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mercredi 15 juin 2022

Anthony Trollope : Les Bertram

 

Dans ce roman Les Bertram, le personnage principal, George Bertram, est un jeune et brillant étudiant. Il  est élevé par son oncle George Bertram l’aîné, un homme d’affaires très riche qui paie les études de son neveu malgré son avarice relative. Il faut dire, pour sa décharge, que Lionel, le père du jeune George, frère du vieillard, s’est enfui à la naissance de l’enfant, et mène une vie insouciante et dissipée, refusant de participer aux frais de l’éducation de son fils !  Lionel Bertram est un homme peu intéressant mais séduisant que George ne connaîtra que devenu adulte, et qui n’hésite pas à vivre au dépens de son fils quand celui-ci a un peu d’argent. Sans morale et sans scrupules, il intrigue pour faire un riche mariage.
George Bertram l’aîné, outré,  décide que son neveu ne sera pas son héritier et donc, comme dans les deux romans que je viens de commenter dans mon blog, Le domaine Belton et Le cousin Henry c’est autour d’un héritage que va se jouer le destin des jeunes gens. L’argent est comme toujours le moteur des romans de Anthony Trollope.

Les  personnages vont vivre des histoires d’amour contrarié et parfois tragique mais ils ne doivent leur malheur qu’à eux-mêmes et à leur caractère : Ainsi Caroline Waddington,  jeune coquette d’une grande beauté mais aussi volontaire et indépendante, hésite à épouser George Bertram qu’elle découvre sans fortune. Elle s’est fiancée avec lui pendant un voyage en Palestine. C’est un jeune homme d’une intelligence supérieure, promis à un bel avenir, mais elle  préfère attendre qu’il ait réussi avant de se lier à lui. Elle l’aime pourtant mais rêve d’une vie animée, dans la haute société, et de tout ce que le richesse peut lui apporter. Les deux amoureux finissent pas se quereller. Ni George, blessé dans sa fierté, jaloux et impatient, ni Caroline, altière et orgueilleuse, ne  veulent faire le premier pas pour s’expliquer, entraînant le drame.

 Arthur Wilkinson, le cousin de George, a une attitude inverse. Placé sous la domination de sa mère dont il a la charge ainsi que de ses soeurs après le décès de son père, il se juge trop pauvre pour vivre en ménage et se refuse à demander en mariage la tendre et fidèle Adela Gauntlet. Il manque de caractère pour s’affirmer et de confiance en lui et en elle. Celle-ci, qui est une jeune fille désintéressée et sincère, n’aurait pourtant pas hésité à partager une vie modeste avec celui qu’elle aime.

 Quant Henry Harcourt, ami de George, il se révèle un jeune loup ambitieux intéressé par le pouvoir et l’argent. Il fait une carrière politique si rapide qu’elle  en étonne plus d’un mais au détriment de l’amitié et de l’honnêteté. Un type de personnage vrai de tous les temps et donc très actuel, n’est-ce pas ? L’écrivain décrit avec beaucoup de précision la période historique et les intrigues et manipulations des hommes politiques les uns envers les autres.

Les Bertram, roman en deux tomes et 572 pages, est extrêmement dense et présente de nombreux centres d’intérêt. A la fine analyse psychologique, une des grandes qualités de l’auteur, s’ajoute la peinture de la société dans les hautes sphères politiques. Le statut de la femme mariée, réduite à la dépendance, sans droit contre la violence, y est décrit avec force et indignation.
Le récit est riche et mouvementé et Trollope trouve encore le moyen de nous amener en voyage, de nous faire visiter avec force détails les sites de la Palestine, d’introduire aussi une foule de personnages secondaires mais très bien campés et qui rendent compte des habitudes et des mentalités provinciales dans un tableau pittoresque et vivant.


 

2 commentaires:

  1. J retrouve le Trollope que j'aime! Tant mieux si on trouve plus facilement ses romans.

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  2. Je ne connais pas du tout. Tu as éveillé ma curiosité

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