Christian VII du Danemark |
Johann Friedrich Struensee portrait de Jens Juel |
Owe Hoegh Guldberg peint par Jens Juel |
Caroline-Mathidle, reine du Danemark, peinte par Jens Juel |
Christian VII du Danemark |
Johann Friedrich Struensee portrait de Jens Juel |
Owe Hoegh Guldberg peint par Jens Juel |
Caroline-Mathidle, reine du Danemark, peinte par Jens Juel |
Au XVIII siècle, à l’époque ou l’Islande est sous la domination danoise, dans le château de Rosenborg, un horloger islandais, Jon Stiversen, est chargé de restaurer une vieille horloge hors d’état de marche, reléguée dans une remise du château au milieu d’autres objets abimés, abandonnés parfois depuis des siècles. Or, cette Horloge qui a été réalisée en 1594 pour ( selon la légende) le roi Christian IV du Danemark (1577-1648) est précieuse. Isaac Habretch (1544-1620), artisan de génie dont le chef d’oeuvre est l’horloge monumentale de Strasbourg, en est l’auteur.
C’est avec bonheur et passion que Jon Stiversen se met au travail et passe ses nuits à chercher à comprendre les mécanismes complexes dont est composée cette oeuvre d’art. Une soir, il reçoit la visite d’un personnage étrange, un peu ridicule, en robe de chambre, qui n’est autre que Christian VII, le roi du Danemark (1749-1808) qu’il n’a vu jusque là qu’en grand apparat dans les rues de Copenhague.
Christian VII ( château de Fredriksborg) |
Les deux hommes s’apprivoisent. Christian VII demande à Stiversen de lui raconter l’histoire de sa famille islandaise. Sigidur, le père de l’horloger a été condamné à mort pour usurpation de paternité et pendu selon les austères lois danoises, puritaines, la religion s'immisçant dans la vie privée des gens, appliquées de manière injuste par les représentants du roi en Islande. Il explique aussi au roi comment son frère, au regard de la loi, peut-être considéré comme un bâtard. Tous ces récits perturbent grandement le souverain qui ressent un sentiment de culpabilité vis à vis de l’Islande en même temps qu’il s’identifie à l’horloger privé de père, lui qui a été un fils mal-aimé (son père est Frédéric V 1723-1766), victime d’une éducation austère et dure.
Frédéric V, le père de Christian VII ( château de Fredriksborg) |
Peu à peu on s’aperçoit que le roi, malade mental, est écarté du pouvoir par son fils le futur Frédéric VI (1768-1839) et les conseillers de la cour. Les secrets ( bien mal gardés) finissent par voir le jour et la souffrance du roi se déverse en confidences auprès de l’horloger, son amour malheureux pour une prostituée, la trahison et l’exécution de son ami et médecin Stuensee convaincu d’adultère avec la reine Caroline Mathilde, la possible illégitimité de sa fille Louise-Augusta, vraisemblablement fille de Struensee.
La reine Caroline-Mathilde ( château de Fredriksborg) |
L’idée géniale du roman réside d’abord dans cette « amitié », bien sûr, improbable, imaginée par Arnaldur Indidason, entre le roi du Danemark et un simple homme du peuple et qui permet de mêler étroitement le passé de son pays, l’Islande, et du Danemark, l’un soumis à l’autre qui lui impose ses lois et une implacable colonisation.
Les romans historiques m'intéressent toujours parce qu'ils font vivre les personnages dans leur intimité, leurs pensées, comme si nous les avions réellement rencontrés (et le roman d'Indridason n'échappe pas à la règle), ils nous projettent dans une époque comme si nous en étions familiers. Aussi, lors de mon récent voyage à Copenhague, j'ai cherché partout, dans les musées et les châteaux, les personnages rencontrés dans ce roman. Cela n'a pas été difficile à trouver : toutes les demeures royales sont à la gloire de la monarchie danoise, actuelle ou ancienne, et Christian VII, son père Frédéric V, son fils Frédéric VI mais aussi Struensee, son médecin et Caroline Mathilde, son épouse la reine, sont partout présents.
Struensee, médecin, premier ministre, amant de la reine( château de Fredriksborg) |
La vie et le caractère des personnages, le roi et l’horloger, (le titre rappelle celui d’un conte) se révèlent peu à peu aux lecteurs mais ils apprennent aussi l'un de l'autre même si ce n'est pas toujours facile d'être "l'ami" d'un roi qui peut vous envoyer à la potence à tout instant ! Tous deux découvrent leur parcours douloureux qui se rejoint au-delà de tout ce qui les oppose, au-delà la différence sociale et de la nationalité. C’est aussi une occasion pour Indridason de décrire la vie rude des hommes et des femmes islandaises. D’autres personnages comme le père, Sigidur et Gudrun, la belle-mère de Jon Sitversen, sont des personnages qui ont du relief.
Très intéressante aussi la description des étapes de restauration de l’horloge qui nous fait découvrir toutes les merveilles du mécanisme et la complexité de l’horloge. J'étais impatiente de la découvrir lors de mon voyage. Elle est au rez-de-chaussée du palais de Rosenborg dans un salon couvert de peintures, en particulier, flamandes.
Château de Rosenborg : Horlode d'Habrecht |
Si j’ai quelques réserves envers le récit d'Indridason, elles s’adressent surtout à sa construction : au départ Jon Stiversen raconte l’histoire de son père au roi, mais lorsque le roi est absent, il s’adresse directement à nous, lecteurs. Si bien que lorsque Christian VII revient, il est obligé de recommencer le récit et d’en faire, en fait, un résumé. Ce qui crée des longueurs et ralentit l’action.
L’horloge d’Isaac Habretch
Château de Rosenborg : Horlode d'Habrecht |
L'horloge astronomique d'Habretch La Vierge et les rois mages |
"Par exemple il avait maintenant saisi comment le déplacement des Rois mages (autour de la Vierge) et celui, très lent, des figurines qui représentaient les âges de l'homme et le cadran qui affichait les jours de l'année fonctionnaient de concert pour constituer l'harmonieuse symphonie de l'exacte mesure du temps." "
L'horloge d'Habretch Rosenberg, Copenhague : les quatre âges de l'homme |
J'ai eu des difficultés a reconnaître les âges des hommes ! Mais oui, pourquoi pas ? A droite, l'enfance ou le page, au centre et de dos, la jeunesse ou l'écuyer, à gauche, la maturité ou le chevalier et j'aurais bien aimé savoir comment était représentée la vieillesse.
Horloge d'Habretch château de Rosenborg Copenhague |
L'aiguille des quart d'heure surmontés de deux cadrans gravés : A
gauche, les jours de la semaine symbolisés par les dieux qui leur ont
donné leur nom en commençant en haut par dimanche, le soleil ; lundi, la lune ; mardi, Mars ; mercredi, Mercure ; jeudi, Jupiter ; Vendredi, Vénus ; Samedi, Saturne. A droite figurent les quatre saisons, l'hiver, le printemps, l'été, l'automne
Horloge d'Habretch château de Rosenborg Copenhague |
Christian VII, la reine Caroline-Mathilde et Struensee
Johann Friedrich Struensee |
Si je m'intéresse à ces personnages cités ci-dessus, c'est bien sûr, parce que je les ai rencontrés aussi dans un autre roman de l'écrivain suédois Per Olov Enquist : le médecin personnel du roi que j'aime beaucoup. Je reprends ici ce que j'en disais :
Un peintre satirique au musée Hishsprungske
Au musée de Hishspungsket le peintre satirique Christina Zarthmann a représenté ainsi la scène de séduction du médecin et de l'épouse. Pendant que le roi, l'air niais, affalé sur le canapé, inconscient de ce qui se passe, tourne le dos au couple et taquine un perroquet de la pointe de son épée, les deux amants jouent aux échecs, échangeant des regards amoureux sous l'oeil complice de la suivante.
Kristian Zarthmann musée Hirshsprunsket |
Le style réaliste et caricatural de Zarthmann est assez surprenant surtout quand il s'agit de peindre la royauté.
Kristina Zarthmann : il était une fois un roi et une reine |
18 Octobre 1660 sur la place de Kjöbenhaven : La prestation de serment de Frédéric III par Heinrich Hansen |
Un intérêt historique : L'absolutisme
C'est au deuxième étage du château de Frederiksborg que l'on trouve ce tableau passionnant : La prestation de serment de Frédéric III exécuté en 1880 par Heinrich Hansen, peintre danois du XIX siècle. Ce tableau peint la journée du
18 Octobre 1660, une journée historique importante dans l'histoire du
Danemark, au cours de laquelle le roi reçoit le serment d'allégeance des
Etats qui reconnaissent la monarchie absolue et héréditaire.
En effet, après la fin du conflit entre la Suède et le Danemark et le traité de Roskild confirmé par la paix de Copenhague, Frédéric III s'appuie sur la riche bourgeoisie et le clergé en conflit avec les nobles et en profite pour introduire la monarchie absolue en Septembre 1660. Puis en Octobre 1660, il la déclare héréditaire. Avant lui, le monarque était élu par un conseil. La loi renforce le caractère féodal de la société. La noblesse et la riche bourgeoisie reçoivent des terres avec les paysans qui y sont attachés et n'ont aucun droit. A la fin du XVIII siècle, 80% des terres du pays appartiennent à une centaine de familles qui sont aussi propriétaires de 770 châteaux ou manoirs. L'absolutisme est aboli par Frédéric VII et son successeur Christian IX, en 1849, date où la monarchie devient constitutionnelle.
Un des aspects intéressants du roman de Per Olov Enquist, Le médecin du roi,
montre l'état féodal de la société sous Christian VII malgré les idées des Lumières, surtout avec la loi de 1733 qui aggrave le statut des paysans. Il explique comment Struensee, le médecin du roi devenu ministre, entreprend à lui seul de réformer la société,
d'abolir le servage, les privilèges, la censure, de rétablir la liberté
de la presse ... On comprend qu'il se soit fait quelques ennemis et
qu'en dehors de son adultère avec la reine, il avait quelques raisons de craindre pour sa vie !
"Quand,
en 1733, le servage avait été établi, il avait constitué pour la
noblesse un moyen de contrôler, ou plus exactement d'empêcher la
mobilité de la main d'oeuvre. Quand on était paysan et né sur un
domaine, on n'avait pas le droit de quitter ce domaine avant l'âge de
quarante ans. Les modalités, le salaire, les conditions de travail et de
logement étaient fixés par le propriétaire du domaine. A quarante ans,
on avait le droit de s'en aller. La réalité étant qu'à cet âge, la
majeure partie des paysans étaient à tel point devenus passifs,
profondément alcooliques, criblés de dettes et physiquement épuisés,
qu'on ne comptait guère de départs.
C'était l'esclavage danois."
Mais cette peinture est aussi intéressant pour de multiples raisons :
Copenhague
Et d'abord, ce tableau peint un coin de Copenhague : Le cortège sort de Borsen ou Bourse de Copenhague construite pour Christian IV par des architectes flamands entre 1619 et 1640 dans le style de la Renaissance flamande. On remarque la flèche du grand bâtiment autour de laquelle s'enroulent les queues de quatre dragons jusqu'à 56 mètre de Hauteur. Elle se voit de loin quand vous vous promenez à Copenhague. Il faut noter le joli pont qui enjambe le canal, et dans les voiliers, un homme monté sur un mât pour mieux voir le cortège royal.
La prestation de serment de Frédéric III 18 Octobre 1660 sur la place de Kjöbenhaven : (détail) Heinrich Hansen (1880) |
En cherchant des renseignements j'ai trouvé dans wikisource un extrait de Voyage autour de la Terre dans lequel Jules Verne décrit cette flèche en 1880.
Puis je pris un plaisir d´enfant à parcourir la ville ; mon oncle se laissait promener; d´ailleurs il ne vit rien, ni l´insignifiant palais du roi, ni le joli pont du XVIIe siècle, qui enjambe le canal devant le Muséum, ni cet immense cénotaphe de Torwaldsen, orné de peintures murales horribles et qui contient à l´intérieur les œuvres de ce statuaire, ni, dans un assez beau parc, le château bonbonnière de Rosenborg, ni l´admirable édifice renaissance de la Bourse, ni son clocher fait avec les queues entrelacées de quatre dragons de bronze, ni les grands moulins des remparts, dont les vastes ailes s´enflaient comme les voiles d´un vaisseau au vent de la mer.
Flèche aux quatre dragons Bourse de Copenhague (photo de Jugalon) |
Mais l'écrivain décrit aussi une autre flèche remarquable, celle en spirale, avec un
escalier en colimaçon extérieur, de l'église de Saint Sauveur. L'oncle
de notre héros l'oblige à monter au sommet et bien que cela nous amène
loin de notre journée du 10 Octobre, je vous en donne un extrait :
Mon
oncle me précédait d’un pas alerte. Je le suivais non sans terreur, car
la tête me tournait avec une déplorable facilité. Je n’avais ni
l’aplomb des aigles ni l’insensibilité de leurs nerfs.
Tant que nous
fûmes emprisonnés dans la vis intérieure, tout alla bien ; mais après
cent cinquante marches l’air vint me frapper au visage, nous étions
parvenus à la plate-forme du clocher. Là commençait l’escalier aérien,
gardé par une frêle rampe, et dont les marches, de plus en plus
étroites, semblaient monter vers l’infini.
« Je ne pourrai jamais ! m’écriai-je.
— Serais-tu poltron, par hasard ? Monte ! » répondit impitoyablement le professeur.
Force
fut de le suivre en me cramponnant. Le grand air m’étourdissait ; je
sentais le clocher osciller sous les rafales ; mes jambes se
dérobaient ; je grimpai bientôt sur les genoux, puis sur le ventre ; je
fermais les yeux ; j’éprouvais le mal de l’espace.
Enfin, mon oncle me tirant par le collet, j’arrivai près de la boule.
« Regarde, me dit-il, et regarde bien ! il faut prendre des leçons d’abîme ! »
La tour de Saint Sauveur |
Revenons au 18 Octobre ! Sous un dais, marchent Frédéric III, fils cadet de
Christian IV, la famille royale et les hauts dignitaires. La reine, au
manteau doublé d'hermine, s'avance majestueusement. Il s'agit de Sophie-Amélie de
Brunswick-Lunebourg dont on nous dit très sybillinement qu'elle est
énergique et ambitieuse et que son caractère affectera la vie du roi et
le destin du Danemark ? Je n'ai pas trouvé d'autres précisions.
A-t-elle encouragé le virage à l'absolutisme ? Près d'elle, quelques uns des enfants
royaux sur les huit qu'elle a eus avec Frederik III. Le futur Christian V se tient près de son père et lui ressemble beaucoup ! Il est né en 1646 et a donc 14 ans lors de cette journée. La fille aînée qui tient son petit frère par la main et lui parle est vraisemblablement Anne-Sophie. Née en 1647, elle a treize ans. Le petit garçon est Georges, 7 ans. L'autre jeune fille est Frédérique-Amélie née en 1649, a 11 ans. La petite fille tenue par la main par un noble est peut-être Ulriche Eleonore née en 1656 donc 4 ans. Devant elle mais cachés par les adultes, deux autres enfants dont on peut imaginer qu'il s'agit de Wilhelmine Ernestine (10 ans). Je me suis amusée à chercher leur prénom mais je n'ai aucune certitude !
La prestation de serment de Frédéric III La journée du 10 Octobre 1660 (détail) Heinrich Hansen (1880) |
La prestation de serment de Frédéric III La journée du 10 Octobre 1660 (détail) Heinrich Hansen (1880) |
Les
détails des costumes et des coiffures... Quelques scènes de vie intime
: le regard affectueux du grand père tenant sa petite fille par la
main, un chien qui quémande une caresse.
La journée du 10 Octobre 1660 (détail) Heinrich Hansen (1880) |
La foule qui compose
ce tableau est vivante, animée, comme prise sur le vif. C'est à la fois
une vision historique intéressante par un artiste qui n'est pas
contemporain de la scène et un témoignage humain touchant.
Hansen s'est inspiré d'un autre tableau de la prestation de serment, peint en 1666 par Wolfgang Heimbach mais qui en élargissant la scène permet de voir toute la place. (château de Rosenborg)
La prestation de serment de Frédéric III : Wolfgang Heimbach château de Rosenborg |
La petite sirène |
Quelques écrivains danois ICI commentés dans mon blog
Vilhem Hammershoi |
Les musées sont nombreux à Copenhague et j'ai voulu savoir quels peintres danois j'allais rencontrer.
Je n'en connais qu'un pour l'instant que j'aime beaucoup : Vilhem Hammershoi (1964-1905).
J'adore ces intérieurs en demi-teintes, aux lignes épurées, sans ornements, ces camaieux de noirs, de gris et de bruns, qui présentent une femme ( il s'agit de la femme du peintre), le plus souvent de dos, debout devant une fenêtre lisant une lettre ou assise, absorbé dans ses pensées, se dérobant aux yeux qui les contemplent. Parfois une fenêtre laisse passer un rayon de soleil et une porte ouverte nous laisse entrevoir l'extérieur. Je trouve ces peintures mystérieuses, énigmatiques : Que fait cette femme ? a quoi pense- t-elle? La saisissons- nous dans un moment de repos ou de tristesse ?
Vilhem Hammershoi |
Ses amis, Peter Islted et Carl Vilhem Holsøe ont des univers proches de Hammershoi.
Peder Severin Kroyer |
Il y aussi les tableaux magnifiques des peintres de Skagen dans le Jutland du Nord, une ville et une plage qui ont attiré par leurs lumières et par la fameuse "heure bleue" des peintres comme Peder Severin Krøyer et Michael Ancher , des écrivains, et des visiteurs du monde entier
Peder Severin Krøyer |
Michael Ancher |
Michael Ancher |
Enfin j'ai lu un article sur l'âge d'or de la peinture danoise ICI que je vous résume ci-dessous
Christoffer Eckersberg |
Considéré comme précurseur et de père de l’âge d’or danois Christoffer Eckersberg (1783-1853) se forme à l’Académie royale des beaux-Arts de Copenhague avant de faire un long voyage qui le mène à Paris, où il a pour maître Jacques-Louis David durant un an, puis à Rome, comme c’est la coutume chez les artistes du XIXème siècle. Il y côtoie des artistes danois, et surtout s’emploie à perfectionner son approche du paysage. Puis Eckersberg s’éloignera de la peinture idéalisée danoise peindra les paysages en pleine nature. Ses compositions sont habitées d’une grande rigueur, qui leur donne tout leur équilibre.
Christoffer Eckersberg |
Christen Købke : Le château de Frederikborg |
Christen Købke (1810-1848) a été l’un des élèves de Christoffer Eckersberg, et a suivi son exemple en multipliant les travaux sur le motif. Il a eu une vie très courte qui a interrompu une eouvre qui témoigne d'une grand talent. Il voyage, en Allemagne et en Italie, avant de revenir au Danemark. Là, il pratique un art d’une très grande délicatesse, en s’attachant notamment à peindre les paysages qui l’entourent, des portraits de personnes familières, des sujets ordinaires, intimes.
Martinus Rørbye Vue depuis la chambre de l’artiste |
Martinus Rørbye 1803-1848 suit les cours de Christoffer Eckersberg à l’Académie royale des beaux-Arts de Copenhague, où il entre à dix-sept ans et se trouve également récompensé. Sa célèbre Vue depuis la chambre de l’artiste (1825) dit beaucoup de son talent et de son goût : comme bien des peintres danois de cette époque, il est attentif aux environnements intimes, mais son regard porte vers l’extérieur, vers les bateaux prêts à partir. Martinus Rørbye voyagera en effet beaucoup. En Italie, en Grèce, en Turquie, en Norvège… Partout, il travaille à saisir la lumière et peint des scènes de genre charmantes.
Constantin Hansen |
Constantin Hansen (1804-1880) : Né à Rome d’un père portraitiste, il vit ensuite à Vienne puis à Copenhague. Étudiant de l’Académie royale, il profite d’une bourse pour voyager en Europe et s’attarder en Italie durant huit ans. Il excelle dans l’art de la fresque et du portrait, singulier ou de groupe.
Et voilà tout ce que j'ai à voir à Copenhague ... et plus encore, si j'en juge par la richesse de la ville. Et je vais aller aussi au château d'Hamlet à Elseneur. A bientôt !
Au XVIIe siècle, William Davisson, un botaniste écossais, devenu médecin particulier du roi polonais Jean II Casimir, suit le monarque dans un long voyage entre la Lituanie et l'Ukraine. Esprit scientifique et observateur, il étudie les rudesses climatiques des con ns polonais et les coutumes locales.
Un jour, lors d'une halte, les soldats du roi capturent deux enfants. Les deux petits ont un physique inhabituel : Outre leur aspect chétif, leur peau et leurs cheveux sont légèrement verts. (quatrième de couverture)
En cherchent un roman d’Olga Tokarsucz à la médiathèque pour le mois de littérature des pays de l’Europe de l’Est, j’ai trouvé un tout petit livre intitulé Les enfants verts paru aux éditions de La Contre Allée, collection fictions d’Europe.
Drôle de petit bouquin ! Il tient à la fois d’un récit de voyage ancré dans le passé aussi bien par le style lorsqu’il s’adresse à nous : « Sache, cher lecteur, que les hivers en Pologne sont rudes, si rudes que l’on prend un chemin de traverse sur la Baltique gelée pour aller en Suède… » que par l’Histoire : nous sommes au XVII siècle sous le règne de Jean Casimir II (1609_1679) qui est monté sur le trône à partir de 1648. C’est une période de guerre qui oppose la Pologne aux cosaques d’Ukraine alliés aux Russes qui menacent la frontière à l'est mais aussi aux Suédois qui envahissent une partie du pays à la frontière ouest.
Mais la guerre n’est pas le sujet du roman. Elle sert seulement de décor dans le voyage du botaniste écossais William Davisson qui suit le roi dans ses déplacements à travers la Pologne en tant que médecin. Le thème central est la découverte des enfants verts et et s'apparente alors à un conte traditionnel : Qui sont ces enfants étranges ? Pourquoi leurs cheveux et même leur peau sont-ils verts ? Appartiennent-ils à un peuple des bois, elfes, esprits des arbres ?
Pendant l'hiver, ils perdent du poids, mais dès que la première lune de printemps se lève, ils montent tous sur les sommets des arbres, et, durant des journées entières exposent leur corps à la lumière afin qu'ils reverdissent.
Bien sûr, notre narrateur, scientifique, ne peut croire à ces balivernes, lui, qui observe ces enfants sauvages et les étudie de très près. La maladie qui les touche La plica polonaise*, détail réaliste, est d’ailleurs un sujet d’étude pour lui. Pourtant le « conte » finit comme celui du Joueur de flûte de Hamelin : tous les enfants disparaissent !
C’est aussi vers le conte philosophique que s’oriente le livre. Ces êtres différents, non seulement à cause de leur couleur paraissent impossibles à comprendre pour "les gens normaux", ceux qui habitent le centre du monde "là où tout prend immédiatement du sens et s’organise en un ensemble cohérent et facile à interpréter. ". On s’aperçoit ensuite que ces enfants ne sont pas de sauvages, qu'ils ont un langage, des qualités, (ils savent soulager la douleur) et que leurs coutumes expliquent leurs différences. Il est donc possible de saisir et de comprendre l'altérité. D'ailleurs, si tous les enfants du village disparaissent, c'est que cette civilisation, celle qui est « périphérique », selon les termes d’Olga Tokarczuk, leur paraît plus attirante que la nôtre. D’où la mélancolie qui s’empare du narrateur quand lui-même retourne au centre !
Et je compte maintenant sur le lecteur pour m’aider à comprendre ce qui s’est réellement passé, car les périphéries du monde nous marquent à jamais d’une mystérieuse langueur.
*La plique polonaise : maladie des cheveux ou/et manque d’hygiène ?
Je n’avais jamais entendu parler de la plique polonaise, affection qui sévissait en particulier en Pologne jusqu'à la fin du XIX siècle et semble rare de nos jours. J’en ai cherché explication dans Wikipédia : « Dans toutes ces descriptions, on voit que la plique était caractérisée principalement par l'abondance, la longueur et l'enchevêtrement des cheveux, devenus gras, inextricables, rassemblés en nattes, en touffes, en chignons, peuplés de poux et de lentes, et exhalant une odeur infecte; quelquefois même on a noté la même altération des poils des aisselles et du pubis. On a décrit également chez les malades atteints de ces lésions pileuses un malaise général, des douleurs et de l'engourdissement dans les membres, un sentiment d'abattement et même quelquefois du délire et de la fièvre, phénomènes qui semblaient accuser l'influence de la maladie capillaire sur la santé générale » Alfred Hardy
Olga Tokarczuk
Née en 1962 à Sulechow à l’ouest de la Pologne dans une famille d’enseignants, Olga Tokarczuk a fait des études de psychologie à l’université de Varsovie, couronnées par une thèse de doctorat sur Carl Gustav Jung. L’écrivaine reconnaît explicitement sa fascination pour les idées de ce psychiatre suisse dont son œuvre se fera l’écho. Une fois diplômée elle a exercé pendant quelques années en tant que psychothérapeute avant de se consacrer entièrement à l’écriture. Voir la suite : BNF ici
Ordener, Ethel et le prêtre |
Han d'Islande et son ours |