quand certaines gens vous voient prêts à mettre le pied à l’étrier, les uns vous tirent par le pan de votre habit, les autres lâchent la boucle de la sous-ventrière pour que vous vous cassiez la tête en tombant; celui-ci vous déferre le cheval, celui-là vous vole le fouet ; le moins traître est celui que vous voyer venir pour vous tirer un coup de pistolet à bout portant."
Le ton enflammé et amer de la diatribe nous révèle non seulement les souffrances du personnage mais le vécu personnel de l’auteur, Balzac ayant connu, lui aussi, de difficiles débuts.
La défense de l’athée Desplein, pourtant, s’accompagne d’un regret que le catholique Balzac exprime par cette conclusion édifiante :
"Bianchon qui soigna Desplein dans sa dernière maladie, n’ose pas affirmer aujourd’hui que l’illustre chirurgien est mort athée. Des croyants n’aimeraient -ils pas penser que l’humble Auvergnat sera venu lui ouvrir la porte du ciel, comme il lui ouvrit jadis la porte du temple terrestre au fronton duquel se lit : aux grands hommes la partie reconnaissante."
Lecture commune avec Maggie ICI
Une belle histoire d amitié. Et un billet bien détaillé.
RépondreSupprimerOui, on retrouve des thèmes comme la satire de la bonne société et l'étudiant misérable etc... mais c'est une belle découverte. Je suis d'accord avec toi, c'est une nouvelle courte mais qui en long sur la société dans laquelle l'auteur vivait...
RépondreSupprimerMerci pour ta visite sur mon blog et ton commentaire, ClaudiaLucia, j'ai rajouté ton lien chez moi et j'aime beaucoup ta note de lecture. J'ai moi aussi orienté ma note sur les trois hommes, trois beaux personnages et j'ai bien ressenti l'empathie de Balzac pour eux, il ne les a pas créés au hasard. Cette nouvelle est courte mais tellement puissante et je trouve importante dans l'œuvre de l'auteur. Elle est à lire, vraiment, et à analyser profondément. Bonne continuation avec Balzac !
RépondreSupprimerune des nouvelles de Balzac que j'aime beaucoup
RépondreSupprimerintéressant!
RépondreSupprimeret je ne connaissais pas, merci!
Cela fait bien des années que je n'ai pas relu Balzac, voire lu en ce qui concernerait cette nouvelle que je ne connais pas du tout. Beaucoup de richesses dans cette œuvre qu'il me faudrait redécouvrir.
RépondreSupprimerMerci et bonne journée.