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mercredi 17 août 2022

Valérie Perrin : Changer l'eau des fleurs

 

"Mes voisins de palier n'ont pas froid aux yeux. Ils n'ont pas de soucis, ne tombent pas amoureux, ne se rongent pas les ongles, ne croient pas au hasard, ne font pas de promesses, de bruit, n'ont pas la sécurité sociale, ne pleurent pas, ne cherchent pas leurs clés, leurs lunettes, la télécommande, leurs enfants, le bonheur.(...)

Ils sont morts.

La seule différence entre eux, c'est le bois de leur cercueil : chêne, pin ou acajou"


J’ai découvert le roman de Valérie Perrin, Changer l’eau des fleurs, après avoir vu au Festival d’Avignon le spectacle adapté du texte littéraire sur la scène du théâtre du Chêne noir.
Avec ses 672 pages, le livre est incontestablement un pavé et comme je l’ai lu au mois de Juillet, voici donc mon premier pavé de l’été pour le challenge de Brize.


L’adaptation au théâtre de cet énorme livre en une heure et quinze minutes par Caroline Rochefort et Mikaël Chirinian est une gageure. Comment réussir à faire tenir en si peu de temps toute cette longue histoire ?  Et bien, en ne conservant que les personnages principaux et en se focalisant sur leur histoire. Du coup l’action est resserrée, efficace, pleine de surprises et d’émotions, effets que renforce la qualité des trois interprètes : Violette, personnage attachant que l’on découvre peu à peu (Caroline Rochefort, nomination Molière de la révélation féminine), son amoureux Julien et son ex-mari Philippe, tous les trois excellents comédiens qui font passer sous le rire tout le tragique de ces vies brisées qui cherchent à se reconstruire…

Changer l'eau des fleurs festival d'Avignon 2022


Le roman, lui développe : Violette est gardienne d’un cimetière. Elle a été abandonnée par son mari Philippe Toussaint qui a toujours vécu à ses crochets avant de s’enfuir sans laisser d’adresse. Pourtant même ce personnage quand il apparaîtra nous révèlera une autre face de sa personnalité. Elle rencontre, dans sa loge, Julien Seul, un policier taciturne, venu déposer les cendres de sa mère, Irène, sur la tombe d’un homme que lui, son  fils, ne connaît pas. Ce sont les dernières volontés de  la défunte. De quoi en être chamboulé ! Mais Violette connaît Irène et celui qu’elle a aimé, et l’histoire de ces deux disparus se dévide à côté de la sienne, en parallèle ou parfois imbriquée l’une dans l’autre  !


A travers le récit de son passé qu’elle nous raconte peu à peu et qui révèle, malgré l’humour, ses manques et ses souffrances, nous voyons le quotidien de Violette, les  visites des habitués qui se confient à elle et qu’elle réconforte, les liens amicaux qu’elle tisse avec les fossoyeurs, Elvis, Nono, Gaston, avec le père Cédric, personnages haut en couleur,  les fleurs qu’elle cultive avec amour, les chats qu’elle recueille avec tendresse, les enterrements et le déroulement des cérémonies dont elle note tous  les détails.  Autour d’elle, la présence de tous ces morts dont  elle conserve les traces, seul moyen de ne pas les laisser disparaître. Le Souvenir, une lutte contre la Mort.
 L’histoire de Violette s’entremêle à celle des autres. L’enchevêtrement des vies de chacun, le passage sans ordre chronologique du passé au présent et inversement, l’absence voulue de tout ordre, auraient pu donner un récit complexe et lourd. Or, il n’en est rien ! Tout paraît se rejoindre et se résoudre dans une seule histoire fluide qui coule comme si rien ne venait l’interrompre. C’est une des grandes réussites de l’écrivaine. Elle parvient à donner cette impression de simplicité et d’unité. Le style est poétique, limpide.

Après avoir été une enfant de l’assistance malheureuse, après avoir été mal mariée et avoir perdu ce qu’elle avait de plus précieux et ce qui donnait un sens à sa vie,  (je ne vous en dis pas plus pour vous laisser le découvrir) Violette retrouve le bonheur. C’est ce qu’elle affirme :
« Je déguste la vie, je la bois à petites gorgées comme du thé au jasmin mélangé à du miel. Et quand arrive le soir, que les grilles du cimetière sont fermées et la clef accrochée à ma porte de salle de bains, je suis au paradis .
Pas le paradis de mes voisins de palier. Non. »


Trop de bons sentiments dans ce roman ?  Trop d’optimisme dans ces rencontres avec une humanité bienveillante ?  Ma foi, après avoir subi ce que la vie a de pire, on ne peut que souhaiter à Violette un peu de bonheur ! Un beau roman !


challenge Pavé de l'été : blog Sur mes brizées

Changer l’eau des fleurs Valérie Perrin Livre de poche  672 pages


Récapitulatif challenge Pavé de l'été 2022

14 commentaires:

  1. Je retiens ce titre original pour l'histoiree d'une héroïne dont le métier ne l'est pas moins.

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    1. Oui, c'est le moins que l'on puisse dire et ses rapports avec ses "voisins" ne le sont pas moins.

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  2. Tant mieux, bonne nouvelle. Il est dans ma PAL et j'avais un peu peur du côté trop eau de rose. De Valérie Perrin, j'ai aimé un roman et pas du tout un autre .

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    1. Oui moi aussi , j'avais peur du côté eau de rose et puis finalement, j'ai accepté le côté sentimental parce que le personnage principal est vraiment attachant... Et puis si les souffrances d'un personnage nous paraissent acceptables, pourquoi n'accepterions-nous pas lorsqu'elle parvient à se reconstruire ?

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  3. Tu réussirais presque à me tenter, et pourtant je n’avais pas trop l’impression qu’il me conviendrait, ce roman !
    Et Challenge réussi, bravo :) !

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    1. Il s'agit d'une remontée vers la vie du personnage. Si tu n'aimes pas le côté résolument optimiste de cette reconstruction, le roman ne te plaira peut-être pas, en effet malgré les qualités d'écriture !

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  4. Je le note. Pas trop de temps pour les pavés mais pourquoi pas puisque tu en parles si bien

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    1. Te connaissant, ce n'est peut-être pas le roman que tu préfèrerais. je pense que le suivant dont je vais parler te plairait plus !

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  5. J'espère toujours lire "Trois" cet été (on me l'a prêté). J'espère avoir la même bonne surprise que toi, les têtes de gondoles ne me tentent pas beaucoup en général...

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    1. Je suis venue au roman par le théâtre et finalement j'ai aimé.

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  6. Comme j’aime et non « comme j’ai aimé » ce livre. En fait j’aime chaque livre de Valérie Perrin, je guette depuis son premier livre son prochain. Celui-ci étant le troisième.
    V. Perrin a l’art de mélanger ceux qui partent et ceux qui restent dans ce livre et son personnage Violette sait si bien se nourrir de la vie qui passe.
    Comme j’aimerais m’asseoir avec Violette comme avec Valérie Perrin du reste…
    Ses livres se lisent si facilement et pourtant...

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    1. Caprice d'internet... le commentaire vient de moi.

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  7. Je pense être très particulière vu les avis positifs à propos de ce livre. Je l’avais abandonné car trop « feel good» et ça m’agaçait !
    Bref je pense que je vais m’y remettre 😃

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  8. si c'est bien dosé, un peu de bons sentiments, ça fait du bien aussi!
    Tu as pu voir d'autres spectacles pendant les quelques jours où tu as pu profiter du festival ?

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