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Adam |
L'exposition de l'artiste japonais Tomoaki Suzuki réunit vingt cinq statues de ce sculpteur dans les anciens entrepôts Lainé de Bordeaux, rénovés et devenus depuis 1973 le Centre d'art plastique contemporain de Bordeaux (CAPC).
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Lucy et Simba |
Le lieu tout d'abord me surprend par sa taille, ses arcades et sa nef centrale flanquée de deux bas-côtés comme une cathédrale, sa luminosité, tout ce qui confère à cet ancien entrepôt des denrées coloniales une dimension spirituelle que l'on n'attend pas d'un tel lieu.
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La "nef" de l'entrepôt |
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La nef en plongée |
Au milieu de cette immense nef, de toutes petites statues en bois, d'un
réalisme étonnant, (j'apprendrais plus tard que Tomoaki Suzuki travaille
d'après des photos), semblent se déplacer, vaquent à leurs occupations,
sans un regard l'un vers l'autre, entièrement préoccupés d'eux-mêmes.
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Kadeem et Kyrone |
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Mel |
Quand nous pénétrons dans la nef et tournons autour d'eux, notre rapport à l'espace s'infléchit. Alors que les proportions du bâtiment faisaient de nous des personnages insignifiants, nous voici devenus à l'écart de ses minuscules créatures de bois, des géants. Nous entrons au royaume de Lilliput, nous prenons conscience de la fragilité de ces personnages. Comme le Micromégas de Voltaire nous vivons, à nos dépens, l'expérience de la relativité.
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De minuscules créatures |
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Une géante chez les Lilliputiens |
Pourtant il y a une telle force en eux que nous avons l'impression d'une existence qui se déroule en dehors de la nôtre, dans une totale indifférence de ce que nous sommes. Si bien que pour nous mettre à leur niveau, c'est nous qui nous retrouvons... à genoux!
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A genoux devant les petits |
Tomoaki Suzuki fait "de la photographie en sculpture" et est le témoin des "faunes lookées de Londres"* où il vit depuis 1999, portant sur eux "un regard anthropologique". Chaque sculpture témoigne de l'identité d'un personnage mais aussi de son époque.. L'artiste a peint avec une telle précision ses statues que chacune est caractérisée par des détails d'une précision extrême. C'est pourquoi il ne peut produire que quatre à cinq sculptures par an.
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Tomoaki Suzuki : détail |
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Tomoaki Suzuki : détail |
Et finalement, en nous mettant à leur niveau, nous découvrons qu'ils sont bien vivants, dotés d'une personnalité, car dit Tomoaki Suzuki : "l'apparence et la personnalité sont, pour moi, une seule et même chose. Je n'adhère pas à l'idée que la personnalité serait saisissable au-delà de l'apparence. Les détails eux m'intéressent. Car en les observant précisément, j'arrive à percevoir la complexité de la personnalité du modèle".
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Zezi |
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Zezi |
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Cédric | |
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Emma | | |
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Adam | |
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Yasouyo |
Et enfin Marina, ma chouchou, parce qu'elle correspond le plus à mes yeux à ce que dit Tomoaki Suzuki de ses modèles : "Les gens cools sont ceux qui ont pris le risque de se planter alors qu'ils voulaient accomplir quelque chose"
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Marina |
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Marina |
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Marina |
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Marina |
J'exprime le présent à la surface d'une sculpture traditionnelle
Ma production est un marquage temporel
* Alexis Vaillant commissaire en chef du CAPC
Devant l'art contemporain je suis souvent perplexe. et saisie entre la beauté du contenant (la nef) et l'insignifiance du contenu (les statues) je suis peut être à côté de la plaque puisque je n'ai vu de l'installation que tes photos, mais c'est ma première impression.
RépondreSupprimerMais Miriam, c'est justement leur insignifiance qui donne leur signifiance!
SupprimerTu me donnes envie avec toutes ces photos de revoir à Bordeaux que je connais très peu. Maintenant que cette ville est reliée à Lyon par une autoroute, il n'y a plus de raison de ne pas le faire !
RépondreSupprimerUne belle visite à faire, en effet! Et ce mois-ci pour ceux qui aiment la photographie comme toi, il y a les rencontres Itinéraires voyageurs!
SupprimerTrès impressionnant ! J'ai lu un article ces jours-ci sur cet artiste, je ne sais plus où exactement, j'aimerais beaucoup voir son travail en vrai.
RépondreSupprimerOui, impressionnant est le mot. C'est surprenant tout ce que ces petits personnages nous font éprouver!
SupprimerCela semble très impressionnant ! Je ne connaissais pas du tout cet artiste; merci pour cette belle découverte.
RépondreSupprimerMoi non plus, je ne connaissais pas l'artiste et en voyant les phatos de l'exposition, je croyais que les statues étaient grandeur nature, d'où la surprise quand on aborde l'oeuvre!
SupprimerJ'aime bien cet endroit mais je suis peu sensible à l'art représenté...
RépondreSupprimerOui, je sais que tu n'aimes pas l'art contemporain! Je reste pourtant persuadée qu'il ne faut pas tout rejeter en bloc; il y a tellement de diversité dans l'art contemporain que l'on doit bien trouver une forme de langage qui finit par toucher. En particulier ici : tant que l'on n'a pas fait l'expérience personnelle de la confrontation avec ces petits personnages, l'on ne peut pas éprouver ce que l'on ressent par rapport à eux et à l'espace.
SupprimerAh moi j'aime beaucoup. Je suis même emballée... comme si on observait sa propre race, humaine j'entends, d'un perchoir ou d'une autre planète... cela donne à refléchir.
RépondreSupprimerC'est amusant car on pourrait croire au premier abord qu'Adam sur la première photo est à notre taille...
Sur bois! C'est fabuleux.
J'ai mis en "addendum" une photo prise au Macba d'un ensemble de l'artiste Juan Muñoz.
Moi aussi , je suis emballée. Oui c'est ça, tu as tout à fait raison, c'est comme si l'on avait un côté démiurge et que l'on observe la race humaine d'une autre planète! C'est tout à fait extraordinaire! Adam paraît à l'échelle humaine, à cause de la perspective, ce qui bouscule aussi notre perception du réel.
SupprimerMerci pour cette promenade... je ne connaissais pas cet artiste.
RépondreSupprimerUne riche expérience!
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