Dans Autre étude de femme, l'écrivain réunit autour d'une table ses personnages préférés chez la marquise d'Espard : le ministre Henri de Marsay, Emile Blondet, le docteur Bianchon, la princesse de Carignan, Delphine de Nucingen, son mari le banquier Nucingen, le marquis de Vandenesse, le général de Montriveau...
La haute noblesse, donc : le gouvernement, la banque, l'armée ... Tiens, il ne manque que le curé ! L'église, la quatrième assise du pouvoir !
La conversation entre personnes du beau monde, tourne autour du thème de la femme et de l'amour et sert de prétexte à Balzac pour insérer des textes écrits en 1831 et entre 1838 et 1842 dans le tome II des Scènes de la vie privée de La Comédie humaine.
Comte Henri de Marsay |
Le texte écrit en 1831 est le récit du comte Henri de Marsay, devenu ministre, qui raconte son premier amour. Il a dix sept ans, il est amoureux d'une jeune veuve de six ans son aînée, et l'aime avec l'idéalisme et la fougue de la jeunesse. Mais la trahison de son amante qui projette de se marier avec un duc et voit ce dernier en secret, lui suggère une vengeance subtile qui le laisse apparemment triomphant. Cependant, cette expérience cruelle lui fait perdre sa foi en l'amour d'une femme et fait de lui un être froid, à jamais incapable de passion.
Quant à mon esprit et mon coeur, ils se sont formés là pour toujours, et l'empire qu'alors j'ai su conquérir sur les mouvements irréfléchis qui nous font faire tant de sottises, m'a donné ce beau sang-froid que vous connaissez.
Le dénouement de cette nouvelle rejeté à la fin du recueil et raconté par le docteur Bianchon clôt le recueil. Celui-ci assiste en tant que médecin à la mort de cette femme devenue duchesse, victime d'une grave maladie, et rapporte le mot sublime de la mourante à son mari, preuve qu'elle était capable d'aimer vraiment.
"Mon pauvre ami, qui donc maintenant te comprendra ? Puis elle mourut en le regardant."
La duchesse de Langeais, un femme comme il faut ? |
Que la femme française s'appelle Femme comme il faut ou grande dame, elle sera toujours la femme par excellence.
Les textes suivant sont des considérations sur la femme de la noblesse. Ceci pour regretter que la grande dame de l'Ancien Régime dont le mari bénéficiait d'une richesse sans limite ait disparu. Regret que le code Napoléon en ne privilégiant pas le droit d'aînesse ait dissous ces formidables richesses en obligeant le partage entre les héritiers. De ce fait, la grande dame n'est plus ! Elle a donné naissance à la femme comme il faut, femme du monde au goût exquis, mais qui n'a plus le luxe dispendieux, la grandeur, la folie, la démesure et aussi l'érudition des femmes d'autrefois. Regret de la voir concurrencer par la bourgeoise, issue cette classe montante de nouveaux riches qui ne lui arrive pas à la cheville et encore plus par la femme comme il n'en faut pas ! Heureusement, les femmes de cette assemblée finissent par se révolter :
"Sommes-nous donc aussi diminuées que ces messieurs le pensent ? dit la princesse de Cadignan en adressant aux femmes un sourire à la fois douteur et moqueur.
Il était temps !
Au cours de cette soirée, chacun y va de son lamento et déplore la perte du cher
passé induite par la révolution. On a
envie de leur dire, à tous ces nobles méprisants, arrogants,
frivoles et futiles, encore immensément privilégiés malgré leurs
doléances et leurs soupirs, que, et oui ! La révolution est
bien heureusement passée par là et a donné de grands coups de
pieds dans le jeu de quilles ! Bon d'accord, comme d'habitude,
ce sont d'autres qui ont pris leur place, qui ne sont pas meilleurs,
et cela n'a pas rétabli l'égalité ni permis de lutter contre le paupérisme. Personnellement j'ai trouvé assez ennuyeux toutes ces considérations mais je reconnais qu'elles ont un intérêt historique pour connaître la mentalité de la noblesse. Et dire que Balzac, le conservateur, est en admiration devant ces gens-là !
Le général Armand de Montriveau |
Enfin vient un bref récit fascinant, très ramassé, au dénouement glaçant, qui, a mon avis, est le plus fort du recueil. Le général de Montriveau raconte comment, après le passage de la Bérézina, pendant la campagne de 1812, cherchant un abri pour la nuit, il est chassé de maison en maison par les soldats de l'armée en déroute qui n'obéissent plus à aucune discipline, ni même à des règles de solidarité. Le général finit par être accueilli dans une ferme délabrée où le feu qui brûle dans la cheminée et la nourriture redonnent un semblant d'humanité aux hommes qui sont là. Parmi eux, un femme, Rosina et son mari, un capitaine, italiens tous deux. Rosina est manifestement la maîtresse d'un colonel qui lui ordonne de venir la rejoindre dans son lit, devant le mari. Ce qui fait rire Montriveau et le reste de la compagnie et blesse l'amour propre de l'Italien. Le lendemain, la vengeance de l'homme humilié sera horrible. Je vous la laisse découvrir !
Il n'y a rien de plus terrible que la révolte d'un mouton, dit de Masay.
Ne serait-ce que pour ce dernier récit (mais lire aussi L'Adieu sur la même période historique ) il ne faut pas rater Autre étude de femme !
LC initiée par Maggie : ICI avec Miriam Ici
PS : D'après Maggie, il manque une nouvelle dans le recueil de Kindle. Et d'après Wikipédia ce serait la nouvelle intitulée La grande Bretèche déjà parue dans les Contes bruns.
je l'ai lu mais zéro souvenirs donc je dirai que c'était un peu raté pour moi
RépondreSupprimerCe n'est pas le meilleur de Balzac et puis c'est un peu un fourre-tout de plusieurs nouvelles et considérations sur la femme.
SupprimerMerci pour cette LC... Une idée pour la prochaine ? J'ai trouvé que le début était long mais ensuite les histoires deviennent de plus en plus affreuses et dramatiques ! Pas la meilleure nouvelle de Balzac mais pas non plus une déception, j'aime bien cette idée de conversation... la manière d'écrire de Balzac en rajoutant des bouts !
RépondreSupprimerJe ne sais pas s'il y a d'autres lectrices mais je mets ton lien...
Pas d'idée mais je peux chercher en fonction des titres que tu as déjà proposés ? Et lire un B
SupprimerJe poursuis mon commentaire (que blogspot a fait sauter en plein milieu); J'ia pensé à la Rabouilleuse pour finir la trilogie des Célibataires mais pour le mois de Mai car il est long...
Supprimerou alors pourquoi ne pas choisir un titre dans les scènes de la vie politique ou dans celle de la vie militaire, que nous n'avons jamais explorées (sauf les Chouans) ?
Par exemple Une passion dans le désert ? Si on trouve le livre facilement ?
Mais c'est à toi de décider !
Coucou Claudia,
SupprimerMerci pour ta réponse, ce sera la rabouilleuse en mai... Pour une passion dans le désert, cela ne fait que 6 pages : va-t-on publier un billet ?????
Miriam a aussi publié son billet (et elle parle de toi :-))
RépondreSupprimerOui, j' ai eu l'impression de l'avoir grondée !
Supprimerla dernière partie surtout donne envie!
RépondreSupprimerC'est la nouvelle (mais très courte), du moins dans la publication Kindle qui en omet une, qui a de la force.
SupprimerCette fois-ci tu es plus enthousiaste que moi, je me suis vaguement ennuyée dans ces considérations mondaines. je n'ai pas trouvé le passage de la mort de la duchesse.
RépondreSupprimerTu trouves que je suis enthousiaste ? Non, pas vriament, à part pour la dernière nouvelle sur la Berezina. N'oublie pas aussi que le recueil proposé sur la Kindle est écourté d'une nouvelle ! J'ai trouvé que c'était un peu ennuyeux et valait surtout pour la connaissance historique que Balzac nous apportait sur les mentalités des nobles à cette époque !
SupprimerOuh là ! Cela fait longtemps que je n'ai pas lu Balzac ! Quand j'étais étudiante, je lui préférais Zola. Aujourd'hui, je ne sais pas.
RépondreSupprimerQuand j'étais étudiante, dans l'ordre : mon préféré était Stendhal ! puis Victor Hugo, son style lyrique, grandiose, ses idées, Zola pour ses idées mais pas tout dans Zola, et Flaubert pour la perfection de la langue. Balzac est celui que j'aime le moins sauf certains de ses livres ! mais ces idées réacs m'ont toujours fait râler. Et bien, l'ordre des préférences, est toujours vrai maintenant ! En fait, j'aime tout le XIX siècle !
SupprimerFlaubert est celui que j'aime le moins, à cause de "Madame Bovary" qui m'a profondément ennuyée. Je n'ai pas lu d'autres livres de lui. C'est peut-être une erreur.
RépondreSupprimerJe pense que Madame Bovary est un grand roman et une étude de caractère et de moeurs profonde et sans concession. Plus je lis ce roman, plus j'en suis persuadée. Mais si on le lit trop jeune, la peinture du "bovarysme" n'a rien d'exaltant, l'ennui au fond d'une province française peut être... ennuyeux ! Julien Sorel, avec tous ces défauts, est bien plus passionnant ! Et les paroles que Stendhal met dans sa bouche lors de son procès final est une condamnation de cette société qui ne tient compte que de la naissance et de la richesse et non du mérite et du talent.
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