Voir des spectacles et rédiger les billets en même temps me devient de plus en plus difficile alors voici en vrac quelques petites annotations rapides sur mes derniers spectacles du IN.
Cassandre
Fanny Ardant : Cassandre |
"Avec ce récit, je descends dans la mort. » Cassandre-la-Troyenne est
lucide. Vaincue par son destin, il ne lui reste qu'une heure à vivre.
Elle sait que la malédiction d'Apollon l'empêche d'être entendue. Elle a
appris que les mots meurent eux aussi. Qu'importe, elle continuera à
parler. Mais elle n'essayera plus de convaincre les hommes de la
détresse qui les attend. Le temps des prédictions est terminé. Alors
elle se raconte avec une absolue liberté, sans rien masquer de ses
douleurs d'enfance, d'aimante, de prisonnière, de femme. Elle ne
veut pas devenir une héroïne."
Cassandre d'après Christa Wolf, est une réussite : un très beau texte porté par une artiste exceptionnelle Fanny Ardant dont la présence et la voix emplissent la vaste salle de l'opéra d'Avignon. A l'heure de sa mort, Cassandre est à la fois fragile et forte, une femme vaincue qui refuse de fuir Troie en flammes, qui refuse l'héroïsme et se révèle dans son humanité. L'orchestre placé en hauteur sur la scène avec la musique de Michael Jarell est un personnage à part entière tandis qu'un rideau rouge figure les flammes de la cité incendiée. Un beau spectacle!
Le bal du cercle de Fatou Cissé
Le bal du cercle de Fatou Cissé |
"Un ring, un podium, une agora, une scène : le cercle décrit par Fatou
Cissé est tout cela. En son sein, chaque geste, chaque regard fait sens.
Ce cercle est le lieu du Tanebeer, une pratique ancestrale réservée aux
femmes dans la société sénégalaise. Autrefois organisé à l'occasion des
mariages ou en l'honneur de personnalités importantes, ce bal a lieu
dans la rue et dans les arrière-cours des quartiers populaires. Les
femmes y rivalisent d'excentricité, se livrant à des danses à forte
charge sexuelle entraînées par une formation de percussionnistes – le
sabar –, arborant parures, maquillage et vêtements d'exception. Le
Tanebeer est un espace de réalisation où les femmes s'affranchissent de
leurs obligations et de la tradition pour devenir qui elles souhaitent.
Mais il est aussi un moment de régulation sociale, de règlement de
comptes où rivalité et solidarité se confondent."
Le sujet me plaisait beaucoup mais le résultat m'a fort déçue. A part quelques minutes très enlevées de danse qui montrent ce dont sont capables les danseuses et le danseur sénégalais et burkinabés de Fatou Cissé le reste du spectacle est une parodie d'un défilé de mode et se révèle bien vite d'un intérêt limité. Certes, les costumes chamarrés et les chapeaux aux formes amusantes sont un plaisir des yeux mais l'on se demande bien ce que Fatou Cissé a voulu dire avec ce spectacle. Tout ceci m'a paru superficiel. Et puis, c'est mal venu de n'occuper, quand on a un espace aussi grand, que la partie Jardin de la scène pendant au moins un tiers du spectacle si bien que les spectateurs côté Cour voient peu et n'entendent rien (car le spectacle est très bavard).
The last Supper
The last supper |
"The Last Supper aime jouer de ses fausses ressemblances
avec le dernier repas du Christ. Comme dans la plupart des peintures
figurant la Cène, on y découvre les convives côte à côte, attablés sans
naturel voire avec affectation. Car s'ils partagent un dîner et font
oeuvre d'être réunis, les personnages de la pièce d'Ahmed El Attar se
donnent aussi volontiers en représentation. Ils forment une famille
emblématique, jusqu'à la caricature, de la haute bourgeoisie cairote. Au
moment où l'Égypte post-révolutionnaire fait face à des
défis politiques, économiques et sociaux majeurs, leurs conversations
manifestent insouciance, frivolité et mépris pour le peuple. Le metteur
en scène ausculte une classe sociale dominante, obsédée par le paraître
et l'argent, dont il aime reprendre le langage et les postures pour en
relever la vacuité."
Le propos, la critique de la bourgeoisie cairote est intéressante, mais le résultat est décevant. Le texte est une satire sans nuance, et tous les personnages représentant l'armée et le capitalisme, en passant par les femmes stupides et les enfants mal éduqués sont de lourdes caricatures. Tous manquent d'intelligence alors que , dans la réalité, ils détiennent le privilège du savoir et des études dans les grandes universités étrangères. Ils ont tous d'une imbécilité si grande que l'on se demande pourquoi cette classe sociale peut exercer un si grand pouvoir. Le texte est répétitif, la mise en scène statique. On ne fait pas du bon théâtre avec des bons sentiments!
Ce Cassandre restera un grand moment de ma semaine!
RépondreSupprimerj'ai encore des articles en retard aussi, cela prolonge le séjour (et compense le choc thermique, seulement 20 degrés ici, brrr!)
Entre 45° et 20°, en effet, un monde!
RépondreSupprimerBravo pour toutes ces revues de représentations auxquelles tu as assisté … je me demande comment tu trouves encore le temps de commenter… j’ai déjà du mal à suivre tout ce que tu nous présentes avec tant de doigté et passion.
RépondreSupprimerJe trouve le temps oui et non.. j'en laisse de côté et je finis après le festival!
SupprimerCassandre me fait bien envie le souper aussi.
RépondreSupprimerCassandre était bien mais je t'assure que le souper ne l'était pas!
SupprimerFanny Ardant sur scène, j'en rêve ! Tu arrives à maintenir un sacré rythme au niveau des billets, je n'arrive même pas à suivre ;-)
RépondreSupprimerFanny Ardant était prodigieuse! Le rythme est soutenu, c'est vrai, mais pas autant que les spectacles que je vois!
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