Un livre/ Un film : Réponse à l'énigme n°40
Réponse à l'énigme n° 40
Le livre est Remorques de Roger Vercel. Le film qui porte le même titre est de Jean Grémillon, scénario de Cayatte et dialogues de Jacques Prévert.
Ceux
qui ont deviné cette fois-ci et ont passé victorieusement leur brevet
de pilote de remorqueur sont : Eeguab, Pierrot Bâton, Thérèse... Merci Keisha d'avoir gardé le silence! Et merci à tous de votre participation.
Roger Vercel (1894-1957) né au Mans,
professeur au collège de Dinan, obtint le prix Goncourt pour Capitaine
Conan. Remorques parut en 1935. Le roman est différent du film de Jean
Grémillon où Jacques Prévert a mis sa patte qui n'a rien de commun avec
celle de Vercel. Deux univers très différents.
Le capitaine Renaud commande un remorqueur, le Cyclone.
Il est dehors par tous les temps pour venir en aide aux navires en
détresse. Pour l'heure, il est très inquiet pour sa femme dont la santé
décline et qui semble perdre ses forces. Cependant, lorsqu'un navire
grec appelle à l'aide, Renaud, son second Tanguy et son équipage
quittent le port pour se porter à son secours. Le roman raconte ce
sauvetage particulièrement difficile et dangereux où chacun subit des
épreuves et des souffrances inimaginables et risque sa vie pour sauver
celles des autres. Risque sa vie, oui! Mais le navire sinistré devra
payer car l'intervention du remorqueur à un prix et un prix fort! Le
capitaine grec ne l'entend pas ainsi. Il veut bien être sauvé mais il
refuse de payer, il coupe la remorque qui le relie au Cyclone, et
prétend qu'il s'en est sorti tout seul. Sa forfaiture rapproche Renaud
et la femme du capitaine qui hait son mari. Elle veut se venger et va
obtenir la preuve qu'il a menti. Renaud est un instant attiré par elle,
pourtant lorsqu'il rentre chez lui et comprend que sa femme Yvonne va
mourir, il prend conscience de son amour pour elle, de tout ce qu'elle a
fait pour lui, de tout ce qu'il lui doit. Il reste à son chevet pour
l'assister dans ses derniers instants. Mais lorsqu'un matelot du Cyclone vient lui transmettre un nouvel SOS, que choisira-t-il? Rester auprès de la mourante ou partir en mer au secours des naufragés?
Le
roman peut se lire comme un roman d'aventure au cours duquel les
dangers vécus par l'équipage, le courage et l'endurance presque
surhumaines des matelots au cours de la tempête, tiennent en haleine le
lecteur. Le récit est bien écrit et bien mené et l'on reste suspendu à
ce combat contre les éléments déchaînés. Le style est à la fois très
réaliste car l'écrivain connaît ce métier et nous l'explique avec force
détails. Le roman est de plus bien ancrée dans la région bretonne et le
port de Brest. Mais le récit est aussi épique. La mer dotée d'une vie
propre avec ses fureurs, sa
violence, sa sournoiserie est une sorte de Divinité toute puissante et
les
sauveteurs qui s'opposent à elle, bien qu'ils soient des hommes très
simples, se comportent en véritables héros du quotidien. Le sauvetage
des matelots et de la femme dans une chaloupe, le passage de l'île de
Sein réputé pour sa dangerosité près du phare d'Ar Men, entre les lignes
de brisants semblables à de menaçantes mâchoires, pour ne citer que ces
exemples, sont des moments qui tiennent en haleine le lecteur et le
passionnent. Ils me font penser à cet épisode de l'Odyssée où Ulysse ne peut échapper au monstre Charybde que pour tomber dans un autre Sylla!
La
chaussée de Sein.. Une chaussée, oui, une route d'écume, cahoteuse,
large de quatre milles et hérissée de milliers de cailloux noirs. Et
là-dedans, les entrelacs incohérents des courants et des remous, une
sorte de foisonnement de l'eau, d'enchevêtrements absurdes, de retours ,
de repentirs.
Quand
le nord redevint clair, les brisants surgirent si proches que Renaud en
reçut un choc, comme de retrouver présente, au réveil, la menace d'un
cauchemar. Un moutonnement furieux y courait, d'est en ouest, et les
recouvrait. C'était quelque chose de prodigieusement vivant, une
galopade d'avalanches, des crinières démesurées qui s'échevelaient. Les
roches parfois pointaient sous l'écume comme des engins difformes
crachant à d'extraordinaires hauteurs des explosions tonnantes.
Mais
à d'autres thèmes viennent interférer. La maladie de sa femme, Yvonne,
trouble Renaud et lui pose un problème moral. Alors qu'elle a toujours
été d'un dévouement exemplaire avec lui comment va-t-il se comporter
avec elle maintenant qu'elle est handicapée par la maladie et qu'elle a
perdu sa beauté. Il se sent déjà plein d'impatience de devoir jouer le
garde-malade, il sent bien qu'il ne pourra pas assumer ce rôle longtemps
si la situation s'éternise. Pourtant le véritable courage ne serait-il
pas là? Ne serait-il pas lâche malgré son héroïsme en mer? Un combat se
livre dans sa conscience entre son égoïsme et son devoir par rapport à
Yvonne.
Et
il sentait grandir une inquiétude anxieuse : lui qui avait tant aimé la
force, la sienne et celle des autres, comment se tiendrait-il,
maintenant qu'il allait être, à son tour, le maître responsable d'une
épave? Car c'était là, mieux que sur les bateaux solides, qu'on voyait
les hommes et les salauds.
L'autre
combat est celui entre l'amour qu'il porte à Yvonne et l'amour de
son métier. Il veut qu'elle vive, il lui promet d'abandonner le
remorqueur. Mais peut-il laisser des équipages en détresse, ne pas
répondre au SOS des navires qui risquent de se perdre sans lui?
Si
le film reprend certains thèmes, la tempête, le combat contre la mer,
l'amour du métier en concurrence avec l'amour de la femme, il y a
cependant une certaine différence entre le roman et le film. Ce dernier
est avant tout une histoire d'amour impossible, thème cher à Prévert qui
a écrit les dialogues et il a pour but de réunir le couple mythique
Gabin/Morgan après le succès de Quai des Brumes.. Renaud, (Jean
Gabin) tombe amoureux au premier regard de la femme du capitaine
(Michèle Morgan) après l'avoir sauvée du naufrage et elle devient sa
maîtresse.. Amour impossible car si elle est mariée, lui doit soigner sa
femme (Madeleine Renaud). Il est torturé, déchiré entre son devoir pour
Yvonne et son amour pour la belle naufragée mais aussi son métier qu'il
ne peut abandonner. Dans le roman, par contre, il n'y a même aucune
relation amoureuse entre eux même si Renaud a la
tentation d'avoir une liaison avec elle. Par son attitude, elle
symbolise à la fin l'ingratitude de la plupart des naufragés envers les
remorqueurs et elle a un rôle relativement secondaire puisqu'elle
n'apparaît que très tardivement dans le roman.
coucou! bon retour! je n'ai pas vu le film Shame on me! ni lu le livre, donc aucune chance de trouver.
RépondreSupprimer@ miriam : A découvrir donc! Le livre n'est pas mal du tout! Dans le film je n'aime pas le jeu des actrices.
RépondreSupprimerPfiou... rien deviné cette fois. Et pourtant, j'aurais dû mais sans avoir lu le livre ni vu le film, c'était pas gagné... Par contre, tu me donnes envie de lire le bouquin!
RépondreSupprimer@ Gwne : Tu sais que j'ai découvert des auteurs bretons d'un bon niveau pendant ces vacances en Bretagne. Je trouve qu'ils valent la peine d'être lus et je vais faire un challenge breton littérature, arts, histoire...Hum! Est-ce que quelqu'un me suivra!
RépondreSupprimerje n'aurai jamais trouvé !
RépondreSupprimer@ lystig : une prochaine fois peut-être!
RépondreSupprimerTu m'as donné très envie de voir ce film que je n'ai jamais vu.
RépondreSupprimerVérification faite, il est dans ma pochothèque (même édition!), acheté d'occasion en 1991, pas relu depuis... Si vous voulez découvrir une BD sur le même thème (un remorqueur, des remorqués de mauvaise foi, un capitaine et son second...), je vous invite à lire "SOS Bagarreur", dessiné par Follet et scénarisé par Tillieux. une histoire d'hommes qui finit bien!
RépondreSupprimerPOurquoi pas ? merci. je note.
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