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lundi 17 octobre 2011

François Emmanuel : Cheyenn

Cheyenn, non, ce livre de François Emmanuel, ne vous amènera pas, dans les grandes prairies de l'Ouest américain, chevauchant votre appaloosa à la recherche de bisons. Cheyenn est le nom que s'est donné Sam Montana-Touré, SDF, un homme au regard silencieux qui hante l'imaginaire du narrateur de cette histoire, un cinéaste, auteur de documentaire pour la télévision. Et si cette recherche vous entraîne vers de grands espaces, "ce sont ceux des chantiers ceints de palissades, routes et trottoirs défoncés, alignement de façades sinistres... dans cette demi-friche industrielle qui longe le canal sur près de quatre kilomètres,  paysages de délabrement urbain", usines désaffectées peuplées d'êtres à la dérive, de skinhead haineux, un univers entre misère et violence.

Le cinéaste a rencontré une première fois Cheyenn dans une usine de filature désaffectée où il venait filmer Lukakowsky, un de ses compagnons d'infortune. Cheyenn n'apparaît dans ce premier documentaire  que de loin en loin, il n'est pas le sujet principal. Pourtant, déjà, au cours d'un plan fixe qui le saisit, le réalisateur remarque son regard intense, qui semble détenir un secret, peut-être tout simplement le secret d'une vie. Peu de temps après Cheyenn est sauvagement assassiné. Le narrateur, hanté par ce regard, décide alors de réaliser un second documentaire et de partir ainsi à la recherche de Cheyenn, de ses origines, de son passé, bref, de l'homme qu'il était au-delà des apparences.

"Parfois Cheyenn vient s'asseoir à côté de moi dans mon rêve. Nous sommes tous les deux assis  sur un banc, adossés au mur, et nous regardons les arbres du parc où nous nous trouvons; (...) Je ne me retourne pas vers Cheyenn mais je sens qu'il est à côté de moi, il pourrait être mon frère, mon ami de toujours, mon compagnon tranquille. C'est la récurrence de ce rêve qui m'a convaincu d'écrire."

 Le cinéaste mène alors son enquête auprès des personnes qui l'ont connu, la soeur de Cheyenne, de Mauda, la femme qui l'a aimé mais qui n'a pas pu l'empêcher de sombrer, des skinhead qu'il soupçonne de l'avoir tué. Il rencontre le juge d'instruction qui mène l'enquête. Mais si tous deux s'acharnent à la découverte de la vérité, il ne s'agit  pourtant pas de la même. L'un veut découvrir les coupables, l'autre, la victime. Une exigence qui le prend tout entier, un quête plus qu'une enquête, une obsession. Mais comment filmer l'absence? Comment aller au-delà des apparences? Comment aussi être entièrement honnête vis à vis de l'image, ne pas tomber dans le voyeurisme, respecter l'intime. Ce sont ces interrogations philosophiques qu'égrène le livre mais pas seulement. Il aborde aussi les aspects économiques du cinéma documentaire, un producteur qui veut des résultats, du sensationnel et qui exige la rapidité.  Ainsi quand le cinéaste filme le regard de Cheyenn :

Or la démarche du cinéaste qui est à la recherche d'une vérité ne peut se faire qu'en laissant le temps au temps, le temps de connaître les gens, d'établir des relations humaines, de vrais contacts, le temps du respect et de l'estime : c'est ce qui se passe entre Mauda et le réalisateur. Ceci me rappelle la démarche de Raymond Depardon dans sa trilogie de Profils Paysans qui a demandé plusieurs années à Canal Plus pour filmer les agriculteurs lozériens ou ardéchois. Une démarche authentique qui cherche à entrer au coeur de l'Humain, à l'antipode de cette culture journalistique "qui recherche avant tout l'émotion"

Cheyenn a existé comme le prouve la dédicace de François Emmanuel qui s'adresse à Bernard Mottier, photographe français installé en Belgique : A Bernard Mottier qui a aimé Cheyenn. Y a-t-il eu réellement un documentaire? Je ne le sais pas. Par contre le livre de François Emmanuel est une  réflexion intéressante sur l'image. C'est aussi un bel hommage  à Cheyenn de même qu'à  tous les hommes qui, comme lui, sont tombés dans la déchéance.


dimanche 16 octobre 2011

Gérard de Nerval : Chanson gothique



 Dante Gabriel Rossetti


Chanson Gothique

Belle épousée,
J'aime tes pleurs !
C'est la rosée
Qui sied aux fleurs.

Les belles choses
N'ont qu'un printemps,
Semons de roses
Les pas du Temps !

Soit brune ou blonde
Faut-il choisir ?
Le Dieu du monde,
C'est le Plaisir


Gérard de Nerval


Les troubadours de Bookworm

Alex : Mot-à-mots; Alinea66 : Des Livres... Des Histoires...; Anne : Des mots et des notes; Azilis : Azi lis; Bénédicte : pragmatisme; Cagire : Orion fleur de carotte; Chrys : Le journal de Chrys; Ckankonvaou : Ckankonvaou; Claudialucia : Ma librairie; Daniel : Fattorius; Edelwe : Lectures et farfafouilles;  Ferocias : Les peuples du soleil;George : Les livres de George;
Hambre : Hambreellie; Herisson08 : Délivrer des livres?; Hilde : Le Livroblog d'Hilde; Katell : Chatperlipopette; L'Ogresse de Paris : L'Ogresse de Paris;
L'or des chambres : L'Or des Chambres; La plume et la page : La plume et la page; Lystig : L'Oiseau-Lyre (ou l'Oiseau-Lire) Mango : Liratouva; MyrtilleD : Les trucs de Myrtille; Naolou : Les lectures de Naolou; Océane : Oh ! Océane !;  Pascale : Mot à mot;  Sophie : Les livres de Sophie; Wens : En effeuillant le chrysanthème;  Yueyin : Chroniques de lectures

Un livre, un film : Enigme N°6 : Richard Hughes, Cyclone à la Jamaïque



Merci à tous pour votre participation et félicitations à ceux qui ont trouvé l'énigme un peu plus difficile cette fois :
Le livre et le film Eeguab, Keisha,  Gwenaelle, Lire au jardin.
Le livre : Thérèse

Le Cyclone à la Jamaïque de Richard Hughes (1900-1976) est paru  en 1929.
Le cyclone à la jamaïque de Mackendrick avec Antony Quinn et James Coburne. Voir le billet de Wens
Après un cyclone qui dévaste la Jamaïque, des enfants, envoyés par leurs parents en Angleterre, sont enlevés par des pirates. Le navire devient un terrain de jeu magnifique pour les enfants épris d'aventures mais le voyage va tourner au drame avant qu'ils ne  retrouvent leurs parents.

Quand se passe le récit?

L'histoire se passe à la Jamaïque dans la deuxième partie du XIX siècle.
"Je ne connais rien des méthodes modernes, ni même s'il y en a, n'ayant pas visité l'île depuis 1860, époque aujourd'hui très lointaine..

Le récit est donc fait par un narrateur qui est venu sur l'île en 1860 et raconte, longtemps après les faits, l'histoire de la famille Thornton  à cette époque.

Mais qui est le narrateur?

Cela ne peut être l'écrivain qui est né en 1900, ni un personnage du livre. Il s'agit donc d'un narrateur fictif qui va d'ailleurs s'effacer et cesser de dire "je". Mais il a des idées bien arrêtées sur l'émancipation des esclaves(1833) puisque dès le premier chapitre il y fait allusion pour mieux la déplorer puisque cela a entraîné la ruine des Antilles. Il décrit amplement les propriétés dévastées, les bâtiments de broyage, et de raffinage de la canne à sucre ruinés. Les enfants Thornton vivent là avec leurs parents, des colons anglais, et sont élevés, filles et garçons, avec une liberté que n'aurait jamais pu tolérer la société victorienne en Angleterre. Notons que même vivant comme les petits "nègres" (c'est le terme employé par l'auteur), Emily, petite fille de dix ans, personnage principal à côté de ses frères et soeurs, n'oublie pas la prétendue supériorité de ses origines, cherchant à éduquer les jeunes noirs si ignorants.. En effet, même si les enfants vivent à l'état de nature, ils portent incontestablement la marque de leur civilisation, comme le dit Mrs Thornton après le cyclone qui frappe et dévaste leur propriété : "Songez combien la peur est plus cruelle chez les enfants. Et ils ont été si courageux, si Anglais!"

Un déterminisme religieux

Si le narrateur du premier chapitre s'efface, l'écrivain commente le récit et nous fait part de ses réflexions sur l'enfance qui sont assez surprenantes. En effet, les enfants sont expédiés en Angleterre et enlevés par des pirates, ce qui donne lieu à toutes sortes d'aventures passionnantes.
 Mais le roman n'est pas un roman d'aventures au sens où on l'entend habituellement. Les enfants sont  vus par Hughes comme le seraient des insectes par un entomologiste, épinglés, étudiés, répartis en espèces selon leur âge mais aussi jugés, analysés par un moraliste. Laura, la plus jeune, qui a quatre n'est plus tout à fait un animal mais pas encore un être humain:
Puisqu'elle approchait de ses quatre ans, c'était certainement un enfant; et les enfants sont des "êtres humains" (si l'on accorde au mot humain un sens large) mais elle n'avait pas tout à fait fini d'être un bébé, et les bébés naturellement ne sont pas des hommes, ce sont des animaux qui ont une culture très ancienne, très ramifiée, comme celle des chats, des poissons, et même des serpents.. les bébés sont, après tout, une des espèces les plus développées parmi les les vertébrés inférieurs
 Rachel, 7 ans, possède, elle, "un sens extraordinairement vif et simple du Bien et du Mal, qui s'élevait jusqu'à une sorte de précoce génie éthique."
Quant à Emily : Elle savait... qu'elle était damnée, qu'il n'y avait jamais eu de personne si méchante qu'elle depuis le commencement du monde. Après l'arrestation des pirates, Emily va devenir le principal témoin et collabore avec la justice pour faire accuser les pirates d'un crime - la mort du capitaine hollandais fait prisonnier- qu'elle-même a commis. Même son père a peur d'elle. Hughes semble imprégné par la croyance protestante en la prédestination et  la manière dont il l'interprète est effrayante.

Une condamnation de la société anglo-saxonne

Quant à la société anglo-saxonne tant vantée par Mrs Thornton, loin de sauver Emily, elle participe à la corruption. La bonne société veut obtenir la tête des pirates que l'on vient d'arrêter mais ceux-ci ne peuvent être condamnés à la pendaison que s'ils sont reconnus coupables d'un crime. La  Justice -ou ce qui se présente comme telle- va faire pression sur les enfants et va demander à Emily d'apprendre par coeur ce qu'elle dira au procès.

On comprend pourquoi le roman de Richard Hughes a pu inspirer William Golding pour Sa majesté des mouches.  C'est un roman à la fois passionnant et déroutant. La manière dont l'écrivain parle de l'enfance dérange même de nos jours et l'on peut comprendre pourquoi il a fait scandale en 1929.
 L'excellent film de Mackendrick, tout en restant fidèle aux grandes lignes du roman, offre une interprétation très personnelle du roman.


 Mon nouveau challenge s'imposait :  dans le blog de Will, le Kabaret culturel

samedi 15 octobre 2011

Un livre, un film : Enigme du samedi N°6



Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma!Il s'intitule : Un livre, Un film.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs qui n'auront gagner que la gloire de participer (avouez que c'est beaucoup!) sera donnée le Dimanche.

Mais qu'ont-ils donc Wens et Claudialucia avec les pirates? Des pirates samedi dernier, et aujourd'hui encore! C'est que cette année quatre films de pirates ont été entièrement restaurés et passent dans les salles de cinéma.  L'île au trésor vous a été proposé samedi 8 Octobre et sortira bientôt, celui-ci que vous avez à découvrir est projeté dans les salles depuis le mois d'Avril.
  Et comme ce film  est une  adaptation d'un roman, voilà que moi, Claudialucia, j'interviens.

 Enigme n° 6


 Sa majesté des mouches de Richard Brooks

Le roman et le film portent  le même titre français. (Voir WENS)  Le livre est d'un écrivain britannique né en 1900 et mort en 1976. Il  a été écrit en 1929. Personnellement, je l'ai lu en traduction française, à sa sortie en poche en 1958 quand j'étais enfant et je ne l'ai jamais oublié, certains détails m'ayant tellement frappée.
Le sujet : Des enfants sont enlevés par des pirates.
En fait, ce n'est pas du tout un roman pour la jeunesse; il aborde des question philosophiques :  l'enfance est-elle innocente? Qu'est-ce que la civilisation? L'état de nature est-il bon? et les conclusions sont assez pessimistes. Je ne crois pas que le livre soit très connu en France mais il l'est beaucoup plus en Angleterre puisqu'il a inspiré  à William Golding  Sa Majesté des mouches (1954). Je vous présente un extrait du roman. Si cela ne suffit pas, demandez moi des indices supplémentaires.

Ils s'arrêtèrent, épouvantés, et commencèrent à se rendre compte qu'après tout l'orage était d'une violence extraordinaire. Ils s'aperçurent qu'ils étaient trempés jusqu'aux os, et cela, depuis leur sortie de la maison. Les éclairs entretenaient une lueur continue, se jouaient jusque sur les étriers d'acier; et tout d'un coup ils virent que leur père avait peur. Ils volèrent vers la maison bouleversés; il y fut presque aussi vite qu'eux. Mrs Thorton se précipita :
-Ah! mon ami, quel bonheur...
- Je n'ai jamais vu pareil orage! Pourquoi diable avez-vous laissé sortir les enfants?

Pete Fromm : Avant la Nuit Editions Gallmeister


Et bien si l'on m'avait dit que je lirais un recueil de nouvelles sur la pêche, que j'apprendrais tout sur les diverses espèces de truites, sur les différents types d'appâts, que je passerais des après midi à pêcher sur un radeau  ou dans le courant de la rivière, que je saurais placer délicatement l'hameçon à l'endroit choisi, au millimètre près, avec ma canne à lancer, j'aurais été bien étonnée. Et encore plus, que cela me plaise! Oui mais, dans un livre, tout est possible! C'est la cas avec Avant la nuit de Pete Fromm.

Pourquoi cet intérêt? parce que les nouvelles de ce recueil parle de pêche  mais encore plus d'êtres humains que l'on devine avec leur personnalité, leurs attentes, leur fragilité, avec les drames qui interviennent dans leur vie mais aussi les rapports de confiance, la complicité que cet amour de la pêche mais aussi de la nature crée entre eux.
Parmi mes préférés, Père et fils, est la douloureuse histoire de ce père divorcé, séparé de son fils qui a dû suivre sa mère dans un autre état, et qui accomplit quelques milliers de kilomètres en voiture pour l'amener pêcher. On y lit une belle complicité entre le père et l'enfant mais aussi on devine en filigrane, une autre histoire, celle du père et de la mère, d'un amour qui n'a pas survécu, éteint par la vie quotidienne qui foule aux pieds les rêves, malmène le bonheur. Pourtant, par l'intermédiaire de ce fils qu'ils aiment tant, peut-être parviendront-ils à l'apaisement?..  Ou encore Avant la nuit, qui donne son titre au recueil, une partie de pêche entre Gordon et son beau-père, un récit tout en sous-entendu et silence. Peu à peu, cette journée au bord de l'eau, alors qu'il faut rentrer à la maison avant la nuit pour échapper aux dangers de la rivière, permet de cerner la personnalité de Gordon, de comprendre sa souffrance, lui qui, marqué par le divorce de ses parents, ne revient voir sa mère et son beau-père que de longues années après son départ. La nouvelle parle de la peur d'être père, de la difficulté de vivre, de la crainte de perdre ceux que l'on aime. Là aussi la rivière et les aventures vécues ensemble représentent une sorte de catharsis qui permet d'affronter la vie. Dans Le cours normal des choses  pour la première fois depuis la mort de sa femme, un père ramène ses deux fils à la pêche. Une  nouvelle terriblement poignante où chacun s'efforce de faire comme si tout était normal jusqu'au moment où le plus jeune des enfants, Corby, ne parvient plus à contrôler l'irruption du chagrin. Certains de ses récits sont moins tragiques, comme Stone, ce garçon qui ne veut pas apprendre à pêcher mais qui est le roi du ricochet, une leçon de respect mutuel entre un père et son fils... Ou encore  la nouvelle Le gamin quand deux vieux copains se retrouvent pour la pêche mais l'un a amené son gamin, prétexte à une prise de conscience pour l'autre des changements survenus ... Mais tous campent des personnages pleins de vie, très forts, dont les sentiments sont analysés avec finesse et pour qui l'on sent la tendresse de l'auteur. Le thème père et fils est une constante avec ce que cela représente d'amour, de compréhension mais aussi de doute et de crainte. Le fil conducteur, la pêche, crée une unité dans ces courts récits avec l'image de l'eau, métaphore du temps qui s'écoule amenant d'inéluctables changements. Le respect des créatures vivantes, la beauté de la nature, des joies qu'elle procure, des rapports de confiance qu'elle établit entre les gens font  de ce recueil une petite merveille. Un beau recueil plein de sensibilité et de nostalgie.


Ce livre a été lu dans le cadre du challenge ludique de Calypso :  Un Mot, Des titres. Calypso a proposé le mot nuit qui devait figurer dans le titre, d'où ce recueil de Pete Fromm.

Mais sans que je l'ai cherché au départ, il illustre aussi deux autres de mes challenges :


Nature Writing, le challenge de Folfaerie


Et le challenge des nouvelles de Sabbio


vendredi 14 octobre 2011

Un mot, des textes : Pastiche romantique, la Belle Surinée

Le cauchemar Johann Heinrich Fussli, peintre britannique romantique

Dans son blog Désirs d'Histoire, Olivia nous propose le  jeu d'écriture : Des mots une histoire.
Mais ??? quels sont ces lions pas superbes et pas généreux, pour paraphraser Hugo (à l'envers!), qui proposent ces mots pour créer un poème? Mais enfin, c'est le jeu! Alors voilà! La Belle Surinée est née de là, un pastiche à la manière romantique!

Tryptique – cheminée – essentiel – biscuit – circonvolution – abbatiale – licorne – porte – masque – destinataire – délicatesse – hybride – douce – guignolet – lécher – désemparé – suriner – châtaigne – vache – platane – dérapage


Dessin de Victor Hugo

Pastiche Romantique
La Belle Surinée

La belle aux longs cheveux et aux yeux de châtaigne,
  licorne au doux sourire dont vous étiez l'amant,
Et qui allait masquée au rendez-vous d'amour,
Le coeur léger, constant, vers son destinataire,
Comment avez-vous pu? comment avez-vous fait
Pour plonger dans son sein une dague acérée
La suriner ainsi, tigre altéré de sang!
Les monstres de l'Enfer et les chevaux dentés
 mangeront votre coeur, votre foie, votre nez.
Bergère en biscuit sur une cheminée,
Elle marchait gracieuse, et son col délicat
S'inclinait tendrement sur son buste d'albâtre.
 Avec délicatesse, elle gît, à présent,
les chiens lèchent ses pieds, ô douce damoiselle
Sous le platane hybride, ils dérapent sans cesse
dans le sang vermeillet, mignonnet, guignolet.
De paître et de brouter, la vache a cessé
 les circonvolutions de son cerveau obscur
ont capté l'essentiel, la mort désemparée.
Doucement, doucement, dans l'ombre de la nuit
La Nature oublie la belle aux yeux châtaigne
La blanche damoiselle qui hante l'abbatiale
et son gémissement lugubre dans les ruines
Du passant attardé dans la forêt obscure
fait frissonner le poil et claquer les genoux.
Le tryptique à l'autel porte la mort infâme
de la vierge au long col et qui allait masquée,
La Belle Surinée pleure sa longue plainte.

Blog d'Olivia  Désirs d'histoire


Challenge qui commence le 1er Novembre dans mon blog. Je prends un peu d'avance!

mercredi 12 octobre 2011

Challenge Romantique : Caspar Friedrich, Falaises de craie sur l'île de Rugen



Merci beaucoup à tous ceux qui sont venus me dire qu'ils participeraient au challenge romantique que je suis en train d'organiser. Merci aussi à ceux qui nous ont sympathiquement encouragés. Je leur donne donc rendez-vous le 1er Novembre date du début du challenge où je vous expliquerai de quoi il s'agit exactement.  Je vous rappelle qu'il concerne la littérature  européenne mais aussi l'Art, peinture , musique.. à l'époque romantique
Dans le billet de Mardi 11, je vous demandais quels étaient le peintre et le tableau qui ont été utilisés pour le logo du challenge? Aymeline, Cléanthe Dominique, Jeneen ont trouvé : 

Il s'agit de Caspar David Friedrich

Peintre Allemand Caspar David Friedrich est né à Greifswald en 1774 et mort à Dresde en 1840, Il est considéré comme  le plus grand des peintres romantiques allemands.
Le tableau s'intitule : Falaises de craie sur l'île de Rugen


L'île de Rugen est l'un des plus grandes îles allemandes, située en mer Baltique. C'est là que Friedrich venait dans sa jeunesse, arpentant l'île et ramenant de nombreux croquis. La jeune femme en robe rouge, si gracile et si élégante, est Caroline Brommer, une jeune fille de vingt ans sa cadette que Caspar David Friedrich épousa en 1818. Rugen est le lieu de  leur voyage de noces et cette scène fut peinte à ce moment là. Elle se situe au bord d'un ravin, à l'est de Rugen, sur le bord  de cette côte crayeuse. La jeune femme s'agrippe à un arbuste d'une main et de l'autre désigne des fleurs rouges. Son mari est penché au bord du vide : regarde-t-il l'abîme comme le suggèrent les critiques d'art, spécialistes de Friedrich, ou bien est-il tout simplement, comme je le crois, en train de cueillir un fleur ou bien d'herboriser? Occupation peut-être prosaïque mais que  semblent corroborer son chapeau et son bâton déposés négligemment à côté de lui..  Je me suis demandée aussi s'il ne cherchait pas ses lunettes tombées sur le sol, risquant ainsi sa vie, en se rapprochant  de  l'abîme! Oui, je sais vous allez dire que mon imagination m'emporte trop loin!  Pourtant ce geste soulignerait la différence d'âge entre les époux, la vieillesse du mari, son angoisse face à cette trop jeune épouse et serait une sorte d'autodérision parce qu'enfin sa position n'a rien de noble.
Bref! Caroline adopte une pose étudiée, pleine de grâce, alors que Caspar  Friedrich paraît surpris dans ses activités bucoliques ou non. Un homme plus jeune, regarde les voiliers dans la mer, au loin, les bras croisés, perdu dans sa contemplation. Le départ d'un bateau est dans l'oeuvre de Freidrich le symbole des âmes qui partent vers l'éternité. Ce personnage introduit donc l'idée de la mort dans un tableau qui paraît pourtant serein, à priori, ce qui  met alors l'accent sur  l'impression de vertige et de danger.
J'aime beaucoup la composition du tableau. La végétation crée une sorte de cercle d'un vert sombre  autour des personnages comme pour les encadrer, au premier plan. Cela permet à la fois de faire ressortir la blancheur des falaises déchiquetées au deuxième plan et le bleu de la mer  en arrière-plan mais aussi d'enfermer les personnages au bord du gouffre, comme suspendus au-dessus du vide, prisonniers.  Chaque fois que je regarde ce tableau je suis d'abord frappée par la beauté de la jeune femme qui symbolise le bonheur et en même temps j'éprouve de l'angoisse; j'ai l'impression qu'elle est en équilibre et qu'elle risque de tomber. Il en est de même pour les autres personnages. J'aimerais pouvoir reculer mais la pointe en forme de V que présente l'angle du terrain, en pente,  un peu décalée par rapport à la ligne médiane, m'entraîne vers le bas. Il n'y a pas d'échappatoire... pour aucun d'entre nous!

Et ce sera ma citation ce jeudi :

Cette image est placée plus que d'autres sous le signe de l'esthétique romantique pure, celle des grands philosophes comme les frères Schlegel, Schelling, Höderlin et surtout Novalis qui prône le culte de l'inquiétude inexprimable cachée sous l'apparence des choses.
Le rappel de la mort dans l'exaltation du bonheur, la brisure mélancolique lors de la découverte de la nature, voilà le principe de contradiction interne, si fréquente dans l'oeuvre de  Friedrich von Hardenberg  dit Novalis et que Freidrich exploite.
Dans les falaises de craie sur l'île de Rugen on est saisi par une sorte de vertige, celui qui guette les promeneurs audacieux sur le bord de l'abîme. On éprouve comme un ravissement vital, un transport contemplatif, mais mélangée à une mélancolie subtile, subite.

Citation extraite du livre de Charles Sala, éditions Terrail, que je suis en train de lire. J'aurai l'occasion de vous en reparler :  Caspar Freidrich et la peinture romantique.


Citation avec Chiffonnette

mardi 11 octobre 2011

Parlons un peu challenge? (1)

J'ai envie de faire une revue des challenges et des jeux littéraires auxquels je participe.




Et tout d'abord le challenge Shakespeare initié par Maggie et moi-même.  Nous vous signalons qu'il est  reconduit une année encore, ce qui laisse le temps à tous ceux qui veulent y participer de le faire. Il s'agit de lire ou de voir des pièces du grand dramaturge élizabethain et de les commenter. Les biographies, les citations, les poèmes sont aussi les bienvenues.
Nous ferons un bilan du challenge, Maggie et moi,  début Novembre.
Personnellement, j'ai écrit 22 billets sur les pièces, les mises en scènes, sonnets, citations ou oeuvres qui évoquent Shakespeare : ICI



 D'autre part, je souhaite vous proposer un challenge sur le thème suivant : Le romantisme.  Dites-moi si vous êtes intéressées? Beaucoup de blogueuses en effet, se disent romantiques.  Mais qu'est-ce que le romantisme? ce mouvement littéraire qui affecte une période donnée, de la fin du XVIII,  selon les pays, jusqu'à la moitié du XIX siècle et ceci dans toute l'Europe. 
Ce challenge permettrait de découvrir la littérature romantique dans tous les pays de votre choix, que ce soit la France, l'Angleterre, l'Italie, l'Allemagne, l'Espagne ... 
Mais aussi dans tous les Genres, le roman, la poésie, le théâtre, la biographie, la correspondance, l'Histoire... 
Et il s'étendrait aussi à tous les arts, puisque nous pourrions nous intéresser à  la peinture, la musique..

 Est-ce que certaines d'entre vous sont intéressés? Si oui, faites-le moi savoir dans les commentaires et s'il y a des réponses, je vous en dirai plus le 1er Novembre, date à laquelle le challenge romantique commencera pour deux ans au moins, ceci afin de laisser du temps à chacune pour s'organiser. Les écrits antérieurs à cette date pourraient être pris en compte.  Alors, oui ou non?

Et pour démarrer,  la question suivante :  De qui est la peinture romantique utilisée pour le logo?

Je m'absente deux jours à Marseille. Jeudi,  je répondrai à la question et je vous parlerai aussi de mes participations aux challenges et aux jeux littéraires dans les autres blogs.

lundi 10 octobre 2011

Magda Szarbo : La Porte Editions Viviane Hamy


Magda Szarbo, est un des plus grands écrivains hongrois, disparue en 2007. Dans La Porte, elle parle de ses rapports avec sa femme de ménage Emerence. Un sujet qui, à priori, paraît bien terre à terre et peut-être même peu attirant. C'est sans compter sur le personnage d'Emerence et le talent de l'écrivain! Car cette vieille femme n'est pas n'importe qui. Douée d'une intelligence supérieure mais sans aucune instruction, elle sait à peine lire et écrire, elle a une personnalité hors du commun!  Et ce n'est pas peu dire! Vous en connaissez beaucoup de femmes de ménage qui demandant à ses patrons des références pour accepter de travailler chez eux? Et qui, lorsqu'on les critique injustement, cesse de venir travailler si les patrons ne demandent pas pardon? Emerence est ainsi, imbattable dans son métier, capable de tenir le ménage de plusieurs familles, d'assurer son travail de concierge, de déblayer la neige pendant les longs mois d'hiver. Pleine de générosité, elle s'occupe des malades et des nécessiteux en leur apportant à manger, offre des cadeaux à sa patronne mais n'en accepte jamais d'elle, trop fière pour cela! Elle règne dans son quartier où tout le monde la connaît. Ajouter à cela qu'elle un don pour parler aux animaux et  que c'est un rien irritant puisque le chien de l'écrivain n'obéit qu'à elle et la choisit pour maîtresse. Mais elle a un secret. Elle ne laisse jamais personne pénétrer dans son appartement et reçoit ses invités, y compris son neveu, sur le pas de la porte. Cette fameuse porte, qui, le jour où elle sera franchie, signifiera sa mort.

Magda Szarbo écrit ce livre pour avouer  sa culpabilité, c'est elle qui a tué Emerence, elle en est persuadée. Ce qu'elle raconte ce sont les rapport d'amour et  d'impatience (ce n'est pas toujours facile d'avoir une femme de ménage pareille), les moments tour à tour traversés d'orage ou d'entente, de coups de tonnerre et de pacification entre elle et Emerence. Autour de ce récit se dessine la personnalité de chaque femme. On découvre le passé douloureux d'Emerence, les drames terribles qu'elle a vécus et qui ont fait d'elle ce qu'elle est. Magda Szarbo nous apparaît aussi comme la voit Emerence, une petite bourgeoise incapable de se suffire à elle-même, qui a besoin d'être assistée et ne saurait pas se débrouiller toute seule. Le récit ne manque d'ailleurs pas d'humour. Et certains épisodes sont même carrément hilarants comme lorsque la vieille dame ramène le chien complètement ivre à ses patrons :
 On a bu un petit coup, répondit-elle avec flegme. Il n'en mourra pas, il avait soif, cela lui a fait du bien.

Ou encore lorsqu'elle apporte au couple qui a des goûts esthétiques raffinés des chiens et des nains en faïence. Emerence regarde avec beaucoup de suspicion ses patrons (le mari de Magda Szarbo est l'écrivain Tibor Szobotka ) car écrire n'est certainement pas un travail sérieux :
... vous n'aurez jamais d'autres soucis que le mal qu'on peut dire de vous dans les journaux, c'est sans aucun doute une ignominie, mais aussi pourquoi avez-vous choisi ce métier minable où chacun peut vous traîner dans la boue. Je ne sais pas ce qui vous a rendu si célèbre parce que vous n'avez pas grand chose dans la tête, vous ne savez rien des autres.
Il lui arrive, en effet, de morigéner sa maîtresse avec un bon sens à toute épreuve qui se révèle être souvent  d'une grande portée philosophique. Ainsi Emerence répond à Magda qui lui reproche de ne pas avoir empêché son amie Polett de se suicider :

Apprenez qu'on ne retient pas celui dont l'heure a sonné, parce que vous ne pouvez rien lui donner qui remplace la vie. Vous vous imaginez que je n'aimais pas Polett, que cela m'était égal qu'elle en ait assez de tout et qu'elle veuille partir? Seulement voilà en plus de l'affection, il faut savoir donner la mort, retenez bien cela, cela ne vous fera pas de mal.
L'écrivain décrit les liens très forts qui naît entre elles, la difficile mais indéfectible confiance que va peu à peu lui accorder Emerence, confiance qu'elle trahira pour le bien de la vieille femme, pense-t-elle, mais aussi par égoïsme et manque de compréhension.

"Il faut savoir tuer qui on aime, c'est plus humain que laisser souffrir" affirme la vieille femme. C'est une leçon dont Magda Szarbo ne comprendra pas la portée.

A travers ce roman apparaît le portrait d'une femme très forte et pourtant très fragile qui tient plus à sa dignité qu'à la vie, avec en arrière-fond le quotidien de tout un quartier et, en filigrane, l'Histoire de la Hongrie et ses tragiques vicissitudes. Un excellent roman.

dimanche 9 octobre 2011

Philippe Soupault : Le pirate


Après le billet précédent sur L'île au trésor de Stevenson,  je continue pour ce Dimanche poétique avec ce poème de Philippe Soupault :
Le pirate
Et lui dort-il sous les voiles
il écoute le vent son complice
il regarde la terre ferme son ennemie sans envie
et la boussole est près de son cœur immobile
Il court sur les mers
à la recherche de l’axe invisible du monde
Il n’y a pas de cris
pas de bruit
des chiffres s’envolent
et la nuit les efface
Ce sont les étoiles sur l’ardoise du ciel
Elles surveillent les rivières qui coulent dans l’ombre
et les amis du silence les poissons
mais ses yeux fixent une autre étoile
perdue dans la foule
tandis que les nuages passent
doucement plus fort que lui
lui
lui

Un livre, un film : Réponse à l'énigme 5 R.L. Stevenson, L'île au trésor


 Tout le monde n'a pas eu la chance de recevoir l'Oscar aujourd'hui mais merci à tous d'avoir participé :

Celles qui ont trouvé le titre du livre :  Dominique; Aymeline;  Thérèse ; Maggie; L'Ecossaise  Bravo!
Ceux qui ont donné les titres des film et du livre : Aifelle; Keisha; Lystig; Eeguab; Kathel; Jeneen; Qu'ils sont forts!

Et oui, le titre de ce livre vous fait réviser vos classiques. Ce livre vous a fait frissonner de peur,  du moins certains d'entre vous, dans votre enfance, à la recherche d'un trésor avec son jeune héros Jim, Hawkings, un récit hanté par les silhouettes hautes en couleur et sinistres des pirates Long John Silver, Chien Noir, Pew, Billy Bones... Bien sûr, il s'agit de L'île au trésor de  Robert Louis Stevenson.

  Je vous parle du livre, Wens du film : ICI

A l'auberge de l'Amiral Benbow, Jim Hawkins et sa famille hébergent un marin qui se fait appeler le Capitaine et qui n'est autre que Billy Bones, un pirate. Celui-ci vit dans la terreur de voir arriver ses ennemis, sinistres personnages qui vont bouleverser les habitudes de la paisible auberge de l'Amiral Benbow. Quand le capitaine meurt subitement, désigné par la tache noire, Jim découvre dans sa malle un carte de l'île au trésor. Le chevalier Trelawney décide d'armer un navire et de partir avec le docteur Livesey et le jeune garçon à la recherche du trésor. L'expédition doit rester secrète mais Trelawney, naïf, engage comme cuisinier, un marin à la jambe de bois, Long Jones Silver et toute une équipe de forbans et ceci malgré l'opposition du capitaine Smolett, commandant du navire l'Hispaniola. Quand l'Hispaniola s'éloigne du port, le lecteur sait déjà que le voyage ne sera pas de tout repos!

Robert Louis Stevenson commence à inventer l'histoire de l'île au trésor pour distraire son beau-fils,  Lloyd Osbourne, le fils de sa femme Fanny, une américaine divorcée qu'il avait épousée en 1880.  Il crée un personnage Jim Hawkins qui à l'âge de Lloyd, 14 ans, et invente une île semblable à un navire auquel il emprunte les termes de marine pour créer les lieux imaginaires. Pendant de longues après-midi pluvieuses, dans le château de Balmoral, où il s'est installé en Ecosse, il conte devant son public les aventures de ces personnages. Ce n'est qu'ensuite qu'il passera à l'écriture. Le roman paraît sous forme de feuilleton en 1882 sous le titre de Capitaine John North dans l'hebdomadaire Young Folk. Il sera édité en Novembre 1883.  En 1886 , il publie le livre qui va le rendre définitivement célèbre et remporter un immense succès :  L'étrange cas Docteur Jekill et de M. Hyde dont j'ai découvert  l'origine lors d'un voyage à Edimbourg ( ICI).

Dans le roman de Stevenson, le narrateur est Jim Hawkins, plus âgé. Il écrit à la demande de monsieur Trelawney et du docteur Livesey pour fixer le souvenir de l'île où il reste encore un trésor. Le docteur est le narrateur de trois chapitres au moment où Jim Hawkins est sur l'île et non avec eux sur le navire.
Dans le livre comme dans le film, une complicité naît entre Jim et Long John Silver. Le jeune garçon a perdu son père (celui-ci a déjà disparu quand commence le film alors qu'il va mourir au début du roman.) John Silver est pour Jim le substitut du père et celui-ci le considère un peu comme son fils. C'est un scélérat mais pas entièrement mauvais. Au contact de Jim, il retrouve une innocence première, est capable de sentiments humains (c'est ce qui sauvera la vie de Jim) même s'il reste filou, retors et traître. Pourtant le film de Fleming va plus loin que le roman en ce qui concerne les relation des deux personnages :  Jim, pris de pitié pour John Long Silver le libère et lui permet de fuir; au dernier moment le pirate donne à Jim la bourse qu'il a dérobée au trésor en creusant un trou dans la paroi de sa geôle. Dans le roman de Stevenson, la libération du forban par l'enfant serait contraire au sens de l'honneur de Jim et donc à son caractère. C'est le naufragé, Ben Gum, qui le laisse s'enfuir. Tous en sont bien soulagés et le pirate emporte son larcin.

L'amiral Benbow a existé :  Il s'est illustré, en cherchant à attaquer Brest avec sa flotte de 220 navires, dans la guerre contre les français, pour défendre La Nouvelle-Angleterre, colonie anglaise sur le territoire américain.

Mon avis : Le livre de Robert L. Stevenson et le film de Victor Fleming sont donc très proches l'un de l'autre. Le récit est respecté dans le film malgré quelques transformations qui n'affectent pas l'histoire proprement dite. Le film est servi par une belle interprétation. Lionel Barrymore joue le rôle de  Billy Bones et Wallace Beery endosse le rôle de John Long Silver ; il me fait rire tant la filouterie éclate sur son visage. Sa façon de berner l'enfant est comique et fait ressortir la naïveté de Jim. Mais le John Long Silver de Stevenson, peut-être parce que je l'ai lu quand j'étais enfant, m'avait nettement plus inquiétée. Je l'avais trouvé beaucoup plus subtil dans la traîtrise et la bande de flibustiers encore plus sinistres! Je n'ai donc pas eu le même ressenti dans les deux oeuvres mais pas le même âge non plus pour la découverte. Je garde une préférence pour le roman.


TESTEZ VOS CONNAISSANCES  : Etes-vous de bons lecteurs de Stevenson  ou (et) de bons pirates? ET REGARDEZ LE RÉSULTAT EN BAS DE LA PAGE


1) Stevenson est mort sur une île. Laquelle?

2)De quel port part le bateau l'Hispaniola?

3) Connaissez vous le type de navire l'Hispaniola

4) quel est sa vitesse en mer?

5) que veut dire le verbe marronner

6) Que signifie "pièces de huit!"

7) qu'est-ce que la tache noire?

8) pourquoi les pirates portent-ils une boucle d'oreille?

9)Pourquoi les pirates avaient-ils des perroquets?

10) Quel est l'animal le plus détesté des pirates et dont on ne doit pas prononcer le nom sur le navire

11) Quelle est la femme pirate la plus célèbre. Quel film a-t-elle inspiré?


Welter source

 RÉPONSES

1) Robert Louis Stevenson est mort en 1893 en Polynésie, dans les îles Samoa, à Apia qui est la capitale de l'archipel. Les indigènes l'appellent Tusitala, le conteur d'histoires. Il est enterré sur l'île, au sommet du mont Vaea. Lors de ses obsèques 400 Samoans se relayèrent pour porter son cercueil au sommet. Sur le sarcophage un seul mot inscrit : Tusitala.

2) le bateau part du port de Bristol

Où sommes -nous? demandais-je
- A Bristol, dit Tom, descendez.

 Nous eûmes donc à marcher, à mon grand plaisir, le long des quais où étaient amarrés une multitude de bateaux de toutes tailles, formes et nationalités.

3) et 4) l'Hispaniola est une goélette dont la vitesse peut varier entre 5 et 14 noeuds entre 9 et 26 Km/h

L'Hispanolia était sous grande voile et ses deux foc blancs; les merveilleuses voiles brillaient au soleil comme de l'argent ou de la neige. (..) cependant la goélette se redressa peu à peu..

5) Le flibustier marronné est abandonné sur une île déserte; cet horrible châtiment est appliqué à Ben Gunn que Jim découvre sur l'île.

Marronné , il y a trois ans, j'ai vécu de chèvres,  de fruits ,de coquillages...

6) Pièces de huit! Les pièces d'or avaient un certain poids. On pouvait les découper en morceaux, jusqu'à huit, pour payer son dû selon l'estimation.

Mes plus terribles cauchemars sont ceux où j'entends le ressac tonner sur les côtes, et où j'entends la voix stridente du capitaine Flint qui hurle à mes oreilles :
Pièces de Huit! Pièces de huit!

7)La tache noire : signe d'annonciation de la mort chez les pirates qui étaient très superstitieux, si superstitieux que Billy Bones meurt d'une crise cardiaque en recevant ce signe.

Mais qu'est-ce que la tache noire, capitaine? demandais-je.
- C'est un avertissement camarade. Je te le dirai s'ils en viennent là.

8) L'anneau des pirates :  depuis l'antiquité, chez les marins, porter un anneau d'or à l'oreille préserve des naufrages et des noyades. Le trou dans le lobe de l'oreille percée était censé procurer une bonne vue. La boucle symbolise aussi les fiançailles entre le marin et la mer. Il fallait avoir franchi le cap Horn pour pouvoir le porter. On retirait l'anneau du pirate au moment de sa mort pour payer ses obsèques.

Je vis aussi  nombre de vieux marins avec des anneaux aux oreilles, des favoris bouclés et des catogans poisseux.

9) En dehors du fait qu'il était un bon compagnon de voyage, le  perroquet est utile sur un navire car il peut prédire le temps. S'il lisse ses plumes, c'est qu'il va y avoir un orage, s'il parle sans cesse,  manifeste des signes d'agitation, le temps est incertain. De plus, tuer un perroquet porte malheur.

Le perroquet vert de Sylver, capitaine Flint! C'était lui que j'avais entendu becqueter une écorce, c'était lui qui montait la garde mieux que quiconque et qui annonçait mon arrivée avec son éternelle rengaine!

10) Il ne faut pas prononcer le mot lapin ou  lièvre qui est l'animal détesté car il adore le chanvre  et grignote les cordages et l'étoupe faites en chanvre. On le nomme la bête aux grandes oreilles.


11) La femme pirate la plus célèbre  est Ann Bonny originaire d'Irlande (1697-1720?). Le film qui lui est consacré a pour titre : La Flibustière des Antilles de Jacques Tourneur avec Jean Peters. (1951). Elle a navigué avec Rackam le Rouge.

samedi 8 octobre 2011

Un livre, un film : Enigme du samedi N°5


 Wens du Blog En effeuillant le chrysanthème et  moi-même Claudialucia de Ma Librairie, nous vous proposons pendant toute l'année un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre/ Un film.

  Il s'agit de découvrir à partir d'un extrait de texte et d'indices quelle est l'oeuvre littéraire - titre et nom de l'auteur - qui est à l'origine d'une adaptation au cinéma. Pour le film, chez Wens, il vous faudra trouver le nom du réalisateur, des acteurs principaux et éventuellement le titre s'il est différent de celui du roman ou de la nouvelle.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs qui n'auront gagner que la gloire de participer (avouez que c'est beaucoup!) sera donnée le Dimanche.


 Enigme 5



Et voilà le roman d'un écrivain écossais qui a enchanté notre enfance. J'espère que le personnage principal et ses comparses ne vous ont pas trop terrifiés. Je ne vous en dis pas plus,  c'est un classique! Vous le retrouverez bien vite, je suppose...  Chez Wens, vous irez voir  quel est le réalisateur du film et surtout quels acteurs célèbres interprètent les rôles principaux. Rendez-vous dimanche pour le compte rendu.

C'était habituellement un homme très taciturne. Le jour il errait autour de la baie, ou sur les falaises, muni d'un lunette d'approche en cuivre; le soir, il s'asseyait dans un coin de la salle, près du feu et buvait des grogs très forts. La plupart du temps, il ne répondait pas quand on lui adressait la parole mais vous regardait brusquement d'un air féroce et soufflait dans son nez comme une trompe par temps de brume; aussi tout comme les gens qui venaient chez nous, nous apprîmes bientôt à le laisser tranquille. Chaque jour au retour de sa promenade, il demandait si aucun marin n'était passé sur la route.

vendredi 7 octobre 2011

Un mot, des textes : Hommage à Marc Chagall




Dans son blog Désirs d'Histoire, Olivia nous propose le  jeu d'écriture : Des mots une histoire. Aujourd'hui voilà la liste des mots qu'il fallait placer dans le texte :  cousin – coussin – homonyme – accordéon – zinzolin – retour – partance – respirer – irradier – déracinement – fauve – voyage – partisan – ankylosé – araignée – vivre – résolution – forme – éclat – toile



Hommage à Marc Chagall

Les enfants amoureux, sur leur cheval de rêve
Les ailes déployées, sont toujours en partance 
Le corps ankylosé par une vaine errance
Ils s'envolent enfin de l'arbre zinzolin
où l'araignée du soir dans sa toile vermeille
les retient prisonniers de sa dentelle obscène
Crinière dans le vent, ils partent en voyage
Espoir de non retour, respirer, vivre enfin
                 Partisans de l'oubli, ils survolent le monde
disent adieu aux cousins de la terre, leur mère
Lent déracinement, ils oublient leurs liens
Puisant dans l'homonyme de leur amour terrestre
 La Forme de leurs mains et l'éclat de leurs yeux.
Le ciel irradiant un éclair fauve et flamme
ils se laissent bercer par la forme des astres
Douce résolution des harmonies célestes
   Ils dansent dans le ciel parmi leurs rêves bleus
L'oiseau tourbillonnant, l'ange à l'accordéon,
  Le coq blanc renaissant des plumes du coussin
  et le violon dansant et le poisson astral
 Les chandelles allumées président à leur noce 
  Ils s'enlacent, amoureux, dans un élan divin 
Et l'arbre de jouvence aux paisibles fleurs bleues
 dans un feu d'artifice s'élève jusqu'aux cieux.









Blog d'Olivia 


jeudi 6 octobre 2011

Charles-Monroe Schluz et Montaigne : la vie c'est comme...




Snoopy : un de mes philosophes préférés...


La vie, c’est comme un cône glacé ; il faut savourer chaque bouchée.

 Pas si éloigné de Montaigne après tout :

Les autres sentent la douceur d'un contentement et de la prospérité, je la sens ainsi qu'eux, mais ce n'est pas qu'en passant et en glissant : si la faut-il étudier, savourer, ruminer., pour en rendre grâces... Ils jouissent les autres plaisirs comme ils font celui du sommeil sans les connaître. A celle fin que le dormir même ne m'échappât ainsi stupidement, j'ai autrefois trouvé bon qu'on me le troublât pour que je l'entrevisse. 
Livre III chapitre XIII

Avec Chiffonnette