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vendredi 30 avril 2010

Claude Pujade-Renaud : Le désert de la Grâce



Je m'intéresse à Port Royal et aux jansénistes depuis que, adolescente ou étudiante, j'ai un peu approché leur vie par l'intermédiaire de Racine, un auteur que j'ai beaucoup aimé et fréquenté. Le problème de la grâce, les rapports de Religieuses de Port Royal et de messieurs les Solitaires avec saint Augustin, la parenté spirituelle des jansénistes et des calvinistes et leurs différences, ne me passionnent pas d'un point de vue religieux. Je suis très peu versée sur la religion. Mais ce savoir est indispensable pour comprendre les tragédies raciniennes, ce que la fatalité antique qui pèse sur Phèdre, par exemple, doit à l'éducation de Racine par Antoine le Maistre et à la notion de prédestination, de  grâce acquise ou de grâce accordée.
Acquérir un savoir ! C'est ainsi que j'ai abordé l'oeuvre et c'est peut-être pour cela que j'ai lu le roman de Claude Pujade-Renaud sans véritable passion parce que j'étais sur les traces de Racine qui n'était pas le sujet principal même s'il est forcément bien présent, parce que  j'ai voulu aussi y trouver des connaissances précises sur des question personnelles.
Le désert de la grâce est un  roman, solidement documenté, où les évènements historiques sont habilement présentés par des personnages les ayant vécus : Françoise de Joncoux qui maintient la mémoire de Port-Royal, Claude Dodart, médecin à la cour mais proche de Port Royal, les différents membres de la famille Arnauld qui, depuis, la fondatrice, la mère Angélique, sont l'âme de Port Royal, Madame de Maintenon, leur ennemie, Blaise Pascal et sa soeur Jacqueline religieuse sous le nom de Sainte Euphémie, Marie-Catherine, la fille de Racine ...
Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, donc, si je n'ai pas été très accrochée par cette lecture, certains aspects de l'histoire ou certains personnages m'intéressant moins. Mais je l'ai été suffisamment, cependant, pour le lire jusqu'au bout et pour apprendre beaucoup sur ce qu'a été Port Royal.
Il y a des moments très forts dans le récit : celui de l'exhumation des religieuses, des Solitaires et  des fidèles de Port-Royal enterrés dans le cimetière de l'abbaye et que Louis XIV fait jeter à la fosse commune. Le roi, sous l'influence des jésuites, veut effacer jusqu'à la mémoire de ceux qui constituent un contre-pouvoir religieux puissant dont le rayonnement spirituel au-delà des frontières lui est insupportable.
Celui où Angélique Arnauld décide la clôture de l'abbaye et tient tête à son père, refusant de le laisser pénétrer dans le cloître.
Celui où l'actrice, La Champmeslé, mourante, va jouer Phèdre, vingt ans après l'avoir créée en l'absence de Racine qui a renié son passé théâtral.
Celui où Marie-Catherine Racine lit pour la première fois les oeuvres de son père et découvre l'existence des passions, amour ou haine..
C'est bien sûr le personnage que j'ai préféré :  Marie-Catherine Racine que son père, courtisan, alors historiographe du roi, retira contre son gré de Port-Royal pour ne pas déplaire à Louis XIV. Mariée, mère de trois enfants, elle part à la recherche de ce père dont le cadavre, comme celui des autres puisqu'il a voulu être enterré à Port Royal, vient d'être exhumé sous ordre du souverain. Poursuivie par le souvenir de celui pour qui elle éprouve affection filiale et  ressentiment, elle fouille le passé de cet homme coupable de tant de bassesses, de reniements et pourtant si grand dans l'expression poétique de la passion et elle découvre les aspects troubles de sa personnalité. C'est finalement dans la lecture des pièces du grand dramaturge qu'elle finira par trouver une réponse et un apaisement.

mardi 27 avril 2010

De retour de Lozère!


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Le Pont de Montvert (Lozère)

De retour après quelques jours de "gratouillage" intense dans le jardin...
Merci à celles qui m'ont écrit, à celles qui ont deviné où se trouve ma montagne, celle de Jean Ferrat : Le Massif Central
le département : La Lozère dans le Parc National des Cévennes
le village  : Le Pont de Montvert d'où partit la révolte des Camisards après l'assassinat de François de Langlade, abbé du Chayla, archiprêtre des Cévennes, inspecteur des missions catholiques. Né en 1647 à Chaila, il a été tué par les Hugenots mené par Abraham Mazel le 24 juillet 1702 au Pont de Montvert.
Le hameau de Grizac qui est le lieu de naissance du sixième pape d'Avignon : Guillaume de Grimoard  né en 1310 à Grizac  et mort en 1370 à Avignon.

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Les boules de granit, un élément caractéristique du paysage

mercredi 21 avril 2010

Je pars : Quel est donc ce pays? Petit jeu-devinette


Je pars quelques jours dans mon "pays"

ici

et là

 

Quelle cette la Montagne? facile? puisque c'est celle de Jean Ferrat

Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets
Du formica et du ciné
Les vieux ça n'était pas original
Quand ils s'essuyaient machinal
D'un revers de manche les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
Et manger la tomme de chèvre
Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?
Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes
Jusqu'au sommet de la colline
Qu'importent les jours les années
Ils avaient tous l'âme bien née
Noueuse comme un pied de vigne ...(extrait)

Mais ce n'est pas la même région?  Plus difficile?  Voilà comment en parle Jean Pierre Chabrol dans Les Rebelles...  Alors?

Là-haut, lorsque la tramontane reprend son souffle, le silence est fait de mille et une sources d'eau pure, assez d'eau pour un paradis sur terre, mais, là-haut, il n'y a pas assez de terre, alors l'eau se déploie vers les quatre coins cardinaux, se disperse sur la France. Prenez la carte, vous verrez le rayonnement bleu qui jaillit de ce coeur : l'Allier, le Lot, l'Hérault, les trois Gardons naissent dans le roc même du sommet! comme les garçons du pays perdu, ils quittent leur montagne dès qu'ils se sentent assez de force pour travailler pour les autres. 

Ajoutons ici le Tarn qui y prend sa source

Et maintenant la ville? petite devinette historique : c'est de là que partit la révolte des Camisards pendant les guerres  de religion après le meurtre de l'abbé Cheyla.


Enfin le hameau?  C'est le lieu de naissance du pape avignonnais, Urbain V.

samedi 17 avril 2010

René Char et la Fontaine de Vaucluse

 
La Sorgue : Fontaine du Vaucluse

 

Hier, promenade à la Fontaine de Vaucluse en compagnie de René Char :

Les premiers instants
 
Nous regardions couler devant nous l'eau grandissante. Elle effaçait d'un coup la montagne, se chassant de ses flancs maternels. Ce n'était pas un torrent qui s'offrait à son destin mais une bête ineffable dont nous devenions la parole et la substance. Elle nous tenait amoureux sur l'arc tout-puissant de son imagination. Quelle intervention eût pu nous contraindre? La modicité quotidienne avait fui, le sang jeté était rendu à sa chaleur. Adoptés par l'ouvert, poncés jusqu'à l'invisible, nous étions une victoire qui ne prendrait jamais fin.
La fontaine narrative


Tracé sur le gouffre 
Dans la plaie chimérique de Vaucluse je vous ai regardé souffrir. Là, bien qu'abaissé, vous étiez une eau verte, et encore une route. Vous traversiez la mort en son désordre. Fleur vallonnée d'un secret continu.



   
Déclarer son nom
J'avais dix ans. La Sorgue m'enchâssait. Le soleil chantait les heures au cadran des eaux. L'insouciance et la douleur avaient scellé le coq de fer sur le toit des maisons et se supportaient ensemble. Mais quelle roue dans le coeur de l'enfant aux aguets tournait plus fort,tournait plus vite que celle du moulin dans son incendie blanc?
La parole en archipel
 
 

vendredi 16 avril 2010

Littérature et Portugal : Sophia de Mello Breyner





Lusitanie
Ceux qui tout droit avancent vers la mer
Et-tel un couteau- aiguisé en elle plongent
la proue très noire de leurs bateaux
Vivent de peu de pain et de clair de lune.


Porto
Dans la ville de Porto il y a beaucoup de granit
Parmi les brumes les ombres les scintillations
La ville paraît ferme inexpugnable
Et solide- mais habitée
Par de soudains éclairs de prophétie
Près du Fleuve dont le vert réfléchit les visions (...)
 
D'Antonio Ferreira Gomes, évêque de Porto (poème inédit)

 
La petite statue
 Présence rituelle et tutélaire
 Compagne de l'ombre dessin du silence.


J'ai vu
J'ai vu des pierres et des fleuves
Où des nuages sombres comme des araignées
Rongent le profil violet des montagnes
Parmi des crépuscules roses et froids.

Mouvante je suis passée à travers les images
Excessives de terres et de ciels
Plongeant dans le corps de ce dieu
Qui s'offre, tel un baiser dans les paysages.

Sophia de Mello Breyner, poète portugaise :  recueil Malgré les ruines et la mort

Hugo Hamilton : Sang impur


Avec Sang impur, Hugo Hamilton écrit un roman autobiographique dans lequel il raconte son enfance à Dublin entre une mère d'origine allemande, anti-hitlérienne convaincue, qui a fui son pays après la guerre, et un père irlandais marqué par la haine des britanniques et par le passé de l'Irlande dont l'indépendance est encore récente.
A la maison, Hugo, ses frères et soeurs, n'ont pas le droit de parler anglais, les seules langues autorisées sont le gaélique et l'allemand. Les enfants sont soumis à une éducation rigide et austère et font les frais du nationalisme exarcerbé du père. Celui-ci pense que le triomphe de sa cause passe par l'éducation; il se sert d'eux pour faire triompher son rêve d'une Irlande débarrassée des scories de l'oppression britannique et retrouvant sa culture, la fierté de sa langue et de son génie. Nous sommes dans les années 50-60. Si les enfants subissent la pression paternelle et sa violence dans le cercle familial, ils doivent, à l'extérieur, affronter les brutalités et les insultes des autres qui les traitent de nazis. Hybrides de trois cultures, mi-allemand, mi-irlandais, mais aussi de langue anglaise, ils sont donc des "sang impur", traduction intéressante  mais un peu réductrice, me semble-t-il, du titre anglais : "The Speckled People"...
J'ai beaucoup aimé ce livre qui n'est jamais manichéen dans la présentation des personnages. Si l'on partage le point de vue de Hugo, ses révoltes, son sentiment de haine pour le père, l'on ne peut s'empêcher d'éprouver de la compassion pour ce dernier tant le personnage est complexe : détestable, certes, fanatique, c'est un être en proie à une obsession dont il n'est plus maître et , finalement, il subira une double défaite. Non seulement, il ne parviendra pas à réaliser son utopie d'une Irlande entièrement gaélique, mais il se coupera entièrement de ses enfants et perdra leur amour. Une scène d'une violence contenue et pourtant extrême illustre bien cela. Celle où Hugo rencontre son père en ville et feint de ne pas le voir pour ne pas avoir à faire le trajet avec lui. Qui est le perdant, du père ou du fils dans cette lutte de tous les instants? le père, bien sûr; mais le fils ne s'en sort pas indemne, non plus, et l'on sent toute la souffrance éprouvée ; on sait qu'il n'a jamais guéri de son enfance. A côté du père, le personnage de la mère est splendide. Elle essaie de protéger ses enfants mais elle a perdu son indépendance, sa liberté de femme, en quittant son pays. Elle appartient, elle aussi, à la race de "the speckled people" et n'a plus de racines. Le courage qu'elle essaie d'insuffler à ses fils, la force qu'elle leur transmet, passent par la non-violence, sa manière à elle de résister à l'idéologie nazie; elle ne veut pas que ses enfants soient du côté de ceux "qui lèvent le poing", qui utilisent la violence pour imposer leur idée.
Le style, très simple, très pur, est empreint d'une forme de naïveté* qui traduit les sentiments et le questionnement d'un enfant perdu, fragile, qui ne comprend pas le monde qui l'entoure mais le subit.
Quand on est petit on ne sait rien. On ne sait pas où l'on est, qui on est, ni quelles questions poser.
De l'innocence de l'enfance naît la poésie, de ce récit douloureux, une émotion qui ne nous quitte pas durant toute la lecture de ce très beau roman.
Grosses brutes de vagues! J'ai crié parce qu'elles n'arrivaient jamais à nous attraper et elles le savaient.
On a ri quand le caillou a tapé sur une vague avec un ploc et elle, elle n'a rien pu faire d'autre que de se rendre et se coucher sur le sable, les bras en croix.

 *C'est pourquoi je pense, Sang impur a pu être comparé à l'attrape-coeur de Salinger, un autre roman que j'ai adoré.

mercredi 14 avril 2010

Des Ombres sur un rocher : le Saint-Laurent

Taguée par Mango , je publie la sixième photo que j'ai prise moi-même et que j'ai publiée dans mon blog.
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Le Saint Laurent à Québec

Certes, cette photo n'a rien d'extraordinaire et elle ne rend pas l'impression d'espace, d'immensité du spectacle qui s'étendait devant mes yeux : Le fleuve Saint Laurent, semblable à la mer, vu du haut du rocher de la ville de Québec. Nous avions séjourné à Montréal deux semaines  au mois de juin 2007 pendant que mon mari faisait passer le bac, option cinéma, aux élèves du lycée français. Lors d'une journée de congé, nous avions pris le car pour Québec. Il faisait une chaleur torride, digne de la Provence au mois d'août, pendant que nous grimpions sous le soleil vers la vieille cité jusqu'au belvédère qui domine la ville neuve. Mais quelle récompense!
J'ai publié cette photo dans mon blog  pour illustrer le roman de Willa CatherDes ombres sur un rocher dont l'intrigue se déroule au début du XVIIIème siècle dans la ville de Québec.
Je tague à mon tour les blogs suivants :  Pallier de Graine de maison, des textes pleins d'humour qui racontent la rénovation d'une maison en Creuse tout en égrenant des allusions-devinettes littéraires ou cinématographiques; le blog d'une photographe Aurélia frey qui allie photographies oniriques et textes poétiques; celui de Miriam dans Voix Nomades, récits passionnants de voyages et de lectures liés aux pays visités; Rencontres en art et littérature de Catherine Hollocou qui a commencé son blog, très agréable, il y a peu de temps, L'expérience du désordre de Sophie-Ficelle, auteur et blogueuse que je lis avec beaucoup d'intérêt, le Skriban  de Gwenaëlle que je viens de découvrir avec plaisir.

dimanche 11 avril 2010

La Saga du fer à repasser

J'ai parlé  récemment  ( Montaigne, les blogueuses et la critique ) des insultes essuyées par Cynthia et ses contes defaits de la part d'un écrivain dont elle n'avait pas apprécié le roman. Celui-ci lui a suggéré en quelque sorte de retourner à son repassage et à la lecture de romans de la collection Harlequin.

Ce qui a inspiré Cécile Quoide 9  autoportrait au fer à repasser
Et voilà que  d'autres ont relevé le défi et c'est ainsi qu'est née ce que l'on peut bien appeler la saga du fer à repasser.
Je ne peux résister à vous donner un échantillon :

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Et le roman de Cinthya Gazouilla paru chez Harlequin

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Superbe planche à repasser avec lecture intégrée


Et puis, bien sûr, courez vite lire les "zôtres" comme dirait Cécile!

jeudi 8 avril 2010

Christian Bobin : Les Ruines du ciel


J'ai moins aimé le dernier livre de Christian Bobin : Les Ruines du ciel même si certains passages m'ont beaucoup intéressée et  si j'ai trouvé passionnant tout ce qui a trait à l'Histoire.
J'ai moins aimé et je le dis avec tristesse, moi qui suis à l'écoute de sa voix lorsqu'elle est poésie pure, témoignage pour un brin d'herbe, écrit sur une tasse de café noir, lorsqu'elle arrache au temps qui passe, à l'oubli, à la mort, tous ces petits instants qui paraissent insignifiants et qui pourtant permettent de résister au monde, de tenir devant lui et d’opposer à sa fureur une patience active.

Dans les Ruines du ciel Christian Bobin écrit autour d'un évènement historique qui est la destruction du couvent de Port Royal par Louis XIV. Le roi Soleil  veut  ainsi extirper de la mémoire des hommes le souvenir d'un ordre qu'il considère comme hérétique et  faire oublier les religieux et les religieuses dont le pouvoir spirituel lui fait ombrage.
Et certes, il y a de beaux passages dans le livre, en particulier dans les portraits de ces hommes et de ces femmes  qui sont restés fidèles à leurs idées malgré les persécutions  et aussi dans la manière dont Christian Bobin ressuscite l'Histoire en entrant par la petite porte... ou  par la petite histoire!

La soeur de Pascal religieuse à Port Royal, pressée par les autorités de signer un formulaire contraire à sa foi, écrit dans le calme atomique de sa cellule : " Puisque les évêques ont des courages de filles, les filles doivent avoir des courages d'évêque."
Au début du grand siècle, la mode est aux cheveux longs. Lorsque Louis XIV, atteint de loupes, adopte la perruque "à cheveux vifs" qui demande un crâne rasé, cette coiffure saute sur touts les têtes comme une méduse  monstrueuse de poids et de crasse. La mode est un bourreau que ses victimes acclament.

J'aime aussi beaucoup les passerelles établies entre les époques et les lieux, une traversée dans le temps, du passé au présent, des religieuses de Port Royal à une sépulture romain par exemple, du Paris du Grand siècle au Creusot d'aujourd'hui.
Des Petites Ecoles de Port Royal broyées par Louis XIV, ne restent que les vers de Racine qui y fut élève et le souvenir du passage, pour la première fois en France, des plumes d'oie aux plumes métalliques - ces petits becs énervés qui, trois siècles durant, boiront dans les encriers de porcelaine blanche. Après la mort de mon père, je trouvai dans ses affaires une boîte à cigares remplie de plumes en acier de toutes formes, servant pour le dessin technique. Certaines ressemblaient à des hippocampes, d'autres à des scarabées ou à de minuscules  sarcloirs.

Mais ce que j'ai moins apprécié, c'est ce qui d'habitude me retient le plus dans Bobin : ces aphorismes poétiques qui sont, ici parfois tellement poussés, travaillés, ciselés, qu'ils se révèlent d'une préciosité pas toujours de bon goût :

Les gens de Port Royal sont les vanniers de l'absolu. Ils font du langage un panier de silences dorés.
Une trace de pied nu sur la farine du cerveau.
Ecrire-voler la bague en or au doigt d'osselets de la mort.

Certes, isolé, chacun pourrait paraître anodin. Mais il y en a une véritable avalanche. Et que dire de cette métaphore filée bien lourde tout au long de l'ouvrage sur la religion, Dieu, âme,  paradis ... On aimerait parfois y échapper mais en vain!

Les nuages en aubes blanches se rendent aux offices de la lumière.
Pas de joie plus grande que de trouver le mot juste : c'est comme venir au secours d'un ange qui bégaie.
La harpe est le rideau de perles du paradis. 

A croire que Christian Bobin a oublié ce qu'il écrivait dans Autoportrait au radiateur :

Mozart écrit à propos d’un de ses concertos : "C'est brillant mais ça manque de pauvreté"
Je n'aime pas le mot "religieux". Je lui préfère le mot "spirituel". Est spirituel ce qui en nous, ne se suffit pas du monde, ne s'accommode d'aucun monde. C'est quand le spirituel s'affadit qu'il devient du "religieux".

mercredi 7 avril 2010

Henri Ridder Haggard : Elle, Celle-qui-doit-être-obéie

Henri Rider Haggard (1856- 1925 )


Le roman de Henri Ridder Haggard, Elle, parut en 1886. Rédigé par son auteur à une vitesse record comme si une force extérieur -quelque chose dira Kipling-  écrivait à sa place, il obtint un succès foudroyant.
Il faut dire que l'auteur de Elle, après un premier ouvrage intitulé Les Mines du roi Salomon qui eut beaucoup de succès aussi, donne naissance à un genre littéraire très particulier, le roman d'aventures qui s'appuie sur les thèmes du voyage, de l'ethnologie, de l'archéologie mais pour mieux le transposer dans un monde imaginaire faisant appel au fantastique. Freud  et Yung  furent intéressés par ce récit et par la puissance de l'imagination qui semble révéler les forces de l'inconscient et Henri Miller, lui-même, lui consacre un essai admiratif.
Après Elle, le voyage à la recherche de civilisations mythiques, disparues, de trésors enfouis, de créatures hors du commun, n'a cessé d'inspirer de nombreux romanciers et réalisateurs de films. Pierre Benoît, déjà, avec son Atlantide  fut accusé de plagiat en 1919. Des adaptations filmiques n'ont cessé de fleurir dans le monde et de nos jours  l'un des films les plus marquants  à la manière de Elle ... est Indiana Jones

Le sujet?  Horace Holly, un professeur éminent de l'université de Cambridge,  et son fils adoptif Léo partent sur les traces d'une civilisation disparue depuis deux mille ans en Afrique, dans l'actuelle Tanzanie. Ils sont  guidés par des inscriptions figurant sur des tessons de poterie que leur à confiés le père de Léo avant de mourir. Accompagné de leur fidèle domestique, ils recherchent  Asheya, reine mystérieuse et d'une beauté redoutable, qui semble avoir découvert le secret de l'éternelle jeunesse. C'est Elle, Celle-qui-doit-être-obéie. Il y a deux mille ans elle a poignardé son amant, Kallitratès, un prêtre du culte d'isis qui lui avait été infidèle. Depuis, elle attend le retour de son bien-aimé qui doit se réincarner et la retrouver.


Quant à moi, j'ai lu ce roman plus par curiosité historique et littéraire que par réel intérêt même si je suis consciente des qualités qui lui ont valu de devenir un modèle. L'auteur fait preuve, en effet, d'une grande puissance d'imagination et certaines scènes ne manquent pas de force d'évocation : la découverte des momies qui ont l'air de dormir, intactes dans la mort car leur corps ne peut se corrompre, le bain d'Ashaya dans la Flamme de Vie qui va la consumer en abolissant ses deux mille ans d'existence en quelques secondes... Il faut reconnaître aussi la fascination que peut exercer l'omniprésence de la mort et la réflexion sur les civilisations englouties qui aboutissent à une méditation philosophique sur l'inexorabilité du Temps qui passe. Henri Ridder Haggard est, de plus, très érudit, il connaît les civilisations et les langues antiques, il a voyagé en Afrique et même s'il commet quelques erreurs sur la faune ou la flore, le livre est très documenté et savant.
Pourtant, certains aspects du livre ont un peu vieilli : le sentiment de supériorité britannique sur les peuples "sauvages";  la condescendance éprouvée envers ces civilisations africaines qui s'étend d'ailleurs aux classes sociales avec l'infériorité "obligée" des domestiques (Pourtant Haggard ne manque pas d'humour lorsqu'il s'agit de se moquer des habitudes anglaises et même françaises!); les non-dits sur la sexualité, thème pourtant bien présent  dans le roman. Mais nous sommes à l'époque victorienne  et, après tout, l'on ne peut pas vraiment faire un grief à Haggard de refléter le puritanisme et les préjugés de son temps.  Malgré tout et peut-être parce que  j'ai trop lu ou vu ce genre de romans ou de films, ou parce que je l'ai lu trop tard et non dans mon enfance, je ne suis pas arrivée à me passionner.


L'homme qui voulut être roi est un roman de Kipling adapté par John Huston. Le livre et le film sont excellents.


mardi 6 avril 2010

Naguib Mahfouz : le voyageur à la malette, le vieux quartier



Depuis que j'entends parler de Naguib Mahfouz par Miriam, je me suis dit qu'il fallait que je le connaisse. Surtout qu'être allée au Caire comme je l'ai fait sans l'avoir lu, c'est une lacune de taille! Cependant, comme j'ai des piles de livres en attente et que je ne peux résister à l'envie de prendre des bouquins en plus à la bibliothèque, j'ai choisi pour faire connaissance avec ce grand écrivain, prix Nobel de littérature en 1998, un recueil de nouvelles afin de le lire rapidement.
En fait le recueil est un peu composé de bric et de broc : quatre nouvelles extraites de Le Voyageur à la malette, quatre de Le Vieux quartier, un essai sur Naguib Mahfouz de Marie Francis-Saad et le discours de réception du prix Nobel en 1988, un appel vibrant aux gouvernants du Monde entier pour éradiquer l'injustice et la misère dans les pays du Tiers-Monde :
Nous vivons une époque où des dirigeants sont responsables de la totalité du globe. Sauvez les êtres tenus en esclavage dans le sud de l'Afrique! Sauvez l'Afrique affamée! Sauvez les Palestiniens des balles et de la torture! Empêchez les israéliens de profaner leur grand héritage spirituel! Sauvez ceux qui sont endettés des lois inflexibles de l'économie!
Les courts récits de Naguib Mahfouz donnent une idée des thèmes qu'il aime développer dans ses romans selon Marie Francis-Saad : Dans La barbe du pacha ou Le vieux quartier, il décrit le Caire populaire et en particulier les cafés qui sont des lieux de rencontre et de vie d'une grande importance dans la société arabe. Ici, c'est le regard d'un vieillard qui retourne sur les lieux où s'est déroulée son enfance et  note les changements, la transformation de la ville gagnée par les voitures et le bruit, le passage inexorable du temps, la nostalgie qu'engendrent la disparition des choses et des êtres, la tristesse du jamais plus, de ceux qui ont disparu de la terre et même de la mémoire des survivants.  Lorsque la fortune vient, Rêves en conflit présentent l'influence des faits politiques, sociaux et économiques sur les hommes, les évènements qui les marquent à jamais, les font autres qu'ils n'étaient, l'éphémérité de la gloire et de la puissance dans un pays où l'Histoire contemporaine est marquée sans cesse par de grands bouleversements.

*Miriam est une grande voyageuse. Elle écrit le compte rendu de ses voyages-notamment en Egypte- dans Voix Nomades. Et comme chaque fois qu'elle part à l'étranger elle lit énormément, ses lecteurs peuvent apprendre beaucoup sur la littérature du pays visité.

dimanche 4 avril 2010

Ma collection : Comme un petit coquelicot…

Je découvre souvent en lisant des blogs ou des chroniques,  des textes qui me parlent,  dont j’aime l’idée et l’écriture. J’ai envie de les conserver pour les relire. J’ai décidé de les “collectionner”. Je vous invite à aller lire la suite et écouter la chanson de Mouloudji sur le blog d'une passionnée de lecture , Dominique, Ivre de livres, dans  A sauts et à Gambades
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Le pavot est la plus belle des fleurs.
Au moindre
 Vent il oscille, délicatement froissé :

D’une grâce, sans nul effort, insurpassée,

Il se hausse, corolle et coupelle, pétales

Qu’un chiffonnier a sortis de son précieux

Tiroir.

Robert Marteau - Rites et offrandes - Champ Vallon

José Saramago : Le Dieu manchot




José Saramago est un écrivain portugais. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1998. Le Dieu Manchot raconte l'histoire de Balthazar Sept-Soleils, mercenaire, et de Blimunda Sept-Lunes, une sorcière, dont le don est aussi une malédiction. C'est devant un  bûcher de l'Inquisition, là où la mère de Sept-Lunes va être brûlée, que les deux jeunes gens se rencontrent et vont apprendre à s'aimer. Le roman se déroule à Lisbonne  au XVIII ème siècle à l'époque du roi Jean V du Portugal (1706-1750) et de la reine Maria Ana Josefa.
Le récit est riche, délirant, toutes sortes de personnages étranges, haut en couleur, s'y côtoient; c'est l'époque de l'Inquisition toute puissante, l'époque aussi où l'or du Brésil, les épices et les soieries d'Orient se déversent sur le Portugal. La plus grande richesse coexiste avec la misère la plus totale et l'on assiste à de grands moments de l'Histoire portugaise. Ainsi pour pour fêter la naissance de sa fille, le roi fait construire le palais-couvent-basilique de Mafra au nord de Lisbonne. Le titre portugais du roman  Memorial do Covento fait  d'ailleurs allusion à ce gigantesque édifice élevé à grand renfort d'or du Brésil au milieu d'un peuple qui meurt de faim. C'est aussi l'époque où un homme, Bartolomeu Lourenço de Gusmao, chanoine et mathématicien, que nos deux héros vont seconder, va inventer une machine volante "La Passarola" qui volera au-dessus de Lisbonne en 1709.
Le style de Saramago est luxuriant, baroque comme cet art qui est en train de se développer au Portugal sous le règne de Don Jao V à la gloire de l'église catholique. Saramago, en effet, est le spécialiste de ces phrases qui coulent comme un fleuve que l'on ne peut arrêter, sans  respect de la ponctuation. Il est parfois difficile à lire et cette prose m'a fatiguée, non tant par la longueur des phrases que par l'abondance des situations, des idées, des images, des comparaisons. Il faut s'accrocher. Je ne l'ai pas lu comme je le fais d'habitude sans m'arrêter. J'y suis revenue à plusieurs reprises. Difficile d'analyser un tel foisonnement. Mais voilà quelques passages qui l'illustreront et que je trouve très puissants :
Par exemple, cette réflexion  si douloureuse  et si vraie sur la condition humaine :
Dona  Maria Ana, la reine enceinte : ....à un moment où l'infant dans son ventre était une gélatine, une larve de batracien, un animalcule doté d'une grosse tête, c'est extraordinaire la façon qu'ont les hommes et les femmes de se former, là, dedans leur oeuf, indifférents au monde du dehors, pourtant c'est bien avec le monde du dehors qu'ils devront un jour se colleter, en qualité de roi ou de soldat, de moine ou d'assassin, d'Anglaise à la Bardade ou de chair à bûcher, mais toujours en qualité de quelque chose puisque aussi bien il est impossible d'être tout et encore plus de n'être rien. Car en définitive nous pouvons échapper à tout, sauf à nous -mêmes.
Balthazar, le soldat, a perdu une main à la guerre. Il l'a remplacée par un crochet mais il se sent bien maladroit. Le père Bartolomeu l'encourage :
.. moi qui te parle , je te dis que Dieu est manchot et pourtant il a fait l'univers.
Balthazar recula, effaré,  il se signa promptement, comme pour ne pas donner au diable le temps d'achever ses oeuvres. Que dites-vous là, père Bartholomeu Lourenço, où est-il écrit que Dieu est manchot, Cela n'est écrit nulle part, je suis le seul à dire que Dieu n'a pas de main gauche, puisque c'est à sa droite que s'asseyent les élus,  jamais on ne parle de la main gauche de Dieu, ni les Saintes Ecritures, ni les docteurs de l'Eglise n'en font état, personne ne s'assied à la gauche de Dieu, c'est le vide, le néant, l'absence, d'où il résulte que Dieu est manchot. Le prêtre respira profondément et conclut, De la main Gauche.
Un beau texte qui nous dit que l'Homme doit apprendre à se faire confiance, à se dépasser, qu'il doit oser s'accomplir malgré la faiblesse de sa condition.

mardi 30 mars 2010

Anniversaire : Ma Librairie a deux ans


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La librairie de Michel de Montaigne dans la tour de son château
Le 30 mars 2008, il y a deux ans donc, j'ai ouvert Ma Librairie dans le Monde. Depuis sous l'oeil bienveillant de Montaigne, de nombreux livres sont venus garnir les étagères fictives de ce blog.
Plus de 200 articles après, je me suis demandé quels livres je choisirais parmi ceux que j'ai lus pendant cette période.
Mes dix romans préférés
51dk53ysx2l_sl75_.1269363272.jpgJavier Cercas : Les soldats de Salamine  ici 1 et  2
J'ai adoré ce roman consacré à la mémoire des soldats de la Guerre Civile d’Espagne qui ont combattu pour la liberté et la République comme les Grecs l’ont fait jadis à Salamine. Mais écrit Javier Cercas : De toutes les histoires de L’Histoire, la plus triste est sans doute celle de L’Espagne, parce qu’elle finit mal.

51m1kqh9w9l_sl75_.1269363287.jpgManuel Rivas : Le crayon du charpentier  ici 1   ici 2

Entre réalité et fantastique, Le Crayon du charpentier écrit une magnifique page de l'Histoire espagnole au temps de la guerre civile : un récit émouvant, de beaux personnages, un point de vue original, celui du bourreau observant sa victime.

41huhzl2-sl_sl500_ss75_.1269385519.jpgC Virgil Georghiu : La maison de Petrodova ( ou Les noirs chevaux des Carpates)  ici

Ce roman qui nous dépeint les coutumes et les mentalités d’un peuple façonné par l’âpreté de la vie dans les hautes montagnes des Carpates - que Gheorghiu connaît bien puisqu’il est le sien - est une oeuvre passionnante.
51obmitbmyl_sl500_ss75_.1269385346.jpgAtiq Rahimi : Syngue Sabour   ici 1    ici 2

De ce roman, je retiens un huis clos étouffant rythmé par les bruits extérieurs qui évoquent la mort, la guerre et la folie des hommes. Un magnifique plaidoyer pour la liberté de la femme.
9782869307575_1_v.1269468477.jpg Raymond Carver : les trois roses jaunes

Recueil de nouvelles : ce qui m'a frappée dans Raymond Carver, c'est sa manière d'aborder une histoire souvent poignante par un petit détail insignifiant (ou qui paraît tel) et de nous laisser, à la fin, le coeur au bord des lèvres sans savoir comment il est parvenu à nous retourner ainsi, à nous faire éprouver un tel malaise, une telle tristesse? Du grand art!
519kxas9n7l_sl160_aa115_.1269456662.jpgChristian Bobin : autoportrait au radiateur voir ici 1   2   3

J'aime la poésie qui se dégage de ces petites textes archipels, ces éclats de beauté qui jaillissent de ci, de là, d'un bouquet de fleurs, d'une mère avec son enfant, d'un nuage ... cette attention patiente et fine portée au monde qui l'entoure.
41menrx7eal_sl500_ss75_.1269386551.jpgMilos Kundera : la plaisanterie

A une époque où l'on ne peut plus être anti-sioniste sans se faire accuser d'anti-sémistisme, où l'on ne peut plus être contre la burka sans être taxée d'anti-musulman, où une artiste ne peut plus reprendre une célèbre formule en la détournant - "travailler moins pour gagner plus- sans être censurée, où l'on n'ose plus jouer Voltaire librement ou dessiner des caricatures sur n'importe quel sujet est incendiaire, bref! à une époque où il faut tourner sept fois la langue dans sa bouche avant de parler si l'on ne veut pas être traîné en justice, il FAUT lire La plaisanterie de Milos Kundera.
41na3x66fbl_sl75_.1269363256.jpgJoyce Carol Oates : Les chutes voir ici 1    2

Ce roman en trois parties de Joyce Carol Oates, qui présente une intrigue complexe et forte, a pour cadre les chutes du Niagara. Plus qu'un décor, plus qu'un personnage, le Niagara apparaît ici comme un Dieu tout puissant qui semble détenir un pouvoir de vie et de mort sur les personnages.
41n3zr-8t1l_sl500_ss75_.1269363779.jpgChahdortt Djavan : La muette

Un petit roman, très court, qui résonne comme un cri, frappe comme un coup de poing, une dénonciation des violences faites aux femmes en Iran, petites filles mariées par leurs parents à des vieillards vicieux, privées d'éducation, d'amour, de liberté. Tristement d'actualité avec la loi sur l'âge minimum des filles pour le mariage au Yemen
41xntyae3wl_sl500_pisitb-sticker-arrow-bigtopright35-73_ou08_ss75_.1269386372.jpgJane Austen : Northanger Abbey :  ici 1   2

Double bonheur - celui de lire en anglais pour la première fois depuis bien longtemps un roman de Jane Austen, écrivain dont je connais tous les titres! et cela pendant mon voyage à Bath en pèlerinage sur les lieux décrits par Jane Austen. De cet auteur, j'aime l'humour caustique, les portraits satiriques de ses contemporains écrit d'un plume acérée, sa manière ironique et légère de se moquer de ses héroïnes trop romantiques tout en nous les faisant aimer.

Un recueil de poésies : Découverte de Rafael Alberti
catalogo-rafael-alberti-lt-br-gt-alberti-sobre-los-angeles-i0n98665.1269468849.gifRafael Alberti : sur les anges (recueil de poésie)voir 1    2

A propos de son recueil Sur les anges, le grand poète espagnol Rafael Alberti écrit : C’est alors que j’eus la révélation des anges, non pas des anges chrétiens, corporels, des beaux tableaux ou des gravures, mais de ces anges qui ressemblaient à d’irrésistibles forces de l’esprit, aptes à être façonnées selon les états les plus troubles et les plus secrets de ma nature.

un document :

543995830_mjpg.1269386817.gifGitta Sereny : Au fond des ténèbres un bourreau vous parle

(document)
Ce livre, une enquête rigoureuse sur un bourreau nazi, directeur du camp de Treblinka, que l'auteur a rencontré juste avant son procès, a le mérite de nous décrire par le détail l'horreur des camps et surtout de nous faire réfléchir à la nature humaine. Qu'est-ce qui amène des gens en apparence normaux à commettre des actes d'une telle barbarie? n'y-a-t-il pas en chacun de nous une part d'ombre? Qu'aurions-nous fait à leur place? A rapprocher de La mort est mon métier de Robert Merle et de Les bienveillantes.
Pas de livres policiers dans la liste de mes dix romans préférés? Alors je me rattrape! :
519mw2d5czl_sl500_ss75_.1269456429.jpgDonald Westlake : Le couperet (roman policier)  voir 1    2

Le couperet de Donald Westlake paru en 1997 est toujours d'actualité avec la crise économique que nous connaissons et le chômage qui menace non pas seulement les ouvriers mais aussi les cadres. j'ai beaucoup appris sur la gestion des entreprises et les fonds de pension. Un livre politique féroce et grinçant mais aussi un roman noir avec suspense et angoisse.
412rcvyshwl_sl160_aa115_.1269456208.jpgStieg Larson : Millenium
Peu m'importe si les critiques le considèrent comme un bon ou mauvais roman, si le succès est dû à la mode et au tapage médiatique... Moi, je me souviens que j'ai vécu les aventures de ce roman avec fièvre, que j'y ai gagné quelques nuits blanches tant je ne pouvais me détacher des trois tomes ... sans compter les discussions passionnantes. Et ma foi, je ne risque pas de renier ce genre de bonheur. Vive la littérature évasion! Quoique... évasion? Hum! peut-être? mais elle est aussi ancrée dans un pays dont l'auteur dévoile les noirceurs