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jeudi 7 juillet 2022

Paris, Les Tapisseries du Musée de Cluny : Musée national du Moyen-âge (2)

La dame à la licorne : la vue
 
 

 A tout seigneur, tout honneur ! Pour présenter les tapisseries du musée Cluny, commençons par la Dame à la Licorne. 

 Les tapisseries de La dame à la licorne

Les six oeuvres sont installées dans une salle plongée dans une semi-obscurité. Seuls quelques spots éclairent délicatement les scènes en réveillant le chatoiement des couleurs. Ce qui est fait pour une meilleure préservation des tapisseries crée une atmosphère particulière. Les visiteurs s’assoient, admirent, se lèvent pour s’approcher afin  d’apprécier les détails. Ils prennent leur temps ! Ils parlent peu et bas. C’est un moment de recueillement comme s’’il n’y avait plus de mots pour célébrer la parfaite beauté.

Les cinq premières tapisseries représentent les cinq sens. La sixième, A mon seul désir, pose un problème d’interprétation. La dame paraît reposer un collier dans un coffret  comme si elle abandonnait les plaisirs liés au corps. Certains spécialistes l’ont interprété comme un renoncement aux sens, d’autant plus que la dame est la seule sur les six à avoir les cheveux courts comme si elle avait fait don de sa chevelure à son amant, selon une lecture courtoise ? Ou bien peut-on  voir cette scène comme une allégorie d’un sixième sens spirituel qui serait celui du coeur et de l’âme?
Sur le pavillon on peut lire une inscription, A mon seul désir,  devise de la famille lyonnaise les Le Viste que l’on reconnaît à l’étendard, aux armoiries de gueules rouges et à la bande d’azur, bleue, marquée de trois croissants de lune argentés.

La salle des dames à la licorne
 

Ces six tapisseries sont tissées au début du XVI siècle, probablement de 1484 à 1538 et leur origine est incertaine. Elles sont dites millefleurs - C’est un art très à la mode à cette époque - car le fond est composé de nombreuses petites plantes et fleurs dont chacune a une signification. 
Ainsi, dans les tapisseries de La dame à la licorne, on peut voir la violette, fleur du désir et de la modestie, la rose symbole de l’amour terrestre, le lys symbole de la pureté, la jacinthe, symbole de la vertu et de l’endurance, la pâquerette, fleurs de Pâques ou fleur de Vénus, et bien d'autres encore, la pensée, le jasmin, le muguet ...

La dame à la licorne : L'odorat (détail)
 

Ce sont les fleurs qui permettent de symboliser le sens de l'odorat. La suivante offre des fleurs à la dame qui confectionne une couronne.

 Les animaux sont nombreux dans les six tapisseries. La licorne, symbolise la pureté. Certains, comme le singe, permettent d'établir de quel sens il s'agit.  Dans l'une, un singe hume les fleurs pour confirmer le sens de l'odorat , dans l'autre, le goût, il mange des douceurs et l'oiseau posé sur la main de la dame picore le bonbon qu'elle lui tend pour indiquer que le sens est le goût.

 

Le singe  : le goût (détail)


Les arbres stylisés sont l’oranger, le houx, le chêne et le pin. Tous ont un rôle symbolique car au Moyen-âge toute représentation écrite ou imagée part du réel mais possède toujours une signification cachée, liée à l’imaginaire, porteuse d’un sens symbolique qu’il faut savoir déchiffrer, ce qui vrai d’ailleurs dans toutes les civilisations et peut changer selon les époques ou non. 
 Le chêne signifie la fermeté, la fidélité, le bonheur, le houx, plante du Christ, protège la maison, le pin est le symbole de la permanence, l’oranger est l’arbre de la connaissance du paradis ou de la fécondité.

 

La dame à la licorne : L'Oranger

 

La dame à la licorne : la vue (détail)Le houx

Le peintre Jean d’Ypres, actif à Paris de 1489 à 1508 a dessiné les femmes et les animaux; Il est connu comme enlumineur au service de la reine Anne de Bretagne et comme auteur de modèles pour des vitraux ou pour des gravures illustrant des livres imprimés.


La dame à la licorne : l'ouïe


La dame à la licorne : le toucher (détail)



La sixième tapisserie : A mon seul désir


 

Les tapisseries de la vie seigneuriale

 

La tapisserie de la vie seigneuriale : le bain, la musique
 
Les tapisseries de la vie seigneuriale sont au nombre de six, tissées vers 1500 et originaires des Pays-Bas du sud. Elles présentent la vie luxueuse des nobles seigneurs, peignent la richesse  des vêtements, le raffinement des divertissements, et suggèrent une vie  brillante et insouciante, une douceur certainement idéalisée, dans un paysage millefleurs entouré d'oiseaux et autres animaux :  La promenade,  les scènes galantes, le bain, la lecture, la broderie, le départ pour la chasse, ..... Toutes sortes de détails rendent ces scènes vivantes et amusantes comme ce chat qui joue avec le fil du rouet que tient la dame dans le panneau représentant la lecture, ou la cane et ses petits qui pataugent dans la mare qui s'écoule du surplus de la fontaine dans Le Bain.


  • Musée Cluny : la broderie, le miroir, univers uniquement féminin.

 

La vie seigneuriale : La broderie, Détail : les pelotes


La vie seigneuriale La lecture  : Le chaton joue avec le fil


La vie seigneuriale : La lecture : Le seigneur lit un epoésie à sa dame

Les tapisseries des Vendanges


Musée de Cluny : Les vendanges

La tapisserie intitulée les Vendanges présente sur 4m 95 de long (hauteur 2m46)  toutes les étapes des Vendanges au Moyen-âge, de la récolte du raisin au foulage et au pressoir jusqu'à l'élaboration du vin. Les scènes semblent croquées sur le vif,  elles sont riches, les gestes sont précis,  animées de nombreux personnages de milieux sociaux différents comme en témoignent les vêtements, les seigneurs sont présents et côtoient les paysans. La tapisserie n'est pas entière et elle avait déjà été restaurée quand elle est entrée au musée de Cluny en 1930.

Musée de Cluny : Les vendanges

Les vignes sont  échalassées, les paysans coupent les  grappes avec une petite faucille, sans avoir à se baisser.

Musée de Cluny : Les vendanges : le foulage

Musée de Cluny : Les vendanges (détail)


Le départ de la chasse

Musée Cluny : Le départ à la chasse

Le seigneur part à la chasse, le faucon au poing. Il est accompagné par ses pairs à cheval, l'un tient aussi un faucon sur son poing, l'autre a lancé le sien qui s'élève dans le ciel. Son écuyer tient la monture. A l'arrière une ville entourée d'un rempart et sur la hauteur, le château. Ce qui est remarquable, c'est la somptuosité des vêtements et  l'harnachement des chevaux.


Musée Cluny Le départ de la chasse

Musée Cluny Le départ de la chasse

10 commentaires:

  1. Je ne me souvenais plus de toutes ces tapisseries...

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  2. Ces tapisseries sont décidément superbes. On ne se lasse pas de les revoir.

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  3. quelles merveilles ces tapisseries! quel bon souvenir que cette visite. Merci pour les explications savantes et pour la collection de détails!

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  4. Merci d'avoir photographié ces beaux détails et pour les explications des symboles. J'espère visiter ce musée un jour.

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  5. Bonjour Claudialucia, je suis passée pas plus tard qu'il y a trois jours devant le Musée de Cluny en me disant qu'il fallait que je retourne le visiter. Merci pour cette belle visite pas assez visité par les Parisiens et les autres. Bonne journée.

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  6. Comme j'aimerai les voir en vrai ! Il n'y a pas un roman sur ces tapisseries ? LEs tapisseries à la licorne... Je jetterai un oeil à l'occasion...

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  7. Mais que c'est magnifique ! Mais quel plaisir de voir tout cela, de s'arrêter sur ces détails ! Mais comme vous me donnez envie d'aller les revoir "en vrai" ! Merci beaucoup.
    Très bon dimanche.

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  8. La couverture de mon Lagarde & Michard du lycée... :-)

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  9. Désolée, je n'ai pas pu répondre, absence d'internet à l'époque. Merci à vous . PS : Le roman de Tracy Chevalier

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