Pages

lundi 27 juillet 2015

Les pieds tanqués de Philippe Chuyen



Les pieds tanqués de Philippe Chuyen a été joué une première fois, en extérieur, dans le OFF 2012,  sur un boulodrome de l'île Piot. Il avait obtenu le prix Tournesol pour le Centenaire de Jean Vilar. Il est repris cette année dans une autre mise en scène à la Présence Pasteur.
Jamais, à priori, je ne serais allée voir un spectacle portant un tel titre et parlant de pétanque! J’aurais eu trop peur d’assister à une pagnolade dans le mauvais sens du terme! Mais le bouche à oreille a fonctionné et comme il se doit, quand il est élogieux, j’ai eu envie de me rendre compte par moi-même. Et j’ai bien fait!
La pièce fait référence, à n’en pas douter, à Marcel Pagnol. A la partie de cartes se substitue un partie de pétanque et s’il n’y a pas le lyonnais Mr Brun, il existe bien un Mr Blanc.
Effectivement, on y joue aux boules (d’ailleurs fort bien!) car la scène se passe en Provence, sur un boulodrome, entre quatre personnages que l’on peut définir ainsi : Le provençal, le pied noir, l’arabe né en France et l’immigré du nord … de la France, le nord commençant après Valence!
Le sujet de conversation est épineux et douloureux : la guerre d’Algérie. Ils sont les enfants de ceux qui ont vécu la guerre. Chacun d’une manière ou d’une autre a été marqué par ce conflit, chacun porte en lui-même une blessure indélébile et l’on, s’aperçoit, au bout du compte, que chacun a été floué dans ses idéaux, trahi, personne n’en est sorti indemne.
Le passé et le présent se répondent puisque nous apprenons que nous sommes en 1995, le 27 Juillet, le jour du terrible attentat dans le métro parisien, ce qui nous renvoie, bien sûr,  tragiquement à notre actualité.
Le texte peut paraître un peu démonstratif car chaque personnage est représentatif d’un type et parle en son nom mais il est porté avec émotion par de bons comédiens, d’origine provençale, qui n’ont pas besoin de forcer leur accent (ouf!). Le rire fuse :   mais pas de galéjade provençale, sous la farce, le tragique et la souffrance. On s’amuse beaucoup mais on se sent touché, concerné.
La mise en scène est enlevée, pleine d’inventivité et l’on finit par se passionner … même pour la partie de pétanque qui s’intègre au spectacle, ponctuant les sentiments de chacun, soulignant les différences et les conflits mais aussi montrant que le vivre ensemble est possible.


6 commentaires:

  1. Quand quatre hommes se parlent à travers leur vie et le jeu… cela doit être beau à entendre et à voir. Une pièce que j’aurais surement beaucoup appréciée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, une agréable surprise pour moi aussi. On rit beaucoup mais on est touché par le propos.

      Supprimer
  2. Merci pour ton article j aurais éliminer cette pièce ce à la lecture du titre

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'aurais fait comme toi mais au bout d'un moment dans le festival, des titres reviennent avec des commentaires positifs et cela donne envie de voir. C'est pourquoi il faut se ménager des plages horaires de liberté pour pouvoir y aller.

      Supprimer

Merci pour votre visite. Votre message apparaîtra après validation.