Pages

jeudi 19 décembre 2019

Audur Ava Olafsdottir : Miss Islande



Miss Islande de Audur Ava Olafsdottir raconte l’histoire d’une jeune femme qui porte le nom du volcan islandais, Hekla. Elle part à Reykjavik, quittant sa région natale, dans le nord, pour être écrivain. Elle s’est aperçue bien vite qu’il est difficile de réaliser son projet -qui est aussi une vocation- quand on est une femme. De caractère bien trempé, volontaire, elle décide de tracer sa route sous un nom d’emprunt. Non, nous ne sommes pas dans l’Angleterre victorienne des soeurs Brontë mais en Islande dans les années 1960 ! Hekla est née en 1942. Le premier chapitre du livre s’intitule d’ailleurs : « Poète est un mot masculin ». Seule son amie Isey, mariée trop jeune et déjà mère, et Jon John, son  ami d’enfance, homosexuel, ainsi que son père, sont au courant.

Le volcan Hekla : voir ici

Le récit raconte les difficultés rencontrées par Hekla : travailler dans un café, subir les humiliations quotidiennes, gestes déplacés, harcèlement sexuel, d’hommes avinés, refuser de participer au concours de Miss Islande, seule « carrière » envisageable, semble-t-il, pour une jeune femme quand elle est jolie, et trouver le temps de continuer à écrire !
Mais être une femme au foyer, ne semble pas beaucoup plus désirable. C’est ce que l’on se dit quand on voit Isey, ses regrets non exprimés, son enfermement entre quatre murs, son manque de communication avec son mari, et, malgré l’amour porté à ses enfants, la peur d’être enceinte sans pouvoir être maîtresse de son corps, sans possibilité de contraception.
Le roman explore aussi le thème de l’homosexualité. Il montre les souffrances de Jon John qui doit cacher ce qu’il est, et pourtant subir les railleries, les brimades, la brutalité de ses camarades de travail pendant ses expéditions en mer.
Ces deux derniers personnages, fragiles, sont intéressants. J’ai aimé ce qu’écrit Isey dans son journal intime qu’elle cache dans une seau mais qui contient de jolies perles poétiques. Par contre, le personnage de Hekla n'est pas attachant. Les relations qu’elle entretient avec Starkadur, l’homme avec qui elle va vivre, ne la rendent pas obligatoirement sympathique. Elle est très froide et n’a d’empathie que pour ses amis et son père. On sent qu’elle est prête à sacrifier tout ce qui freinerait ses projets.
C’est peut-être pour cela que le roman malgré ses qualités évidentes d’écriture ne m’a pas toujours touchée bien qu'il ait reçu le prix Médicis étranger.
Ce que je préfère, dans le roman,  se situe dans le chapitre placé avant l’histoire d’Hekla : le passage où la mère d’Hekla, enceinte, rencontre l’aigle qui la raccompagne jusqu’à son logis, celui où le père amoureux des volcans donne son nom à la fillette et l’amène avec lui voir les éruptions.
En fait, c’est là que je retrouve l’écriture que j’aime, Audur Ava Olafsdottir et son rapport avec la nature et la terre mère, l’Islande.

18 commentaires:

  1. Je suis très tentée par ce que tu racontes de ce livre et je pense qu'il doit être bien sûr encore possible de le trouver en librairie. L'Islande me fascine surtout en hiver mais je ne suis pas sûre que j'aimerais y aller à ce moment là. Les islandais sont obligés de vivre en tenant compte de la rude nature qui les environne.
    L'aigle qui raccompagne la future mère me fait penser au loup à la gorge blanche qui raccompagne le jeune Arthur chez son père adoptif, loup qui est en réalité Merlin...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L'aigle est vraiment un aigle et cette rencontre entre la femme enceinte et la mère qui défend ses aiglons est à a la fois bien réelle et fantastique en même temps!

      Supprimer
  2. J'ignore si je prendrai le temps de m'y lancer, je n'apprécie pas assez l'auteur pour que ce soit urgent.

    RépondreSupprimer
  3. j'aimerais beaucoup lire ce livre (j'en ai lu un autre du même auteur et il m'avait énormément plu)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est un livre bien écrit sur des sujets intéressants mais.. Il ne m'a pas vraiment touchée.

      Supprimer
  4. Ce roman là divise on dirait, j'ai lu des avis contrastés. J'ai raté de peu l'auteure aux Boréales, elle était là le dimanche soir, mais je devais reprendre mon train .. j'aurais aimé l'entendre, même si je l'ai déjà rencontrée 3 ou 4 fois.

    RépondreSupprimer
  5. J'ai aimé tous les romans d'Audur... jusqu'à celui-ci. Il est bien écrit, certes, mais il ne m'a pas touchée et j'ai cherché en vain le petit grain de fantaisie qui m'avait fait adorer les autres !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Exactement ! ce petit grain de fantaisie qui éclate dans la préface avec l'aigle et les volcans, voilà ce que je préfère. Là, elle est beaucoup plus classique. Finalement, c'est l'histoire des parents qui m'intéressaient : le père qui amène sa fille si près du volcan qu'elle en a les semelles des chaussures presque brûlées.

      Supprimer
  6. On parle beaucoup de ce livre ça et là… Je ne connais pas cet écrivain. Mais je comprends ce que vous dites des qualités qu'elle a pour décrire l'environnement islandais. Il faut dire que vivre sur cette île doit déjà être une incroyable source d'inspiration.
    Bonne journée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Effectivement et elle a une vision poétique de cette nature hors du commun.

      Supprimer
  7. Un livre qui demande à être lu pour échanger les impressions...













    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Thérèse, il semble que je ne suis pas la seule a avoir été un peu déçue. Mais effectivement, ce roman mérite qu'on se fasse son idée personnelle.

      Supprimer
  8. j'ai lu sans déplaisir mais sans passion les autres livres de l'auteur mais je ne suis pas certaine de lire celui là

    RépondreSupprimer
  9. Je n'en avais pas entendu parler. MErci pour cette découverte !

    RépondreSupprimer
  10. J'aime vraiment cette auteure, ses mots me touchent toujours. J'ai trouvé ce livre-là au pied de mon sapin et je viens juste de le commencer. Mais tu m'as l'air un peu déçue...
    Daphné

    RépondreSupprimer

Merci pour votre visite. Votre message apparaîtra après validation.