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samedi 20 décembre 2014

Bonnes fêtes et joyeux Noël

Bonnes fêtes


Wens et moi nous ne pourrons pas vous proposer une énigme ce samedi 20 Décembre.  Nous vous donnons rendez-vous au mois de Janvier 2015! En attendant nous en profitons pour vous souhaiter chaleureusement de joyeuses fêtes et un bon Noël.


création numérique pour Noël

Joyeux Noël

 

 

dimanche 14 décembre 2014

Bilan partiel du challenge Victor Hugo : Bug-jargal et propositions de lecture

 
 

Propositions de Lecture sur Victor Hugo Année 2015

 

 10 Janvier : Votre poème préféré

Inscrits : Aaliz, Aifelle, Claudialucia, Margotte, Miriam, Moglug, Valentine


10 Mars : Hernani

Claudialucia,  Eimelle? Nathalie, Moglug , Laure ... 

 

10 Mai : un "petit"roman à choisir parmi les trois titres : Claude Gueux? Hans d'Islande? ou Le dernier jour d'un condamné ?

Laure,  claudialucia, Nathalie...

 

10  Juin :  Un poème à choisir dans La Légende des siècles

Margotte, claudialucia

10 Octobre : Notre-dame de Paris

  Nathalie, Laure, claudialucia

10 Novembre :   Un poème à choisir dans le recueil Les orientales


 10 décembre :  Une pièce de théâtre : Ruy Blas

Nathalie, Laure, claudialucia




Compte rendu de la LC sur Bug-Jargal


Voici les billets autour de Bug-Jargal  pour la lecture commune des participants du challenge Victor Hugo (et challenge romantique)


Lecture commune avec :


 Claudialucia  Ma librairie

Bug-Jurgal est le premier roman de Victor Hugo écrit en 1818 à la suite d’un pari avec ses camarades de classe. Il avait alors seize ans! Remanié en 1826, ce livre de jeunesse témoigne d’un  génie précoce et contient déjà en germe les thèmes du grand Victor Hugo même si l’on sent qu’il n’est pas encore- et pour cause- parvenu à maturité.

Burg-Jargal raconte la révolte des esclaves de Saint-Domingue en 1791. Le narrateur est le capitaine Léopold d’Auverney. Pendant les guerres révolutionnaires, il fait le récit à ses amis officiers de ces évènements auquel il a été étroitement lié. Cette narration devait appartenir à un recueil intitulé Contes sous la tente, chaque officier devant à son tour raconter une histoire pour meubler les longues nuits de bivouac. Projet abandonné par l’auteur. (suite)


   Laure blog Mic Mélo

Bug-Jargal alias Pierrot, un esclave noir, est le premier roman de Victor Hugo, son roman de jeunesse, écrit à 16 ans en 1818, en seulement quinze jours.
Le récit se passe en 1791, pendant la révolte des noirs de Saint Domingue. Le Capitaine Léopold d’Auverney raconte à un petit groupe d’hommes une histoire qui lui est arrivée dans sa jeunesse, à l’époque où il devait épouser la jeune et belle Marie.

A différents moments, il va croiser la route d’un esclave noir, Pierrot, qui va tour à tour s’opposer à lui, lui sauver la vie, enlever et aimer Marie, être prêt à mourir pour elle, pour lui, à combattre pour les esclaves noirs et leur liberté, à défendre des valeurs d’honneur et des valeurs morales, à vivre de manière passionnée.
Quand même, ce roman est un bel exemple de grandiloquence et d’excès en tout genre.. (suite)


Margotte, Blog Le bruit des pages
   
Sans la lecture commune proposée par Claudialucia, je ne me serais sans doute pas dirigée vers ce roman de Victor Hugo. Deux raisons m'ont poussée vers cette lecture : l'aspect "rareté" (c'est un ouvrage vraiment peu connu d'un auteur porté au Panthéon...) et le fait que cela soit un récit de jeunesse. En effet, Victor Hugo a remanié plusieurs fois ce texte sans doute écrit à l'origine à 16 ans (et en quinze jours) sous la forme d'une nouvelle. Paru initialement dans le Conservateur littéraire, Bug-Jargal sera ensuite publié chez Urbain Canel en 1826, année durant laquelle paraissent aussi les Odes et ballades.
Dans ce roman, comme dans Hans d'Islande, Hugo laisse libre court à son admiration pour Walter Scott. Il plonge son lecteur dans une histoire exotique qui se déroule à Saint-Domingue et s'appuie sur les révoltes des esclaves qui verront naître les combats d'un Toussaint-Louverture.  (suite)


 Miriam Blog carnet  de voyages
  
On a toujours l'image de Victor Hugo dans sa vieillesse, on imagine moins l'adolescent qui déclara "je veux être Chateaubriand ou rien" à 14 ans ou qui, en 1818, paria avec ses camarades qu'il écrirait un roman en 15 jours. C'est Bug-Jargal, ce premier roman de Victor Hugo paru d'abord en 1819 puis remanié en 1826.


"Est-ce que les esclaves sont quelque chose?  - Oui monsieur, dit le vieux maréchal de camp de Rouvray, oui les esclaves sont quelque chose ; ils sont quarante contre trois ; et nous serions à plaindre si nous n'avions à opposer aux nègres et aux mulâtres que des blancs comme vous." (suite)


 Moglug /Magali, Blog Synchronicité et Serendicipité
  
L’histoire débute dans un campement militaire. Un sergent entre dans la tente où ses collègues sont rassemblés. Il s’est blessé en partant à la rescousse de Rask le chien de son capitaine. Idée stupide, semble-t-il, jusqu’à ce que le capitaine D’Auverney entreprenne de raconter l’histoire de ce chien et de son précédent maître, Bug-Jargal autrement nommé Pierrot. Cette anecdote militaire est le prétexte pour entrer dans la narration d’un fait historique majeur : la révolte des esclaves de Saint-Domingue en 1791. Avec Bug-Jargal, Victor Hugo signe son premier roman, il a alors 16 ans, et l’œuvre est impressionnante de détails sur la vie dans les colonies françaises et d’idéaux revendiqués; (suite)

Propositions de Lecture sur Victor Hugo

 

 10 Janvier : Votre poème préféré

Inscrits : Aaliz, Aifelle, Claudialucia, Margotte, Miriam, Moglug, Valentine


10 Mars : Hernani

Claudialucia,  Eimelle? Nathalie, Moglug , Laure ... 

 

10 Mai : un "petit"roman à choisir parmi les trois titres : Claude Gueux? Hans d'Islande? ou Le dernier jour d'un condamné ?

Laure,  claudialucia, Nathalie...

 

10  Juin :  Un poème à choisir dans La Légende des siècles

Margotte, claudialucia

10 Octobre : Notre-dame de Paris

  Nathalie, Laure, claudialucia

10 Novembre :   Un poème à choisir dans le recueil Les orientales


 10 décembre :  Une pièce de théâtre : Ruy Blas

Nathalie, Laure, claudialucia








mercredi 10 décembre 2014

Victor Hugo : Bug-Jargal



Un premier roman


Bug-Jurgal est le premier roman de Victor Hugo écrit en 1818 à la suite d’un pari avec ses camarades de classe. Il avait alors seize ans! Remanié en 1826, ce livre de jeunesse témoigne d’un  génie précoce et contient déjà en germe les thèmes du grand Victor Hugo même si l’on sent qu’il n’est pas encore- et pour cause- parvenu à maturité.

Burg-Jargal raconte la révolte des esclaves de Saint-Domingue en 1791. Le narrateur est le capitaine Léopold d’Auverney. Pendant les guerres révolutionnaires, il fait le récit à ses amis officiers de ces évènements auquel il a été étroitement lié. Cette narration devait appartenir à un recueil intitulé Contes sous la tente, chaque officier devant à son tour raconter une histoire pour meubler les longues nuits de bivouac. Projet abandonné par l’auteur.

Burg-Jargal sauve Marie illustration de Jean-Alphone  de Beaucé

Le récit


Léopold est le neveu d’un riche colon de Saint Domingue, maître dur et implacable qui possède de nombreux esclaves. Léopold n’approuve pas l’esclavage mais il ne se préoccupe pas trop du sort des malheureux, préférant ne pas voir ce qui se passe, car il nage dans le bonheur . Il va bientôt épouser sa cousine, Marie, la fille de son oncle. Un jour ,Pierrot, un esclave de la plantation, amoureux de Marie, sauve la vie de la jeune fille attaquée par un crocodile. Mais peu de temps après, il est emprisonné et condamné à mort pour avoir tenu tête à son maître. Léopold rend visite à Pierrot dans sa prison et devant la noblesse des sentiments du jeune noir et son courage, il devient son ami, son « frère ». Il s’aperçoit bien vite que Pierrot, fils du roi du Congo, jouit d’un grand prestige auprès de ses semblables. Le jour du mariage de Marie et Léopold, la révolte des esclaves éclate. Pierrot en sera l’un des chefs incontestés sous le nom de Bug-Jargal. Mais d’autres hommes ambitieux se disputent le pouvoir, en particulier le cruel et sanguinaire Jean Biassou. L’amitié entre Burg-Jurgal et Léopold d’Auverney pourra-t-elle survivre alors que le noir a enlevé Marie dont on ne retrouve plus les traces? Léopold tombé aux mains de Biassou échappera-t-il à la vengeance du nain, Habibrah, complice de Biassou et chapelain des révoltés?

Le récit est bien mené et se lit avec plaisir même s’il n’est pas terminé. Si nous savons dès le début que Bug-Jargal et Marie sont morts, nous n’apprenons ce qu’il advient du capitaine d’Auverney, de sa fidèle ordonnance, le sergent Thadée, et de Rask, le chien fidèle de Bug-Jargal, que par des  notes ajoutées en 1826 à la fin de l’ouvrage.

Jean Biassou

 Préjugés racistes et anti-révolutionnaires


Victor Hugo n’est pas encore le républicain que nous connaissons, il est anti-révolutionnaire. Il se déclare contre l’esclavage mais, à l’exclusion de Bug-jargal qui fait preuve d’humanité envers ses victimes, il dépeint les révoltés comme des sauvages fanatiques et superstitieux, des rebelles sanguinaires. Et il se laisse aller à des préjugés raciaux anti-noir à maintes reprises. Son héros n’aime pas voir les esclaves souffrir mais n’intervient à aucun moment pour améliorer leur sort.  Pourtant, dans un souci de justice, Hugo a à coeur de présenter les deux points de vue, celui de l’esclave et celui du maître, dénonçant ainsi l’iniquité de l’esclavage. A d’Auverney, naïf, qui pense que le nain Habibrah doit avoir de la reconnaissance envers son maître qui le traitait bien, celui-ci répond qu’il n’éprouve que la haine envers quelqu’un qui l’humiliait chaque jour en se moquant de sa disgrâce physique.

Le nain Habibrah

On reconnaît dans ce premier roman des personnages qui peuvent servir d’ébauche et seront développés dans d’autres grands romans. Le nain Habibrah, difforme, hideux, peut évoquer le Quasimodo de Notre-Dame de Paris, Le Gwinplaine de L’Homme qui rit, ou le Triboulet de Le Roi s’amuse, la figure du révolté Bug-Jargal fait partie de la longue liste des héros hugoliens en lutte contre l’injustice, Hernani, Ruy Blas, ou le révolutionnaire Gauvain de Quatre-vingt-treize… Léopold, prisonnier de Biassou attend son exécution dans sa prison comme dans Le dernier jour d’un condamné.
Certaines scènes préfigurent aussi celles des grands romans : Le combat de d’Auverney contre le nain  qui cherche à l’entraîner dans le gouffre est celui de Gilliatt contre la pieuvre dans Les travailleurs de la mer.

D'Auverney retient le nain Habibrah suspendu dans l'abîme


Dans ce premier roman VH fait preuve dès 1818 d’un talent certain qui va aller en se confirmant d’année en année  jusqu'à son apogée en 1830 lors de la bataille d’Hernani, faisant de lui le chef de file du mouvement romantique.

Lecture commune avec :Laure,  Magali, Margotte, Miriam



lundi 8 décembre 2014

La Boétie : De la servitude volontaire ou le Contr'un



Il y avait longtemps que je voulais lire De la servitude volontaire ou le Contr'un, l'essai de La Boétie, pour que ce dernier ne soit plus seulement un nom rencontré dans Les Essais de Montaigne. Maggie me l'a proposé en Lecture commune mais ce n'est que maintenant et avec retard que je m'acquitte  de cette tâche!
Et je dois dire d'entrée que ce texte m'a procuré un vif  plaisir lié à mon admiration pour la liberté de pensée, la profondeur de vue, la hardiesse et les idées de ces hommes du XVIème siècle, ces humanistes si tolérants, si lucides, si ouverts aux idées nouvelles. Après eux, il faudra attendre les philosophes du XVIII siècle pour aller aussi loin.

Critique du gouvernement d'un seul

Les idées politiques de la Boétie sont si perturbantes que son ami Montaigne, lui-même, devenu son exécuteur testamentaire, a reculé et a renoncé à publier  De la servitude  Volontaire ou le Contre'un. Il ne voulait pas nourrir les revendications des protestants qui s'étaient emparés du texte de la Boétie pour critiquer le pouvoir royal dans un but religieux. Mais il est bien souvent lui-même en accord avec  son ami (Voir Les cannibales)
C'est que cet essai présente la critique du gouvernement d'un seul (le Contr'un) et déplore l'obéissance passive de tout un peuple à ce pouvoir unique, obéissance que La Boétie appelle "la servitude volontaire".

"pour ce coup, je ne voudrois rien sinon entendre comme il se peut faire que tant d'hommes, tant de villes, de nations endurent quelque fois un tyran seul, qui n'a de puissance que celles qu'ils lui donnent; qui n'a pouvoir de leur nuire sinon qu'ils ont de vouloir de l'endurer; qui ne sçaurait leur faire mal aucun, sinon lors qu'ils aiment mieulx le souffrir que de le contredire."

Problèmes d'interprétation


On notera que La Boétie emploie le terme tyrannie dans un sens très général et il se garde bien de parler de la royauté française. La question se pose donc depuis des siècles : La Boétie a-t-il écrit un essai purement rhétorique ou au contraire un pamphlet virulent dicté par évènements contemporains qui traversent la France dans ces périodes de misère qui voient le peuple se soulever contre la gabelle et le pays se déchirer dans des querelles religieuses sanglantes? La Boétie est-il un théoricien ou un témoin de son temps et qui prend parti? Les partisans des deux interprétations sont partagés.
L'un d'eux affirme que le tyran de la SV n'est autre que Henri III.* D'autres proposent d'autres noms, Henri II, Charles IX. Certains pensent que le texte a été remanié par Montaigne ou par les huguenots  après la mort de la Boétie pour servir leurs idées. Un critique affirme, étant donné les nombreuses citations d'auteurs grecs ou romains, que c'est seulement une oeuvre d'inspiration antique. A l'inverse, un tel voit en lui un précurseur de la révolution française! Tout et son contraire! Quand les plus grands spécialistes  du XVIs se déchirent sur un tel sujet, il ne reste plus qu'à se taire!

Les raisons de la servitude volontaire


Pourtant, quand la Boétie écrit ce qui suit*, il paraît très clair sur la définition de la tyrannie et il y englobe la notion de royauté. Mais tenu à une extrême prudence il reste toujours très discret et rien ne permet d’affirmer dans quel but il a écrit cet ouvrage : éclairer?  Faire réfléchir? ou aller plus loin critiquer le pouvoir royal? Appeler à la révolte? Il n’en reste pas moins que j’ai lu ce texte comme une dénonciation, que j’y ai senti une indignation et une conscience lucide.

*Il y a trois sortes de tyrans, les uns ont le roiaume par election du peuple; les autres par la force des armes; les autres par succession de leur race. ceus qui les ont acquis par le droit de la guerre, ils s’y portent ainsi qu’on conçoit bien qu’ils sont en terre de conqueste. ceus la qui naissent rois, ne sont pas communement gueres meilleurs, ains estans nés et nourris dans le sein de la tiranie avec le lait la nature du tiran, et font estat des peuples qui sont soubs eus comme de leurs serfs hereditaires (…) . celui a qui le peuple a donne l’estat devrait estre, ce me semble, plus supportable, et le seroit,comme je croy, n’estoit que delors qu’il se voit eslevé par dessus les autres, flatté par je sçay quoy qu’on appelle grandeur, il délibère de n’en bouger point…

Mais ce qui intéresse surtout La Boétie c’est de comprendre pourquoi les peuples acceptent sans réagir le pouvoir d'un seul. Voilà qui est étonnant car, affirme la Boétie, l’homme tend naturellement vers la liberté. L’amour qu’il a pour elle est inné chez lui.
La lâcheté des peuples ne peut être la seule explication possible. La force de la coutume et l'habitude de servir ne mèneraient-elles pas à l'acceptation de la tyrannie et à l'obéissance passive? Il oppose ainsi la nature à la coutume, l’inné et l'acquis.
Enfin, l’ignorance de ce qu'est la liberté expliquerait aussi cette servitude volontaire.

L'on en se plaint jamais de ce que l'on n’a jamais eu, et le regret en vient point sinon qu'après le plaisir; et toujours est avec la coignaissance du mal la souvenance de la joie passée.

Seule la culture et le savoir peuvent permettre de rester fidèle à l’idée de liberté et d’être conscient du joug que l’on subit. L’ignorance est donc une des bases les plus solides sur lesquelles s’établissent les tyrans. Et ceux-ci l’ont bien compris qui refusent l’instruction à leurs sujets et cherchent à les endormir avec des largesses et des fêtes qui les détournent de la pensée, les rendent crédules, et les amènent à une sorte de dévotion superstitieuse envers eux.

Le Grand Turc s’est bien avisé de cela que les livres et la doctrine donnent plus que tout autre chose aus hommes, le sens de se reconnoistre, et d’hair la tirannie; j’entens qu’il n’a en ses terres gueres de gens scavants, ni n’en demande.

On voit l’actualité du sujet car les régimes totalitaires et les idéologies d’extrême droite ne fonctionnent pas autrement.
Goering disait : « Quand j’entends parler de culture, je sors mon revolver » et une des premières mesures que prennent les islamistes extrémistes c’est d’interdire l’école aux filles. Louis XIV comme le régime hitlérien ou stalinien se basaient sur le culte de la personnalité.

Mais le véritable secret de la domination du tyran pour La Boétie, c’est que le tyran s’entoure toujours de quelques personnes cupides, avides de pouvoir et de richesses pour asseoir son pouvoir. Ceux-ci perdent leur liberté dans la crainte de déplaire au tyran et se font ainsi les gardiens les plus sûrs du régime. Rien n’a changé en politique depuis la Boétie et l’antiquité!



 Etienne de la Boétie, philosophe et poète, connu pour avoir été l'ami mythique de Montaigne, est surtout l'auteur d'un court texte resté dans la postérité: le Discours de la servitude volontaire . Ecrit à l'âge de 18 ans, par celui que Pierre Clastres n'hésitait pas à appeler "le Rimbaud de la pensée", ce texte qui constitue une oeuvre de référence sur la question de la légitimité du pouvoir politique a été depuis le XVIe siècle constamment réimprimé. Traduit en quinze langues, il a donné lieu à une masse impressionnante de commentaires et d'interprétations. Toutes les périodes de troubles politiques ont vu réapparaître ce manifeste contre la tyrannie et il est aujourd'hui encore convoqué par divers courants de pensée. Ces annexions militantes témoignent de la résonance profonde et durable de ce texte et en font un cas "curieux", énigmatique. C'est sur cette énigme que se propose de se pencher cette émission, en interrogeant le texte du Discours, dont la question centrale demeure toujours d'une modernité surprenante : pourquoi obéit-on ?


Lecture commune avec Maggie, Margotte

dimanche 7 décembre 2014

Agota Kristof : Le Grand Cahier




Agota Kristof (en hongrois Kristóf Ágota), née le 30 Octobre 1935 à  Csikvand en Hongrie et est morte le 27 juillet 2011  (à 75 ans) à Neuchatel est une écrivaine, poète, romancière et dramaturge suisse. Elle écrit la plus grande partie de son œuvre en français (sa langue d'adoption, cette langue qu'elle appelle « ennemie ») Wikipédia




Le Grand Cahier est l'histoire de deux jumeaux Klaus et Lucas que leur mère laisse à la campagne, chez leur grand mère, pour leur éviter les bombardements de la grande ville. La grand mère que l'on appelle la Sorcière parce qu'elle est soupçonnnée d'avoir empoisonné son mari est une femme, dure, cruelle, avare. Les enfants vont subir de mauvais traitements d'elle mais aussi de leur entourage. Peu à peu, ils vont apprendre à survivre en faisant des exercices d'endurance pour apprendre à résister aux coups, aux injures, aux abus sexuels dont ils sont les victimes, à la pauvreté et à la faim, à l'omniprésence de la Mort. Ils consignent tout dans le grand cahier qu'ils ont acheté dans la papeterie du village.

La dénonciation de la guerre et les Mozarts qu'on assassine 

 

Le Grand Cahier est une sorte de recueil de toutes les dépravations et les noirceurs des hommes : pédophilie, sado-masochisme, zoophilie, nécrophilie... je crois volontiers Agota Kirstof quand elle dit d'elle-même qu'elle est très pessimiste et voit toujours le côté noir de l'existence. Je n'ai lu qu'un livre qui la concurrence dans la cruauté et les souffrances que l'on fait subir à des enfants, c'est L'oiseau bariolé de Jerzy Kosinski et tous les deux s'inscrivent dans le contexte de la guerre pour la dénoncer et en montrer l'horreur. Il est vrai que lorsqu'on lit Les Bienveillantes de Jonathan Littell on comprend qu'il n'y pas de limites aux actes de barbarie que peut accomplir l'être humain. Il n'y a pas de limites! Alors même si Le Grand Cahier fait frémir et provoque de la répulsion, il m'a fallu le lire. J'ai pensé à ce que nous faisons subir aux enfants à notre époque dans les mines africaines ou dans les usines chinoises pour  avoir des téléphones portables avec la bénédiction des multinationales américaines ou françaises et à notre responsabilité à tous. Nous n'avons pas progressé!

Un style enfantin?

 

Le roman, écrit en français, est étonnant aussi d'un point de vue littéraire. Ecrit dans un style simple, presque naïf, et aussi avec une froideur objective, il fait froid dans le dos car ce n'est pas la naïveté de l'enfance qui apparaît mais le fait que les enfants veulent rester des témoins, comme s'ils n'étaient pas concernés. Une déshumanisation inquiétante commence jusqu'à ce que les jumeaux ne paraissent plus éprouver de sentiments. En même temps, ils développent un sentiment de justice bien à eux, qui n'a plus rien à voir avec la morale des hommes et les lois. La servante qui les abuse et qui considère les juifs comme des bêtes nuisibles l'apprendra à ses dépens.

L'universalité des faits 

 

Un autre aspect du roman est très intéressant. Le récit paraît n'être ancré ni dans l'espace ni dans le temps. Il n'y a, en effet, aucun nom de lieu : Les enfants viennent de la Grande Ville, dans une ferme située à cinq minutes de la Petite Ville. Les majuscules de ces mots pris comme des noms propres montrent bien la volonté de l'écrivaine de situer les faits dans une sorte de no man'sland intemporel. Ainsi est souligné l'universalité des faits, l'horreur de toutes les guerres et pas seulement d'une en particulier, les souffrances que l'on inflige aux enfants à toute époque et partout. Pourtant peu à peu nous ne pouvons douter qu'il s'agit de la seconde guerre mondiale, que les soldats sont des nazis, les prisonniers, des déportés juifs. De plus nous sommes en Hongrie qui accueille les Russes d'abord comme des Libérateurs avant d'être occupée et mise sous coupe. Mais ces précisions ne sont jamais données, c'est nous qui les reconstituons.
Cet aspect du roman est très difficilement adaptable : le réalisateur du en film qui est forcément obligé de choisir puisqu'il doit nous montrer : Voir Wens pour le film.

Le narrateur : Que désigne le "nous"?

 

Se pose aussi le problème du narrateur : la première personne du pluriel est toujours employée. Le pronom "nous" désigne bien sûr les jumeaux mais Qui écrit? Le style ne varie jamais, aucune personnalité  différente ne se révèle à travers le récit, si bien que le "nous" semble désigner une entité. Les deux sont si rigoureusement semblables qu'ils n'en forment qu'un.  Et s'il n'y avait qu'un enfant qui se projette dans un double imaginaire pour se réconforter, se consolider?  Une autre interprétation est possible : à la fin, lorsque les jumeaux se séparent, l'un part en exil, l'autre reste au pays. j'ai pensé qu'ils représentaient symboliquement les deux facettes de l'auteure qui a eu, elle aussi, la possibilité de rester en Hongrie mais à choisi l'exil, ce qu'elle a toujours regretté. Le thème du départ, de l'exil, du déchirement, de la perte d''identité est récurrente dans toute son oeuvre et elle a avoué avoir toujours regretté d'être partie.

Un roman riche, complexe mais aussi éprouvant. Le film n'arrive pas à rendre cette richesse.


 Enigme 104

Félicitations à : Aifelle,  Eeguab, Dasola, Keisha, Miriam,  Thérèse, Valentyne
La réponse est : 
Le roman : Agota Kristof
Le film Le grand cahier de Jonas Szazs

samedi 6 décembre 2014

Enigme du samedi n° 104 : Un livre/Un film



Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

Prochain rendez-vous

Donc rendez-vous  le troisième samedi du mois :  Le 20 Décembre

 Enigme n° 104

Ce roman écrit en français par une écrivaine hongroise paraît en 1986. Il constitue une trilogie avec les deux qui suivront. Il raconte l'histoire de deux enfants que leur mère confie à leur grand-mère par temps de guerre pour éviter les dangers des bombardements.
Nous sommes obligés de faire certains travaux pour Grand-Mère, sans quoi elle ne nous donne rien à manger et nous laisse passer le nuit dehors.
Au début, nous refusons de lui obéir. Nous dormons dans le jardin, nous mangeons des fruits et des légumes crus.
Le matin, avant le lever du soleil, nous voyons Grand -Mère sortir de la maison. Elle ne nous parle pas. Elle va nourrir les animaux, elle trait les chèvres, puis elle les conduit au bord de la rivière où elle les attache à un arbre; Ensuite elle arrose le jardin et cueille des légumes et des fruits qu'elle charge sur sa brouette. Elle y met aussi un panier plein d'oeufs, une petite cage avec un lapin et un poulet ou un canard aux pattes attachées.
(…….)
Au repas Grand-Mère dit :
- Vous avez compris. Le toit et la nourriture, il faut les mériter.
Nous disons :
- Ce n'est pas cela. Le travail est pénible, mais regarder, sans rien faire, quelqu'un qui travaille, c'est encore plus pénibe, surtout si c'est quelqu'un de vieux.
Grand-Mère ricane :
-Fils de chienne! Vous voulez dire que vous avez pitié de moi?
-Non, Grand-Mère. Nous avons seulement eu honte de nous-mêmes.
L'après-midi, nous allons chercher du bois dans la forêt.
Désormais nous faisons tous les travaux que nous sommes capables de faire.


lundi 1 décembre 2014

Maria Ernestam : Les oreilles de Buster






Le moins que l'on puisse dire c'est que l'incipit du roman de l'écrivaine suédoise Maria Ernestam, Les oreilles de Buster  est en forme de coup de poing :

"j'avais sept ans quand j'ai décidé de tuer ma mère. Et dix-sept ans quand j'ai finalement mis mon projet en exécution."

  Au moins on est tout de suite dans l'ambiance! Voilà qui illustre bien le thème du blogoclub de Silyre et Lisa pour lequel j'ai lu ce livre sur "l'amour maternel"!

Le thème principal 

A l'occasion de son 56ème anniversaire Eva reçoit de la part de sa petite-fille un journal intime et elle commence à écrire ses souvenirs. Sa mère, une femme très belle, ne l'aime pas et ne cesse de l'humilier. C'est donc l'absence d'amour maternel qui est décrit ici et la souffrance puis la haine que Eva va finir par éprouver pour cette mère froide, indifférente, sarcastique. S'ajoute un  grand amour brisé mais que Eva n'a jamais pu oublier, voilà quelle est la matière de ce roman.  

Ce livre a eu la malchance de tomber après ma lecture de l'auteure norvégienne Herbjorg Wassmo Le livre de Dina qui met aussi en scène une meurtrière mais... quelle force dans ce portrait et dans la vie de cette femme! Cela m'a presque fait paraître fade l'histoire d'Eva. 

Des personnages peu convaincants 

C'est que, en dehors de l'incipit, j'ai trouvé le roman peu convaincant.  Même s'il raconte des faits assez horribles, il manque de force. Peut-être parce que je n'ai pas pu complètement croire à cette petite fille de sept ans qui nourrit sa vengeance et s'exerce au crime sur son entourage dès qu'il se montre désagréable, humains ou animaux (de là le titre les oreilles de Buster : il faut savoir que Buster est un chien). Peut-être aussi parce que la mère d'Eva, en dehors de son manque d'amour, est un personnage assez convenu et manque de force. Une femme qui préfère ses amants à sa fille, qui n'aime pas son enfant, est une mauvaise mère, mais est somme toute assez banale ! Et si en plus elle préfère travailler parce qu'elle ne s'épanouit pas dans son foyer, là, je suis de tout coeur avec elle!  En fait, elle ne prend une autre dimension qu'au moment de sa mort, quand on en apprend un peu plus sur elle mais c'est un peu tard! Bref! Je n'ai pu complètement adhérer à cette histoire parce que les personnages manquent d'épaisseur et de vérité psychologiques.  A la limite, c'est Eva qui me paraît plus inquiétante que sa mère et pathologiquement atteinte. Son imagination n'a d'égale que sa perversité quand elle cherche à faire le mal! C'est un personnage glauque et qui aurait pu être très fort mais... Il y a trop d'invraisemblances! Très avertie sur la sexualité, machiavélique et sadique envers Bjorn, on la voit jouer ensuite les pucelles effarouchées et sortir les violons pour romancer sa rencontre avec l'homme qu'elle aime. Comment a-t-elle pu avoir une vie normale après son crime? Comment l'auteur peut-elle la peindre en mère et en grand-mère aimante? Je me demande aussi comment l'on peut éprouver de l'empathie pour un pareil personnage lu! Le problème c'est que Eva - pas plus que sa mère-  ne se hisse jamais au niveau d'un héros tragique, elle n'éveille pas en nous ce sentiment mêlé d'effroi et d'admiration. Eva n'est ni une Electre ni un Oreste! On a plutôt l'impression que c'est une boutiquière qui tient mesquinement le compte des méchancetés de sa mère pour mieux pouvoir se venger et justifier son meurtre! 

Des rebondissements gratuits


Je n'ai pas aimé, non plus, certains artifices utilisés par Maria Ernestam pour créer des coups de théâtre qui me paraissent sans grand intérêt : ainsi lorsque l'auteur joue sur l'identité d'Eric et sa fiancée Lisa (ridicule) ou plus gênant sur l'identité de Sven (irritant). Non seulement ces "rebondissements" n'apportent rien au roman mais ils sont gratuits et peu crédibles. Ils n'ont surtout aucune raison d'être quand ils ne sont pas trop amenés, trop prévisibles, comme l'insistance tout au long des pages sur l'amour d'Eva pour ses rosiers. Si on ne comprend pas pourquoi, c'est que l'on y met de la mauvaise volonté!


Reste que récit est bien menée, que certains passages accrochent, que Maria Ernestam écrit bien...  Je comprends que l'on puisse se laisser prendre par la lecture. Moi, chaque fois que je me laissais emporter, un détail venait tout casser, m'agacer et je ne pouvais plus adhérer à l'intrigue!


Blogoclub de Sylire et Lisa
 Le roman proposé par le blogoclub sur le thème de l'amour maternel était La promesse de l'aube de Romain Gary, une oeuvre que j'aime beaucoup mais que j'ai déjà lue deux fois. J'ai préféré choisir le livre qui avait obtenu un peu moins de voix mais que je ne connaissais pas.

dimanche 30 novembre 2014

Graig Davidson et Jacques Audiard : De rouille et d'os


recueil de nouvelles de Graig Davidson de rouille et d'os aux éditions Albin Michel collection Points
Recueil de nouvelles De rouille et d'os

De rouille et d'os ou Un goût de rouille et d'os est un recueil de nouvelles de Graig Davidson, écrivain canadien. C'est le deuxième livre que je lis de lui et j'y retrouve le milieu de la boxe et, plus encore, de la boxe pratiquée hors des règles, combats où tous les coups sont permis et où les spectateurs parient sur la violence et le sang versé. A l'origine un sujet qui me rebute plutôt et il faut tout le talent de Graig Davidson pour que je parvienne à m'y intéresser et même à me passionner; il y a, en effet, un telle force dans le récit que celui-ci me laisse haletante avec l'impossibilité de m'en détacher comme dans Cataract City dont j'ai parlé récemment dans mon blog. Et puis, finalement, quels que soient le milieu et le sujet, c'est toujours de l'être humain qu'il s'agit et les thèmes développés par Graig Davidson avec une authenticité pleine d'émotion sont universels : la pauvreté qui va de pair avec la violence, la souffrance, la solitude, le sentiment de culpabilité, le désir rédemption….


Les deux nouvelles

Graig Davidson
Le scénario du film d'Audiard De rouille et d'os est  réalisé à partir de deux nouvelles du recueil. La première Un goût de rouille et d'os donne son titre au livre et au film. Le titre fait allusion au goût du sang que le boxeur a dans la bouche quand il reçoit des  coups.

Un goût de rouille et d'os 

Elle conte l'histoire d'Eddie, un boxeur américain issu d'un milieu modeste. Il s'installe chez sa soeur Gail et le mari de celle-ci, Steve, pour poursuivre ses études tout en boxant pour gagner sa vie. Un jour où il a la garde de son petite neveu Jake, il l'amène jouer sur un lac gelé. La surface se fend, l'enfant tombe à l'eau et disparaît sous l'épaisseur de la glace. Eddie casse la glace avec ses poings, ce qui lui brise les os de la main. L'enfant est sauvé mais tombe dans un coma profond dont il ne reviendra pas. Désormais, Eddie ne pourra plus boxer que dans des combats clandestins mais cette déchéance et la souffrance de ses os que se brisent à nouveau à chaque combat sont une sorte d'expiation à ce sentiment de culpabilité qui ne peut jamais le quitter.

La fusée

La seconde nouvelle est intitulée La fusée. Le personnage est un jeune homme qui présente un tour d'acrobatie réalisé avec une orque dans un Marineland : il est entraîné sous l'eau par le cétacé puis projeté en l'air "comme une fusée". … jusqu'à l'accident, la jambe arrachée. Un texte sur le désespoir allant jusqu'au nihilisme. Là encore le personnage semble payer pour son insensibilité, sa cruauté envers les femmes, son mépris pour les sentiments des autres. Il n'y a pas de rédemption possible.

Le film de Jacques Audiard

 film de Jacques Audiard De rouille et d'os avec Marion Cotillard et Mathias Schoenaerts
Affiche du film de Rouille et d'os

Le film de Jacques Audiard reprend donc ces deux textes mais en les liant entre eux. Le boxeur de la première nouvelle rencontre le second personnage mais celle-ci est devenue une jeune femme (Marion Cotillard) mutilée par l'orque. Peu à peu des sentiments vont naître entre le jeune homme assez primaire, père d'un enfant (celui qui disparaîtra sous la glace), et la jeune femme sans jambes. Peut-être parce qu'il est proche de la nature, et qu'il considère le sexe comme un besoin physique, élémentaire, il fera l'amour avec elle sans éprouver d'état d'âme. Celle-ci retrouvera le goût de vivre : je pense à cette  très belle scène où il l'amène se baigner et où elle retrouve le plaisir d'avoir un corps au contact de l'eau qui est son élément.

Comparaison entre le film et les nouvelles

Film de jacques Audiard De rouille et d'os avec mathias SChenaerts dans le rôle du boxeur
De rouille et d'os Mathias Schoenaerts

Dans le texte écrit, le personnage du boxeur est issu d'un milieu modeste,  son père est garde-barrière à la frontière entre le Texas et le Mexique. sa mère est mexicaine. Les adversaires du jeune homme qui l'affrontent dans ces combats clandestins sont parfois des gens désespérés, des mexicains eux aussi, qui n'ont que ce moyen pour nourrir leur famille. La soeur et le beau-frère ont du mal à joindre les deux bouts et auront besoin de l'argent que gagne le boxeur pour s'occuper des soins médicaux de leur fils inconscient. Audiard a transposé le récit, et ceci avec beaucoup de finesse, dans la France contemporaine et dans des milieux tout aussi modestes.
Mais ce qui différencie le roman et le film c'est moins les changements dans les faits et les personnages que dans la philosophie et la conception des rapports humains. Le film d'Audiard montre deux personnages solitaires, l'une rendue ainsi par son handicap, l'autre par son milieu, son apprentissage de la violence, son mode de vie. Mais le film reste optimiste puisque ces deux êtres malmenés par la vie vont unir leur différence pour construire quelque chose. D'ailleurs, l'enfant est sauvé à la fin. Un très beau film qui a un peu choqué la bourgeoisie bien pensante. Il n'a obtenu aucun prix en France mais a été couronné, par contre, d'une quinzaine de prix internationaux.
Les  deux nouvelles de Graig Davidson sont au contraire excessivement pessimistes, il n'y a pas d'alternative au désespoir,  à la souffrance. L'homme est enfermé dans sa solitude et sa culpabilité.

Film de jacques Audiard d'après le roman de Graig Davidson Marion Cotillard
De rouille et d'os Marion Cottillard



 Enigme 103

Félicitations à : Aifelle,  Eeguab, Dasola, Kathel, Soie ... un peu moins de réussites cette fois-ci car les deux oeuvres sont moins connues  merci à tou(te)s les participant(e)s.

La réponse est : 
Deux nouvelles : Un goût de rouille et d'os et Fusée de Graig Davidson
le film : De rouille et d'os de Jacques Audiard

samedi 29 novembre 2014

Enigme du samedi N°103: Un livre/un film

 
logo de l'énigme du samedi : Un Livre/un film

Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

Prochain rendez-vous

Donc rendez-vous  le premier samedi du mois :  Le 6 Décembre

 Enigme n° 103

Le film français est adapté d'un recueil de nouvelles d'un écrivain canadien paru en 2005.  En fait, le scénario a été rédigé à partir de deux nouvelles dont l'une donne son titre au recueil comme au film. De nombreuses libertés ont été prises par rapport à ces deux textes originaux. L'extrait que je vous donne vous éclairera probablement si vous avez lu ou vu une des deux oeuvres car il s'agit d'une scène-clef.


Je ne peux plus me souvenir consciemment du son qu'a produit la glace en se brisant. Parfois, j'entends un autre bruit- le bruit  sourd d'une boîte de bière quand on l'écrase; le crissement d'un vieux clou qu'on arrache à une planche détrempée; un bruit similaire d'une certaine façon, qu'il s'agisse du timbre, du ton ou de la résonance, et je me rends compte que ce bruit vit quelque part en moi. Je me rappelle la ligne de faille alors que je m'élance vers lui, une fente argentée qui coupe la glace comme un coup de fouet. Elle semblait avancer lentement, comme un mince serpent léthargique qui dessine des zigzags; comme s'il me suffisait de hurler, "recule!" pour qu'elle continue sa route devant lui sans lui faire du mal.

mercredi 26 novembre 2014

Tarjei Vesaas : Si je devais faire un voeu

La chaleur de l'âtre  pour illustrer le poème de Tarjei Vesaas : si je devais faire un voeu
La chaleur de l'âtre (source image)


Si je devais faire un voeu de Tarjei Vesaas

Eteignez les lampes !
Taisez les lumières !
Si je devais faire un vœu, ce serait la chaleur
De l’âtre un soir à la noirceur de charbon !
  
Et si je devais faire un vœu, ce serait
Que les flammes du bois de pin
Attirent ici de nombreuses personnes, parmi lesquelles
Serait peut-être celle que j’aimerais le plus –
  
Et si je devais faire un vœu,
Là, près du feu de l’âtre, ce serait
Qu’une petite main apeurée
Et cherchant dans l’ombre
Trouve la mienne – puis ne bouge plus –

 Lisières du Givre



Lisières de givre est une anthologie composée à partir des onze recueils publiés par Vesaas,
Lisières du givre : éditions Grèges



Tarjei Vesaas (1897_1970) est un écrivain norvégien. Son œuvre est dominée par les thèmes existentiels du Mal, de l'Absurde, ainsi que par l'omniprésence de la Nature. Elle se caractérise par une forte dimension symbolique et onirique. Ses parents possédaient la ferme de Vesås et Tarjei, l'aîné des trois fils, devait prendre la succession de son père sur l'exploitation familiale. Ses parents étaient des personnes relativement cultivées qui entretenaient l'intérêt de la lecture, souvent collective et à voix haute, lors des longues et sombres soirées d'hivers.(Wikipédia)
je n'ai lu qu'un livre de lui mais du genre que l'on n'oublie jamais : Palais de glace (1963). Si vous ne le connaissez pas, lisez-le vite!