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mercredi 12 août 2009

Archives du festival d’Avignon : Dario Fo, Johan Padan à la découverte de l’Amérique…





Dans cette rubrique : Archives du festival d'Avignon, j'ai décidé de publier, de temps en temps, quelques critiques que j'avais écrites pour le journal La Provence lors des années précédentes. Je ne garderai que les spectacles que j'ai vraiment appréciés, histoire de me rappeler et de vous faire partager de bons souvenirs théâtraux. J'y ajouterai, s'il y a lieu, les remarques personnelles que je n'avais pas pu publier alors, faute de place.

L'article sur Johan Padan de Dario Fo est paru dans La Provence le 19 Juillet 1997. Ce spectacle a été un éblouissement car il alliait  à un jeu d'acteur exceptionnel, un texte brillant et généreux où le rire toujours présent est une dénonciation de l'intolérance et plaide pour le respect de la différence!

Je ne résiste pas à citer quelques passages qui rappellent à la fois Montaigne pour les idées et Voltaire pour l'ironie.



Enfin Séville.. quelle ville merveilleuse, il faut la voir! Il y a toutes ces coupoles rouges et or hérissées de clochers qui grimpent jusqu'au ciel... Il y a toutes ces maisons avec  des fontaines partout...
J'étais* en extase devant la ville. Mais à peine débarqué, sur le quai, la première chose que je vois, c'est un énorme tas de bois avec quatre hommes assis dessus, confortablement... Il brûlaient, bien tranquilles...

Et les autres** nous répondent : "non, merci, assez de petits tours.. car de ceux que vous avez emmenés à vos précédents voyages.. . il n'y en a pas un qui est revenu.
Allez, rendez-nous ceux que vous avez.. sinon nous vous envoyons des flèches et des lances!"
A peine ils avaient dit flèches et lances qu'on a fait sortir les canons des navires et on a commencé à tirer dans le tas, Ta Ta Boum, et on voyait les guerriers  indiens sauter en l'air déchiquetés... un massacre vraiment imbécile.


* Johan Padan arrive à Séville et découvre le mode "civilisé"

** les sauvages du Nouveau Monde

Archives du festival d’Avignon : Roland Dubillard : La maison d’os, fantastique danse macabre…

Archives du festival d’Avignon



 Dans cette rubrique : Archives du festival d'Avignon, j'ai décidé de publier, de temps en temps, quelques critiques que j'avais écrites pour le journal La Provence lors des années précédentes. Je ne garderai que les spectacles que j'ai vraiment appréciés, histoire de me rappeler et de vous faire partager de bons souvenirs théâtraux. J'y ajouterai, s'il y a lieu, les remarques personnelles que je n'avais pas pu publier alors, faute de place.

Fantastique danse macabre est un  article paru dans le coup de pouce du Off  en  juillet 1996 (La Provence)

mardi 11 août 2009

Archives du festival d’Avignon : La palestine au festival en 1997, La jeune fille et la mort


L'article  La Palestine au festival sur le spectacle mis en scène par Georges Ibrahim: La jeune fille et la mort d'Ariel Dorfman est paru dans la Provence en juillet 1997
 








Dans cette rubrique : Archives du festival d'Avignon, j'ai décidé de publier, de temps en temps, quelques critiques que j'avais écrites pour le journal La Provence lors des années précédentes. Je ne garderai que les spectacles que j'ai vraiment appréciés, histoire de me rappeler et de vous faire partager de bons souvenirs théâtraux. J'y ajouterai, s'il y a lieu, les remarques personnelles que je n'avais pas pu publier alors, faute de place.

lundi 10 août 2009

Festival Off d’Avignon 2009 : Grand’Peur et Misères… de Bertolt Brecht



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Affiche du spectacle Grand'Peur et Misères
journal Libération

La Compagnie Théâtre du Midi présente au théâtre de l'Alizé la pièce de Bertolt Brecht, Grand'Peur et Misères..., mise en scène par Antoine Chalard, composée de petits tableaux qui peignent la société allemande sous le régime hitlérien à la veille de la seconde guerre mondiale.

La scénographie, intéressante, inventive, assure la réussite de la pièce par son ingéniosité. Pour passer d'une histoire à l'autre, le décor prend l'aspect d'une longue façade miteuse dans un quartier pauvre de la ville, percée de plusieurs fenêtres qui nous permettent de voir ce qui se passe à l'intérieur de ces maisons, tour à tour usine, restaurant populaire, chambre à coucher, salle à manger.
A l'extérieur de la maison, la rue est aussi une scène de théâtre quand les personnages à leur fenêtre deviennent à leur tour spectateurs et épient ce qui se passe. Scène sur la scène, l'espace est donc  découpé de manière à ce que le spectateur soit double, celui dans la salle de spectacle dont nous faisons partie et les personnages qui sont à la fois participants quand ils sont les victimes et observateurs quand la répression frappe les autres. Peut-être s'agit-il de souligner l'aveuglement et la lâcheté de ceux qui n'interviennent pas quand ils ne se sentent pas concernés? Mais nous asssistons aussi, parfois, à une prise de conscience de certains d'entre eux et à la peur qui s'installe et  pousse à se méfier de son voisin, de son meilleur ami ou de son propre fils.
Le décor est aussi utilisé pour soutenir le parti pris burlesque de la mise en scène en créant des situations cocasses, bras d'une longueur démesurée qui se tendent d'une fenêtre à l'autre mais n'appartiennent pas à la même personne. Effet comique garanti, qui vient soulager la tension créée par l'horreur de ces scènes montrant le quotidien du peuple sous la dictature nazie, privation de liberté, censure, interdiction, délation, dénonciation des parents par les enfants, exécutions sommaires...
Les acteurs sont bons (un peu moins dans le registre tragique) et c'est ainsi que nous sommes amenés à rire de l'insupportable! Un bon moment théâtral.

Grand'Peur et Misères  de Bertolt Brecht
mise en scène : Antoine Chalard
Compagnie Théâtre du Midi
Théâtre de l'Alizé du 8 au 31 juillet 2009 à 18H30

mardi 28 juillet 2009

festival off d’Avignon 2009 : Alfred de Musset, Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée..


Après avoir lu des critiques très élogieuses sur Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée / Le Grenier par la compagnie Les Larrons et considérant qu'un petit Musset ne se refuse pas, me voilà donc au Théâtre La Luna où a lieu la représentation. Je dois dire que je n'ai pas été entièrement convaincue même si, au final, j'ai aimé la pièce de Musset et son interprétation. Je m'explique!

La pièce d'Alfred de Musset est précédé d'un texte écrit par Isabelle Andréani qui est aussi actrice et metteur en scène du spectacle. Il présente  deux domestiques, la servante d'Alfred de Musset et son cocher, en train de chercher un harnais dans un grenier. Ce faisant, ils découvrent des lettres, des brouillons de l'oeuvre du poète et nous les livrent jusqu'au moment où tous deux s'amusent à interpréter Il faut qu'une porte soit ouverte... Ce début assez décevant est laborieux. La présentation de l'auteur reste superficielle et  trop pédago. Les extraits sont trop courts  pour être vraiment signifiants et les acteurs hésitent entre émotion et  parodie comme s'ils n'arrivaient pas à trouver le ton juste. Heureusement, la pièce de Musset débute et c'est à ce moment là que j'ai pu commencer à adhérer au spectacle.
Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée n'est pas une oeuvre majeure de Musset mais sous son apparente légèreté, elle présente, en germes, les thèmes chers à l'auteur des Caprices de Marianne et  de On ne badine pas avec l'amour. La Marquise, tout comme Marianne, refuse  les compliments vains et superficiels du Comte, son voisin et amoureux transi. Elle veut que l'on s'adresse à son intelligence et ne prise que la sincérité des sentiments. Tout comme la Camille de On ne badine pas elle se méfie des hommes et de leur inconstance et risque ainsi de passer à côté du véritable amour. De même, il y a un peu de Perdican dans le personnage masculin qui revendique la beauté et la grandeur de l'amour malgré les faiblesses des hommes.
Si Xavier Lemaire dans le rôle du comte est correct (je préfère son travail de metteur en scène; j'ai vu, il y a quelques années un magnifique Marivaux mis en scène par ses soins)  c'est surtout le jeu de l'actrice, tout en finesse et subtilité qui permet de prendre un réel plaisir au duo amoureux qui se déroule devant nos yeux. Intelligence des réparties, joutes verbales, finesse des sentiments, humour, revendication féministe avant la lettre, font oublier un décor et une mise en scène un peu conventionnels...  Au total, et malgré ses restrictions, j'ai fini par apprécier le spectacle où l'émotion et l'humour étaient au rendez-vous.


festival off d’Avignon 2009 : Où va l’eau? une adorable pièce pour les tout-petits affiche.


 


Où va l'eau? par la Compagnie O' Navio, mis en scène par Alban Coulaud  est une adorable pièce pour les enfants à partir de 12 mois. Dans la petite salle de l'espace Alya, ceux-ci, en compagnie des adultes, partent avec la comédienne dans une aventure qui appartient à leur quotidien familier : l'eau ! L'eau des poisson et des canards, l'eau que l'on boit ou celle qui lave, l'eau du pipi, des bulles de savon et du bain, l'eau où l'on patauge gaiement, l'eau qui jaillit, qui s'écoule, éclabousse, l'eau qui  glougloute et gargouille...
La mise en scène  tout en douceur et en finesse est d'une grande précision, réglée comme une partition musicale, jouant sur les correspondances entre la gestuelle, les sons, les lumières. Elle crée un monde à la mesure des tout-petits, tisse une sorte de cocon autour d'eux leur réservant de jolies surprises :  un manège de petits canards de toutes les couleurs  qui barbotent dans la mare, un autre qui surgit du fond d'un verre, un poisson rouge désobéissant, une éponge qui pleure et qu'il faut consoler... Les onomatopées amusantes, les comptines pleines de fraîcheur ajoutent à la magie du spectacle servi par la grâce de la comédienne qui évolue comme une grande enfant parmi les tout-petits, amusante avec légèreté, tour à tour souriante et étonnée, maîtresse d'un monde qu'elle fait surgir de sa baguette.
Et c'est peu de dire que les tout-petits se retrouvent dans cet univers ! Il y a ceux qui s'amusent et le font savoir comme cette petite blondinette qui éclate de rire à tous moments, ceux qui  s'émerveillent et crient bravo à chaque découverte, ceux qui restent bouche bée et dont le silence et l'attention disent mieux que tout l'intérêt qu'ils portent au spectacle.

lundi 27 juillet 2009

Le festival Off d’Avignon 2009 : Pièces détachées , Oulipo, quand théâtre rime avec plaisir



Je n'ai pas pu m'empêcher de voir une seconde fois Pièces détachées/ Oulipo  au Théâtre du Chien qui fume. Lorsque théâtre rime avec plaisir mais aussi avec intelligence, ce serait dommage de ne pas en profiter!
Cet assemblage de textes rédigés par les grands oulipiens, Queneau, Perec, Bénabou, Caradec, Fournel, Monk, Roubaud et j'en passe... est un vrai régal! Le public ne s'y  trompe et ce n'est pas pour rien que le spectacle se joue chaque soir de ce festival 2009 dans une salle comble qui croule sous le rire.


Pièces détachées/ Oulipo

Ce Oulipo, mis en scène par Michel Abécassis, c'est d'abord le plaisir de la langue, des jeux de mots et de sons qui fusent de toutes parts, qui jaillissent comme des feux d'artifice, qui s'élèvent dans l'espace et que l'on rattrape au vol  comme pour les faire siens et en rire. C'est aussi l'esprit oulipien pris à la lettre, cette logique mathématicienne, qui, si l'on a le malheur de la prendre au sérieux, nous éclate dans les doigts comme un vieux pétard mouillé, une logique  irréfutable pour mieux nous conduire à l'absurde.
Michel Abécassis a appliqué à la lettre la "doctrine" de  Georges Perec  :  "Au fond je me donne des règles pour être libre", en concevant sa  mise en scène comme un ballet minutieux, rigoureux comme un  métronome, calculant au millimètre près la gestuelle et les déplacements des trois acteurs. Même précision dans les échanges verbaux, véritables joutes orales qui confinent à la perfection.
Et ceci  est une réussite totale : sans effort apparent, les acteurs, Nicolas Dangoise, Pierre Ollier, Olivier Salon, tous les trois excellents, se rient avec aisance des difficultés, réalisent  des prouesses de virtuoses devant le spectateur ravi, emporté par l'esprit, l'humour, la cocasserie, l'intelligence d'un spectacle fou, fou, fou!
A l'heure où j'écris ces mots, il reste peu de jours pour en profiter mais un conseil, il vaut mieux réserver!
Pièces détachées/Oulipo
Théâtre du Chien Qui Fume  
 Le Théâtre de L'Eveil
Du 8 au 31 Juillet 20H50

samedi 25 juillet 2009

Le festival Off d’Avignon 2009 : Edogawa Ranpo, Imomushi, un spectacle fascinant

Imomushi
La caserne des pompiers à Avignon est un lieu de diffusion de la Région Champagne-Ardenne pendant le festival et présente le plus souvent des spectacles de théâtre contemporain de qualité.
Imomushi d'après une nouvelle de  Edogawa Ranpo, mise en scène par David Girondin Moab de la Compagnie Pseudonymo Théâtre et marionnette contemporaine ne déroge pas à la règle. La pièce est forte servie par une scénographie et une mise en scène éblouissantes où le son, la lumière, le jeu des acteurs et des marionnettistes s'allient pour former un spectacle d'une grande beauté et d'une intensité poignante.
L'histoire est simple, dépouillée  : Le lieutenant Sunaga a été blessé à la guerre mais les "miracles" de la médecine militaire l'ont maintenu en vie alors qu'il n'a plus de bras et de jambes, qu'il est muet, le visage défiguré, le corps tordu par la souffrance. Sa femme le veille depuis trois ans avec un "dévouement exemplaire"  selon les propos du général qui  a eu le jeune homme sous ses ordres. Nous sommes dans un huis-clos étouffant  rompu seulement par la visite du général,  une confrontation tragique qui n'est pas sans rappeler celle imaginée par Atiq Rahimi dans Syngue Sabour, la Pierre de Patience :  un homme muet, immobile, infirme, face à une femme qui va exercer sur lui sa toute puissance mais qui est à la fois victime et esclave de son époux. Mais la ressemblance s'arrête là car si Atiq Rahimi  s'attachait à montrer la folie meutrière des hommes, c'est surtout la condition de la femme dans les pays musulmans qu'il dénonçait. David Girondin Moab, à la fois auteur et metteur en scène, décrit l'horreur de la guerre et son absurdité. Il explore aussi le fond de l'âme humaine, traquant, sous l'abnégation du personnage féminin, les tentations du désir charnel, les impatiences, le désespoir, l'amour qui se mue en haine, le long cheminement vers  la cruauté et le meurtre.
Cependant, malgré cette violence qui happe le spectateur, ne lui laisse aucune respiration, la mise en scène est d'une extrême retenue, d'une grande sobriété, tout est dans l'intériorisation, l'économie de gestes et de paroles.
La musique et le son nous empoignent, jouent sur nos nerfs, nous font réagir.
Le décor, un plateau sombre séparé de la salle par des tiges métalliques qui semblent représenter les branchages d'un arbre ou les barreaux d'une prison, est sculpté par la lumière : celle-ci dessine sur le sol des cercles concentriques, labyrinthe au centre duquel se trouve  la femme, prisonnière; elle isole tour à tour les personnages, détachant les visages dans un clair-obscur qui les fait paraître, privés de corps, semblables à des spectres tragiques; elle joue sur les traits de la femme révélant ses sentiments, sa lutte intérieure, (l'actrice est excellente), elle  façonne et  dissout les chairs, créant des personnages à la Soutine. Au fond du plateau un mur qui s'illumine à plusieurs reprises fait apparaître par transparence des ombres chinoises, des inscriptions, des couleurs qui renvoient au récit.
Enfin, il y a la marionnette, le mari, une sorte de mort-vivant qui ne peut exprimer ses sentiments, sa colère, sa jalousie, qu'en tapant la tête contre le lit. Son corps tronqué, monstrueux, emmailloté comme un nouveau-né, est semblable à cette chenille (imomushi en japonais) que l'on voit dès le début de la représentation, rampant sur une branche dans une difficile ascension, échappant à sa chrysalide pour mieux être précipitée dans un puits, allégorie de la vie et de la mort figurant ainsi l'éphémère destinée du  lieutenant Sunaga. Face à cette marionnette douée de vie et souffrante et à cette actrice aux mouvements saccadés, déshumanisés, qui semble porter un masque figé par le désespoir, l'on se prend à douter, à ne plus savoir laquelle des deux est vivante, laquelle est de chair et de sang.
Certaines scènes sont saisissantes de beauté et d'étrangeté : celle, par exemple où la femme, à la fois mère et amante de son mari, semble donner naissance à un foetus qui devient ensuite phallus et jouissance.
Un très beau spectacle, donc, qui laisse le spectateur sous le choc. Il faut un moment avant de pouvoir réagir et saluer la prestation des acteurs, l'excellence de la scénographie et de la mise en scène, la force du propos.
Imomushi d'après la nouvelle de : Edogawa Ranpo

 metteur en scène :  David Girondin Moab
Cie Pseudonymo théâtre marionnette contemporaine
Lieu  : Caserne des Pompiers  du 8 au 29 Juillet 20H30
Durée : 1H
Tarif : 13  € tarif carte off 9€

dimanche 5 juillet 2009

Avignon au temps du festival : Juillet 2009, brassée d'images



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Avignon a revêtu ses bannières, les affiches montent à l'assaut des lampadaires.  Le festival Off s'affiche!

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dimanche 28 juin 2009

Littérature et Ecosse : Marie Stuart de Stefan Zweig (2)




Lors de mon séjour à Edimbourg, j'ai visité la maison de John Knox, un des fondateurs les plus zélés de l'église protestante en Ecosse. Il  dépasse, dit de lui Stefan Zweig, en intransigeance et intolérance son maître Calvin et donne à la Kirk d'Edimbourg une volonté de fer...



Voici le portrait que Stefan Zweig dresse de lui : John Knox est peut-être le type le plus accompli du fanatique religieux que l'histoire connaisse, plus dur que Luther, dont une gaîté intérieure venait du moins de temps en temps animer l'esprit, plus austère que Savonarole, dont il n'a pas l'envolée éclatante et illuminée du mystique.(...)
Tous les dimanches, avec sa barbe de fleuve, tel Jéhovah, il occupe la chaire de Saint Gilles et vomit sa haine et ses malédictions sur ceux qui ne sont pas de son avis. (...) 
De sa chaire, Knox entonne des chants de triomphe lorsque le jeune François II, l'époux de Marie Stuart, meurt d'un abcès purulent à l'oreille, "cette oreille qui se refusa à entendre la voix de Dieu." (...)
Selon ses propres paroles, il "eût préféré voir débarquer dix mille ennemis en Ecosse que de savoir qu'on y disait une seule messe".
Quand Marie Stuart arrive en Ecosse, elle reconnaît à ses sujets une entière liberté de conscience, mais, sous la pression de John Knox, elle est obligée d'accepter la loi interdisant la messe en Ecosse. Elle se réserve, cependant, le droit de la suivre dans la chapelle privée du château de Holyrood mais le peuple excité par le prédicateur vient troubler cette célébration.
La Reine  furieuse, convoque John Knox qui sort triomphant de ce duel entre la souveraine et lui : 

"Les princes et les rois doivent obéir à Dieu, déclare-t-il. Les rois doivent être les pères nourriciers de l'Eglise et les reines ses nourrices."
- Mais votre Eglise n'est pas celle que je veux nourrir, réplique la reine.
Knox devient impoli et grossier et traite l'Eglise romaine de prostituée indigne d'être la fiancée de Dieu (...) : La croyance exige la vraie connaissance et je crains que vous n'ayez point la vraie connaissance".

Il sera désormais le plus implacable adversaire de Marie Stuart.

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Maison de John Knox : intérieur
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maison de John Knox : intérieur

samedi 27 juin 2009

Littérature et Ecosse : Marie Stuart de Stefan Zweig (1)


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Marie Stuart vers 1558 par Clouet
En s'attaquant à la biographie de Marie Stuart, Stefan Zweig annonce clairement la couleur : il ne prendra pas partie! Il constate, en effet, que selon qu'ils soient protestants ou catholiques, les historiens ont fait de la Reine d'Ecosse une criminelle ou une victime et de même pour sa rivale, la Reine d'Angleterre, Elizabeth. Il souligne, cependant, la difficulté de démêler le vrai du faux dans la masse de documents, lettres, actes, rapports, procès-verbaux qui concernent le règne de ces deux souveraines à la destinée si étroitement liée. Il décide donc de s'en tenir aux documents dont l'authenticité ne fait pas de doute et dans le cas ou deux affirmations seraient opposées de confronter les textes en vérifiant les sources et les raisons politiques de chacun d'eux. Enfin quand il y a obscurité et que le doute est permis de s'appuyer sur la psychologie du personnage - car le caractère de Marie Stuart est bien connu- pour trouver la réponse la plus plausible.
Et c'est peut-être dans cette analyse psychologique que réside l'un des plus grands intérêts de la biographie de Marie Stuart par Stefan Zweig car l'historien consciencieux et documenté se double aussi de l'écrivain expert qui sait avec subtilité et finesse dénuder les mystères de l'âme humaine et découvrir les ressorts secrets sous les mobiles apparents des actions des personnages.

Elizabeth Ier d'Angleterre

image017.1246206268.jpgAinsi la guerre des deux reines ennemies, Elizabeth et Marie, donne lieu à une analyse savoureuse du courrier hypocrite que s'écrivaient les deux rivales. Protestations d'amitié, serments de fidélité suivis de coups bas, de propos vipérins qui pourraient apparaître comme des scènes de comédie si cet échange n'était mu par une haine implacable et ne s'achevait par une tragédie sanglante : la mise à mort de Marie.
Stéfan Zweig fait presque oeuvre de dramaturge en mettant en scène ce personnage de plein de panache et d'audace qui, pense-t-il, a pu inspirer Shakespeare pour son Hamlet et son Macbeth.
Mais au-delà de la psychologie individuelle, c'est tout un tableau de l'époque et en particulier de l'Ecosse, que brosse Stefan Zweig : Un pays déchiré par ses luttes intestines, où les lords tout-puissants contestent le pouvoir des Stuart et sont toujours prêt à la rebellion, un pays pauvre dont la seule richesse, même celle du souverain, consiste en têtes de bétail que chaque clan essaie de s'approprier en se faisant la guerre, un pays qui a besoin du soutien étranger pour survivreet qui est  menacé dans ses frontières par la puissante voisine, l'Angleterre. Enfin, et ce n'est pas le moindre, un pays déchiré par les luttes religieuses, gagné au protestantisme sur lequel les lords s'appuient pour s'opposer à la dynastie très catholique des Stuart, avec un peuple soumis à l'influence grandissante du prédicateur J. Knox, le plus grand ennemi de Marie Stuart.
Ainsi Stefan Zweig montre comment derrière les deux souveraines se révèlent deux mondes opposés, l'un finissant, celui de Marie Suart, héritier du Moyen-âge, chevaleresque, mais désuet, tourné vers le passé, condamné à sa perte, l'autre, celui d'Elizabeth, progressiste, allant de l'avant, décidé à s'enrichir, en pleine évolution et qui va triompher..
 La vie d'Elizabeth personnifie l'énergie d'une nation qui veut conquérir sa place dans l'univers; la fin de Marie Stuart, c'est la mort héroïque et sublime d'une époque. Mais dans ce combat chacune d'elle réalise parfaitement son idéal : Elizabeth, la réaliste vainc dans le domaine de l'Histoire, Marie Stuart, la romantique, dans celui de la poésie et de la légende.
Une biographie passionnante où l'écrivain cherche avec une grande sincérité à faire sortir Marie Stuart de la Légende pour nous montrer la femme face à l'Histoire même si l'on sent bien pourtant où va sa sympathie.

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Fille de Marie de Guise ou de Lorraine et de Jacques V d'Écosse, Marie Stuart fut reine d'Écosse à la mort de son père en 1542, sept jours après sa naissance, et reine de France en 1559 à dix-sept ans. Arrivée à la cour des Valois à l'âge de cinq ans, fiancée au dauphin François, elle fut élevée en France dans une cour qui cultivait les arts et les lettres et l'esprit de la Renaissance. Ce fut les moments les plus heureux de sa vie. Entourée des ses amies, les quatre Marie,  admirée par tous, célébrée par les poètes comme Ronsard ou du Bellay, Marie étudia le latin, l'italien, la musique, s'exerça à la poésie.








La Reine blanche    A la mort de François II, Marie Stuart porte le deuil des reines, en blanc
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Après la mort de son époux, elle regagna l'Écosse gagnée par le puritanisme, déchirée par les luttes de pouvoir où le contraste avec la cour française fut brutal. Son catholicisme et son autoritarisme, les révoltes des protestants et des nobles, son mariage avec l'assassin de son mari, provoquèrent son abdication en faveur de son fils Jacques VI en 1567. Elle se réfugia alors en Angleterre pour demander protection à Elizabeth qui la maintint prisonnière pendant dix-huit ans dans des châteaux où Marie Stuart avait la possibilité d'avoir sa propre cour avec ses domestiques et ses fidèles mais ne pouvait sortir du pays. Elle ne cessa dès lors d'encourager des complots dans le but de  se libérer et de monter sur le trône d'Angleterre. Élisabeth la fit exécuter.





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Le mariage de François II et Marie Stuart, reine de France et d'Ecosse(1559)


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Henri Stuart, Lord Denley, fils du comte de Lennox, cousin de Marie, fut son second mari. Elle le fait assassiner par son amant Bothwell qu'elle épousa peu après.










Bothwell, l'assassin de Lord Denley, devint  son troisième mari


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Bothwell, l'assassin de Lord Denley, devint  son troisième mari

samedi 20 juin 2009

Hammerklavier : Yasmina Reza et le Festival d’Avignon

 


A l'approche du festival d'Avignon 2009, je ne me peux m'empêcher de citer ce très beau texte que j'ai lu dans le recueil de récits de Yasmina Reza : Hammerklavier. Il s'intitule Trente secondes de silence et Yasmina Reza y raconte comment  José-Maria, un de ces amis espagnols, Catalan épris de théâtre, lui fit un jour la narration d'un séjour à Avignon du temps de sa jeunesse.

On donnait, me dit-il, au Palais des Papes, la première des Caprices de Marianne avec Gérard Philippe et Geneviève Page. Tu te souviens, me dit-il en s'arrêtant de marcher, les mots d'Octave: "adieu ma jeunesse.. adieu les sérénades.. Adieu Naples... Adieu l'amour et l'amitié... Pourquoi adieu l'amour? demande Marianne. Je ne vous aimais pas Marianne; c'était Célio qui vous aimait."
Gérard Philippe s'en va. Geneviève Page disparaît à son tour sous la musique de Maurice Jarre, puis le noir, puis rien. Et là, me dit José-Maria, debout, arrêté, encore frissonnant, il se passe, je te jure, trente secondes, au moins trente secondes d'immobilité, moi, me dit-il, je tremblais de tous mes membres, j'avais seize ans, je venais de Barcelone, qu'est-ce que tu veux à cette époque là-bas on ne savait pas ce qu'était le théâtre, et tout d'un coup, la salle entière s'est levée, après au moins trente secondes de silence complet et s'est mise à applaudir.
Quelle chance, me dis-je, quelle chance, non pas d'avoir vu ce spectacle, me dis-je, ni d'avoir vu Gérard Philippe, ni Geneviève Page -moi aussi, pensai-je, j'ai vécu de grands instants de théâtre- quelle chance d'avoir connu ce public. Quel bonheur d'avoir connu ce temps béni de la non-participation. Un temps où il n'était question  que de recevoir, en toute simplicité et en toute honnêteté -peut-être la plus noble attitude- un temps où il ne s'agissait pas de s'exprimer, de prouver, d'être un soi bruyant et apparent. Où que nous allions aujourd'hui, me dis-je, les gens applaudissent sur la dernière note. Aucun silence. Pas une seule seconde de retrait. Vite, applaudir. Vite, se manifester, vite en être, énoncer à tue-tête son imposant verdict. Et chacun, me dis-je, tandis que j'écoute José reprendre le meilleur moment de son histoire, c'est-à- dire les trente secondes de silence, d'être si fier d'appartenir à cette ignoble communauté, l'ignoble et nouvelle communauté du public averti, intelligent, les "haut de gamme" de l'humanité, ceux qui sortent, ceux qui en sont et qui savent, qui ont leurs élus et leurs damnés.

jeudi 11 juin 2009

Lozère : Au pays où fleurissent les joubarbes…


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Je vais passer quelques jours au pays où fleurissent ces joubarbes...

vendredi 22 mai 2009

Retour de voyage : Edimbourg, une brassée d' images


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Château médieval  d'Edimbourg

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Cour intérieure du château médieval

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Vues du château sur la ville neuve



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Cathédrale : vue d'ensemble et détail

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Sculpture  (détail) chapelle de la cathédrale










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Vue du jardin : la vieille ville

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closer : rue couverte de la vieille ville