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jeudi 18 avril 2024

Le Jeudi avec Marcel Proust : Du côté de chez Swann Première partie Cambray : Albert Bloch

Mehmed II  :  Gentile Bellini (1429-15O7)


 

Gentile Bellini peintre vénitien est le frère de Giovanni Bellini, ce dernier étant l'un des grands peintres de Venise, un de mes peintres vénitiens préférés. 

Gentile se rend à Contantinople en 1479 à la cour du sultan Mehmed II. L'histoire dit que le souverain admirant une oeuvre du peintre représentant  la décollation de Saint Jean-Baptiste, veut lui signaler une erreur. Il tire son sabre et décapite un serviteur qui passait par là : "Vous voyez, lui dit-il, les organes ne sortent pas du cou comme vous les avez représentées mais se rétractent ".

 C'est ce même Mehmed II dont Proust écrira dans Un amour de Swann  : "Puis il (Swann) sentait bien près de son cœur ce Mahomet II dont il aimait le portrait par Bellini et qui, ayant senti qu’il était devenu amoureux fou d’une de ses femmes, la poignarda afin, dit naïvement son biographe vénitien, de retrouver sa liberté d’esprit. "

 

  Albert Bloch

 
Le descendant de Mehmed II à notre époque

35 générations séparent ces deux portraits. D'après Swann, Bloch devait ressembler à ces deux portraits en plus jeune.


Il y a dans A la recherche des passages qui sont de vraies scènes de comédie : celles avec Albert Bloch en font partie.

Albert Bloch est un camarade d'école du narrateur. Il est un peu plus âgé et exerce une grande influence sur lui en lui conseillant la lecture de Bergotte, l'un des grands écrivains de A la Recherche, et en lui parlant de poésie. Swann dont c'est l'habitude de s'entourer de personnages descendus de leur tableau  affirme que Bloch est le portrait de Mehmed II de Gentile Bellini.  

Bloch est un personnage secondaire de A la Recherche mais il m'a tellement amusée que j'ai noté les passages où il apparaît dans cette première partie de Du côté de chez Swann Cambray

 J’avais entendu parler de Bergotte pour la première fois par un de mes camarades plus âgé que moi et pour qui j’avais une grande admiration, Bloch. En m’entendant lui avouer mon admiration pour la Nuit d’Octobre, il avait fait éclater un rire bruyant comme une trompette et m’avait dit : « Défie-toi de ta dilection assez basse pour le sieur de Musset. C’est un coco des plus malfaisants et une assez sinistre brute. Je dois confesser d’ailleurs, que lui et même le nommé Racine, ont fait chacun dans leur vie un vers assez bien rythmé, et qui a pour lui, ce qui est selon moi le mérite suprême, de ne signifier absolument rien. C’est : « La blanche Oloossone et la blanche Camire » et « La fille de Minos et de Pasiphaé ». Ils m’ont été signalés à la décharge de ces deux malandrins par un article de mon très cher maître, le Père Lecomte, agréable aux Dieux immortels. À propos voici un livre que je n’ai pas le temps de lire en ce moment qui est recommandé, paraît-il, par cet immense bonhomme. Il tient, m’a-t-on dit, l’auteur, le sieur Bergotte, pour un coco des plus subtils ; et bien qu’il fasse preuve, des fois, de mansuétudes assez mal explicables, sa parole est pour moi oracle delphique. (...)

 Le comique naît de l'alliance disparate de mots, certains tirés de l'argot des potaches " C'est un coco " (j'ai lu un article qui suggère que ce terme pourrait correspondre dans l'argot des lycéens d'aujourd'hui à "mec") mêlés à des mots savants "dilection" "mansuétude", à des expressions ampoulées, hyperboliques "agréable aux Dieux immortels" "cet immense bonhomme" "oracles delphiques" ou à des  archaïsmes comme  "le Sieur" "Malandrins". Toujours est-il que l'effet est comique et nous renseigne aussi sur le caractère de Bloch, intelligent ? peut-être ? cultivé, c'est certain, mais pédant, sentencieux, donneur de leçon ! Autrement dit un drôle de coco lui-même !  Mais ce n'est pas fini ! Et ce qui suit est encore plus hilarant si possible !

 

Albert Bloch et la famille de Marcel

 

 Jeanne Weil, madame Proust, mère de Marcel d' Anaïs Beauvais

 Albert Bloch est juif dans une société de la fin du XIX siècle et début du XX ième gangrénée par l'antisémitisme. L'affaire Dreyfus qui divise les familles se situe, en effet, entre 1894 et 1906. Il ne faut pas oublier que Marcel Proust appartient à une famille juive par sa mère, Jeanne Weil, même si l'écrivain est catholique comme son père. Bloch est donc accueilli dans la famille du jeune Marcel avec bienveillance  mais...

Mais Bloch avait déplu à mes parents pour d’autres raisons. Il avait commencé par agacer mon père qui, le voyant mouillé, lui avait dit avec intérêt :

— Mais, monsieur Bloch, quel temps fait-il donc ? Est-ce qu’il a plu ? Je n’y comprends rien, le baromètre était excellent.

Il n’en avait tiré que cette réponse :
— Monsieur, je ne puis absolument vous dire s’il a plu. Je vis si résolument en dehors des contingences physiques que mes sens ne prennent pas la peine de me les notifier.
— Mais, mon pauvre fils, il est idiot ton ami, m’avait dit mon père quand Bloch fut parti. Comment ! il ne peut même pas me dire le temps qu’il fait ! Mais il n’y a rien de plus intéressant ! C’est un imbécile.
 

Puis Bloch avait déplu à ma grand’mère parce que, après le déjeuner comme elle disait qu’elle était un peu souffrante, il avait étouffé un sanglot et essuyé des larmes.
— Comment veux-tu que ça soit sincère, me dit-elle, puisqu’il ne me connaît pas ; ou bien alors il est fou.
 

Et enfin il avait mécontenté tout le monde parce que, étant venu déjeuner une heure et demie en retard et couvert de boue, au lieu de s’excuser, il avait dit :

— Je ne me laisse jamais influencer par les perturbations de l’atmosphère ni par les divisions conventionnelles du temps. Je réhabiliterais volontiers l’usage de la pipe d’opium et du kriss malais, mais j’ignore celui de ces instruments infiniment plus pernicieux et d’ailleurs platement bourgeois, la montre et le parapluie.


La fille de Minos et de Pasiphaé
 
 
La fille de Minos et de Pasiphaé : Sara Bernhard

 
"Mais j’aimais Bloch, mes parents voulaient me faire plaisir, les problèmes insolubles que je me posais à propos de la beauté dénuée de signification de la fille de Minos et de Pasiphaé me fatiguaient davantage et me rendaient plus souffrant que n’auraient fait de nouvelles conversations avec lui, bien que ma mère les jugeât pernicieuses."
 
Ce qui est encore amusant, c'est la naïveté du jeune garçon  qui se tourmente à propos des vers d'Alfred de Musset dans La nuit de mai* « La blanche Oloossone et la blanche Camire » et de Racine dans Phèdre  La fille de Minos et de Pasiphaé » qui, d'après Bloch,  ne signifient rien.
 
Albert Bloch adhère ainsi à la théorie de l'Art pour l'Art que Théophile Gautier avec sa dose de provocation habituelle définit ainsi : Il n'y a vraiment de beau que ce qui ne peut servir à rien. Tout ce qui est utile est laid. Gautier se fait ainsi le précurseur du Parnasse dont Leconte de Lisle est le chef de file. Or, ce dernier est  le favori de Bloch qui le qualifie de "gigantesque assembleur de rythmes".
 
  Aussi quand le jeune narrateur se tourmente en prenant pour argent comptant l'affirmation de  Bloch  "quand il m’avait dit que les beaux vers (à moi qui n’attendais d’eux rien moins que la révélation de la vérité) étaient d’autant plus beaux qu’ils ne signifiaient rien du tout ", on peut être certain que l'écrivain adulte se moque de ces théories et nous invite à les réfuter !
 
La blanche Oloossone à la blanche Camyre; La fille de Minos et de Pasiphaé. Il est vrai que ces deux vers sont souvent cités comme ayant une pureté formelle, celles des sons et de la musicalité, des vers qui retentissent comme une incantation. Le côté ésotérique des noms propres les pare de mystère, éveille l'imagination et n'enchante pas seulement l'oreille mais l'esprit. Mais il est aussi bien évident que Bloch exagère, ce ne sont pas les seules beautés de ces oeuvres et elles sont aussi porteuses de sens !  Le vers de Musset convoque les images de la Grèce antique et, au-delà, celle d'Homère avec la cité antique dont le poète reprend l'épithète blanche, image du soleil, de la pureté. D'ailleurs tout le passage dans lequel défilent les noms de lieux grecs est incantatoire et magique !  C'est la muse qui parle au poète, une intervention divine...   
La fille Minos et de Pasiphaé est aussi plein de sens et donne toute sa profondeur à la tragédie de Racine. L'évocation de  Minos, le roi des Enfers, et Pasiphaé la fille du Soleil dont Phèdre est issue fait courir sur les vers de Racine toute une poésie de l'ombre et la lumière, décrit le combat entre le Bien et le Mal, entre la pureté et la souillure, unissant ainsi la religion grecque à la religion chrétienne de Racine, le janséniste torturé par l'idée de la grâce prédestinée et de la liberté humaine. 
 
 
 


 
   La Nuit de Mai Alfred de Musset

Partons, nous sommes seuls, l'univers est à nous.
Voici la verte Écosse et la brune Italie,
Et la Grèce, ma mère, où le miel est si doux,
Argos, et Ptéléon, ville des hécatombes,
Et Messa la divine, agréable aux colombes,
Et le front chevelu du Pélion changeant ;
Et le bleu Titarèse, et le golfe d'argent
Qui montre dans ses eaux, où le cygne se mire,
La blanche Oloossone à la blanche Camyre.
Dis-moi, quel songe d'or nos chants vont-ils bercer ?
D'où vont venir les pleurs que nous allons verser ? 
 
 
 
 
Camiros est un site archéologique de Rhodes, situé sur la côte nord-ouest de l'île. Cité par Homère
Oloossone est une ville située dans les terres de Thessalie, et non près de la mer.
 
 
 

 
 
 
Hyppolyte acte I scène 1

Cet heureux temps n’est plus. Tout a changé de face,
Depuis que sur ces bords les dieux ont envoyé
La fille de Minos et de Pasiphaé.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 

mardi 19 mai 2015

Evelyne Bloch-Dano : Jardins de papier



Jardins de papier de Rousseau à Modiano de Evelyne Bloch-Dano est un livre écrit par une amoureuse des jardins dans un style plaisant et élégant qui nous invite à une promenade en toute liberté.

 Les jardins dans le temps et l'espace

Jardin à l'anglaise

Après nous avoir présenté les différents types de jardin (y compris les siens!) et nous avoir fait voyager dans le temps et l’espace, du jardin des origines en passant par ceux de la Renaissance ou du Moyen-âge, jardins de l’Islam, jardins romains, persans, à la française ou à l’anglaise, Evelyne Bloch-Dano  nous convie à  une promenade littéraire. 

Jardin médiéval à Cahors (source)

Les jardins dans la littérature
parc de la maison de George Sand Nohant
domaine de Nohant : George Sand (source)
 
A tout seigneur, tout honneur. C’est avec Rousseau que nous commençons cette promenade. Non que les jardins soient absents de la littérature avant lui mais parce qu’il est l’initiateur de ce goût de le nature qui n’a cessé de se répandre après lui, en particulier chez les romantiques qu’il annonce. Les pas du promeneur solitaire, les ébats campagnards de La Nouvelle Héloïse nous amènent dans la vallée ou fleurit le lys de Balzac, dans le parc nocturne ou Julien Sorel saisit la main de madame de Rénal, dans le Nohant de George Sand, jardinière férue de botanique…
 

Le paradou de Zola inspiré des jardins de Monet Giverny (source)
Le Paradou de Zola inspiré des jardins de Monet Giverny (source)

Avec Evelyne Bloch-Dano, j’ai aussi revu le Paradou de Zola qui m’a fait rêver dans mon adolescence et les fleurs de Colette si somptueusement parées par les mots de l’écrivaine, tisseuse de rêves colorés, jardins nostalgiques qui annoncent l'abandon et la perte. J’ai appris comment Jean Paul et Simone auraient pu se rencontrer au parc du Luxembourg et l’anecdote du marronnier m’a bien fait sourire :  Certes la philosophie n’en a pas été changée mais la botanique s’en est trouvée plus mal, oui! Cette promenade se termine non avec Modiano mais avec Christian Bobin, jardinier du paradis.


 
 
 
Evelyne Bloch-Dano analyse le rôle que joue le jardin pour chacun de ces écrivains, ce qu’il représente, simple décor extérieur, ou personnage à part entière, symbole du renoncement dans La Porte étroite de Gide, le jardin a une signification jusque dans son absence, témoins les jardins invisibles de Modiano.

Le livre paru chez Stock est lui-même un joli objet. La première de couverture est illustrée par Jacek Yerka avec Romantic garden et les pages sont très délicatement soulignées par les dessins pleins de finesse, végétaux, feuilles et fleurs de couleur verte de la graphiste Marion Cochat.

Un bémol : j’aurais aimé que les analyses soient accompagnées d’extraits de textes (et non de courtes citations).  C'est que j'avais un à priori quand j’ai choisi ce livre, j'ai cru qu'il serait une anthologie, ce qu’il n’est manifestement pas. Il est vrai que cela vous poussera peut-être à aller lire ou relire les oeuvres qui nous sont présentées!  Il n’en reste pas moins très intéressant.

Voir aussi le billet de Dominique


Jardin à la française : Versailles (source)


Et pour finir un petit aperçu du jardin de Syl :





Ce livre est lu dans le cadre du très joli challenge des fleurs et des jardins de Syl...



Merci à Dialogues croisés et aux éditions Stock



mardi 2 avril 2024

Evelyne Bloch-Dano : Une jeunesse de Marcel Proust


Une jeunesse de Marcel Proust d’Evelyne Bloch-Dano est un ouvrage original par le point de vue choisi pour faire revivre l’enfance de  l’écrivain et des amis de son âge. En effet, c’est par  le biais de ce que l’on a appelé le questionnaire de Proust que l’on pénètre dans la Recherche du temps perdu. Une étude passionnante qui nous apprend beaucoup sur les garçons et surtout sur les filles de la fin du XIX siècle et début du XX siècle. Nous avons l’impression de faire une promenade du côté des jeunes filles en fleurs tout droit sorties du questionnaire. Or, celles-ci, parfois, comme elles nous ressemblent ! Je parle pour celles d’entre nous qui avons fait nos études dans les années 1950/ 1960 ! A cette époque-là on regardait plutôt du côté du début du siècle tout au moins en ce qui concernait l’école - avec des programmes semblables, des lectures et des  sujets de devoir aussi - que de la fin du siècle, du moins jusqu’en 68.*

Marcel Proust, Antoinette Faure et un camarade d'école ( inconnu) : 
Antoinette et Marcel ont à peu près le même âge (14 ans). On voit combien la jeune fille paraît plus mûre que son ami.


L’écrivaine part d’un album anglais appartenant à Antoinette Faure, intitulé Confessions. An album to record thoughts, Feeelings etc., album oublié au fond d’une malle, retrouvé bien des années après par le fils d’Antoinette, et dans lequel on a retrouvé les réponses de Marcel Proust daté au 4 septembre 1887 avec la célèbre réplique à la question : "Votre idée du malheur : être séparé de maman.". C’est à l’occasion des derniers jours de l’exposition maritime internationale au Havre que les amis d’Antoinette se sont réunis chez elle et qu’elle présente  le questionnaire comme un jeu de société.

Antoinette et sa soeur aînée Lucie sont les filles de Félix Faure, négociant havrais, qui deviendra président de la république. Monsieur et madame Faure sont amis avec les parents de Marcel. Celui-ci partageait les jeux d’Antoinette au parc des Champs Elysée à Paris et ils avaient nombre d’amis communs..  
Bien sûr, Marcel n’est pas le seul à qui elle a fait remplir son album ! Evelyne Bloch Dano se propose alors de retrouver tous ceux qui figurent dans ces pages. C’est facile quand les personnes ont signé de leur nom et prénom mais ce n’est pas toujours le cas. Parfois ne figure qu’un prénom, d’autre fois, pour les garçons surtout, moins nombreux, renâclant peut-être à se livrer à ce genre de divertissement, aucune information sur l’identité. Il faut dire que le questionnaire à l’opposé du journal intime est une manifestation publique et que certains ne s’y prêtent pas avec la même sincérité !

Il faut alors retrouver de qui il s’agit par une minutieuse enquête ! Une quête à la recherche du temps perdu est alors menée par l’écrivaine et se révèle une mine riche et inépuisable de renseignements sur Marcel lui-même, sur la jeunesse de son temps du moins dans les milieux sociaux aisés, à l’exclusion des classes populaires, sur les relations qu’il a entretenues avec ses jeunes amis, et sur la manière dont l’enfance influe sur son oeuvre. Un vrai travail de fourmi ou d’enquêteur  qui ramène à la vie des jeunes gens disparus depuis si longtemps!

Comme les policiers dans les séries télévisées, j’aurais pu afficher sur mon mur des feuillets portant les détails récoltés dans les archives !

Evelyne Bloch-Dano s’appuie aussi sur un second questionnaire plus tardif intitulé Les confidences de Salon qui montre les évolutions mais aussi les constantes de Marcel Proust malgré la différence d’âge entre les deux questionnaires.

1887 : Marcel Proust à 16 ans


Que se propose  Evelyne Bloch-Dano  en menant cette enquête ?

L’intérêt n’est pas seulement documentaire. Je n’oublie pas qu’à l’origine de mon projet il y a cette interrogation  : « le questionnaire de Proust » est toujours présenté et analysé seul. Qu’en est-il quand on compare les réponses de Marcel et ses congénères ? Est-il vraiment si exceptionnel ? Sa singularité saute-t-elle aux yeux ?

L’intérêt n’est pas seulement documentaire mais …  il l’est, bien heureusement, et pour notre plus grand plaisir ! Et je dois dire que c’est l’un des aspects que j’ai adoré. L’on y devine les caractères des filles, Lucie, Antoinette, mais aussi Marie, Juliette, Blanche, Mathilde, Madeleine et d’autres encore… leurs rêves, leurs révoltes (l’une d’entre elles ne veut pas se marier ! l’autre veut faire ce qui lui plaît ! et l’autre se bagarrer !) leurs idées du bonheur, leur conception du malheur, leurs loisirs (l’une aime jouer du piano, les autres « causer » avec leurs amies et beaucoup se plonger dans la rêverie mais c’est un défaut qu’on leur reproche ), leurs goûts littéraires, et pas seulement (l’une, originale, apprécie les sandwiches, les autres le chocolat, le chocolat et encore le chocolat,  beaucoup le vin de Champagne mais peu, le thé !), leurs opinions par rapport à leur pays. En filigrane aussi, même si ce n’est pas le but poursuivi par Evelyne Bloch Dano, on voit se dessiner la condition féminine à cette époque. Toutes ces petites filles intelligentes, audacieuses et cultivées qui ont environ 16 ans au moment où elles répondent seront mariées pour la plupart deux ans après. Elles répondent unanimement quand on leur demande : Qu’aimeriez-vous être si vous n’étiez pas vous-même :  un garçon ! ». Pour les garçons, ce qui domine c’est le ton potache, les plaisanteries un peu lourdes, les vantardises, mais aussi apparaissent leur culture et les valeurs morales qu’ils admirent en cette fin de siècle. Tout cela révèle ce qu’ils sont même s’ils sont moins sincères ! Ce sont tous des enfants marqués par la défaite de 1870 et leurs sentiments patriotiques entretenus dans les familles et à l’école sont vifs.

Quant à Marcel ?  Il est la fois mûr intellectuellement mais encore très enfant. Même à l’âge de 17 ans, il avoue qu’il a pleuré quand sa mère est partie en voyage. Mais ajoute l’auteur,  il est beaucoup plus ambivalent que l’on ne croit. Il a pris conscience que son homosexualité l’expose aux railleries et cruautés des garçons de son âge et à la réprobation de sa famille. Il a compris qu’il faut se montrer discret et qu’il faut composer avec la société. Il va lui falloir s'imposer pour conquérir sa liberté.

"Ses réponses nous montrent un garçon différents des autres. Elles ont confirmé la maturité de sa réflexion, son goût des nuances, sa délicatesse, son besoin de tendresse, son affectivité, son attachement à sa mère et aux valeurs transmises par celle-ci. Il a pris les questions au sérieux contrairement à ses camarades, et fait preuve d’un certain courage car il est toujours plus facile de se cacher derrière l’humour et la dérision ( …) Plusieurs réponses le rapprochent des filles, soit parce qu’il les fréquente davantage, soit parce que ses goûts, hérités de sa mère et de sa grand-mère font vibrer une sensibilité identique."

Marcel Proust a-t-il emprunté à ses ami(e)s et à leurs parents pour créer ses personnages ? C’est aussi la question ! On a souvent chercher les « clefs » qui permettaient de les identifier. Mais  il a  toujours nié s’être inspiré d’une seule source. De même que pour les lieux de son roman, les personnages sont composites, ils ne sont pas fixés une fois pour toute mais ils évoluent. Les jeunes filles en fleurs sont vues d’abord en groupe, une vision floue, en mouvement comme «  une bande de  mouettes qui exécute à pas comptés sur la plage - les retardataires rattrapant les autre en voletant -  une promenade… » .

Cette vision en mouvement, écrit Evelyne Bloch-Dano, où les individualisations se fondent dans l’ensemble, ou bien surgissent pour disparaître au profit d’une autre, me rappelle le moment où, feuilletant pour la première fois l’album d’Antoinette, j’avais conscience de la succession des écritures et des couleurs, sans parvenir à m’arrêter à une page, la lisant parfois et l’oubliant aussitôt. »

Un essai passionnant, très agréable à lire et qui nous apprend beaucoup sur la société bourgeoise de cette époque et sur Marcel Proust.




Je rappelle les lectures communes sur Marcel Proust ici


LC Du côté de chez Swann pour le 15 Mai  Miriam Claudialucia

 

LC : Laure Murat : Proust roman familial pour le 25 Avril  :  Aifelle   Claudialucia

 

LC :  Monsieur Proust souvenirs de Céleste Albaret  OU/ET Céleste Bien sûr Monsieur Proust de Chloé Cruchaudet BD 1 et 2  On peut choisir de lire l'un ou l'autre ou les deux.   

Pour le 28 Avril  : Fanja   claudialucia

 


Voici ICI les titres de livres à lire autour de Marcel Proust


Pour ceux et celles qui ont déjà lu La Recherche et qui veulent nous accompagner et pour tous ceux qui veulent approfondir leur lecture, nous  présentons aussi une liste non exhaustive de livres à lire autour de Marcel Proust et il y en a pour tous les goûts. On les lit quand on a a envie, au rythme que l’on préfère. Et là aussi vous mettez un lien et le logo en direction de vos blogs. Nous proposerons de temps en temps une récapitulation  de vos participations.

Proust roman familial Laure Murat  Editions Laffont

Une saison  avec Marcel Proust de René Peter  Editions Gallimard

Une jeunesse de Marcel Proust de Evelyne Bloch-Dano  Editions Stock

Un été avec Marcel Proust  de Antoine Compagnon...  Editions des Equateurs

Le Proustographe Proust à la recherche du temps perdu en infographie de Nicolas Ragonneau  Editions Denoël

Le grand monde de Proust Dictionnaire des personnages de la Recherche du temps perdu de Mathilde Brézet  Editions Grasset

Monsieur Proust souvenirs de Céleste Albaret   Editions Laffont

Céleste Bien sûr Monsieur Proust de Chloé Cruchaudet  BD 1 et 2  Editions Noctambule

A la recherche du temps perdu de Stéphane Heuet BD tome 1 à 8

Comment Proust peut changer votre vie de Alain de Botton

A la lecture de Véronique Aubouy et Mathieu Riboulet

L’herbier de Marcel Proust  de Dane Mc Dowell   Editions Flammarion
Claudialucia ICI

Le manteau de Proust Lorenza Foscini  Editions Quai Voltaire
claudialucia ICI

Les enquêtes de Marcel Proust : Pierre-Yves Le Prince  Editions Gallimard
claudialucia ICI

La madeleine et le savant Balade proustienne du côté de la psychologie cognitive André Didierjan  Editions Seuil
keisha ICI
claudialucia ICI

Un humour de Proust avec Denis Podalydès et  Jean-Philippe Collard  concert-lecture sur scène
Claudialucia ICI

 La petite cloche au son grêle  Paul Vacca :  ( à propos de Marcel Proust) roman Livre de poche
claudialucia

A la recherche de Robert Proust  Diane Margerie  Editions Flammarion
claudialucia ICI

Le musée imaginaire de Marcel Proust  Tous les tableaux de A la recherche du temps perdu  Eric Karpeles
keisha ICI  Editions Gallimard

Proust et les autres  Proust à Cabourg, Proust et son père, Proust et Céleste  Christian Péchenard   Editions La petite vermillon 

keisha ICI

Proust contre La déchéance de Joseph Czapski  Editions Noir sur blanc

Nathalie ICI
keisha ICI

Dictionnaire amoureux de Proust  Jean-Paul et Raphaël Enthoven  Editions Grasset
keisha ICI

Chercher Proust Michaël Uras  Livre de poche

keisha ICI 


Une autre Proustolâtre, Nathalie qui dédie son blog à Marcel Proust et Mark Twain

 Lire l'introduction à la Recherche du temps perdu  de Nathalie dans son blog Chez Mark et Marcel

  Il vous faut lire aussi la présentation de La Recherche du Temps perdu relu par Nathalie dans son blog Chez Mark et Marcel ICI





jeudi 4 juillet 2024

Marcel Proust : A l'ombre des jeunes filles en fleurs : Livre 2 et 3 Les personnages retrouvés




Enfin, dans le livre 2 des jeunes filles en fleurs, c’est le départ pour Balbec ! Et là, je retrouve des personnages de Du côté de chez Swann que j’aime, qui sont vivants, sympathiques et intéressants et d’une grande vérité, - ce qui ne veut pas dire qu’ils soient parfaits - et je rencontre des personnages nouveaux  que j’attendais avec impatience sachant qu'ils font partie des grands figures proustiennes.


Les personnages retrouvés
 
 

James Abbott Whistler : arrangement en gris et noir

Toujours aussi aimante envers Marcel qui le lui rend bien, c’est un personnage positif. Ainsi elle ne se laisse pas impressionner, contrairement à son petit-fils, par le snobisme des occupants du grand Hôtel. Elle est absolument imperméable à la prétention, au désir de paraître, au mépris de classe qui animent toute cette coterie de bourgeois huppés et de nobles prétentieux qui jugent les gens selon leur fortune, leur titre, ou leur fréquentation des classes dirigeantes. C'est une femme simple, droite, intelligente et cultivée qui n'a pas besoin du jugement d'autrui pour régler sa vie.

C’est ainsi que, paradoxalement- étant donné l'outrecuidance du baron Charlus - elle  l'apprécie malgré ses préjugés aristocratiques car elle n’a pas de jalousie ni même d’envie envers la noblesse

Ma grand-mère, « contente de son sort et ne regrettant nullement de ne pas vivre dans une société plus brillante, ne se servait que de son intelligence pour observer les travers de M. de Charlus, elle parlait de l’oncle de Saint-Loup avec cette bienveillance détachée, souriante, presque sympathique, par laquelle nous récompensons l’objet de notre observation désintéressée du plaisir qu’elle nous procure.. »

Et même si parfois Marcel nous amuse à ses dépens, c’est toujours, avec respect et tendresse. Ainsi, j’adore sa façon de voyager sur les traces de madame de Sévigné pour qui elle a une fervente admiration, (je ne comprends  que trop bien ce genre de plaisir littéraire qui décuple le bonheur du voyage !) et la réaction du père de Proust me fait sourire.


« Ma grand’mère concevait naturellement notre départ d’une façon un peu différente et, toujours aussi désireuse qu’autrefois de donner aux présents qu’on me faisait un caractère artistique, avait voulu pour m’offrir de ce voyage une « épreuve » en partie ancienne, que nous refissions moitié en chemin de fer, moitié en voiture le trajet qu’avait suivi M me de Sévigné quand elle était allée de Paris à « L’Orient » en passant par Chaulnes et par « le Pont Audemer ». Mais ma grand’mère avait été obligée de renoncer à ce projet, sur la défense de mon père, qui savait, quand elle organisait un déplacement en vue de lui faire rendre tout le profit intellectuel qu’il pouvait comporter, combien on pouvait pronostiquer de trains manqués, de bagages perdus, de maux de gorge et de contraventions. «

A plusieurs reprises, on voit qu’elle réprouve l’alcool mais par amour pour son petit-fils, elle finit par l’accepter  puisqu’il s’agit de sa santé.

  Quand j’eus expliqué mon malaise à ma grand’mère, elle eut un air si désolé, si bon, en répondant : « Mais alors, va vite chercher de la bière ou une liqueur, si cela doit te faire du bien », que je me jetai sur elle et la couvris de baisers. »

Françoise

 

Jean Baptiste Chardin

Françoise est aussi du voyage pour mon plus grand plaisir car c'est un personnage si vrai avec ses défauts et ses qualités, son franc parler. C’est dans ce livre que se trouve la phrase suivante à propos de laquelle Annie Ernaux a affirmé que Proust méprisait le peuple et le considérait comme inférieur, ce qui a provoqué une polémique entre admirateurs et détracteurs de Proust ou d’Annie Ernaux

« On n’aurait pu parler de pensée à propos de Françoise. Elle ne savait rien, dans ce sens total où ne rien savoir équivaut à ne rien comprendre, sauf les rares vérités que le cœur est capable d’atteindre directement. Le monde immense des idées n’existait pas pour elle. Mais devant la clarté de son regard, devant les lignes délicates de ce nez, de ces lèvres, devant tous ces témoignages absents de tant d’êtres cultivés chez qui ils eussent signifié la distinction suprême, le noble détachement d’un esprit d’élite, on était troublé comme devant le regard intelligent et bon d’un chien à qui on sait pourtant que sont étrangères toutes les conceptions des hommes, et on pouvait se demander s’il n’y a pas parmi ces autres humbles frères, les paysans, des êtres qui sont comme les hommes supérieurs du monde des simples d’esprit, ou plutôt qui, condamnés par une injuste destinée à vivre parmi les simples d’esprit, privés de lumière, mais qui pourtant, plus naturellement, plus essentiellement apparentés aux natures d’élite que ne le sont la plupart des gens instruits, sont comme des membres dispersés, égarés, privés de raison, de la famille sainte, des parents, restés en enfance, des plus hautes intelligences, et auxquels — comme il apparaît dans la lueur impossible à méconnaître de leurs yeux où pourtant elle ne s’applique à rien — il n’a manqué, pour avoir du talent, que du savoir. »

N’étant pas une spécialiste de Proust, je n’ose pas vraiment prendre position mais je comprends que certains termes puissent paraître injurieux : «  on n’aurait pu parler de pensée » « le regard d’un chien » « le monde immense des idées n’existait pas pour elle ».
Pourtant, il ne faut pas occulter les autres termes  positifs la clarté de son regard intelligent et bon; …devant tous ces témoignages absents de tant d’êtres cultivés chez qui ils eussent signifié la distinction suprême, le noble détachement d’un esprit d’élite. Je pense donc que Proust veut seulment ici déplorer  que les hasards de la naissance, "une injuste destinée", privent tant de personnes du savoir qui permettrait de révéler leur intelligence supérieure. Ce qui est honorable de sa part. Mais peut-être Marcel Proust, dans la sphère sociale qu’il occupe, ignore-t-il tout simplement que le peuple, sans posséder le savoir, du moins à cette époque, peut aussi accéder au monde des idées et de la pensée même s’il aborde les choses intellectuelles différemment.
Un autre portrait de Françoise fait  justice de son goût, de son sens artistique (pas seulement en cuisine) et de son savoir-faire
« … (Maman) admirait Françoise, lui faisait compliment d’un chapeau et d’un manteau qu’elle ne reconnaissait pas, bien qu’ils eussent jadis excité son horreur quand elle les avait vus neufs sur ma grand’tante, l’un avec l’immense oiseau qui le surmontait, l’autre chargé de dessins affreux et de jais. Mais le manteau étant hors d’usage, Françoise l’avait fait retourner et exhibait un envers de drap uni d’un beau ton. Quant à l’oiseau, il y avait longtemps que, cassé, il avait été mis au rancart. Et, de même qu’il est quelquefois troublant de rencontrer les raffinements vers lesquels les artistes les plus conscients s’efforcent, dans une chanson populaire, à la façade de quelque maison de paysan qui fait épanouir au-dessus de la porte une rose blanche ou soufrée juste à la place qu’il fallait — de même le nœud de velours, la coque de ruban qui eussent ravi dans un portrait de Chardin ou de Whistler, Françoise les avait placés avec un goût infaillible et naïf sur le chapeau devenu charmant. »

Block

 

Albert Bloch

J’avais apprécié et ri franchement dans Du côté de chez Swann de l’attitude et du vocabulaire de Bloch, l’ami de Marcel. Là, nous pénétrons dans sa famille et nous faisons connaissance de ses soeurs qui, admiratives du grand frère, s’expriment de la même manière comique.
"La cadette demanda à son frère du ton le plus sérieux du monde car elle croyait qu’il n’existait pas au monde pour désigner les gens de talent d’autres expressions que celles qu’il employait : « Est-ce un coco vraiment étonnant, ce Bergotte ? Est-il de la catégorie des grands bonshommes, des cocos comme Villiers ou Catulle ?
Quant à Bloch il est toujours aussi érudit et potache : 

" Saint-Loup au casque d’airain, dit Bloch, reprenez un peu de ce canard aux cuisses lourdes de graisse sur lesquelles l’illustre sacrificateur des volailles a répandu de nombreuses libations de vin rouge."
 
Et Marcel dresse du père un portrait satirique,  reconnaissant ses qualités, la culture, l’intelligence, l’affection envers ses enfants mais découvrant ses ridicules, la suffisance, l’avarice…

Toutefois, les passages qui parlent de Bloch ne m’ont pas amusée cette fois-ci car ils s’accompagnent d’une condescendance envers celui-ci de la part du jeune Marcel qui m’a mise mal à l’aise.  Condescendance sociale, il a honte de saluer les soeurs « des fillasses mal élevées », snobisme, il ne tient pas à ce que Bloch vienne à l'Hôtel, mais aussi, parfois, relents d’antisémitisme ?  C'est la question que l'on peut se poser. Certes, je sais que la mère de Proust est juive même si lui est catholique comme son père, je sais que sa mère et lui étaient dreyfusards alors que son père et son grand-père étaient antidreyfusards. Mais lorsque Marcel parle des « juifs de Balbec » , il écrit : « or cette colonie était plus pittoresque qu’agréable». Et il ajoute que la ségrégation dans laquelle ils sont  tenus par la société est imputable aux juifs eux-mêmes, qui ne saluent pas la population et cultivent leurs différences. En quelque sorte, si les juifs ne sont pas admis, c’est de leur faute.
 "De sorte qu’il est probable que ce milieu devait renfermer comme tout autre, peut-être plus que tout autre, beaucoup d’agréments, de qualités et de vertus. Mais pour les éprouver, il eût fallu y pénétrer. Or, il ne plaisait pas, il le sentait, il voyait là la preuve d’un antisémitisme contre lequel il faisait front en une phalange compacte et close où personne d’ailleurs ne songeait à se frayer un chemin."

Cabourg : Le grand Hôtel

 

Cabourg : Le Grand Hôtel

Cabourg: Le Grand Hôtel On déroule le tapis rouge pendant le festival du film romantique

 

Pendant mon voyage en Normandie, j'ai voulu voir le Grand Hôtel de Cabourg, évidemment !  Et voici les fenêtres de l'aquarium !


Cabourg : La salle à manger du Grand Hôtel: "L' aquarium"

 

 "Et le soir ils ne dînaient pas à l’hôtel où les sources électriques faisant sourdre à flots la lumière dans la grande salle à manger, celle-ci devenait comme un immense et merveilleux aquarium devant la paroi de verre duquel la population ouvrière de Balbec, les pêcheurs et aussi les familles de petits bourgeois, invisibles dans l’ombre, s’écrasaient au vitrage pour apercevoir, lentement balancée dans des remous d’or, la vie luxueuse de ces gens, aussi extraordinaire pour les pauvres que celle de poissons et de mollusques étranges (une grande question sociale, de savoir si la paroi de verre protégera toujours le festin des bêtes merveilleuses et si les gens obscurs qui regardent avidement dans la nuit ne viendront pas les cueillir dans leur aquarium et les manger)." (voir le jeudi avec Marcel Proust Ici)







A l'ombre des jeunes filles en fleurs  : Livre 2 et 3 : Les personnages nouveaux (suite)

 


mardi 6 juin 2023

Danemark Copenhague : le musée d'Histoire nationale de Frederiksborg (2)

Le château de Frederisborg :  Chirstian Kobbe
 

Le château de Frederiksborg a été en partie détruit par un incendie en 1859. Il a été reconstruit à l’identique grâce aux dons du mécène Carl Jacobsen. Puis, la famille royale renonçant à l’habiter, il a été transformé en musée national d’Histoire en 1878.

Le château présente des salles remarquables par leur taille et leurs ornementations, le mobilier précieux, les portraits et les tableaux historiques. 

Parmi les plus grandes, figure la salle de la Rose ou salle des Chevaliers au rez de chaussée, la salle des audiences au premier étage et le Grand Hall au second étage.


La Rose ou la salle des chevaliers


La Rose ou la salle des chevaliers (détails)


La salle des audiences



Le Grand Hall


Frederiksbog est un musée historique et à ce titre il retrace toute l'histoire de la famille royale des origines à nos jours. 

Le premier étage : Les rois Oldenbourg

Au première étage est présentée la période des premiers rois Oldenbourg, de Christian I (1448-1481) jusqu’à Christian IV (1577-1648), dans les salles 25 à 32. La période de 1850-1900, y compris les Guerres de Schleswig, est illustrée dans les salles 61 à 68.



Voici quelques tableaux que j'ai particulièrement aimés mais il est difficile parfois de savoir qui est représenté et qui est le peintre.


Frederiksborg : Christian II ( 1481-1559) et ses soeurs, Dorothea et Christine de  Jan Goassert dit Mabuse (1524)


Princesse Christina Slevsig-Hosltein


La première bible traduite en danois




Christian II 1503-1559


Le chancelier mourant remet l'insigne du pouvoir à Christian IV de Carl Bloch


Le couronnement de Christian IV 1596 deOtto Bache

Dans cette salle figure l'immense tableau historique de Otto Bache, peintre danois ( 1839-1927), La procession du couronnement de Christian IV en 1596.

 Ce tableau présente une foule de petits détails, de nombreux portraits et est vraiment passionnant à observer.  Christian IV a dix-neuf ans quand il monte sur le trône. On le voit, en effet, très jeune, sur son cheval blanc. Les expressions des personnages de la foule où se mêlent différentes classes sociales, sont joyeuses, admiratives, voire ferventes  devant le souverain. 

La pauvreté n'est pourtant pas absente. Trois gamins des rues ramassent les pièces jetées sur la chaussée.

 

La procession du couronnement de Christian IV (1596) de Otto Bache

La procession du couronnement de Christian IV (1596) de Otto Bache(détail)



Le couronnement de Christian IV (1596) de Otto Bache (détail)


Le couronnement de Christian IV (1596) de Otto Bache (détail)


Le couronnement de Christian IV (1596) de Otto Bache (détail)


Sphère astronomiqueAndreas Bösch (1554_57)


Le deuxième étage : la monarchie absolue

Le deuxième étage est consacré aux rois incarnant l'absolutisme dans les salles 37 à 42 et à des portraits et mobilier de l’époque 1700-1859 dans les salles 43 à 47.

 En effet, Frédéric III  impose l'absolutisme au Danemark en 1660 en promulguant une loi qui rend  la monarchie héréditaire. Avant lui, le monarque était élu par un conseil.


Le roi Frédéric III (1648-1670)


Et la reine Sophie-Amalia (1628_1685)




Fredreriksborg appartements royaux


Fredreriksborg appartements royaux


La chapelle du château

 


 

La chapelle du château de Frederiksborg a été préservée lors de l’incendie et présente la décoration originale de l'époque de Christian IV, mais l'église contient également plusieurs trésors historiques avec ses voûtes en stucs richement ouvragés.  Dans la tribune se dresse l'orgue Compenius, construit en 1610 par Esajas Compenius. (Tous les jeudis à A 13h30, concert à l'orgue Compenius. Le concert est gratuit pour les visiteurs du musée.)
Pendant la monarchie absolue (1660-1848), les rois danois étaient sacrés dans l'église du château et depuis 1693, il y a une chapelle de chevalier pour l'ordre de l'éléphant et l'ordre du Dannebrog.

 

 


 

De l'église, on accède à la salle de prière du roi de Christian IV, la salle a été recréée en partie détruite mais reconstituée à l’identique. 23 panneaux illustrant la vie de Jésus Christ, que l’on doit à l’artiste Carl Bloch ornent la salle de prière.

 


La vie de Jésus Christ Carl Bloch


La vie de Jésus Christ Carl Bloch


 

  Danemark Copenhague : Le château de Frederiksborg : le tableau du 18 Octobre 1660 de Hansen  La flèche de Borsen et la flèche de Saint Sauveur et Jules Verne (3)