Le festival de Villeneuvre-Lez-Avignon commençait hier. Parallèle à celui d'Avignon et distinct du grand frère, il se déroule dans des lieux de verdure sous de grands chapiteaux.
Parallèles et Bipèdes de Maboul distorsion est un spectacle de théâtre mais aussi de cirque puisque les cinq personnages qui évoluent sur scène appartiennent à la fois à l'espèce du clown rappelant les personnages burlesques du cinéma muet américain, sortes de Marx Brothers complètement loufoques, mais sont aussi acrobates, jongleurs, magiciens fabriquant l'illusion à l'aide de simples bouts de cartons.. Un nouveau cirque, donc, qui sous l'apparence du rire, donne une vision assez noire de notre société.
Sous le chapiteau de Villeneuve-en-scène, dans le Verger, un décor de boîtes en carton rappelle un déménagement cauchemardesque, un empilement qui se dresse comme un mur et délimite un monde dans lequel nous serions prisonniers. Qu'y a-t-il derrière ce mur? La liberté ou la mort? Et de ces boîtes vont surgir, avec une certaine violence, des personnages catapultés dans ce monde absurde, sans queue ni tête, où les boîtes vomissent des objets hétéroclites, où le carton est capable d'engendrer des monstres, de se transformer, devenir masques, vêtements, objets de toutes sortes, d'engendrer même de nouveaux personnages. La mise en scène est réglée comme un ballet dans lequel les acteurs passent, disparaissent, se croisent et parfois se rencontrent pour mieux essayer de s'imposer, de prendre le dessus. Car ce monde est le nôtre, le fort y domine le faible, le grand écrase le petit, le riche, le pauvre, un monde avec sa hiérarchie sociale, son patron cravaté perché sur sa pyramide de… carton (!). Mais celle-ci finira un jour par s'effondrer pour mieux renaître ensuite. La bande sonore avec ses bruitages, ses rares paroles réduites souvent à des onomatopées, crée un effet comique très réussi. Certains passages de jonglage à quatre mains sont assez poétiques et témoignent de beaucoup d'adresse. Une inventivité toujours renouvelée pour reproduire un monde qui finira par disparaître sous l'avalanche de ses propres déchets que les cartons déversent sur la scène!
J'avoue avoir eu un peu de mal, au départ, à entrer dans ce monde de l'absurde qui ne me faisait pas rire (mais je ne suis pas sûre qu'il soit entièrement là pour ça!) mais peu à peu je me suis laissé gagner par le spectacle.
Dans un monde de carton, cinq hommes se croisent, s'évitent, apparaissent, disparaissent dans un ballet burlesque. Mais leur destin est lié. Ils jonglent alors ensemble avec des cartons de toutes tailles, de toutes formes, construisent des monuments : ascenseurs, pyramides… Papier d'emballage et ruban adhésif se transforment en masque, en vêtement, en bouteille, en table. La parole est inutile, la précision du geste, du déplacement la remplace. Et le public fonctionne devant cette mécanique bien huilée. Les plus jeunes rient des démêlés incessants de ces hommes en prise avec des cartons souvent rétifs, les plus âgés sont emportés par la poésie de ce théâtre proche de l'absurde, très critique à l'égard de notre société.
En effet, au début de la pièce, trois des personnages sont littéralement projetés sans le vouloir dans cet univers de carton où s'agite un magasinier. Un cadre hautain semble ignorer ce petit monde. Mais le cadre a beau se croire supérieur, situé tout en haut de la pyramide sociale, ce n'est qu'une illusion et sa chute est brutale. Quand les hommes jouent, jonglent, trinquent ensemble, les enjeux de pouvoir ne disparaissent pas : qui aura le plus grand verre? qui accumulera le plus de cartons?… Pourtant tous ces hommes sont dans la même galère, dans une société absurde qui broie l'individu.
La mise en scène de Raymond Peyramaure est d'une grande précision, inventive et le spectacle est servi par le talent et l'énergie de cinq comédiens, mimes et jongleurs.
Parallèles & Bipèdes.
Cie Maboul Distorsion.
Festival Villeneuve en scène.
Du 5 au 27 Juillet 2011. 20H30
En effet, au début de la pièce, trois des personnages sont littéralement projetés sans le vouloir dans cet univers de carton où s'agite un magasinier. Un cadre hautain semble ignorer ce petit monde. Mais le cadre a beau se croire supérieur, situé tout en haut de la pyramide sociale, ce n'est qu'une illusion et sa chute est brutale. Quand les hommes jouent, jonglent, trinquent ensemble, les enjeux de pouvoir ne disparaissent pas : qui aura le plus grand verre? qui accumulera le plus de cartons?… Pourtant tous ces hommes sont dans la même galère, dans une société absurde qui broie l'individu.
La mise en scène de Raymond Peyramaure est d'une grande précision, inventive et le spectacle est servi par le talent et l'énergie de cinq comédiens, mimes et jongleurs.
Parallèles & Bipèdes.
Cie Maboul Distorsion.
Festival Villeneuve en scène.
Du 5 au 27 Juillet 2011. 20H30
La photo du spectacle a quelque chose d'un peu égyptien, je trouve. Les têtes de profil, le bras à angle droit, le pagne surtout. Et puis la vieille plaisanterie : "tout en carton" pour Toutânkhamon !
RépondreSupprimerÀ spectacle déjanté, commentaire idem ;-)
Oui c'est tout à fait ça, un spectacle déjanté. Je n'ai pas pensé à l'Egypte parce qu'en fait, le pagne de l'acteur n'est autre qu'une serviette éponge. C'est lui qui est projeté dans cet univers en directe de sa salle de bain, il est en train de se raser, en slip, une serviette sur les épaules.
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