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mercredi 27 mars 2013

George Sand : citation de Joseph Barry dans George Sand ou le scandale de la liberté




 Joseph Barry dans sa biographie George Sand ou le scandale de la liberté raconte comment le fils de George, Maurice, lança un ultimatum à sa mère qui vivait à Nohant avec Manceau, un homme beaucoup plus jeune qu'elle : Manceau et lui ne pouvaient plus vivre à Nohant, lui dit-il.  Elle devait choisir entre son amant et son fils. Maurice récidivait. Il avait agi de même avec Chopin qui vécut neuf ans avec Sand à Nohant avant la séparation exigée par son fils.

George Sand laissa Nohant à son fils mais partit s'installer avec Manceau dans une maison qu'il avait achetée à Palaiseau. Avant de prendre cette décision, elle fut très agitée. Quitter son Nohant bien aimée lui coûtait.

Sur une impulsion, elle partit brusquement à Gargilesse passer quelques jours dans la solitude la plus absolue. Elle en revint rassérénée, de nouveau elle-même.
Son agenda se fit l'écho  heureux de cette amélioration. La page du "25 Avril", indiquait comme thème de la journée : "Abstinence". Elle souligna ce mot provocateur d'un trait épais.

"Abstinence! abstinence de quoi, imbéciles? Abstenez-vous, toute la vie, de ce qui est mal. Est-ce que Dieu a fait ce qui est bon pour qu'on s'en prive? abstenez-vous de sentir ce beau soleil et de regarder fleurir les lilas...."

George Sand, quant à elle, ne s'abstiendrait pas, et pas davantage à soixante ans qu'à vingt ans.

George Sand Agenda 1864 cité par Joseph Barry dans la biographie : George Sand ou le scandale de la liberté

J'aime l'épicurisme, le  bel appétit de vivre de George Sand qui refuse toute l'hypocrisie de son temps concernant les femmes. Elle choisit la liberté qui leur était refusée, assumant ce choix aussi bien dans sa sexualité que dans son mode de vie et de pensée, ouvrant la voie à toutes.




mardi 26 mars 2013

Sarah Frydman : La saga des Médicis

Le cortège des rois mages par Benedetto Gozzoli au palais des Médicis

La saga des Médicis de Sarah Frydman m'a irrésistiblement attirée étant donné mon amour pour Florence et pour cette famille mécène de la cité. j'ai tellement aimé cette ville, j'ai tellement déambulé dans ses rues, admiré ses églises et ses palais, ses oeuvres d'art qui vous surprennent à chaque coin de rue, l'extraordinaire floraison de beautés et de richesses, véritable enchantement pour qui est sensible à l'art…. qu'il me fallait lire ces récits présentés en trois volumes :

                                            La saga des Médicis 1 : Contessina
                                         La saga des Médicis 2 :  Le lys de Florence
                                         La saga des Médicis 3 : Lorenzo ou la fin des Médicis

Disons-le tout de suite, j'ai été déçue. Je m'attendais à un roman historique érudit où le lecteur côtoierait ces personnages hors du commun, partageant leurs idées philosophiques et artistiques, participant au foisonnement de la Renaissance, à la richesse culturelle de l'époque, à la création des oeuvres. Non! Sarah Frydman n'est pas Umberto Ecco de Au nom de la rose, ni Hella S. Haasse  de La forêt de longue attente, ni Fernandez de Porporino, ni même Anne Cuneo de Le trajet d'une rivière pour ne citer que mes romans historiques préférés… Le ton est  léger, les histoires d'amour un peu mièvres et répétitives d'un volume à l'autre. Il n'est pris que l'écume de l'Histoire et non le sens.
 Sarah Frydman se place, en particulier dans les deux premiers volumes, sous l'angle des épouses Médicis. A  priori, ce  n'est pas pour me déplaire car je trouve le point de vue original, celui de ces femmes, toutes mariées pour des raisons de pouvoir ou d'argent et qui ne sont que des monnaies d'échange, des "biens" commerciaux. Certes, l'écrivaine s'appuie sur des  connaissances historiques mais la part de fiction est très (trop?) grande et le propos reste trop cantonnée dans les tourments amoureux de ces dames, leurs démêlés avec leur mari ou leurs amants. Bref! Je m'attendais à autre chose. Ceci dit, si la lecture laisse sur sa faim, en contrepartie, elle est aisée et peut être agréable. J'ai rencontré avec plaisir ces personnages que l'on retrouve dans les tableaux des musées, dans les poésies et les textes qui leur rendent hommage; j'ai aimé être introduite dans les plus grandes familles florentines, les Médecis mais aussi les Bardi, les Tornabuoni, les Donati, les Pitti….


Et d'abord Contessina de Bardi (1390-1473) qui épouse Cosimo de Médicis (1389-1464), appelé Le Père de la patrie, celui qui asseoit la fortune des Médicis. Il va lui donner les bases pour se hisser au niveau de la noblesse qui méprise cette bourgeoisie de marchands. Elle a 13 ans quand son père Alexandre de Bardi propose à Giovanni de Médicis, le père de Cosimo et de Lorenzo, de la donner à l'un de ses fils. Elle est sans dot mais les Médicis auraient ainsi pour allié une famille florentine influente, chef de file des Gibelins, qu'il vaut mieux avoir de son côté que contre soi. Dans le roman, Cosimo tombe amoureux de la fillette et la "souffle" à son frère Lorenzo.


Ensuite vient  Lucrezia Tornabuoni (1425-1482), le lys de Florence, une érudite qui lisait couramment le latin, l'arabe et l'hébreu, excellente musicienne. Elle épousera, contre son gré, Piero I (1416-1469), le fils de Cosimo et Contessina, un homme savant et très laid,  à la santé fragile que le peuple surnommera Piero le Goutteux. De leur union naîtra Lorenzo et Julien. Si Lorenzo succèdera à son père, Julien (1453-1478), lui, fut assassiné dans la cathédrale Sainte Marie des Fleurs, victime de la conjuration des Pazzi, famille rivale qui voulait s'emparer du pouvoir à la tête de Florence en tuant les deux frères.  Lorenzo en réchappa et fit pendre les conjurés aux fenêtres de la Seigneurie.


Lorenzo de Médicis (1449_1492), dit le Magnifique, porte la gloire de Florence à son apogée. C'est le plus brillant, le plus aimé, le plus artiste de tous les Médicis. Il incarne l'homme de la Renaissance raffiné, amateur d'arts, mécène intelligent et généreux, talentueux mais c'est sous sa gestion que la fortune des Médicis va commencer à se fissurer alors que leur ascension sociale est au plus haut. Lorenzo se marie à Clarisse Orsini (1453_1487) une fille de la grande noblesse romaine.  Mais il  aime la jolie Lucrezia Donati. Le fils de Lorenzo et de  Clarisse, Piero II succèdera à son père à la tête de Florence, un autre Giovanni deviendra pape sous le nom de Léon X .




dimanche 24 mars 2013

Un livre/ Un film : Perrault , Grimm et Bettelheim...



Résultat de l'énigme n°60

Félicitations à tous ceux qui ont trouvé, soit les auteurs, soit le texte, soit le film! Dasola, Keisha, Marc, Maggie, Miriam, Pierrot Bâton, Syl

Les contes : Charles Perrault et les frères Grimm
                     Le texte est extrait de La Barbe Bleue de Perrault
Le film :  Agnès Jaoui : au bout du conte
 Charles Perrault : Le petit chaperon rouge illustré par Gustave Doré

La psychanalyse des contes de fée de Bruno Bettelheim
 
Il y a bien des manières d'interpréter les contes de fées mais j'ai particulièrement apprécié La Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim dont la lecture est passionnante et qui nous ouvre des horizons sur ces lectures que certains pensent puériles ou  frivoles.
Les contes traditionnels appartiennent à la tradition orale et se sont perpétués au cours des âges, racontés le soir aux veillées, adoptant des variantes selon les époques et les pays. En France, c'est Charles Perrault qui, au XVIIème siècle, leur donne un forme écrite. En Allemagne, au XIXème siècle, les frères Grimm, Jacob et Wilhelm, collectent les contes et les légendes de leur pays et  les publient..
Après Freud et Jung, Bruno Bettelheim, dans La psychanalyse des contes de fée, analyse la portée symbolique des contes et étudie comment ils explorent les zones les plus profondes de l'inconscient. Bettelheim pense que les contes de fée répondent aux angoisses et aux questions que l'enfant se pose sur le monde qui l'entoure. En ce sens, ils exercent un fonction thérapeutique indispensable à l'enfance.
Les contes de fée ont pour caractéristiques de poser des problèmes existentiels en termes brefs et précis. L'enfant peut ainsi affronter ces problèmes dans leur forme essentielle, alors qu'une intrigue plus élaborée lui compliquerait les choses. Le conte de fées simplifie toutes les situations. Ses personnages sont nettement dessinés; et les détails, à moins qu'ils ne soient importants sont laissés de côté. Tous les personnages correspondent à un type; ils n'ont rien d'unique.

Pour Bettelheim le petit chaperon rouge correspond à la peur d'être dévorée. La fillette à un stade prépubertaire de son développement doit résoudre le conflit entre sa sexualité naissante et le complexe oedipien représenté par le loup, image double du séducteur et du père. Dans certains versions du conte (Grimm) le père se dédouble sous les traits du chasseur pour assurer son rôle bienfaisant de protecteur. Dans un but moralisateur et de mise en garde, Perrault, lui, annonce clairement la couleur (ce que lui reproche Bettelheim). Le loup ne conserve pas son aspect animal; par des sous-entendus assez clairs, il est  présenté sous une forme humaine et le chaperon rouge qui se glisse dans son lit est tout étonnée de voir "comment sa Mère-Grand était faite en son déshabillé".
Bettelheim écrit :
On supprime toute la valeur du conte de fées si on précise à l'enfant le sens qu'il doit avoir pour lui. Perrault fait pire que cela : il assène ses arguments. Le bon conte de fées a plusieurs niveaux de signification. Seul l'enfant peut découvrir la signification qui peut lui apporter quelque chose sur le moment. Plus tard, en grandissant, il découvre d'autres aspects des contes qu'il connaît bien et en tire la conviction que sa faculté de comprendre a mûri, puisque les mêmes contes prennent plus de sens pour lui.

De même Blanche Neige correspond aux conflits entre mère et fille à l'âge de l'adolescence. La jalousie de la mère envers la jeunesse de sa fille correspond à sa propre perte de séduction. La rivalité entre la mère narcissique et la fille en plein conflit oedipien se révèle ainsi. Le dédoublement existant dans les contes entre la mère (bonne) et la marâtre (cruelle) permet à l'enfant de pouvoir régler ce conflit sans ressentir de culpabilité par rapport à la mère dont l'image reste intacte.

C'est ce qui explique que l'on puisse retrouver les contes partout, dans tous les pays, et à n'importe quelle époque, y compris la nôtre.  
Tout conte de fées est un miroir magique qui reflète certains aspects de notre univers intérieur et des démarches qu'exige notre passage de l'immaturité à la maturité. Pour ceux qui se plongent dans ce que le conte de fées a à communiquer, il devient un lac paisible qui semble d'abord refléter notre image ; mais derrière cette image, nous découvrons bientôt le tumulte intérieur de notre esprit, sa profondeur et la manière de nous mettre en paix avec lui et le monde extérieur, ce qui nous récompense de nos efforts. »

Intemporels, ils n'en prennent pas moins la coloration de la société où ils sont racontés. Perrault mais aussi Grimm ont édulcoré le conte de tradition orale  pour l'adapter à leur société plus policée où l'on doit respecter certaines règles de bienséance. Ils ont supprimé des passages comme dans Le petit chaperon rouge où  l'on voit l'enfant dévorer les organes génitaux de la grand mère, métaphore de son passage de la fillette nubile à la femme capable de procréer. Chez Perrault, la société du XVII apparaît, décrite dans ses moeurs, ses divertissements, ses biens matériels. La Barbe Bleue permet de découvrir l'intérieur d'un bourgeois fortuné, avec ses meubles, sa riche vaisselle, ses raffinements. Il en est de même avec La Belle et la Bête de  Jeanne-Marie Le prince de Baumont au XVIIIème siècle où l'on voit la vie d'un marchand, les aléas de la navigation pour le commerce, la ruine financière qui en découle.
Il était une fois un homme qui avait de belles maisons à la Ville et à la Campagne, de la vaisselle d’or et d’argent, des meubles en broderies et des carrosses tout dorés (...)
 Barbe Bleue, pour faire connaissance, les mena avec leur mère, et trois ou quatre de leurs meilleures amies, et quelques jeunes gens du voisinage, à une de ses maisons de campagne, où on demeura huit jours entiers. Ce n'était que promenades, que parties de chasse et de pêche, que danses et festins, que collations : on ne dormait point, et on passait toute la nuit à se faire des malices les uns aux autres ; enfin tout alla si bien, que la cadette commença à trouver que le maître du logis n'avait plus la barbe si bleue, et que c'était un fort honnête homme. Dès qu'on fut de retour à la ville, le mariage se conclut.

Agnès Jaoui. Au bout du conte.
Le chaperon rouge, le loup et la marraine fée

Il était une fois "Au bout du conte". Agnès Jaoui réalise, elle, une transposition du conte dans notre société dans le but de nous faire rire. Et l'on s'aperçoit que ça marche et même plutôt bien!  Pour notre plus grand plaisir, Agnès Jaoui et Jean Pierre Bacri revisitent l'univers des contes de Perrault et de Grimm transposé dans le Paris actuel. Tous les personnages de l'univers des contes traditionnels sont réunis. Le roi règne sur un empire industriel qui pollue l'atmosphère, son épouse, la reine, reste la plus belle grâce aux progrès de la chirurgie esthétique. Leur fille, Blanche Neige,  se transforme en chaperon rouge pour être séduite par un loup qui prend les traits d'un séduisant Barbe Bleue. Si la princesse fouille dans les SMS de ce dernier, il n'est pas étonnant qu'elle y découvre les messages sinon les cadavres d'autres femmes. On n'ouvre pas les portes interdites. Elle est aussi, à la suite d'une nuit de désespoir où elle boit et se drogue, la Belle au Bois dormant réveillée par son Prince charmant! Elle abandonne son prince-musicien qui a une fâcheuse tendance à perdre ses mocassins (hilarante transposition de la pantoufle de vair) sur le coup de minuit pour enfourcher son carrosse-scooter. Dans ce petit monde la marraine fée (intermittente du spectacle) dans son palais, pavillon de banlieue, règne sur des nains de jardin. Elle n'est pas très douée pour le maniement des nouvelles baguettes magiques que sont les ordinateurs ou les automobiles. Au milieu de ce monde, circule Pierre qui n'aime pas les enfants et ne croit pas aux contes de fée. En fait il ne croit pas en grand chose. Mais quand on lui rappelle que le jour de sa mort,  annoncée par une voyante, approche la carapace du vieux bougon solitaire se fendille : " et si jamais….".  Dans cette comédie chorale enlevée, aux dialogues ciselés, les acteurs sont tous excellents avec une palme spéciale pour Jean-Pierre Bacri, chacune de ses apparitions déclenchant  rires et sourires. Une comédie enlevée.
Au bout du conte avec Agnès Jaoui, Agathe Bonitzer, Dominique Valadié, Valérie Crouzet, Nina Meurisse, Jean-Pierre Bacri, Benjamin Biolay, Arthur Dupont, Laurent Poitrenaud…qui vécurent heureux et…

Texte commun de Wens et Claudialucia

samedi 23 mars 2013

Un Livre/ Un film : Enigme n° 60




Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.
Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.

Attention : Ce samedi et dimanche, Wens et moi, ne sommes pas chez nous. Impossible de répondre à vos questions.. mais nous sommes sûrs que vous allez trouver tout seuls! Nous programmons la réponse pour dimanche matin comme d'habitude et ajouterons les noms des perspicaces gagnants le soir!


Enigme n° 60

Ces contes traditionnels ont bercé notre enfance. Quels sont les noms de ces auteurs, français et allemands, qui ne vivaient pas à la même époque? Quel est le titre de l'extrait ci-dessous ?


.... pour faire connaissance, (il) les mena avec leur mère, et trois ou quatre de leurs meilleures amies, et quelques jeunes gens du voisinage, à une de ses maisons de campagne, où on demeura huit jours entiers. Ce n'était que promenades, que parties de chasse et de pêche, que danses et festins, que collations : on ne dormait point, et on passait toute la nuit à se faire des malices les uns aux autres ; enfin tout alla si bien, que la cadette commença à trouver que  le maître du logis (...) était un fort honnête homme. Dès qu'on fut de retour à la ville, le mariage se conclut.







jeudi 21 mars 2013

Le Berry : Sur les traces de George Sand avec La mare au diable

La mare au diable

La mare au diable est située dans le bois de Chanteloube, sur le territoire de Mers-sur-Indre. Visiter le Berry sur les traces de George Sand impose une visite à ce lieu et je n'aurais pour rien au monde manqué ce rendez-vous. Ce site n'a-t-il pas donné son titre à un des romans le plus populaire de l'écrivain?
A priori cette mare, plutôt de petite taille, de forme circulaire, n'a rien pour faire naître des inquiétudes même si on la visite comme moi, à la tombée de la nuit, encore éclairée par quelques rayons de soleil. Mais elle a beaucoup de charme, emmitouflée dans sa parure hivernale, ses arbres dénudés, ses fougères roussies, son eau froide moirée de reflets, les feuilles mortes et les branches cassées formant un décor mélancolique. On nous explique par des panneaux pédagogiques que la mare a été bien plus étendue du temps de George Sand mais qu'elle a été coupée en deux par une allée surélevée lors de travaux destinés à agrandir la forêt, entrepris par le propriétaire. La mare actuelle, réduite, subsiste d'un côté; de l'autre côté elle s'est comblée peu à peu envahie par la végétation.

La mare se comble peu à peu

Le roman, la Mare au diable

 L'intrigue est simple. Germain, un laboureur a perdu sa femme. Il vit dans la maison de ses beaux-parents, de riches fermiers. Maurice, son beau père lui conseille de se remarier pour donner une mère à son fils Pierre. Justement une riche veuve habite à Fourches. Germain va donc se rendre dans ce village pour la rencontrer. Il part, accompagné de sa voisine la petite Marie, une jeune fille de seize ans, très pauvre qui s'est louée dans une ferme non loin de là et de son fils Petit Pierre. Mais le soir tombe, le brouillard se répand. Les voyageurs arrivent près de la mare au diable et sont incapables de retrouver leur chemin. Ils passent la nuit dans ce lieu qui a mauvaise réputation. Germain prend conscience de ses sentiments pour Marie. Celle-ci le repousse sous prétexte qu'il est trop âgé mais , en fait, parce qu'elle le sait trop riche pour elle. Comme il se doit, la veuve ne plaît pas à Germain, Marie en proie aux avances de son patron doit abandonner son travail avant de l'avoir commencé. A leur retour au village, Germain devient triste et n'a plus de goût pour rien. Ses beaux-parents encouragent son amour envers la jeune fille qui leur paraît digne de leur gendre malgré la différence de fortune. Pressée de dire ses sentiments, Marie avoue alors qu'elle aime Germain et le mariage peut avoir lieu. Il est prétexte à la description des coutumes berrichonnes à l' époque de Sand.

La mare au diable, un lieu maudit

   

Germain se retrouva bientôt à l’endroit où il  avait passé la nuit au bord de la mare. Le feu fumait encore; une vieille femme ramassait le reste de la provision de bois mort que la petite Marie y avait entassée. Germain s’arrêta pour la questionner. Elle était sourde, et, se méprenant sur ses interrogations :
–Oui, mon garçon, dit-elle, c’est ici la Mare au Diable. C’est un mauvais endroit, et il ne faut pas en approcher sans jeter trois pierres dedans de la main gauche, en faisant le signe de la croix de la main droite : ça éloigne les esprits. Autrement il arrive des malheurs à ceux qui en font le tour.
–Je ne vous parle pas de ça, dit Germain en s’approchant d’elle et en criant à tue-tête :
–N’avez-vous pas vu passer dans le bois une fille et un enfant ?
– Oui, dit la vieille, il s’y est noyé un petit enfant !
Germain frémit de la tête aux pieds ; mais heureusement, la vieille ajouta :
– Il y a bien longtemps de ça ; en mémoire de l’accident on y avait planté une belle croix; mais, par une belle nuit de grand orage, les mauvais esprits l’ont jetée dans l’eau. On peut en voir encore un bout. Si quelqu’un avait le malheur de s’arrêter ici la nuit, il serait bien sûr de ne pouvoir jamais en sortir avant le jour. Il aurait beau marcher, marcher, il pourrait faire deux cents lieues dans le bois et se retrouver toujours à la même place.


 La mare au diable racontée aux enfants

Vous allez croire que La mare au diable est un récit sans intérêt pour les tout-petits? Bien au contraire! D'abord il y a une histoire d'amour qui finit bien, ensuite on a peur ... surtout quand on visite le lieu. Nini (3 ans) serre ma main bien fort et s'il y avait un diable, et si le brouillard s'épandait et si on se perdait? Ensuite il y a un enfant dans le récit, voilà qui donne du piquant à l'affaire! Car Petit Pierre est un garçon désobéissant. Son père ne veut pas l'amener avec lui. Peu importe! Il va se cacher dans la forêt sur le passage de Germain et de la petite Marie mais il s'endort. Les voyageurs découvrent sa présence au bord du chemin et sont bien obligés de l'amener avec eux pour ne pas l'abandonner dans la forêt si loin de chez lui. Marie devient une héroïne très sympathique parce qu'elle intercède en faveur du petit garçon! Voilà le meilleur de l'histoire de La Mare au diable pour ma petite fille, le passage le plus amusant, le plus apprécié!





mercredi 20 mars 2013

La Fée aux gros yeux (6) sur les traces de George Sand :


La fée aux Gros Yeux (édit. Autrement dit)


La Fée aux gros yeux est un personnage de conte imaginé par George Sand pour ses petites filles Aurore et Gabielle. Dans les éditions Autrement dit, le livre est accompagné d'un CD. Il a été publié aussi aux éditions Saint-Mont dans la même collection que La Fée poussière, conte dont je vous ai déjà parlé.

Editions Saint-Mont

Barbara, gouvernante de la petite Elsie, a été surnommée la fée aux gros yeux parce qu'elle était "mystérieuse et très savante et parce qu'elle avait d'énormes yeux clairs, saillants et bombés que la malicieuse Elsie comparait à des bouchons de carafe."
Or cette gouvernant est étrange. Malgré ses gros yeux, elle est à moitié aveugle et se cogne à tous les objets mais elle refuse de porter des lunettes prétextant qu'elle y voit mieux que tout le monde. Non seulement elle a peur des chauves-souris (ce qui peut se comprendre) mais elle est démesurément effrayée par n'importe quels oiseaux, fussent-ils les plus charmants. Ni fauvettes, ni mésanges ou rouge-gorges ne trouvent grâce à ses yeux. De plus, elle a un secret. Chaque soir elle se retire dans son pavillon au fond du jardin et sa lumière reste allumée toute la nuit. Que fait-elle? Elsie n'aura de cesse de le découvrir. Un soir, Barbara accepte de l'amener chez elle mais il leur faut traverser le jardin où elles rencontrent Mr Bat, le précepteur des frères d'Elsie. Mais pourquoi déplaît-il autant à  la fée? Que lui reproche-t-elle? Allez! je vous mets un peu sur la voie en précisant que Bat en anglais signifie chauve-souris!

L'ombre de Mr Bat (édit. Autrement dit)



Elsie, sa gouvernante et l'inquiétant Mr Bat (édit. Saint-Mont)

Comme toujours le récit de George Sand à ses petites filles a un but pédagogique qui réflète ses préoccupations scientifiques. Le conte témoigne, en effet, de l'intérêt porté par George Sand aux papillons qu'elle collectionnait.

Les papillons en robe de bal

Dans cet extrait chacun est convié à un bal et y vient pourvu de ses plus beaux atours :

Puis, tout à coup, elle s'écria :
- En voici un! c'est la princesse nepticula marginicollella avec sa tunique de velours noir traversée d'une large bande d'or. Sa robe est en dentelle noire avec une longue frange. Présentons-lui une feuille d'orme, c'est le palais de ses ancêtres où elle a vu le jour. Attendez ! Donnez-moi cette feuille de pommier pour sa cousine germaine, la belle malella, dont la robe noire a des lames d'argent et dont la jupe frangée est d'un blanc nacré. Donnez-moi du genêt en fleurs, pour réjouir les yeux de ma chère cemiostoma spartifoliella, qui approche avec sa toilette blanche à ornements noir et or. Voici des roses pour vous, marquise nepticula centifoliella. Regardez, chère Elsie ! admirez cette tunique grenat brodée d'argent...

On sait combien Sand se passionne pour les sciences et les nouvelles théories. Avec La Fée aux gros yeux, Aurore et Gabrielle apprennent le nom des papillons mais surtout leur grand mère les amène à réfléchir sur l'idée qu'il y a des mondes imperceptibles à l'oeil humain et que, s'il y a un infiniment grand, il existe un infiniment petit. Cette préoccupation correspond aux recherches du XIX siècle sur l'atome.

Il y a des êtres infiniment petits, dont on ne devrait pas parler sans respect, répliqua miss Barbara, qui ne faisait pas attention à la fatigue de son élève. Il y en a qui échappent au regard de l'homme et aux plus forts grossissements des instruments. Du moins, je le présume et je le crois, moi qui en vois plus que la plupart des gens n'en peuvent voir. Qui peut dire à quelles dimensions, apparentes pour nous, s'arrête la vie universelle ? Qui nous prouve que les puces n'ont pas des puces, lesquelles nourrissent à leur tour des puces qui en nourrissent d'autres, et ainsi jusqu'à l'infini ? Quant aux papillons, puisque les plus petits que nous puissions apercevoir sont incontestablement plus beaux que les gros, il n'y a pas de raison pour qu'il n'en existe pas une foule d'autres encore plus beaux et plus petits dont les savants ne soupçonnent jamais l'existence.

Le côté Merveilleux est privilégié aussi. Mais l'écrivaine joue sur la polysémie du mot Fée. 

Longtemps on l'avait surnommée miss Frog (grenouille), et puis on l'appela miss Maybug (hanneton), parce qu'elle se cognait partout ; enfin, le nom de fée aux gros yeux prévalut, parce qu'elle était trop instruite et trop intelligente pour être comparée à une bête, et aussi parce que tout le monde, en voyant les découpures et les broderies merveilleuses qu'elle savait faire, disait :
- C'est une véritable fée !


D'autre part Elsie voit Mr Bat se transformer en chauve-souris et s'échapper de son mouchoir. Pourtant ....
Quand Elsie eut bien dormi, elle trouva fort invraisemblable que M. Bat eût le pouvoir de devenir homme ou bête à volonté. A déjeuner, elle remarqua qu'il avalait avec délices des tranches de boeuf saignant, tandis que miss Barbara ne prenait que du thé. Elle en conclut que le précepteur n'était pas homme à se régaler de micros, et que la gouvernante suivait un régime propre à entretenir ses vapeurs. 

Entre conte et réalité, la romancière manie l'ironie avec finesse mais laisse la fin ouverte. Libre à nous de croire au Merveilleux ou de le nier!

Le Berry : Sur les traces de George Sand : La mare au diable (7)






mardi 19 mars 2013

Le Berry : sur les traces de George Sand, Corambé dans Histoires de ma vie (5)


Parc de la maison de Nohant : Corambé

Dans le parc du domaine de Nohant, la maison de George Sand, on découvre une curieuse statue. Il s'agit d'une figure féminine en bronze sombre et or,  à la silhouette gracile et aux yeux cernés de noir à l'égyptienne. Elle se dresse sur une grande feuille et lève un bras comme pour danser.
 Il s'agit de la représentation de Corambé sorti tout droit de l'imagination d'Aurore Dupin quand elle était enfant et imaginé par la sculptrice François Vergier en 1991 :

Lorsqu’en 1816, Hippolyte, son demi-frère, rejoignit son régiment de hussards, Aurore se retrouva seule à Nohant avec Deschartres et sa grand-mère, dont la santé s’altérait. La mélancolie la submergea. Elle était à la recherche d’un idéal. On lui enseignait le catéchisme, mais elle voulait une religion qui lui soit propre. Elle inventa sa divinité personnelle : Corambé. (...)
 Elle lui éleva un autel au cœur du petit bois où elle prit l’habitude de se réfugier. Le culte cessa quand le sanctuaire fut découvert.
Aurore jouissait à Nohant d’une grande liberté. Ses lectures n’étaient pas contrôlées et elle jouait et travaillait aux champs avec les enfants du pays. Mais elle abordait l’adolescence. Le désir de retourner vivre auprès de sa mère était toujours lancinant, et les conflits avec sa grand-mère devenaient récurrents. Celle-ci prit alors la décision de la mettre en pension à Paris au couvent des Dames augustines anglaises. Elle avait quatorze ans. À Paris elle espérait revoir sa mère, et un changement de vie lui plaisait. 
(site George Sand)

Voilà ce qu'en écrit George dans dans Histoires de ma vie : 

"... puisque toute religion est une fiction, faisons un roman qui soit une religion ou une religion qui soit un roman. Je ne crois pas à mes romans, mais ils me donnent autant de bonheur que si j' y croyais. D' ailleurs, s’il m’arrive d'y croire de temps en temps personne ne le saura, personne ne contrariera mon illusion en me prouvant que je rêve.  Et voilà qu'en rêvant la nuit, il me vint une figure et un nom. Le nom ne signifiait rien que je sache : c’était un assemblage fortuit de syllabes comme il s’en forme dans les songes. Mon fantôme s’appelait Corambé, et ce nom lui resta. Il devint le titre de mon roman et le dieu de ma religion.
En commençant à parler de Corambé, je commence à parler non-seulement de ma vie poétique, que ce type a remplie si longtemps dans le secret de mes rêves, mais encore de ma vie morale, qui ne faisait qu'une avec la première. Corambé n’était pas, à vrai dire, un simple personnage de roman, c’était la forme qu’avait prise et que garda longtemps mon idéal religieux. (...)
Corambé se créa tout seul dans mon cerveau. Il était pur et charitable comme Jésus, rayonnant et beau comme Gabriel ; mais il lui fallait un peu de la grâce des nymphes et de la poésie d' Orphée. Il avait donc des formes moins austères que le dieu des chrétiens et un sentiment plus spiritualisé que ceux d’Homère. Et puis il me fallait le compléter en le vêtant en femme à l’occasion, car ce que j’avais le mieux aimé, le mieux compris jusqu'alors, c’était une femme, c’était ma mère. Ce fut donc souvent sous les traits d’une femme qu’il m’apparut.
    
Voyager avec une enfant

Si la visite de la maison a été trop longue pour ma petite fille (3  ans), elle a par contre adoré le parc de Nohant  et en particulier Corambé qu'elle a pris pour une fée : La Fée aux Gros Yeux. Un des contes que la grand mère George Sand  racontait à Aurore et Gabrielle et dont je vais bientôt vous parler.



Mercredi  : Sur les traces de George Sand : La fée aux gros yeux (6)









lundi 18 mars 2013

Le Berry : Sur les traces de George Sand à Crozant et Gargilesse avec Le péché de Mr Antoine (4)


La Creuse à Crozant

Le récit du roman de George Sand Le péché de Mr Antoine se déroule dans la vallée de la Creuse, "dans les landes de Crozant et dans les ruines de Chateaubrun où s'était plue ma fiction" écrit George Sand. (voir billet ICI)

  Un jeune voyageur, étranger au pays, Emile Cardonnet,  arrive à Eguzon  :

C’est qu’Éguzon est le point central d’une région pittoresque semée de ruines imposantes, et que, soit qu’on veuille voir Châteaubrun, Crozant, la Prugne-au-Pot, ou enfin le château encore debout et habité de Saint-Germain, il faut nécessairement aller coucher à Éguzon, afin de partir, dès le matin suivant, pour ces différentes excursions.

Le jeune homme intrépide refuse de coucher à Eguzon et continue son chemin malgré la menace d'un orage. Il se fait surprendre par la tourmente sur la route escarpée dominant la Creuse par des a-pics vertigineux. Forcé de s'arrêter il distingue à la lueur des éclairs une masse sombre, celle d'une forteresse "terrible", les ruines du manoir de Châteaubrun.

 La Creuse, limpide et forte, coulait sans grand fracas au bas de ce précipice, et se resserrait avec un mugissement sourd et continu, sous les arches d’un vieux pont qui paraissait en fort mauvais état. La vue était bornée en face par le retour de l’escarpement; mais, de côté, on découvrait une verte perspective de prairies inclinées et bien plantées, au milieu desquelles serpentait la rivière; et vis-à-vis de notre voyageur, au sommet d’une colline hérissée de roches formidables qu’entrecoupait une riche végétation, on voyait se dresser les grandes tours délabrées d’un vaste manoir en ruines. Mais, lors même que le jeune homme aurait eu la pensée d’y chercher un asile contre l’orage, il lui eût été difficile de trouver le moyen de s’y rendre; car on n’apercevait aucune trace de communication entre le château et la route, et un autre ravin, avec un torrent qui se déversait dans la Creuse, séparait les deux collines.

Le manoir de Châteaubrun  (photographie ici)

C'est pourtant dans ce château que Emile se réfugiera, reçu modestement mais chaleureusement  par le maître  ruiné de ces lieux, Antoine de Châteaubrun, le dernier seigneur de Châteaubrun et par sa charmante fille Gilberte.


Après avoir péniblement gravi un chemin escarpé, ou plutôt un escalier pratiqué dans le roc, nos voyageurs arrivèrent, au bout de vingt minutes, à l’entrée de Châteaubrun. Le vent et la pluie redoublaient, et le jeune homme n’eut guère le loisir de contempler le vaste portail qui n’offrait à sa vue, en cet instant, qu’une masse confuse de proportions formidables. Il remarqua seulement qu’en guise de clôture, la herse seigneuriale était remplacée par une barrière de bois, pareille à celles qui ferment les prés du pays.

Le lendemain, il se rend au village de Gargilesse pour rejoindre ses parents mais la rivière du même nom, affluent de la Creuse, insignifiante en temps habituel, fantasque et capricieuse, gonflée par les pluies, devient un monstrueux torrent, dangereux à traverser.

La rivière de Gargilesse

C'est cette même rivière qui ruine les projets industriels de Mr Cardonnet, le père d'Emile, qui a installé son usine sur ses bords. Le village de Gargilesse apparaît au jeune homme dans toute sa charmante beauté.


 L'église de Gargilesse

Après une heure de marche environ, nos voyageurs se trouvèrent en face du vallon de la Gargilesse, et un site enchanteur se déploya devant eux. Le village de Gargilesse, bâti en pain de sucre sur une éminence escarpée, et dominé par sa jolie église et son ancien monastère, semblait surgir du fond des précipices....

Le château-monastère de Gargilesse

Un jour où désespéré d'être séparé de sa bien aimée Gilberte, Emile broie du noir en se promenant au hasard, il découvre la forteresse de Crozant. Les ruines de Crozant correspondent alors son état d'esprit par leur aspect désolé et inhospitalier. Le décor qui s'offre à ses yeux qualifié de "sublime " par George Sand a toutes les caractéristiques du paysage prisé par les romantiques : accidenté, sauvage, désert avec des reliefs tourmentés propres à épouser les états d'âme les plus sombres.


Il leva les yeux, et vit devant lui, au-delà de précipices et de ravins profonds, les ruines de Crozant s’élever en flèche aiguë sur des cimes étrangement déchiquetées, et parsemées sur un espace qu’on peut à peine embrasser d’un seul coup d’œil.
Émile était déjà venu visiter cette curieuse forteresse, mais par un chemin plus direct, et sa préoccupation l’ayant empêché cette fois de s’orienter, il resta un instant avant de se reconnaître. Rien ne convenait mieux à l’état de son âme que ce site sauvage et ces ruines désolées. Il laissa son cheval dans une chaumière et descendit à pied le sentier étroit qui, par des gradins de rochers, conduit au lit du torrent. Puis il en remonta un semblable, et s’enfonça dans les décombres où il resta plusieurs heures en proie à une douleur que l’aspect d’un lieu si horrible, et si sublime en même temps, portait par instant jusqu’au délire.




Les premiers siècles de la féodalité ont vu construire peu de forteresses aussi bien assises que celle de Crozant. La montagne qui la porte tombe à pic de chaque côté, dans deux torrents, la Creuse et la Sédelle, qui se réunissent avec fracas à l’extrémité de la presqu’île, et y entretiennent, en bondissant sur d’énormes blocs de rochers, un mugissement continuel. Les flancs de la montagne sont bizarres et partout hérissés de longues roches grises qui se dressent du fond de l’abîme comme des géants, ou pendent comme des stalactites sur le torrent qu’elles surplombent.

La maison de George Sand à Gargilesse : La villa Agila


La villa Agila offerte à George Sand par son dernier amant, Manceau,  est un lieu calme où l'écrivaine aimait se retirer pour écrire.






dimanche 17 mars 2013

Un Livre/ Un film : Horace Mc Coy, On achève bien les chevaux


Résultat de l'énigme n°59

Les heureux gagnants du derby : Asphodèle, Dasola, Dominique, Eeguab, Keisha,  Pierrot Bâton, Somaja, Thérèse

Le roman : Horace Mac Coy : On achève bien les chevaux
Le film : Sidney Pollack : On achève bien les cheveux avec Jane Fonda




La relecture du roman de Horace Mc Coy (1935) m'a confirmée dans le souvenir que j'en avais : un livre choc, un livre coup de poing.

La crise économique
Le roman se déroule pendant la Grande Dépression et met en scène, dans ce contexte terrible où la misère est extrême et où des millions de personnes sont jetées à la rue et souffrent de la faim, des couples obligés de se produire dans un marathon de danse pour gagner un peu d'argent. Il s'agit de danser ou plutôt de bouger sans jamais s'arrêter sur la piste d'un dancing populaire, devant un public avide de sensations. Les temps de pause sont rares, la souffrance physique et morale intense, les problèmes de santé fréquents; l'épuisement succède à la fatigue.
Les personnages principaux sont Gloria et  Robert qui est aussi le narrateur de l'intrigue. Le récit commence par le jugement de Robert accusé du meurtre de Gloria et le reste est un immense flash back qui va nous donner la compréhension du drame.

L'exploitation de la misère
Horace Mc Coy, dans ce roman noir, dénonce l'exploitation de la misère, tout en replaçant le récit dans un cadre historique, la crise économique des années 30. Ces marathons flattent dans les spectateurs les instincts les plus bas. Ils sont surexcités lorsqu'ils voient les danseurs s'écrouler devant eux, victimes d'un malaise et se repaissent de la souffrance des victimes, oubliant ainsi la leur. Voir les couples éliminés les uns après les autres procure au public un sentiment de supériorité à bon compte. Le sujet est universel et déborde le cadre de la Grande Dépression. Quand Sydney Pollack l'adapte il pourra faire lui aussi un constat des années 70.  Mc Coy compare le marathon à "une course de taureaux". On peut y voir, en effet, l'héritage des jeux de cirque romains et même la préfiguration des séances de télé-réalité actuelles, certes édulcorées, mais faisant appel, elles aussi, au voyeurisme et à l'instinct de domination des voyeurs, avec les mêmes conséquences tragiques pour ceux qui subissent ces violences, humiliation, dévalorisation, perte de confiance en soi. Et que dire des organisateurs qui s'enrichissent sur le dos des autres? L'homme est un loup pour l'homme et cela n'est pas prêt de changer.
  
Deux personnages opposés
Les deux personnages sont radicalement opposés : Tous deux veulent faire du cinéma, Gloria comme actrice, Robert comme metteur en scène mais il y a longtemps que Gloria a cessé de croire qu'elle peut s'en sortir. Elle hait la vie et voudrait mourir. Son passé a été dévastateur. L'expérience inhumaine vécue dans le dancing  n'est pas fait pour lui redonner confiance ni en elle-même, ni en l'espèce humaine. Robert, lui est encore plein d'espoir,  est sûr de sa réussite, il aime la vie. Il est encore capable de goûter la beauté d'un coucher de soleil et d'aller saluer le metteur en scène Borzage, présent dans la salle, avec un enthousiasme  juvénile. Les faits sont présentés par ce jeune homme naïf, qui ne connaît encore rien du monde, qui n'est pas encore blasé. Cette naïveté met en relief la noirceur du récit et la sobriété avec laquelle il est conté. La fragilité de Robert explique aussi pourquoi il va se laisser entraîner par Gloria dans l'engrenage fatal de la dépression, la mort devenant synonyme de délivrance. La dernière phrase - on achève bien les chevaux- qui clôt le roman, évoquant un souvenir d'enfance du jeune homme, est dans sa concision d'une violence extrême. 
Un grand roman.

Le film de Sydney Pollack
J'avais un très bon souvenir du film de Sydney  Pollack  (1969) vu à sa sortie et de l'interprétation exceptionnelle de Gloria par Jane Fonda. Je viens de le revoir en DVD de médiocre qualité. Impossible d'utiliser la version anglaise sous-titrée. Il m'a fallu "subir" (c'est bien le mot) la version en langue française dont le doublage est exécrable, la qualité sonore épouvantable. J'ai eu des difficultés à entrer dans le film dans ces conditions. Je souligne cependant quelques scènes très fortes dont celle du derby extrêmement bien filmée, qui entraîne tous les couples dans une course insoutenable autour de la piste, chacun ayant peur d'être éliminé. Les personnages donnent l'impression d'être poursuivis par la Mort.
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samedi 16 mars 2013

Un livre/ Un film : Enigme n° 59





Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.
Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.

Enigme N° 59

Ce roman noir est écrit en 1935 par un écrivain américain, issu lui -même d'un milieu pauvre, et qui a fait toutes sortes de métiers pendant la Grande Dépression avant de devenir scénariste à Hollywood. Il sait donc ce que signifie la misère et l'exploitation quand il met en scène ses personnages obligés de gagner leur vie en servant de divertissement aux autres.


-Qu'est-ce que tu penses des derbys? lui demandai-je
- C'est un moyen de plus d'avoir notre peau, répondit-elle.
Le coup de sifflet nous fit repartir....
Il y a plus de cent personnes ici, ce soir, dis-je.
G. et moi nous ne dansions pas. J'avais passé mon bras autour de ses épaules et elle me tenait par la taille et, ainsi enlacés, nous marchions. C'était permis. Durant la première semaine il fallait danser, mais après c'était inutile. On nous demandait seulement de rester continuellement en mouvement.